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Les espaces ruraux : multifonctionnalité ou fragmentation ?

vendredi 20 décembre 2019 par Ophélie ROUAULT

Groupe de réflexion pédagogique Histoire-Géographie-EMC Lycée
S’approprier les thèmes adaptés du programme de GÉOGRAPHIE CLASSE DE PREMIÈRE GÉNÉRALE
THÈME N° 3 – Les espaces ruraux : multifonctionnalité ou fragmentation ?

 Le programme :

Thème 3
Les espaces ruraux : multifonctionnalité ou fragmentation ? (12-14 heures) (14-17 heures) (AJOUT)

Questions

  • La fragmentation des espaces ruraux.
  • Affirmation des fonctions non agricoles et conflits d’usages.

Études de cas possibles :

  • Les mutations des espaces ruraux de Toscane.
  • Les transformations paysagères des espaces ruraux d’une région française (métropolitaine ou ultramarine).
  • Mutations agricoles et recomposition des espaces ruraux en Inde.
  • Les espaces ruraux canadiens : une multifonctionnalité marquée.

Question spécifique sur la France et sur la Nouvelle-Calédonie (AJOUT)
La France : des espaces ruraux multifonctionnels, entre initiatives locales et politiques européennes.

Commentaire :

En France, les espaces ruraux se transforment :

  • mutation des systèmes agricoles et diversification des fonctions productives,
  • pression urbaine croissante et liens accrus avec les espaces urbains,
  • entre vieillissement et renouveau des populations rurales, diversification des dynamiques démographiques et résidentielles.

Ces mutations s’accompagnent d’enjeux d’aménagement et de développement rural : valorisation et soutien de l’agriculture, équipement numérique, télétravail, protection de l’environnement, maintien et organisation ou réorganisation des services publics…
Ces enjeux mobilisent des acteurs à différentes échelles, du développement local aux politiques nationales et européennes de développement rural.
En Nouvelle-Calédonie, les transformations des espaces ruraux de la Grande Terre et des îles Loyauté sont étudiées entre diversification de leurs fonctions et de leurs liens avec les espaces urbains (Nouméa, zone urbaine de Voh-Koné-Pouembout). (AJOUT)

 Pourquoi enseigner le thème « Les espaces ruraux : multifonctionnalité ou fragmentation ? » en classe de première générale ?

La distinction entre espaces ruraux et espaces agricoles ne s’applique plus désormais. L’intérêt de ce chapitre réside alors dans l’étude des espaces ruraux calédoniens, lieu de travail, lieu de vie, de loisirs ou de vacances de nos élèves, à travers les notions de multifonctionnalité (et donc de montrer que les espaces ruraux calédoniens ne sont pas que des espaces agricoles) et de fragmentation (avec un repli de l’agriculture vivrière, des espaces touristiques plus ou moins dynamiques, des communes en évolution démographique négative). L’enseignement de ces espaces ruraux doit suivre une analyse multiscalaire.

Problématique : Quels sont les héritages et les mutations des espaces ruraux calédoniens ?

On cherchera de manière prioritaire à faire comprendre à l’élève :

  • la transformation des espaces ruraux en lien avec la diversification des activités et du peuplement (industrie minière en lien avec le Thème 2, tourisme, fonction résidentielle...) ;
  • la fin de l’opposition classique entre rural et urbain en montrant la perméabilité des échanges, des mobilités, des liens ;
  • la dualité des espaces agricoles entre agriculture commerciale et vivrière, spécialisation et polyculture.

Quelle est la place du thème dans la scolarité ?

  • Au cycle 3, (classe de 6e) : Habiter un espace de faible densité à vocation agricole.
  • Au cycle 4 (classe de 3e) : Les espaces productifs et leurs évolutions ; Les espaces de faibles densité (espace ruraux, montagnes, secteurs touristiques peu urbanisés) et leurs atouts.

Mise au point scientifique : quels sont les points forts du thème pour l’enseignant ?

Pierre George disait dans son dictionnaire de la géographie que « la campagne s’oppose à la ville ». Le mot rural apparaît dès le XIVe siècle mais il n’est employé par les spécialistes qui s’intéressent à la campagne qu’à partir du XIXe siècle. La distinction entre espace rural et espace agricole a longtemps prévalu et a aujourd’hui disparu, rendant l’analyse des espaces ruraux plus complète, en y intégrant la dimension agricole. La géographie rurale française a connu des crises et des périodes de renouveau depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et intègre aujourd’hui des problématiques en lien avec le développement durable et participe au renouveau démographique des espaces ruraux français. En somme, c’est à travers les mutations de l’espace rural que l’analyse doit s’effectuer. C’est donc avec cette grille de lecture que nous devons étudier l’espace rural calédonien.

