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La République française et le fait colonial

dimanche 15 mars 2015 par Stéphane MINVIELLE

 I- La colonisation nécessaire

La colonisation nécessaire, ou comment la République ne pouvait pas se construire sans le fait colonial ?
DIAPO Jusqu’en 1914, la République, et au-delà l’ensemble des régimes qui se succèdent à partir de 1789, considèrent la colonisation comme un fait acquis et auquel il est tout à fait légitime que la France prenne part. Malgré les révolutions et les tumultes politiques, l’idée que la France pourrait se débarrasser de ses colonies en les abandonnant ou en leur concédant une indépendance est totalement absente du débat politique.

 1- Les Républiques acceptent le fait colonial

DIAPO A partir de 1789, la France connaît plusieurs expériences républicaines :

  • La Convention ou Première République de 1792 à 1795
  • Le Directoire de 1795 à 1799
  • Le consulat de 1799 à 1804
  • La IIe République de 1848 à 1852
  • La IIIe République à partir de 1870

Lors de chacune de ces expériences républicaines, les régimes en place « héritent » d’une situation coloniale à laquelle il est important de souligner qu’ils ne renoncent pas, et ne souhaitent pas renoncer. De ce point de vue, que la France soit une monarchie, un empire ou une République, le fait colonial est accepté comme normal et légitime.
DIAPO Les débuts de la conquête de l’Algérie changent la donne coloniale puisqu’il s’agit de la première extension significative de l’empire au XIXe siècle et du fait de la volonté d’en faire une colonie de peuplement. La conquête démarre à la veille de la Révolution de 1830, puis elle est poursuivie par la Monarchie de Juillet. On y compte déjà 100 000 colons en 1847, qui réclament l’assimilation complète de l’Algérie à la France et ne souhaitent pas des droits égaux pour les indigènes. En 1848, la IIe République ne remet pas en cause la conquête de l’Algérie, bien au contraire, puisque la constitution de 1848 la déclare territoire français. Les mesures assimilationnistes ne concernent que les colons, et les territoires sous administration civile sont divisés en trois départements. La colonisation de peuplement est d’autant plus encouragée que la République dominée par les conservateurs entend juguler le péril ouvrier. Les indigènes, quant à eux, ne sont pas des citoyens et restent sous administration militaire.
Si la IIe République accepte le fait colonial, il est important de souligner que, jusqu’au milieu du XIXe siècle, les régimes républicains ne mettent pas en oeuvre de vastes projets d’extension de l’empire colonial, et ce pour plusieurs raisons :

  • des régimes à la durée de vie brève ou très brève
  • la situation en Europe conduit les gouvernements à accorder la priorité aux affaires continentales. Si Napoléon obtient de l’Espagne la cession de la Louisiane en 1800, il décide de la vendre aux Etats-Unis en 1803-1804 pour 15 millions de dollars.

Jusqu’aux années 1870, les extensions successives de l’empire colonial français ne sont donc pas le fait de régimes républicains :

  • la conquête de l’Algérie débute en 1830 avant la chute de Charles lors des Trois Glorieuses des 27, 28 et 29 juillet, et la révolte d’Ab el-Kader est matée sous la Monarchie de Juillet
  • La Polynésie devient un protectorat français en 1843 sous la Monarchie de Juillet
  • La prise de possession de la Nouvelle-Calédonie est décidée par Napoléon III en 1853
  • La Cochinchine passe sous autorité française vers 1860, toujours sous le Second empire, puis le Cambodge devient un protectorat en 1863
  • Faidherbe commence la conquête de l’intérieur du Sénégal dans les années 1850 et 1860.

