La civilisation kanak de l’an mil à l’arrivée des Européens
- Introduction, p1
- Chapitre 1, p2
- Chapitre 2, p3
Chapitre 1
Chapitre 1 – 1000 après J.-C., émergence d’une civilisation océanienne singulière, la civilisation kanak.
Problématique – Quels sont les éléments qui caractérisent cet ensemble culturel qui émerge deux mille ans après le début du peuplement Lapita de la Nouvelle-Calédonie ?
I – La terre, un espace politique social et un enjeu d’appropriation et de rivalités
Document 1 – Structurer l’espace (Bourail)
Le deuxie ?me mille ?naire apre ?s J.-C. a vu le de ?veloppement de l’Ensemble culturel traditionnel kanak. Celuici a e ?te ? marque ? sur le domaine de Deva par une occupation plus dense des collines du domaine, avec la cre ?ation de hameaux et l’intensification de l’utilisation des sols pour des cultures horticoles. Cette pe ?riode est e ?galement caracte ?rise ?e par un changement dans le mode d’occupation de la plaine littorale, les installations e ?pisodiques des mille ?naires pre ?ce ?dents prenant progressivement un caracte ?re pe ?renne.
A ? partir du de ?but du deuxie ?me mille ?naire apre ?s J.-C., les signes d’une intensification globale de l’occupation de la re ?gion de Deva se multiplient. Des tertres sure ?leve ?s, portant des cases rondes a ? poteau central, ont progressivement e ?te ? e ?rige ?s sur les lignes de cre ?tes propices, ainsi qu’au-dessus des niveaux d’inondation des rivie ?res dans certaines zones des plaines. Dans certains cas, quelques dizaines de tertres e ?taient construits, formant des hameaux regroupant plusieurs familles. Si ceux-ci e ?taient ge ?ne ?ralement des lieux de vie, certains devaient e ?galement e ?tre des centres politiques plus importants.Christophe SAND, Malia TEREBO, Louis LAGARDE, Le Passe ? de Deva, Arche ?ologie d’un domaine provincial cale ?donien, Arche ?ologie Pasifika 2, 2013.
Document 2 – Organiser l’espace (Touho et Ponérihouen)
Document 3 – Réguler les espaces fonciers (Grande Terre)
Suite a ? une augmentation progressive de la population, des proble ?mes de proprie ?te ? foncie ?re ont commence ? a ? apparai ?tre. Chaque famille d’horticulteurs devait avoir un domaine foncier vaste afin de ouvoir pratiquer des jache ?res de ?passant 10 ans. En effet, l’utilisation intensive de la technique de bru ?lis finit par appauvrir les sols entrainant la limitation progressive des terres cultivables. Ceci a ne ?cessairement entraine ? des conflits et la mise en place progressive d’ensembles politiques re ?gulant les espaces fonciers.
Un des moyens de marquer au sol ces limites e ?tait de re ?aliser un bornage, en identifiant le proprie ?taire avec des signes. Le de ?veloppement d’une partie des pe ?troglyphes de la Grande Terre a ? partir du premier mille ?naire apre ?s J.-C. peut s’expliquer par cette ne ?cessite ? de de ?finir les espaces fonciers, me ?me si leur signification de ?passe largement la notion de bornage.Source : d’apre ?s Christophe SAND, Jacques BOLE et André OUETCHO, Les cahiers de l’archéologie, volume 8, « Traces, 3000 ans de patrimoine arche ?ologique calédonien », Service territorial des muse ?es et du patrimoine, De ?partement arche ?ologie, 1999.
Document 4 – Ancrer un clan dans un nouveau territoire (Ponérihouen)
L’arrivée du clan Näbai (devenue Na ?aucu ?u ?we ?eè) dans la vallée de Göièta (Pwäräiriwa).
Te ?a ? Me ?apo ?o ? ou Te ?a ? Na ?nya ?ra ?mi ? est l’ance ?tre d’une partie des Bai, des Na ?bai. Il est parti du mont Go ?ro ?a ?ra ?tua. Na ?nyara ?mi ? est le nom de l’endroit ou ? il a fait sa case et Me ?apo ?o ? est le nom de l’endroit autour. A ? l’e ?poque, il n’y avait pas la fore ?t comme maintenant, il y avait juste cette liane mi ?, d’ou ? le nom de l’endroit.
Quand il est venu de la ?-haut, qu’il a quitte ? tout ceux qui e ?taient la ?-haut sur le mont Go ?ro ?a ?ra ?tua, il est donc descendu et il a bu dans un trou d’eau, au wa ?do (« l’endroit pour boire »). C’e ?tait a ? ce moment-la ? le seul trou d’eau. Ceux qui sont partis de ce co ?te ? sud ont donne ? notamment les Go ?ro ?wirijaa qui sont encore a ? Na ?pwe ?e ?paa. Sur l’autre versant, co ?te ? nord, ce sont les ance ?tres des Pwe ?e ?di Pwe ?daa, des We ?nae ?...
Il a bu dans ce trou d’eau et est parti en suivant la ligne de cre ?te. Il est arrive ? sur un sommet. Il part construire sa case au sommet. Il e ?tait toujours seul, ce ?libataire. C’est la source du creek na ?pwe ? Go ?ro ?je ?u.
Il a construit sur le pic, c’est Te ?a ? Me ?apo ?o ?.
