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La lettre de L. Papin, colon Feillet

samedi 17 juillet 2010 par Dominique BARBE

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Tipindjé au sud de Hienghène.
5 novembre 1913

Pour le moment mes caféiers ne vont pas trop mal et les plants de robusta que j’ai mis en terre
démarrent bien. Certains disent qu’il doit se vendre à peu près le même prix que les autres espèces,
d’autres parlent de 0,40 ou 0, 50 F le kilo au moins. Il faudrait probablement, pour lui donner un peu
plus d’arôme, le faire sécher en cerises. En tout cas, si ce robusta vaut moins cher, il arrivera peut-être
à payer autant que l’autre, car il doit rapporter plus et en outre, il ne doit falloir que quatre kilos et
demi de cerises fraîches pour faire un kilo de café marchand contre 6 kilos par ailleurs.
J’ai maintenant envie de clore ma propriété à l’aide de poteaux qui formeront une haie, empêchant
ainsi définitivement le bétail de passer. Je ne dis pas que d’ici quelques années je ne mettrai pas un peu
de bétail sur le terrain en brousse.

La viande commence à se vendre ; je ne crois pas revoir les prix de famine que nous avons connus.
Jusqu’à maintenant, la Compagnies des Messageries Maritimes n’a pas voulu installer de chambres
frigorifiques dans ses navires. Les chambres de commerce de Melbourne et de Sydney ayant insisté
pour que l’on procède à cet équipement, les Messageries se sont engagées à en installer sur tous les
navires. Il est dommage de constater que si les Australiens n’avaient pas insisté, jamais la Calédonie
n’aurait eu des bateaux frigorifiques à sa disposition.
Les ouvriers commencent à se faire rares en Calédonie ; il n’est pas venu de bagnards depuis 1886 ou
188, et il y a tout lieu de croire qu’il n’en viendra plus. On pense que lorsque le nombre de bagnards
encore détenus diminuera par trop, l’État enverra quelques transports pour prendre les chevaux de
retour et les envoyer en Guyane. Avec le haut personnel pénitentiaire dont on dispose, la journée de
ces messieurs arrivera à coûter trop cher à l’État français.

On ne trouve pas à Nouméa un seul ouvrier capable de faire une paire de souliers et il n’y a pas plus de
4 bons ouvriers selliers dans toute l’île […] Les ouvriers travaillant le bois et le fer sont très clairsemés
et ceux qui existent ne valent pas les apprentis en France à la moitié de leur apprentissage. L’entreprise
des chemins de fer, qui a 15 ou 20 kilomètres de voies à construire, manque terriblement de main
d’œuvre ; on a été obligé à plusieurs reprises de lui accorder des délais. On fait bien venir des
Japonais, mais la plupart du temps ils se rembarquent pour leur pays à la fin de leur engagement,
quand ils commencent à parler le français et à rendre quelques services. Comme certains d’entre eux
arrivent à s’installer commerçants et même à acheter du terrain, ils parviendront peut-être à constituer
un noyau sérieux de Nippons.

On ne voit pas en Calédonie de haine raciale comme dans certains autres pays. Ici on regarde les noirs
et les jaunes comme des blancs.

Lettre de Ludovic Papin [1] in B.PAPIN, Vie et mort de Ludovic Papin chez les Canaques, L’Harmattan, Paris, 1997, p. 108-109.

QUESTIONS :

1°) Présentez, le texte, son auteur, le contexte dans lequel il est écrit.

2°) Comment peut-on affirmer en lisant ce texte que L.Papin est un colon Feuillet ? Définir ce qu’est un colon Feillet et
replacer la colonisation Feuillet dans les politiques de peuplement de la Nouvelle-Calédonie.

3°) Quels sont les atouts et les handicaps de l’économie calédonienne en 1913 ?

4°) Quels sont les problèmes que posent les Japonais ? Comment viennent-ils en Nouvelle-Calédonie ? Sont-ils les seuls à
venir en Nouvelle-Calédonie ? La Nouvelle-Calédonie est-elle originale dans sa quête de main d’œuvre ? (Toutes les
réponses doivent être justifiées.)

5°) Commentez le dernier paragraphe.

[1Ludovic Papin est un colon Feillet arrivé de Loire Atlantique en Nouvelle-Calédonie en 1900. Il y demeure jusqu’à sa
mort pendant l’insurrection kanake de 1917 laissant une correspondance régulière à son frère demeuré en France.


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La lettre de L. Papin, colon Feillet

23 août 2010
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