En outre, assez paradoxalement, c’est sous le Second empire que la politique la plus conciliante envers les populations colonisées en mise en oeuvre. En effet, Napoléon III est sensible à la pensée « indigénophile » qui prône le développement de l’instruction et le progrès de l’économie pour « régénérer » les musulmans algériens. Le sénatusconsulte de 1865 les déclare Français mais ils ne sont pas des citoyens, ce qui supposerait l’application du code civil contraire au droit musulman. Pour devenir citoyen, il faut renoncer au statut personnel musulman. Territoires militaires et bureaux arabes mis en place lors de la conquête sont maintenus, sous l’autorité d’un
gouverneur général militaire. A côté des communes de plein exercice sont instituées des communes mixtes administrées par un officier assisté d’un conseil de notables nommés. Il n’est pas question d’appliquer la politique d’assimilation voulue par les
colons, c’est-à-dire des assemblées électives composées de citoyens français. Napoléon III privilégie la notion d’Algérie musulmane franco-algérienne, souvent qualifiée de « royaume arabe ». A ce courant « indigénophile » s’oppose le courant
« coloniste » qui a des soutiens dans le parti républicain, dont certains cadres connaissent l’Algérie pour y avoir connu la déportation et l’exil sous l’Empire autoritaire. Majoritairement, les colons accueillent favorablement la chute de l’Empire en 1870 qui est suivie par la mise en place d’une éphémère « commune d’Alger ». Ils soutiennent les Républicains, notamment Gambetta.

Après 1870, bien qu’affaiblie en Europe, la république est attachée à l’intégrité de son empire ultra-marin et mate violemment toute tentative d’insurrection (Martinique en 1870, Kabylie en 1871, Nouvelle-Calédonie en 1878). Surtout, dès son triomphe en 1877, le parti républicain relance la politique d’expansion coloniale dirigée principalement vers l’Indochine et surtout l’Afrique. La capacité de la République à agrandir l’Empire est un élément de légitimation du régime et de sa capacité à
restaurer la grandeur de la nation. Ce projet est critiqué par la droite et la gauche radicale, qui considèrent que la priorité est la revanche contre l’Allemagne.
DIAPO Le moment fondateur dans la construction du destin colonial de la IIIe République se situe en 1885. En effet, quelques mois après la chute du gouvernement de Jules Ferry à la suite du désastre de Lang-Son au Tonkin, la chambre des députés connaît des débats houleux au sujet de l’expansion coloniale, et plus précisément des crédits demandés pour faire la conquête de Madagascar et du Tonkin. Plusieurs arguments sont avancés par les opposants de l’expansion coloniale :

  • la République n’a pas à reprendre à son compte des ambitions coloniales portées jusque là par la monarchie et l’empire
  • Certains, dont Clemenceau, remettent en cause le principe de l’inégalité des races présenté par Ferry comme une justification de la colonisation au titre d’une mission civilisatrice. Le 30 juillet 1885, à la Chambre, Clemenceau prononce un discours resté célèbre : « Les races supérieures ont sur les races inférieures un droit qu’elles exercent, ce droit (…) est en même temps un devoir de civilisation. Voilà en propres termes la thèse de M. Ferry, et l’on voit le gouvernement français exerçant son droit sur les races inférieures en allant guerroyer contre elles et les convertissant de
  • force aux bienfaits de la civilisation. Races supérieures ? races inférieures, c’est bientôt dit ! Pour ma part, j’en rabats singulièrement depuis que j’ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre
  • franco-allemande parce que le Français est d’une race inférieure à l’Allemand. »
  • Remise en cause des principes universels de la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen
  • Doutes sur la rentabilité économique des colonies
  • Détournement par rapport à l’objectif principal qui doit être la restauration de la puissance de la France en Europe, qui est par exemple le leitmotiv de Clemenceau mais aussi de la droite nationaliste française : notion de « ligne bleue des Vosges »

