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Lapérouse, un navigateur européen et ses voyages de découverte et d’exploration

mardi 12 février 2019 par Cyril AUBERT

 Introduction

Cette séance de cours fait partie du Thème 4 : « Nouveaux horizons géographiques et culturels des Européens jusqu’au XIXe siècle » et de la Séquence 1 : « L’élargissement du monde (XVe – XIXe s) ». La question traite des « contacts des Européens avec d’autres mondes et de l’élargissement de leurs horizons géographiques », du programme d’histoire- géographie de seconde, adapté à la Nouvelle Calédonie. Les élèves de Seconde ont déjà étudié cette partie au collège, en classe de 5e [Bloc 4 Vers la Modernité Thème 1 Les bouleversements culturels et intellectuels XVe- XVIIe s]. Précédée par une étude obligatoire « de Constantinople à Istanbul : un lieu de contacts entre différentes cultures et religions (chrétiennes, musulmane, juive) », elle correspond à une étude au choix : « un navigateur européen et ses voyages de découverte et d’exploration (de préférence dans le Pacifique : Cook, Bougainville, Lapérouse) ». L’étude suivante au choix également est une continuité de notre séance car elle porte sur « les premiers contacts en Océanie et leurs conséquences au XIXe s ». Source : B.O de l’Education nationale spécial N°4 du 12 juillet 2012.

Titre de la Séquence 1 : L’élargissement du monde (XV- XIXe s).

Titre de la Séance : Lapérouse, un navigateur européen et ses voyages de découverte et d’exploration.

Problématique de la Séance : « En quoi l’expédition du navigateur français François de Lapérouse a-t-elle changé la vision des Européens sur le monde au XVIIIe siècle ? »

Objectifs pédagogiques.
Cette étude doit amener les élèves à comprendre, à travers l’exemple des explorations de Lapérouse, que les découvertes au XVIIIe siècle sont surtout guidées par une soif de connaissances, une curiosité culturelle, notamment pour les terres, les hommes, la faune et la flore des nouveaux mondes. Les grands explorateurs, Bougainville, James Cook, La Pérouse, laissent une empreinte indélébile dans la culture et l’imaginaire de l’Europe des Lumières. Les Européens ont ainsi pu mieux connaître le monde et combler certaines interrogations. Cette étude doit aussi permettre aux élèves de rêver dans l’espace, dans le temps et d’en apprendre plus sur le navigateur qui « prend le commandement de la dernière grande exploration du Pacifique au XVIIIe siècle » et dont la disparition reste une source de mystères. Après James Cook, il semble avoir été le deuxième européen à fréquenter la Nouvelle-Calédonie.
Le volume horaire consacré à l’étude est d’une heure voire une heure et demi, trace écrite et synthèse comprises.

Objectifs cognitifs – Mots clés – notions :
Circumnavigation – naturalistes – astronome - indigènes - Lumières.

Objectifs méthodologiques / Savoir -faire.
L’étude de documents permet d’activer les compétences du programme de seconde :
− Maîtriser les repères chronologiques et spatiaux (identifier, localiser...).
− Identifier, lire et comprendre des documents.
− Relever et classer les informations essentielles contenues dans un document.
− Formuler une opinion personnelle argumentée sur une question donnée.
− Organiser et synthétiser à l’écrit les idées essentielles du cours.

Supports : Dossier de divers documents (cartes, récits de voyages...), prélevés dans des manuels ou sur internet.