À travers les études de la DAVAR, on constate que le secteur rural calédonien connait des changements structurels avec la tertiairisation de l’économie. Ces mutations sont visibles sur la période 1991-2012 avec une diminution de la population agricole familiale, une disparition du nombre d’exploitations une diminution de la SAU. Le recensement général agricole indique une concentration de l’activité agricole, une professionnalisation du secteur, une spécialisation des unités de production et un vieillissement de l’âge moyen des agriculteurs. Les statistiques agricoles montrent également des déséquilibres sociaux et territoriaux, marqués par une agriculture à deux vitesses où se côtoient une agriculture marchande modernisée dans les exploitations dites européennes, représentant la majeure partie de la SAU et un nombre d’actifs agricoles réduit et une agriculture essentiellement vivrière des nombreuses exploitations traditionnelles kanak, regroupant la majorité des agriculteurs sur une petite SAU. Les tendances en termes de chiffres montrent que le développement du secteur minier à travers des offres d’emplois permet la reconversion des actifs agricoles dans le secteur industriel.

Cependant, si l’analyse des mobilités permet de montrer une forme d’exode rural en Nouvelle-Calédonie, il faut savoir lire et interpréter les différents flux (mobilités résidentielles, mobilités rurales-urbaines, mobilités) pour comprendre les dynamiques migratoires des espaces ruraux (G. Pestana, Parti pour rester ?). La population quitte les espaces ruraux au profit du Grand Nouméa, mais on observe des flux quittant le Grand Nouméa pour le Nord ou les îles Loyauté, qui font un contre-point et permettent de relativiser le terme d’exode rural qui est en somme un terme politique.

De plus, on note également un attachement au rural et le développent d’une forme de rurbanité à travers la commune de Boulouparis et le développement du tourisme agricole (fête de l’avocat, de la mandarine), du tourisme balnéaire (Sheraton Deva, projet d’Hilton à Lifou), tourisme vert (gites à la tribu) dans ces espaces ruraux.

 Comment mettre en oeuvre le thème dans la classe ?

Il est possible ici d’appliquer la grille de lecture des espaces ruraux de France métropolitaine, pour comprendre les enjeux du rural calédonien. L’Atlas de la Nouvelle-Calédonie paru en 2012 offre des cartes et des informations récentes sur les activités du monde rural et sur la population, qu’il conviendra de mettre en lumière à travers l’étude de paysages, de sources statistiques et de tout document pertinent à l’analyse de cette thématique.

 Pistes bibliographiques :

  • Bonvallot J., Gay J.-Ch., Habert E. (coord), 2012, Évolution de la population, planche 29, Atlas de la Nouvelle-Calédonie, Marseille-Nouméa, IRD-congrès de la Nouvelle-Calédonie, 272 pages.
  • Bonvallot J., Gay J.-Ch., Habert E. (coord), 2012, Situation foncière, planche 32, Atlas de la Nouvelle-Calédonie, Marseille-Nouméa, IRD-congrès de la Nouvelle-Calédonie, 272 pages.
  • Bonvallot J., Gay J.-Ch., Habert E. (coord), 2012, La ruralité, planche 34, Atlas de la Nouvelle-Calédonie, Marseille-Nouméa, IRD-congrès de la Nouvelle-Calédonie, 272 pages.
  • Bonvallot J., Gay J.-Ch., Habert E. (coord), 2012, Aquaculture et pêche, planche 35, Atlas de la Nouvelle-Calédonie, Marseille-Nouméa, IRD-congrès de la Nouvelle-Calédonie, 272 pages.
  • Bonvallot J., Gay J.-Ch., Habert E. (coord), 2012, L’économie, planches 33 à 43, Atlas de la Nouvelle-Calédonie, Marseille-Nouméa, IRD-congrès de la Nouvelle-Calédonie, 272 pages.
  • Bonvallot J., Gay J.-Ch., Habert E. (coord), 2012, Vivre en Calédonie, planches 53 à 60, Atlas de la Nouvelle-Calédonie, Marseille-Nouméa, IRD-congrès de la Nouvelle-Calédonie, 272 pages.
  • Gilles Pestaña, « Du spectre du dépeuplement à celui de l’indépendance », Espace populations sociétés [En ligne], 2015/3-2016/1 | 2016, mis en ligne le 20 mars 2016
  • Gilles Pestaña, Pierre-Christophe Pantz, Parti pour rester ? Les mobilités comme élément de durabilité des territoires de la Nouvelle-Calédonie in Le développement durable en Océanie. Vers une éthique nouvelle, Edition Presses Universitaires de Provence & Presses Universitaires d’Aix-Marseille, Chapitre : Représentations et modèles de développement, Editeurs : Séverine Blaise, Carine David, Victor David, pp.307-328, 2015.

 Sitographie :


titre documents joints

Les espaces ruraux : multifonctionnalité ou fragmentation ?

20 décembre 2019
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Document d’accompagnement des programmes adaptés de géographie de 1re générale (thème N° 3).


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