Au final, le gouvernement arrache un vote favorable à la poursuite de l’expansion coloniale (273 voix pour alors que la majorité était fixée à 271). Clemenceau réagit violemment en soulignant que c’est la première fois que les droits de l’homme sont
considérés comme ne s’appliquant pas à tous les êtres humains.
DIAPO Dorénavant, l’idéologie républicaine prétend que les Blancs civilisés en bénéficient alors que les indigènes barbares en sont exclus. Cette évolution est facilitée l’absence d’une Constitution de la IIIe République. Pour la première fois
dans l’histoire de la République, le régime républicain n’est pas porté par un texte fondateur qui, dans un préambule, aurait rappelé les principes fondamentaux auxquels il se réfère. La doctrine qui prévaut de justesse en 1885 devient dès lors la
doctrine officielle de la République bien qu’une opposition, certes très minoritaire, continue à exister parmi les Républicains au sujet du fait colonial. Dès lors, le fait colonial n’est plus discutable puisqu’il se développe au nom du droit (des races supérieures sur les races inférieures, ou du plus fort sur le plus faible). Après moult débats et tergiversations, les partisans de l’expansion outre-mer deviennent donc majoritaires sous l’influence d’un puissant lobby colonial ou « parti colonial » qui
recrute largement parmi les républicains modérés ou opportunistes, et montre aussi l’influence des milieux d’affaires sur le personnel politique. La droite catholique ralliée soutient également le mouvement au nom de l’élan missionnaire. Des associations
deviennent le coeur du parti colonial : Société de géographie de Paris, Comité de l’Afrique française en 1890, l’Union coloniale en 1893, le Comité de l’Asie française en 1901. A la chambre, le groupe colonial est porté par les députés Eugène Etienne et Théophile Delcassé. Il compte environ 200 députés en 1902.
DIAPO Cette évolution de la IIIe République vers une acceptation sans limites du fait colonial est directement à l’origine de la formation du second Empire colonial français qui atteint son extension maximale en 1914 (à l’exception des mandats de la SDN reçus à la fin du premier conflit mondial).

 2- Redéfinition du projet colonial et évolution des enjeux coloniaux

DIAPO Tout au long du XIXe siècle, la constitution du Second Empire colonial français (par opposition avec celui de l’Ancien Régime) s’accompagne d’une redéfinition de sa place et son utilité par rapport à la métropole qui le possède et le contrôle.
Le premier Empire colonial français dispose de caractères propres, assez distincts de ceux qui s’imposent à la fin du XIXe siècle sous la IIIe République :

  • une taille relativement modeste après la perte des possessions de l’Inde et du Canada lors la guerre de Sept ans contre l’Angleterre (1756-1763) sous le règne de Louis XV
  • l’absence d’une colonisation de peuplement à grande échelle, ou plutôt les échecs des tentatives de projection de populations métropolitaines dans les colonies, notamment aux Antilles, au Canada ou en Louisiane
  • la disparition quasi-complète des populations autochtones, notamment aux Antilles, et le développement de la traite négrière pour exploiter les colonies DIAPO
  • la concentration des intérêts coloniaux français aux Antilles, et notamment dans la « perle » que constitue la partie occidentale de Saint-Domingue arrachée aux Espagnols en 1697
  • la primauté des enjeux économiques et commerciaux sur des enjeux de nature politique du fait de la prospérité du commerce atlantique au XVIIIe siècle. Les enjeux économiques se mesurent aux montagnes de sucre qu’il est possible de tirer des
  • Antilles, de leurs productions de café et d’indigo, mais aussi aux farines, aux textiles et autres produits manufacturés que l’on exporte vers les colonies.

La primauté des enjeux économiques et commerciaux est encore très affirmée dans la première moitié du XIXe siècle, qui prolonge pour l’essentiel le fonctionnement traditionnel du système colonial et le principe de l’exclusif :

  • tout ce que produit la colonie est exporté vers la métropole
  • tout ce que la colonie importe vient de métropole ou est transporté par des navires métropolitains

Malgré quelques assouplissements, ce régime est maintenu après la fin de l’Ancien régime malgré le développement croissant du commerce interlope. Pourtant, l’abolition de l’exclusif est une revendication ancienne des colons, notamment ceux des Antilles. Après l’indépendance des Etats-Unis, ils souhaiteraient notamment
y écouler leurs productions et s’y approvisionner à moindre coût. Il faut attendre 1861 pour le Second Empire y mette fin, preuve de l’influence grandissante du libéralisme économique et des théories libre-échangistes, mais il est remis au goût du jour par la IIIe République en 1889.
DIAPO Jusqu’au début du XIXe siècle, l’Empire est donc avant tout perçu pour les ressources et les débouchés qu’il peut procurer à l’économie métropolitaine. Ces considérations sont loin de disparaître ensuite (elles sont notamment très présentes dans la pensée coloniale de Jules Ferry), mais elles passent finalement au second plan par rapport à celles relatives à l’exaltation de la puissance géopolitique et militaire par le contrôle des territoires les plus étendus. A ce titre, les colonies peuvent être considérées comme des relais de puissance et de grandeur pour la France. Sous la IIIe République, le primat des enjeux politiques peut s’expliquer par :

