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L’émigration britannique vers l’Australie dans le cadre de la ruée vers l’or dans la seconde moitié du XIXe siècle.

vendredi 19 décembre 2014 par Alain BOULEAU

Une proposition du groupe de réflexion et de production du lycée 2014.

Cette fiche est une proposition d’activité en classe pour le niveau Seconde. Elle s’inscrit dans la partie adaptée du programme intitulée « La place des populations de l’Europe et de l’Océanie dans le peuplement de la Terre, dans laquelle il s’agit de montrer l’émigration d’Européens vers d’autres continents, au cours du XIXe siècle : une étude au choix d’une émigration de ce type (de préférence choisir une émigration vers l’Australie ou la Nouvelle-Zélande) ».

 I. Apports théoriques :

La découverte de l’or en Australie suscite un nouvel intérêt de la métropole britannique pour sa colonie, l’espoir d’une vie meilleure pour les démunis et un afflux massif de migrants.

Les inégalités sociales créées par le modèle industriel, les crises économiques et la famine, notamment celle de 1845-1849 en Irlande, la croissance démographique inégalement maîtrisée, contribuent à l’essor des flux de migrants vers l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Cependant, l’Australie suscite un intérêt croissant et particulier dès la confirmation de la découverte d’or en Nouvelle-Galles du Sud et de son potentiel aurifère entre le 7 et le 11 avril 1851 (document 1) par Edward Hammond Hargraves et ses équipiers à Ophir (voir carte en page 5). La ruée vers l’or peut commencer en Nouvelle-Galles du Sud.
La nouvelle de la découverte d’or rentable se répand très rapidement et des opérations de prospections sont immédiatement entreprises dans la colonie ce qui permet de découvrir l’essentiel des champs aurifères cette même année. Le 1er juillet 1851, la colonie de Victoria est séparée de la Nouvelle Galles du Sud et presque immédiatement après cette date les principaux champs aurifères, dont Ballarat, Mount Alexander … sont découverts dans cette région.

Il n’a toutefois pas été évident de révéler publiquement l’existence d’or en Australie. Le gouvernement britannique a d’abord hésité car il eut été dangereux de diffuser rapidement et à un large public la découverte d’un filon aurifère au risque de déstabiliser la colonie naissante (document 3). Les premières mentions véridiques ou simulées, en tous les cas sporadiques, remonteraient aux convicts (transportés, déportés, relégués), c’est-à-dire au début de la colonisation pénale en Nouvelle Galles du Sud, qui arrivèrent avec les premiers convois en Australie. (1er débarquement, le 26 janvier 1788). Ces transportés provenaient d’origines variées mais essentiellement britanniques (70% d’Anglais et Gallois, 24 % d’Irlandais, 5% d’Écossais). Il y eut 162 000 convicts transportés entre 1788 et 1868 sur 806 bateaux. Huit condamnés sur dix étaient généralement accusés de larcins.
L’âge moyen des transportés était de 26 ans et leur grand nombre incluait des enfants accusés de crimes ou qui accompagnaient leurs mères. Seulement un transporté sur six était une femme. Selon la gravité de l’infraction, les transportés étaient, pendant les quarante premières années de ce système pénitentiaire, condamnés à des peines de sept ans, dix ans ou à perpétuité. Après libération, les déportés et condamnés étaient souvent motivés par l’appât du gain (documents 1, 2 et 3)

Par ailleurs, des vagues de colons libres aux origines sociales variées affluaient également. Des pauvres et illettrés, souvent victimes des lois sur les pauvres qui avaient cours dans l’Angleterre géorgienne et victorienne, et d’une mauvaise condition sociale côtoyaient des ouvriers non qualifiés et des ouvriers à faible qualification originaires de Grande-Bretagne et d’Irlande ainsi que des familles et des personnes plus qualifiées (document 2) [1]. On trouvait également des Américains (parmi lesquels certains avaient déjà vécu l’expérience de la ruée vers l’or californienne), des Français, des Indiens, des Chinois. Parmi ces derniers, un nombre hétéroclites de professionnels tels que des avocats, chirurgiens et enseignants.

 II. Proposition de mise en activité à partir d’un ensemble documentaire

Document 1. La première découverte notable d’or en Nouvelle Galles du Sud (d’après Erskine J. E., A Short Account of the Late Discoveries of Gold in Australia, Londres, 1851, p. 8-10).

Le 2 mai 1851, un article parut dans le Sydney Morning Herald (le plus grand journal de la Colonie) laissant entendre que ce n’était un secret pour personne que de l’or avait été découvert dans la terre, en plusieurs lieux de la Colonie Occidentale et que les faits avaient été établis le 12 février par Mr. E.H. Hargraves, résident de Brisbane Water, rentré de Californie quelques mois auparavant. […]
Le 8 mai, Mr. Hargraves donna une conférence à Bathurst dans laquelle il […] présenta au public des échantillons d’or fin pesant en tout environ quatre onces, fruit, selon ses dires, de trois jours de travail. Il estima la somme gagnée par chaque homme à £2. 4s. 8d. par jour, mais il observa que, par manque de connaissances pratiques et du matériel approprié, il était persuadé que presque la moitié de l’or extrait avait été perdue parce que le travail avait été effectué en son absence. […]
Le 10 mai, deux jours après la conférence de Mr. Hargraves, trois personnages quittèrent Bathurst, et le 12, deux d’entre eux réapparurent, rapportant une pépite d’or qui pesait trente-cinq souverains et une autre qui devait faire une demie once en poids ainsi que plusieurs pépites plus petites pesant en tout une demie once […] Le lendemain on rapporta à Bathurst des masses d’or de deux livres et demie plus une quantité de poussière d’or ce qui précipita la constitution d’équipe de prospecteurs et la fabrication de machines pour le tamisage du sable.
Traduction : Alain Bouleau

