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Les causes de l’insurrection de 1878

samedi 17 juillet 2010 par Dominique BARBE

Extraits du rapport du général de brigade, A. de Trentinian,
« sur les causes de l’insurrection canaque de 1878 ».

Aujourd’hui comme autrefois, l’indigène travaille pour son chef, pour la tribu, puis pour
lui et sa famille. Son champ lorsqu’il l’a planté, lui appartient aux yeux de tous jusqu’à la
récolte.
Les produits de la terre sont le sine qua non de son existence ; aussi deviendra-t-il une
des principales causes de la révolte lorsqu’ils ne seront pas respectés ou bien lorsqu’ils
ne pourront être récoltés en assez grande quantité pour nourrir la tribu.

Examinons ce qu’a fait l’Administration au sujet des terres.
Pendant les premières années, les colons sont assez peu nombreux, on leur accorde des
permis d’occupation sans contrôle. Quelques colons traitaient avec le chef indigène pour
un prix dérisoire, sans consulter les anciens de la tribu ; aussi pour affirmer leur droit de
possession, furent-ils obligés d’employer la violence.
Ce système continue jusqu’en 1876 ; les colons ont augmenté, on ne leur accorde plus
que des terrains délimités. Ils ne songent qu’ des empiétements successifs, ne
respectent bientôt plus que la propriété des blancs, et ne comptent pour rien celle des
canaques, dont ils provoquent la haine.
Mais les colons ne sont pas seuls, il y a des déportés, des libérés, des transportés qui
forcent de multiplier les concessions.
La terre est donnée de tous les côtés, jusque dans les vallées profondes si chères aux
canaques Où veut-on que les naturels se réfugient ?
D’après ce qui était arrivé autrefois, on devait s’attendre à une révolte (...)

Si le canaque déteste le blanc, il déteste encore plus le bétail. En effet, le bœuf est un
véritable fléau pour eux ; un champ d’ignames traversé par un troupeau est presque
entièrement perdu, or une igname représente souvent la nourriture de plusieurs jours
pour un canaque (…)

On recrutait les indigènes pour les travaux publics de la manière suivante.
Du chef-lieu, on demandait aux Chefs d’arrondissement d’envoyer des naturels pour le
service des bateaux du port, pour les douanes, les Ponts-et-Chaussées, la police, etc. Les
Chefs d’arrondissements connaissaient mal le pays. Ils prenaient les hommes demandés
presque toujours dans les mêmes tribus, ce qui surprenait beaucoup ces dernières. En
outre, lors de la délimitation, les Chefs avaient peut-être augmenté le nombre réel des
leurs pour obtenir plus de terres ; par suite le nombre des hommes requis était plus
élevé et les bras n’taient plus assez nombreux pour la culture. Enfin, on décida de
remplacer les condamnés employés aux routes et aux autres travaux par des Indigènes
qui construisirent ainsi plusieurs routes. Pendant ce temps des forçats furent installés sur
des terres prises aux natifs.
Les Canaques n’aiment pas le travail soutenu ; ils n’ignorent pas la situation des
transportés et se prêtent difficilement à remplacer les forçats blancs…

D’après A de TRENTINIAN , 4 février 1879,
cité dans R. DOUSSET-LEENHARDT, Colonialisme et contradiction, Paris, 1978, pp.129-
133.

Questions :

1) D’après le texte, quelles sont les raisons du soulèvement ?

2) En quoi l’administration est-elle coupable ?

3) Quelle est l’utilité des bagnards en Nouvelle-Calédonie ?


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Les causes de l’insurrection de 1878

23 août 2010
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