  • l’impossibilité de retirer rapidement des richesses des colonies : on y manque de main d’oeuvre pour travailler, les ressources potentielles sont nombreuses mais il manque cruellement d’infrastructures pour les exploiter et les acheminer vers les ports afin de les exporter vers la métropole
  • l’abaissement de la puissance française en Europe en 1815 (Congrès de Vienne) puis en 1870 (défaite dans la guerre francoprussienne) éteint toute possibilité de domination de la France sur l’Europe. Surtout après 1870, la France ne peut rester une grande puissance que par son Empire colonial.

DIAPO L’idée de concurrence entre les puissances européennes prend ici toute son importance. Bien que déjà présente aux XVIIe et XVIIIe siècles, l’ouverture de nouveaux fronts de colonisation, notamment en Afrique, en Asie et en Océanie, aiguise des appétits croissants que la Conférence de Berlin en 1885 tente d’encadrer dans le cas africain. En participant à l’aventure coloniale, et s’emparant de vastes
territoires, la République cherche donc à faire preuve de sa capacité à assurer le redressement national à la suite du désastre de 1870, et à construire un nationalisme colonial reposant sur la fierté de l’oeuvre coloniale accomplie par la France.

 3- Un souci de légitimation

Un souci de légitimation surtout destiné à convaincre les citoyens métropolitains du bien-fondé de l’aventure coloniale

