Sociétés et cultures de l’Europe médiévale du XIe au XIIIe siècle
Mis à jour le lundi 17 mars 2025 , par ,
Thème : H3 : Sociétés et cultures de l’Europe médiévale du XIe au XIIIe siècle (8h-9h)
Manuel : Histoire 2de, sous la direction de G.Bourel et M.Chevallier, HATIER, 2010
Séquence 1 : La chrétienté médiévale (4h)
Une séquence divisée en 4 séances de 1h : 2 entrées et leur mise en perspective
Travail préparatoire : les élèves font une recherche sur les arts roman et gothique (période, style architectural et
un exemple pour illustrer chaque style)
Séance 1. Introduction + entrée 1
Introduction de séquence :
Cours dialogué pour fixer les cadres spatial et chronologique de la séquence :
– Frise p. 77 : rappeler aux élèves la période du Moyen Âge => Dans cette séquence étude d’une période +
spécifique (XIe-XIIIe) = le Moyen Âge dit « classique » ou « central », qui s’étend du XIe au XIIIe siècles (la
période comprise entre le « Haut Moyen Âge » et le « Bas Moyen Âge ») = période qui correspond à l’essor de
l’Occident
– Carte p. 76 : localiser l’espace étudié = Europe dont on va étudier les spécificités sous l’angle religieux
(chrétienté = phénomène historique, Occident chrétien). La religion chrétienne et l’Eglise ont en effet marqué
l’histoire de l’Occident médiéval
Document d’accroche (mise en activité : collective et orale)
Texte d’Adalbéron de Laon pour illustrer l’organisation de la société féodale (cf. manuel p. 118)
Aux clercs, Dieu ordonne d’enseigner à garder la vraie foi, et de plonger ceux qu’ils ont instruits dans l’eau sainte
du baptême. Ils doivent s’abstenir de bien des aliments, prier sans cesse pour les misères du peuple et pour les
leurs. […]
Les nobles sont les guerriers, protecteurs des églises ; ils sont défenseurs du peuple, des grands comme des petits.
[…] L’autre classe est celle des serfs : argent, vêtement, nourriture, les serfs fournissent tout à tout le monde ; pas
un homme libre ne pourrait subsister sans les serfs. […]
La maison de Dieu, que l’on croit une, est donc divisée en trois : les uns prient, les autres combattent, les autres
enfin travaillent.
Adalbéron de Laon, Poème au roi Robert, 1025-1027
Quels sont les 3 ordres de la société féodale ?
– Ceux qui prient (Oratores)
– Ceux qui combattent (Bellatores)
– Ceux qui travaillent (Laboratores)
L’Église est le premier ordre (ne pas confondre : Église et église (cf. manuel p. 101)
Problématique : Quels sont les rôle et place de l’Église dans la société féodale occidentale ?
Entrée 1. L’abbaye de Fontenay, patrimoine mondial de l’Unesco (1981)
Mise en activité : écrite et en binôme (1h au CDI en salle informatique)
Consigne : à partir du site de l’abbaye (http://www.abbayedefontenay.com/france/accueil/actu.htm), des
documents en annexe (cf. fiche) et du manuel p 86-87, répondez aux questions suivantes (pour des explications
sur les bâtiments, cliquez sur l’onglet richesse architecturale)
1) Présenter l’abbaye (définition, localisation, style architectural, date de fondation et contexte (frise p79,
fondateur et sa biographie)
Abbaye : monastère catholique où vit une communauté d’hommes ou de femmes sous l’autorité d’un abbé ou
d’une abbesse
Localisation : Bourgogne
Art roman : art monumental né au XIe siècle, il est noble car utilise la pierre taillée. Il est presque exclusivement
religieux (utiliser ici les recherches en amont réalisées par les élèves)
Date de fondation : 1118 (contexte : réforme monastique)
Fondateur : Saint Bernard de Clairvaux (1090-1153) noble né en Bourgogne, il entre au monastère de Cîteaux
vers 20 ans, il est séduit par la recherche d’une vie monastique rude, loin des agitations du monde. Il diffuse
rapidement l’ordre cistercien et devient l’un des hommes les plus écoutés de la chrétienté.
2) À quel ordre monastique (à définir) appartient cette abbaye ? Pourquoi cet ordre a-t-il été créé ? Qu’en
est-il de son rayonnement ?
Ordre : communauté religieuse reconnue et instituée par le pape : l’ordre cistercien, ordre monastique réformé
fondé à l’abbaye de Cîteaux en 1098 qui donne ensuite naissance à d’autres monastères (éloignement de la règle,
richesse, puissance politique qui détourne les moines de leur fonction première = le salut des chrétiens par la
prière
3) À quel clergé appartiennent les moines ? Qui les dirigent ?
Clergé régulier (monachisme) : les moines vivent retirés du monde et selon une règle. Les moines sont dirigés par
un abbé (ou une abbesse pour les moniales)
4) À quelle règle (à définir + biographie) obéissent les moines de Fontenay ?
Règle : texte qui définit strictement la vie des moines (heures de lever, prière, lecture, travail manuel, prières) de
Saint Benoit de Nursie
5) Pourquoi les bâtiments forment-ils un espace fermé ?
Espace de recueillement clos
6) Quels sont les bâtiments dédiés à la prière ? au travail ? au repos ? au repas ?