Documents proposés : le corpus documentaire rassemble une frise chronologique, planisphère retraçant le voyage de Lapérouse, des textes, des documents iconographiques (tableaux, gravures...).
−* Document 1 : Portait de Lapérouse de Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), 1785, Musée Toulouse- Lautrec, à Albi.
−* Document 2 : Les instructions de Louis XVI à Lapérouse, le 29 Juin 1785, huile sur toile de Nicolas Monsiau (1754-1837), 1817, Musée national du château de Versailles.
−* Document 3 : Carte de la circumnavigation de Lapérouse (1785-1788), par Jacques Liozu, 1941, Musée La Pérouse d’Albi, extraite du site de l’Association Lapérouse Albi France.
−* Document 4 : texte sur l’escale de Lapérouse à l’île de Pâques en avril 1786, extrait de Voyage autour du monde sur l’Astrolabe et la Boussole, de J.F. Lapérouse, Paris, La Découverte, 2005
−* Document 5 : Gravure de 1820 sur l’escale de Lapérouse à l’île de Pâques en avril 1786, d’après un dessin de Duché de Vaney réalisé lors du voyage de Lapérouse, Bibliothèque des Arts décoratifs à Paris.
−* Document 6 : texte sur l’escale à Tikopia le 10 février 1828, extrait du journal de bord du navigateur Dumont d’Urville (1826-1828).
−* Document 7 : lithographie du XIXe siècle sur le naufrage de L’Astrolabe et de La Boussole sur les récifs de Vanikoro, réalisée par Louis le Breton (1818-1866), peintre graveur et lithographe de la marine.

Six documents pour cette séance, mais d’autres peuvent être présentés pour compléter les informations. La parole de l’enseignant est importante car il raconte l’histoire de Lapérouse pour faire vivre l’aventure aux élèves.

Bibliographie.

  • Association Salomon Nouvelle- Calédonie, … a-t-on des nouvelles de Monsieur de Lapérouse ? récit d’une expédition, Association Salomon NC, 1997.
  • J. Dunmore, Lapérouse, Explorateur du Pacifique, Paris, Payot, 1986.
  • Fleuriot de Langle, La tragique expédition de Lapérouse et Langle, Paris, Librairie Hachette, 1954.
  • J.F. de Lapérouse, Voyage autour du monde sur l’Astrolabe et la Boussole, Paris, La Découverte, 2005.
  • F. Lebrun, L’Europe et le monde, XVIe-XVIIIe siècle, « U », A. Colin, 2002
  • J.B. de Lesseps, Journal historique du voyage de M. de Lesseps, consul de France, employé dans l’expédition de Lapérouse, Paris, 1790.
  • E. Taillemite, Sur des mers inconnues, Gallimard Découvertes, 1987.
  • E. Taillemite, Les découvreurs du Pacifique, Bougainville, Cook, Lapérouse, Gallimard Découvertes, 2004
  • P. Villiers, J.-P. Duteil, L’Europe, la mer et les colonies (XVIIe-XVIIIe siècle), Hachette supérieur, 1997
  • M. Fontenay, « Les grandes découvertes », Documentation photographique n° 6075, 1985
  • E. Taillemite, Lapérouse, un explorateur dans le Pacifique, L’histoire, hors- série, n°8, juin 2000, p 66-72.

Sitographie.

  • Site de la Bibliothèque nationale de France, « Les mappemondes. Une image médiévale du monde », (exposition virtuelle) dossier pédagogique.
  • Site de la Bibliothèque nationale de France, « Histoire de la cartographie », (exposition virtuelle).
  • Site du Conseil des musées de Poitou-Charentes, « Océanie, les grands découvreurs du Pacifique », exposition virtuelle, 2007 (réédition sur internet du cédérom paru sous le même titre en 1999).
  • Site du Musée national de la marine (voyage virtuel de l’expédition de Lapérouse, expositions en 1985 et 2008).
  • Site du Musée du Quai Branly, « Les explorateurs », dossier pédagogique.
  • Site dailymotion, Monsieur de Lapérouse- Sur les traces de Lapérouse, Planète Thalassa, 11 septembre 2011.
  • Sites de l’association Lapérouse Albi- France, de la marine marchande française, du musée national de la marine.