John Elphinstone Erskine, capitaine du H.M.S. Havannah, bâtiment de guerre de la marine royale britannique est l’auteur et le témoin des débuts de la ruée vers l’or australienne au milieu du XIXe siècle. Aventurier qui parcourut l’océan Pacifique avant de faire escale en Australie entre mai et août 1851, Erskine est également un homme cultivé et éduqué du XIXe siècle (né le 3 juillet 1806), associant une curiosité aiguë pour la société de son temps et sa passion pour son environnement naturel et scientifique.

Document 2. La croissance de l’émigration liée à la découverte d’or en 1851 ; l’exemple de l’immigration irlandaise (d’après http://www.slsa.sa.gov.au/fh/passen...)

En 1850, le nombre de migrants irlandais s’élevait à 209 054. L’émigration atteignit son point d’orgue en 1851, lorsque le nombre de migrants s’éleva à 249 721, pour ensuite continuellement baisser au point d’atteindre 150 222 migrants en 1854. Les plus démunis, les misérables ayant déjà migré ou trouvé refuge dans des pays voisins, dans les maisons de travail créées par les autorités ou dans la tombe, on pouvait voir le remarquable spectacle de familles entières – aux personnes généralement avantageusement vêtues, bien éduquées, de tous âges et de tous sexes, du petit enfant aux personnes âgées, - traversant la ville pour se rendre au bateau à destination de l’Australie.
Traduction : Alain Bouleau

Afin d’aider au mieux ces migrants, une série de guides a été publiée entre 1838 et 1853, offrant des informations variées sur les conditions de transport en bateau, les conditions à l’arrivée, et d’autres aspects pratiques sur les conditions d’installation en Australie.
Celui de 1853 contient des spécificités sur les règlements des champs aurifères et l’extraction de l’or récemment découvert

Document 3. Un appât du gain aux effets qui peuvent être négatifs. (d’après Erskine J. E., A Short Account of the Late Discoveries of Gold in Australia, Londres, 1851, p. 11)

Le prix des denrées alimentaires augmentait, provoquant l’irritation des personnes à moindres revenus fixes. La farine, par exemple, était passée de 25 shillings à 40 shillings les cent livres et la viande de mouton qui en général coûte à peine plus qu’un penny était détaillée à trois pence la livre sur les champs aurifères. Des appréhensions se faisaient jour, non seulement de la part des propriétaires terriens et des actionnaires, mais également des commerçants en ville qui craignaient de se voir désertés par leur personnel et les journaux ne se montraient pas très optimistes dans leurs analyses, avançant que « la colonie était disposée à subir la malédiction de la ruée vers l’or » et prophétisant toutes sortes d’excès de la part des travailleurs sur les sites, dont beaucoup avaient coutume (imitant en cela ce qu’ils avaient compris comme coutumier et nécessaire en Californie) de porter des armes à feu ostensiblement pour leur sécurité.
Traduction : Alain Bouleau

 III- Questions

A. Relever des informations, les reformuler et les justifier à l’aide d’exemples.

1. Datez la première découverte d’or notable en Australie. (document 1)
2. Soulignez la phrase qui montre le mieux que cette découverte allait créer un engouement dans la colonie. (document 1)
3. Relevez des informations qui montrent l’augmentation et la diversité des migrants vers l’Australie. (documents 1 et 2)
4. Quelle est la cause de l’émigration selon le document 2 ? Justifiez.
5. Quels inconvénients économiques et sociaux sont liés à l’exploitation de l’or ? Justifiez. (document 3)

B. Mettre en relation les réponses et argumenter sur un sujet.

À partir des citations et des réponses précédentes, montrez sous la forme de 2 paragraphes de 8 à 10 lignes chacun, l’origine de la ruée vers l’or et ses conséquences dans la colonie de Nouvelle Galles du Sud à partir de 1851.

C. Pistes de recherches (dossiers, exposés, …)

1. La colonie de Nouvelle Galles du Sud.
2. Les techniques d’extraction et d’exploitation de l’or.
3. Les conditions de vie des prospecteurs.
4. Recherches d’éléments patrimoniaux en rapport avec la ruée vers l’or.

Annexe :

Carte des principales découvertes

TOP:John Gilbert, the bushranger. Courtesy State Library of Victoria Img no:b48953.
ABOVE : Family, tent and water wagon reproduced courtesy Mitchell Library, State Library of NSW (a2822124)

[1http://www.australianhistory.org/wh..., http://australia.gov.au/about-austr... et Erskine J. E., A Short Account of the Late Discoveries of Gold in Australia, Londres, 1851.


titre documents joints

L’émigration britannique vers l’Australie

19 décembre 2014
info document : PDF
287.9 kio

Proposition de mise en œuvre – Programme d’histoire de 2de


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