De la ?, il est reparti sur Ca ?ba plusieurs anne ?es apre ?s pour chercher une femme. Il a pris une femme Go ?ro ?atu ? de Ca ?ba (Tchamba). Ses descendants sont devenus tre ?s nombreux. Ils ont construit au sommet d’une cre ?te, a ? un endroit que l’on contourne aujourd’hui car tabou. Ses fils ont donc construit le tertre de Go ?we ?u. A ? sa mort, ils l’ont mis dans une grotte a ? cet endroit, ce qui fait que c’est devenu un cimetie ?re sacre ? et donc un lieu tabou jusqu’a ? maintenant. Les tertres se trouvaient sur les cre ?tes ou a ? flanc de montagne de fac ?on a ? dominer les valle ?es. C’e ?tait une question de se ?curite ?, car la pe ?riode e ?tait tre ?s trouble ?e par des guerres et toutes sortes de conflit.Source : d’apre ?s le témoignage oral des porte-paroles du clan recueilli par Bealo WEDOYE in Isabelle LEBLIC, Françoise CAYROL-BAUDRILLARDT, Jean-Yves Bealo WEDOYE, Étude ethno-archéologique de quelques sociétés de potiers kanak
(Ponérihouen et région de Hienghène), Rapport – Mission du patrimoine ethnologique, Ministère de la culture, 1996.
II – L’horticulture occupe une place centrale dans le monde culturel kanak, le début des terroirs kanak
Document 5
Document 6
Document 7 – Aménager des espaces agricoles
La technique de cultures sur bru ?lis provoque une destruction massive de l’environnement, un appauvrissement des sols et nécessite une superficie considérable : chaque jardin n’e ?tant cultive ? qu’une fois tous les dix ou quinze ans. Sur les collines et les hautes valle ?es, l’augmentation de la population et les longues périodes de jachères tournantes entraînèrent des litiges sur les propriétés foncières. Il est possible que la prolife ?ration d’une partie des pe ?troglyphes sur la Grande Terre, comme bornage géographique, ait été une nécessité.
Les structures en terrasse, de type tarodières, se répandent dans les basses collines de la Grande Terre. Dans les plaines et certaines vallées de la côte est, le paysage est sculpté par de longs billons horticoles surélevés, jusqu’a ? 1,50 m de haut, 10 m de large et plus de 100 m de long dont une partie a du ? e ?tre utilise ?e pour la culture d’ignames : l’illustration d’une intensification majeure de l’occupation de l’espace insulaire jusqu’a ? la saturation parfois.
Le Ier millénaire après J.-C. a du ? e ?tre une pe ?riode de tensions politiques et d’e ?volutions sociales majeures, l’e ?tendue des structures horticoles sur la Grande Terre semble indiquer que durant le IIe millénaire après J.-C., les sociétés avaient trouvé un équilibre politique relatif, qui leur permettait de mettre une énergie considérable dans les structures horticoles sans perpétuellement craindre leur destruction par des voisins.
La construction de murets de pierres pouvant dépasser deux mètres de hauteur dans les vallées encaissées de la côte est. Dans la région de Touaourou (Yaté), les populations avaient édifié des barrages de déviation des creeks mesurant plus de 100 m de long, 20 m de large et 4 m de haut pour assécher les marécages en bord de mer.
A ? Ouve ?a, c’est la pre ?sence d’e ?normes fosses pour la culture du taro d’eau de plusieurs hectares re ?alise ?es en vidant le sable sur plusieurs me ?tres de profondeur afin de rejoindre la lentille d’eau douce. Cela implique le déplacement de millions de mètres cubes de sable, ce qui représente un travail physique important.Source : Alban BENSA et Isabelle LEBLIC (dir.), En pays kanak, Ethnologie, linguistique, archéologie, histoire de la Nouvelle Calédonie, Maison des sciences de l’homme, 2000.
Document 8 - Paysage anthropique (Sarraméa)
Document 9 – Définir la place de chacun
Le système horticole permettait de définir le rôle de chacun et de coordonner les différentes étapes de la vie sociale, entre les groupes responsables des activités horticoles, des activités liées à la pêche. Dans les textes anciens apparai ?t l’importance des surplus horticoles, cultive ?s en pre ?vision des e ?changes coutumiers. La mise en place d’un syste ?me hie ?rarchise ? ou ? le « chef », personnage sacré matérialisant le calendrier horticole, était conc ?u comme garant des positions acquises, permettait d’e ?viter une grande partie des tensions.
Source : Alban BENSA et Isabelle LEBLIC (dir.), En pays kanak, Ethnologie, linguistique, archéologie, histoire de la Nouvelle Calédonie, Maison des sciences de l’homme, 2000.
III – Des rites funéraires, symboles des interactions entre monde des vivants et monde invisible
Document 10 – Le masque de deuilleur
« Ce masque est porté dans les fêtes par un homme qui glisse sa tête de façon à garder les yeux à la hauteur de la bouche par laquelle il regarde. Il tenait généralement un morceau de bois horizontal dans sa bouche soutenant le filet. Cet homme masqué, armé d’un casse-tête causait de la frayeur dans les danses, exécutait des mimiques, mais aucune coutume ni légende ne subsistent montrant qu’il s’agissait d’une société secrète. Le masque appartient au Nord de l’île d’où il s’est répandu dans le Sud sans apporter avec lui de traditions qui expliquent son origine. »
Matériaux : bois, vannerie en fibres végétales, plumes de notou, cheveux humains, feuilles, tapa de liber1 d’e ?corce battu.
1 Liber : e ?corce inte ?rieure d’un arbre ou ? circule la sève.
Sources : photos du Musée du Quai Branly – Jacques Chirac et texte de Maurice Leenhardt.
Document 11 – Anciennes sépultures kanak à Deva (Bourail)
titre documents joints
Mise au point scientifique
La civilisation kanak de l’an mil à l’arrivée des Européens
Activité chapitre 1
La civilisation kanak de l’an mil à l’arrivée des Européens
Activité chapitre 2
Patrice FESSELIER-SOERIP
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