Présentation de la démarche pédagogique.
L’étude débute soit par une contextualisation par le professeur sous forme de récit, soit par un extrait de documentaire vidéo (sur le site dailymotion, une vidéo de Planète Thalassa, intitulée « Monsieur de Lapérouse- Sur les traces de Lapérouse », datée de 2011) soit par le questionnement oral des élèves sur la représentation du monde aux XVe et XVIe siècles.

Activité orale  : Observation de cartes montrant la vision du monde des Européens avant les grandes expéditions du XVIIIe siècle.
On demande aux élèves d’observer des cartes du monde au XVe – XVIes comme la carte de Ptolémée, éditée en Allemagne en 1482 et la carte du monde du Flamand Abraham Ortelius de 1584 ou dans le manuel Nathan (vision du monde avant 1492). L’objectif du questionnement est d’amener les élèves à comprendre pourquoi on parle de « Grandes découvertes » et ce que les navigateurs dont Cook ou Lapérouse vont apporter avec leurs voyages.
Questions orales possibles : Quelles représentations du monde ont les Européens au XVe s ? Et au XVIe s ? Quelles parties du monde ont été découvertes ? Quelles parties du monde restent erronées ?
La carte du monde de Ptolémée est encore une représentation des Européens au XVe s. La circonférence de la terre est réduite de 10000 km. Pour les Européens, il y a un même océan qui enveloppe l’Asie- Europe Afrique, l’Asie s’étend donc très loin à l’Est. Pour eux, en navigant vers l’Ouest, ils rencontreraient rapidement la côte extrême de l’Asie.
La carte d’Ortelius (manuel d’histoire Nathan p 150) montre que les croyances sont bien ancrées en Europe qu’il y avait un continent dans l’hémisphère Sud Terra Australis) pour équilibrer la surface émergée se trouvant dans l’hémisphère Nord.
On évalue aussi oralement les connaissances des élèves sur les grands navigateurs (niveaux 5e / 4e) pour les amener à situer les découvertes du XVIe et XVIIIe siècles. Souvent les navigateurs Colomb (découverte de l’Amérique) et Cook (découverte de la Nouvelle- Calédonie) sont cités par les élèves. Parfois Magellan (tour du monde) peut être cité. Il est aussi possible d’utiliser une carte pour montrer les grands acteurs des découvertes.

Frise chronologique des principaux voyages et découvertes (XVIe – XVIIIe s). XVIe s XVIIe s XVIIIe s
1486 : Bartolomeu Dias au cap de Bonne-Espérance.
1492 : Christophe Colomb en Amérique.
1498 : Vasco de Gama aux Indes par le Cap de Bonne Espérance
1519-1522 : 1er tour du monde par Magellan.
1577- 1580 : 2e tour du monde par Francis Drake.
1642- 1643 : Abel Tasman découvre la Tasmanie, la Nouvelle Zélande, les îles Tonga et Fidji.
1766-1768 : les Anglais Wallis et Carteret découvre Tahiti.
1766-1769 : Tour du monde de Bougainville.
1768-1779 : Exploration du Pacifique par Cook
1785-1788 : La Pérouse dans le Pacifique.
1791- 1794 Expédition d’Entrecasteaux dans le Pacifique.
→ L’enseignant explique aux élèves que la découverte de l’Amérique a créé de nombreuses interrogations qui vont être assouvies XVIIIe siècle notamment avec le navigateur britannique James Cook. Les voyages de découverte sont peu nombreux au XVIIe siècle en partie à cause des conflits en Europe et on poursuit plutôt l’exploration des continents. Ils reprennent au XVIIIe siècle car on a un désir de connaître la configuration du monde dans son entier. Les buts sont plus scientifiques avec des équipages doublés de savants, naturalistes, artistes...
Il distribue ensuite aux élèves une fiche d’activités.