DIAPO L’une des principales difficultés auxquelles se heurte la IIIe République est de fait accepter son implication dans la colonisation à ses citoyens, tâche particulièrement ardue du fait des nombreuses dissensions qui existent sur le sujet parmi les responsables politiques. Il s’agit de faire la promotion du fait colonial pour que les Français y adhèrent, alors que le même travail de légitimation n’existe pas dans les colonies, puisqu’elles n’ont pas leur mot à dire et que l’imposition de la domination française, même quand elle est violente, est considérée comme allant de soi au nom du droit des races supérieures à civiliser les races inférieures.
L’expansion reprend la théorie de la « Grande nation » formulée sous la Révolution et l’Empire, appelée à devenir celle de la « Plus grande France » dans les années 1930. Pour Ferry, le but de la démocratie est de promouvoir la civilisation (ordre, justice, progrès). Selon lui, il existe des races supérieures et des races inférieures. La supériorité de l’une suppose la tutelle des autres, qui sont dès lors exclus des droits réservés aux peuples supérieurs. Seule l’éducation peut permettre aux peuples inférieurs de trouver la voie de leur émancipation. La mise en valeur doit profiter aussi bien aux colons qu’aux colonisés. Plus important que tout, la France doit diffuser partout où elle le peut son génie pour éviter la décadence ou l’abdication qu’a représentée la défaite de 1870.
DIAPO La légitimation de la colonisation s’appuie d’abord sur des écrits théoriques qui établissent un lien direct entre la République et le fait colonial, comme le célèbre De la colonisation chez les peuples modernes de Paul Leroy-Beaulieu publié en 1874. Il est surtout intéressant de constater que ce discours pénètre d’abord les responsables politiques de tous bords, qui reprennent l’idée que la République est forcément bien accueillie dans les colonies car elle porte des valeurs universelles, et que la colonisation est le destin naturel de la France.
DIAPO En 1884, Jean Jaurès affirme que « quand nous prenons possession d’un pays, nous devons amener avec nous la gloire de la France, et soyez sûrs qu’on lui fera bon accueil, car elle est pure autant que grande, toute pénétrée de justice et de bonté. (…) Que là enfin où la France est établie, on l’aime, que là où elle n’a fait que passer, on la regrette ; que partout où sa lumière resplendit, elle est bienfaisante ».
L’investissement de la France dans le fait colonial est donc intimement lié à l’idée que ce pays incarne les valeurs de la Révolution (liberté, égalité, fraternité, droits de l’homme…), qu’elles sont universelles et attirent à elle ceux qui ne sont pas Français
mais aspireraient naturellement à le devenir. Il serait donc du devoir de la France d’être un phare de civilisation répandant sa lumière partout dans le monde.
DIAPO Victor Hugo a exprimé en des termes on ne peut plus explicites cet élan qui doit mettre la République en mouvement : -« Je crois que notre nouvelle conquête est chose heureuse et grande. C’est la civilisation qui marche sur la barbarie. C’est un
peuple éclairé qui va trouver un peuple dans la nuit. Nous sommes les Grecs du monde, c’est à nous d’illuminer le monde. Notre mission s’accomplit, je ne chante qu’Hosanna. »
« Au XIXe siècle, le Blanc a fait du Noir un homme ; au XXe siècle, l’Europe fera de l’Afrique un monde. Peuples ! Emparez-vous de cette terre. Prenez-la. A qui ? à personne. Prenez cette terre à Dieu. (...) Où les rois apporteraient la guerre, apportez la concorde.Prenez-la, non pour le canon, mais pour la charrue ; non pour le sabre, mais pour le commerce ; non pour la bataille, mais pour l’industrie ; non pour la conquête, mais pour la fraternité. »
DIAPO DIAPO Un autre discours de légitimation du fait colonial par la République insiste sur la générosité qu’elle déploie dans les territoires qu’elle soumet à son autorité. Elle cherche même à se distinguer des autres puissances coloniales en soulignant fortement sa nature généreuse. La République est considérée comme bonne car elle donne. Comme en métropole, elle développe une image maternelle, mais elle attend de ses enfants des colonies une reconnaissance en contrepartie de tout ce que la métropole leur apporte : obéissance et soumission, abandon des cultures autochtones, volonté d’adopter des moeurs plus civilisées… La générosité de la République est mise en oeuvre autour de la notion de « mission civilisatrice » pour sortir de l’obscurité les peuples restés dans la nuit. A ce titre, la République ne fait que prolonger dans l’Empire la politique qu’elle mène également sur le territoire
métropolitain en cherchant à enraciner ses valeurs et ses principes par l’école. En outre, la rhétorique sur la générosité de la République doit montrer la supériorité du message colonial français par rapport à celui des autres puissances coloniales.
Contrairement à l’Angleterre, la colonisation ne peut pas reposer sur les seules idées de supériorité raciale et du droit du plus fort à se constituer un empire colonial. Plus que tout autre régime, la République insiste donc sur les principes moraux qui animent son action. L’entreprise coloniale est portée par la générosité et non par la seule volonté de domination ou de rapine. Le discours est celui d’une libération des peuples soumis, et non de leur asservissement. L’important est de faire croire que la
République ne peut être qu’une puissance maternelle, bonne et charitable, désintéressée et magnanime.

Tous ces discours répondent à plusieurs objectifs. Il s’agit d’abord de mettre en conformité le projet colonial et le projet républicain. Il est impossible d’accepter que la République puisse avoir deux visages, celui de la liberté en métropole et celui de
l’asservissement dans les colonies. Par ailleurs, comment faire accepter aux citoyens français un empire colonial si celui-ci doit prendre les formes d’une restauration de l’Ancien régime, de la société d’ordres et des privilèges ? L’exaltation de la générosité de la République et de la grandeur de sa mission civilisatrice répond donc à des objectifs principalement métropolitains. Il s’agit d’un discours d’auto-justification destiné à faire accepter le projet colonial par les Français de métropole, dont les réticences sont certaines, et accessoirement d’apposer un vernis moral sur les entreprises violentes et liberticides conduites au nom de la libération des peuples pour fonder une domination que rien ne justifie et ne légitime.


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La République française et le fait colonial

15 mars 2015
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