Proposition de correction pour le tableau de la fiche élève.
Dates du voyage et nom des navires : 1785- 1788 ; Retour prévue en juin 1789 ; Astrolabe ;La Boussole
Missions : Compléter les récentes découvertes du britannique James Cook dans le Pacifique ; Faire des découvertes scientifiques, améliorer les cartes, vérifier le calcul des longitudes, connaître les populations inconnues, étudier les moeurs, rapporter de nouvelles plantes ; Objectifs politiques avec des projets d’’établissement de bases françaises en Alaska, aux Philippines et dans la presqu’île du Kamchatka.
Parcours et terres explorées : La Pérouse accoste à l’île de Pâques et aux îles Hawaï où il découvre l’île de Maui (1786) puis il part vers Macao, les Philippines, la Corée et le Kamtchatka (Sibérie). Il est le 1er Européen à naviguer entre la Chine et le Japon.
→ A la maison ou en classe : en s’appuyant sur les notes de la séance, chaque élève rédige une synthèse répondant à la problématique « En quoi l’expédition du navigateur français François de Lapérouse a-t-elle changé la vision des Européens sur le monde au XVIIIe siècle ? »

Proposition de synthèse.
« En quoi l’expédition du navigateur français François de Lapérouse a-t-elle changé la vision des Européens sur le monde au XVIIIe siècle ? »
Au XVIIIe siècle, plusieurs parties du monde restent encore inconnues des Européens. Passionné de Sciences et de Géographie, le roi de France Louis XVI ordonne une expédition scientifique dans l’océan Pacifique pour compléter les connaissances de Bougainville et de Cook. Il apprécie les qualités humaines et les talents de marin du jeune capitaine de vaisseau albigeois, Jean - François de Galaup, comte de Lapérouse. Il le charge donc de découvrir « toutes les terres ayant échappé à l’oeil de Cook », de reconnaître les côtes de l’Alaska et du Kamtchatka (Sibérie), d’étudier la possibilité du commerce des fourrures entre l’Amérique et la Chine et de reconnaître la Nouvelle- Calédonie, découverte 11 ans plus tôt. Avant de s’embarquer, Lapérouse prend connaissance des cartes et des compte- rendus des navigateurs qui l’ont précédé.
Le 1er août 1785, La Boussole et de L’Astrolabe, deux frégates de 500 tonneaux, spécialement aménagées pour ce grand voyage d’exploration, quittent le port de Brest (Bretagne) : on compte 225 hommes, des marins, des scientifiques (2 ingénieurs hydrographes, 4 naturalistes, 3 botanistes, médecins, astronomes, un horloger pour conserver l’heure du méridien d’origine) et des artistes (un peintre, dessinateurs). Pour rapporter le plus d’informations possibles sur les découvertes effectuées lors de ce voyage, les meilleurs instruments de mesure et d’observation, sont mis à leur disposition. La circumnavigation de Lapérouse est prévue pour 3 ans. Il explore principalement l’océan Pacifique : il longe l’Amérique du Sud (Brésil, Chili), la côte Ouest de l’Amérique du Nord (Alaska, Californie), l’Asie de l’Est (Russie, Chine) et accoste à l’île de Pâques, à Hawaï, aux Philippines… Après une escale à Botany Bay, en Australie, le 26 janvier 1788, l’expédition reprend la mer le 10 mars, vers les îles Tonga, la Nouvelle- Calédonie et les îles Salomon mais elle disparaît corps et biens. Le navigateur français Lapérouse appartient à la grande tradition des officiers de marine qui se sont illustrés dans les voyages d’exploration de l’époque des Lumières : il mène la dernière grande exploration du Pacifique au XVIIIe siècle. Tout au long du voyage, sont dressés des plans, des cartes et un journal de bord très précis est rédigé. Ces documents sont transmis à chaque escale jusqu’en Australie, ce qui permet aux Européens de connaître tous les détails précieux de ces explorations, à la fois les observations en mer (sur les causes du scorbut des marins) et aux diverses escales, les contacts parfois dramatiques avec les populations locales comme aux îles Samoa, où Fleuriot de Langle et 11 marins sont tués en décembre 1787 par des indigènes. Son unique périple dans le Pacifique le rend mondialement et tragiquement célèbre par la disparition en 1788 des deux navires placés sous son commandement. Les expéditions menées sur ses traces (d’Entrecasteaux, Dillon, Dumont d’Urville), retrouvent finalement les vestiges du naufrage sur les récifs de Vanikoro, dans l’archipel des Salomon.

Vocabulaire.
Circumnavigation : désigne la navigation en bateau autour d’un lieu, une île, un continent ou la Terre entière.
Naturalistes : scientifique dont le champ d’activité relève des « sciences naturelles » c’est-à-dire des sciences faisant l’inventaire et l’étude des « êtres naturels » (animaux, minéraux, végétaux).
Astronome : savant qui étudie la position des astres, utile pour calculer la latitude.
Indigènes : personne établie depuis toujours sur le territoire qu’il occupe. Personne appartenant à une population implantée dans un pays avant la colonisation.
Lumières : ensemble des idées de raison, de progrès et de libertés, portées par les philosophes au XVIIIe siècle.

Pour aller plus loin.
→ A l’issue de cette séance, un projet numérique peut être mis en place :
− Construire une frise chronologique à partir de www.frisechrono.fr
− Construire une carte interactive et un diaporama des voyages des grands navigateurs du XVIIIe siècle (Bougainville, Cook, Lapérouse), à partir de Power point (ou Libre office Impress) et éventuellement demander aux élèves de présenter à l’oral leur travail.
− Réaliser une fiche sur plusieurs autres navigateurs à partir du programme FOLD et éventuellement demander aux élèves de présenter à l’oral leur travail.
→ Une sortie au musée maritime de la Nouvelle -Calédonie est possible : les élèves pourront compléter leurs informations sur le navigateur Lapérouse.
→ Des ressources supplémentaires, éventuellement utilisables avec les élèves sont disponibles sur :
− Le site de la BNF (documents cartographiques réalisés par Lapérouse, témoignant de la précision des relevés qui définissent des contours géographiques quasi exacts).
− Le site du musée du quai Branly (un dossier pédagogique réalisé sur les explorateurs).

 Séquence 1 : L’élargissement du monde

Documents d’accroche (Activité orale) : Observation de cartes montrant la vision du monde des Européens avant l’expédition de Lapérouse.

Document 1 : Carte du flamand Abraham Ortelieus (1590) : représentation géographique de toutes les terres, mais seulement celles connues des anciens jusqu’en l’an 1492 » , aux 4 coins dans les médaillons, les terres connues à la fin du XVIe siècle.

Source : manuel d’histoire Nathan, 2011.

Document 3 : Typius Orbius Terrarum (Carte du monde) de Abraham Ortelieus (cartographe flamand), 1584

Source : Manuel d’histoire Belin, 2014

Séance 2 :

• Les principaux voyages et découvertes du XVIe au XVIIIe siècle. XVIe s XVIIe s XVIIIe s
1492 : Christophe Colomb en Amérique.
1498 : Vasco de Gama aux Indes par le Cap de Bonne Espérance
1519-1522 : 1er tour du monde par Magellan.
1577- 1580 : 2e tour du monde par Francis Drake.
1642- 1643 : Abel Tasman découvre la Tasmanie, la Nouvelle Zélande, les îles Tonga et Fidji.
1766-1769 : Tour du monde de Bougainville.
1768-1779 : Exploration du Pacifique par Cook
1785-1788 : La Pérouse dans le Pacifique.
1791- 1794 Expédition d’Entrecasteaux dans le Pacifique.

Document 1 : Portait de Jean- François de Galaup, comte de Lapérouse (1741-1788).

Source : portrait de Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), 1785, Musée Toulouse- Lautrec, Albi.

Document 2 : Les instructions de Louis XVI à Lapérouse, le 29 Juin 1785.
Louis XVI donne ses instructions au capitaine de vaisseau Lapérouse pour son voyage d’exploration autour du monde, en présence du marquis de Castries, le ministre de la Marine et des Colonies.

Source : huile sur toile de Nicolas André Monsiau (1754-1837), 1817, Musée national du château de Versailles.

Document 3 : Le circumnavigation de Lapérouse (1785-1788).

Source : carte du voyage de La Pérouse par Jacques Liozu, 1941, Musée La Pérouse d’Albi.

Document 4 : Escale à l’île de Pâques, du 9 au 10 avril 1786.

Nous n’avons abordé dans leur île que pour faire du bien ; nous les avons comblés de présents […] semé leurs champs […] laissé cochons, chèvres et brebis ; néanmoins, ils nous ont jeté des pierres et nous ont volé tout ce qu’il leur a été possible d’enlever. […] Nous n’avons cependant vu la trace d’aucun culte ; car je ne crois pas que personne puisse prendre les statues pour des idoles, quoique ces Indiens aient montré une espèce de vénération pour elles. Ces bustes de taille colossale, dont j’ai déjà donné les dimensions, et qui prouvent bien le peu de progrès qu’ils ont fait dans la sculpture, sont d’une production volcanique, connue des naturalistes sous le nom de lapillo. C’est une pierre si tendre et si légère, que quelques officiers du capitaine Cook ont cru qu’elle pouvait être factice, et composée d’une espèce de mortier qui s’était durci à l’air. Il ne reste plus qu’à expliquer comment on est parvenu à élever sans point d’appui un poids aussi considérable.

D’après le journal de bord de J.-F. de Lapérouse, extrait du site du musée national de la marine.

Document 5 : Escale de Lapérouse sur l’île de Pâques (1786).

Source : Gravure de 1820 d’après un dessin de Duché de Vaney lors du voyage de Lapérouse, Bibliothèque des Arts décoratifs à Paris.

Document 6 : Sur ses traces de Lapérouse (escale à Tikopia).

Enfin vers deux heures, la vigie annonce trois pirogues qui se dirigent vers nous. Chacun se précipite sur les bastingages et hâte de ses voeux l’instant qui va mettre un terme à nos doutes. Les pirogues approchent, chacune d’elles est montée par cinq ou six naturels. Dans celle qui marche en tête, on remarque un Européen en bonnet de laine, chemise rouge et pantalon, de prunelle blanche ; Il monte sur-le-champ à bord, et répond à mes questions qu’il est le Prussien Martin Bushart qui vient d’accompagner le capitaine Dillon dans son voyage aux îles Mallicolo.[…] Ainsi plus de doute, les faits avancés par Dillon sont exacts : c’est à Vanikoro que Lapérouse a fait naufrage, et M. Dillon nous a devancés dans les recherches que nous nous proposions de faire. […] Nos gens virent, disséminés au fond de la mer, à trois ou quatre brasses sous l’eau, des ancres, des canons, des boulets, des saumons et surtout une immense quantité de plaques de plomb. Tout le bois avait disparu et les objets les plus menus en cuivre et en fer étaient corrodés par la rouille ou complètement défigurés. J’envoyais la chaloupe relever au moins une ancre et un canon afin de les porter en France comme preuves du naufrage de nos infortunés compatriotes.

Source : journal du navigateur Dumont d’Urville (1826-1828), 10 février 1828.

Document 7 : Le naufrage de l’expédition de Lapérouse en 1788 sur les récifs de Vanikoro (îles Salomon).

Source : lithographie du XIXe siècle, réalisée par Louis le Breton (1818-1866), peintre graveur et lithographe de la marine.

I/ Un espace à explorer : le voyage de Lapérouse.
1. Doc 1, 2 : Identifiez les personnages au 1er plan. Donnez le commanditaire et l’objectif du voyage de Lapérouse.
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2. Sur le document 3, repassez en bleu le tracé du voyage de Lapérouse et en rouge, le tracé inachevé du voyage. Reportez les lieux et les dates suivantes : Brest (1er aout 1785) – île de Pâques (9 avril 1786) – île de Maui, Hawaï (29 mai 1786) – Port des Français (3-30 juillet 1786) - Kamtchatka (6-29 septembre 1786) – Macao, Chine (3 janvier- 5 février 1787) - Botany Bay, Sydney (26 janvier 1788) - Vanikoro (juin 1788).
3. Doc 3 : Combien de temps a duré le voyage de Lapérouse ? Dans quelle partie du globe se localise principalement son voyage ? Comment expliquer que son tracé soit si sinueux ?
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4. A partir du document 3 et des indications faites à l’oral, complétez le tableau ci-contre. Dates du voyage et nom des navires Missions Parcours et terres explorées
II/ Les objectifs des voyages au XVIIIe siècle.
5. Doc 4, 5 : Localisez la scène du doc 5 et décrivez-là, en montrant que le cadre est lointain par rapport à l’Europe.
…............................................................................................................................................................................................…............................................................................................................................................................................................…............................................................................................................................................................................................
6. Doc 4, 5 : Décrivez les contacts entre les Européens et les indigènes.
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7. Doc 4, 5 : Expliquez ce que sont les « naturalistes ». Quel est l’intérêt pour les navigateurs de prendre des peintres et des dessinateurs dans leurs voyages ?
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III/ « A-t-on des nouvelles de Monsieur de Lapérouse ? ».
8. Doc 3, 6 : Comment s’achève le voyage d’expédition de Lapérouse ? Quels navigateurs retrouvent les traces de Lapérouse ? Combien de temps après sa disparition ? Expliquez pourquoi on peut dire que Lapérouse est un grand navigateur qui a laissé une empreinte indélébile dans la culture et l’imaginaire de l’Europe des Lumières.
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9. Synthèse : à l’aide de l’étude de documents, vous réaliserez une synthèse, répondant à la problématique « En quoi l’expédition du navigateur français François de Lapérouse a-t-elle changé la vision des Européens sur le monde au XVIIIe siècle ? »

 • ANNEXES.

Document 1 : Le circumnavigation de Lapérouse (1785-1788).

Source : extrait du site de l’équipe TICE du département du Tarn (www. crtice.occe81.fr), Académie de Toulouse.

Document 2 : Le circumnavigation de Lapérouse (1785-1788).

Source : extrait du site du musée maritime de la Nouvelle- Calédonie (www.museemaritime.nc).

Document 3 : Perdrix mâle et femelle de la Californie (septembre 1786).

Source : aquarelle de Prévost le Jeune, dessinateur sur la Boussole, Service historique de la Marine, Vincennes.

Document 4 : Monsieur de Lapérouse accueilli par les indigènes de l’île Maui à Hawaï (mai 1786).

Source : Gravure de Georges Delcausse, datée du XVIIIe siècle.

Document 5 : Liste des ingénieurs, savants et artisans embarqués à bord de la Boussole.

Source : extrait du voyage de Lapérouse, de Brest à Botany Bay, annoté par J.B.B de Lesseps.

Document 6 : Lapérouse confronté au « bon sauvage », extrait de son journal de bord.

« Les philosophes se récrieraient en vain contre ce tableau. Ils font leurs livres au coin de leur feu, et je voyage depuis trente ans : je suis témoin des injustices et de la fourberie de ces peuples qu’on nous peint si bons, parce qu’ils sont très-près de la nature ; mais cette nature n’est sublime que dans ces masses ; elle néglige tous les détails. Il est impossible de pénétrer dans les bois que la main des hommes civilisés n’a point élagués ; de traverser les plaines remplies de pierres, de rochers, et inondées de marais impraticables ; de faire société enfin avec l’homme de la nature, parce qu’il est barbare, méchant et fourbe. Confirmé dans cette opinion par ma triste expérience, je n’ai pas cru néanmoins devoir user des forces dont la direction m’était confiée, pour repousser l’injustice de ces sauvages, et pour leur apprendre qu’il est un droit des gens qu’on ne viole jamais impunément. Des Indiens, dans leurs pirogues, étaient sans cesse autour de nos frégates ; ils y passaient trois ou quatre heures avant de commencer l’échange de quelques poissons ou de deux ou trois peaux de loutre ; ils saisissaient toutes les occasions de nous voler ; ils arrachaient le fer qui était facile à enlever, et ils examinaient, surtout, par quel moyen ils pourraient, pendant la nuit, tromper notre vigilance. Je faisais monter à bord de ma frégate les principaux personnages ; je les comblais de présens ; et ces mêmes hommes que je distinguais si particulièrement, ne dédaignaient jamais le vol d’un clou ou d’une vieille culotte. Lorsqu’ils prenaient un air riant et doux, j’étais assuré qu’ils avaient volé quelque chose, et très -souvent je faisais semblant de ne pas m’en apercevoir. »

J.F. Lapérouse, Voyage autour du monde sur l’Astrolabe et la Boussole, Paris, La Découverte, 2005.

Document 7 : Escale de Lapérouse à Macao, en Chine (24 janvier 1788).
Jean François de Lapérouse est un explorateur français, chargé par le roi d’approfondir la découverte du Pacifique. Il consigne tous les événements dans son journal de bord.

Escale à Macao [île portugaise en face de Canton], du 3 janvier au 7 février 1787. « Les Chinois font avec les Européens un commerce de 50 millions, payés au 2/5e en argent et le reste en draps anglais, en coton, opium et poivre d’Inde. On apporte aussi d’Europe quelques objets de luxe, comme des montres de Genève. En échange de toutes ces richesses, on ne rapporte de Chine que du thé, avec quelques caisses de soie pour les manufactures européennes. Aucune nation ne fait un commerce aussi avantageux avec les Européens et n’impose des conditions aussi dures : il ne se boit pas une tasse de thé en Europe qui n’ait coûté une humiliation à ceux qui l’ont acheté à Canton [seul port chinois autorisé à recevoir des navires étrangers].

D’après Jean François de Lapérouse, Journal de bord, édité en 1797.

Document 8 : Arrivée de Lapérouse à l’île de Pâques, le 9 avril 1786 (extrait de son journal de bord).

M. Hodges, peintre qui avait accompagné le capitaine Cook, dans son second voyage, a fort mal rendu leur physionomie : elle est généralement agréable, mais très variée, et n’a point, comme celle des Malais, des Chinois, des Chiliens, un caractère qui lui soit propre.
Je fis divers présens à ces Indiens ; ils préféraient des morceaux de toile peinte, d’une demi-aune, aux clous, aux couteaux et aux rassades ; mais ils désiraient encore davantage les chapeaux : nous en avions une trop petite quantité pour en donner à plusieurs. A huit heures du soir, je pris congé de mes nouveaux hôtes, leur faisant entendre, par signes, qu’à la pointe du jour je descendrais à terre : ils s’embarquèrent dans le canot en dansant, et ils se jetèrent à la mer à deux portées de fusil du rivage, sur lequel la lame brisait avec force : ils avaient eu la précaution de faire de petits paquets de mes présens, et chacun avait posé le sien sur sa tête pour le garantir de l’eau. »

J.F. Lapérouse, Voyage autour du monde sur l’Astrolabe et la Boussole, Paris, La Découverte, 2005

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Lapérouse, un navigateur européen et ses voyages de découverte et d’exploration

12 février 2019
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Proposition de séance d’histoire en classe de seconde.


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