Prière : église, salle du chapître ou capitulaire
Travail : jardin des simples, forge, hostellerie, boulangerie, porterie, salle des moines (scriptorium)
Repos : dortoir, chauffoir, logis des abbés
Repas : réfectoire
Cloître : le mot cloître vient du latin, claustrum, qui désigne un endroit fermé. En effet, le cloître est un espace
totalement fermé au monde extérieur. Le regard du moine ne peut donc s’enfuir qu’en regardant vers le ciel, vers
le Seigneur. En plus de cette fonction éminemment symbolique, le cloître est aménagé afin d’être propice à la
méditation. Des banquettes peuvent recevoir les moines durant leurs lectures ou leurs prières.
En plus de cette fonction spirituelle, le cloître permet le déplacement entre les divers espaces dans lesquels se
déroule la vie du moine. Les bâtiments principaux sont en effet distribués autour du cloître, ce qui permet une
circulation rapide et aisée. Le cloître est véritablement le coeur de l’abbaye.
7) Quelles sont les activités des moines de l’abbaye ?
Travail manuel : forge, potager, recevoir les hôtes, soins médicaux, copie de manuscrit = objectif : autarcie
8) L’abbaye est-elle fermée au monde extérieur ? Justifier la réponse
L’abbaye reçoit des visiteurs (hôtes, pèlerins, voyageurs etc.) mais dans des bâtiments à l’écart du monastère
9) Quelle est l’importance économique et sociale de cette abbaye ?
Forge : une des plus vieilles usines métallurgiques d’Europe (fabrication d’outils pour l’agriculture), accueil des
pèlerins, voyageurs dans l’hostellerie : lieu d’accueil et d’assistance (nourrit, soigne)
10) Comment le monastère exprime-t-il, dans son aspect et dans son organisation, l’idéal d’humilité et de
pauvreté défendu par son fondateur ?
Aspect : bâtiments peu monumentaux et peu élevés, refus des richesses et décorations caractéristiques de l’art
roman (art dépouillé)
Organisation : voeu de pauvreté (les moines ne possèdent rien), vie en communauté, travail manuel et fatiguant (=
humilité)
Synthèse (dictée par les élèves, tapée par le professeur et projetée) : comment l’abbaye de Fontenay reflètet-
elle le renouveau du clergé entre le XIe et le XIIIe siècle ?
Une vie monastique austère et coupée du monde fondée sur la prière, le travail et sur un idéal de pauvreté
et d’humilité et organisée par le retour à une application stricte de la règle de St Benoît. Cette abbaye
contribue au rayonnement de l’ordre cistercien
Transition : Fontenay, emblématique de l’ordre cistercien qui permet de comprendre comment s’organise la vie
monastique et le rôle que jouent les moines dans la société à l’écart de laquelle ils choisissent pourtant de vivre.
Elle permet également de comprendre le succès au XIIe siècle de cet ordre rigoureux et témoigne, à travers un
renouveau de l’institution, de l’importance de la religion dans la société médiévale.
Séance 2. Quelles sont la place et la fonction de l’Église dans la société médiévale ?
Problématique : en quoi l’Église constitue-t-elle une institution hiérarchisée et puissante ?
Mise en activité écrite et individuelle : doc. 1 p.80 + schéma p. 83 = faire émerger la notion de
hiérarchisation au sein de l’Église puis remplir à partir des documents le schéma distribué. L’Église
désigne à la fois la communauté des fidèles du Christ et une institution hiérarchique composée de clercs
au service de la communauté, les laïcs dont la fonction est d’assurer le salut éternel
Mise en activité orale et collective :
– Faire appel aux connaissances des élèves pour souligner l’encadrement croissant des fidèles par le
clergé, intermédiaire entre laïcs et Dieu. De quelles manières l’Église rythme-t-elle la vie quotidienne
dans la société médiévale ? : calendrier rythmé par fêtes religieuses (Noël, Pâques…), distribution des
sacrements par les clergés régulier (cf. entrée 1) et séculier, les cérémonies collectives (messe,
processions, pèlerinages etc.), respect du repos dominical. Ce contrôle peut aller jusqu’à
l’excommunication.
– Étude du Tympan de Sainte-Foy de Conques (cf. manuel p. 99) : le chrétien vit en permanence sous le
contrôle de l’Église au sein de la paroisse et dans la crainte de Dieu. L’Église transmet son message
par l’édification d’églises romanes ou de cathédrales gothiques dont les décors sont imagés et ainsi
accessibles à une population illettrée
– Doc 1. p. 80 : faire émerger la richesse de l’Église dans la société médiévale, elle possède des terres
grâce aux donations pour assurer le salut (cf. doc 4 p. 81 : texte sur un chevalier donnant ses biens à
l’Église) et dîme des paysans. En tant que seigneurs fonciers, les abbés et les évêques participent
également à l’essor rural
– Doc 3. p. 81 sur les débuts de la réforme grégorienne : au XIe siècle, une partie clergé est critiquée pour
son immoralité (simonisme et nicolaïsme) => réformes du clergé : entre le XIe et le XIIIe siècle, les
papes, dont l’instigateur est Grégoire VII (biographie), veulent soustraire l’Église au pouvoir temporel,
par exemple en empêchant les rois et princes de nommer les évêques, et cherchent à imposer une théocratie pontificale (régime dans lequel le pouvoir spirituel, celui du pape, domine et contrôle le
pouvoir temporel des princes et rois) : c’est la réforme grégorienne. Elle transforme l’Église en une
véritable monarchie et lutte contre le relâchement moral des clercs ce qui se traduit par l’apparition
d’ordres monastiques réformés comme les cisterciens (rappel entrée 1). Plus que jamais, les laïcs, pour
sauver leur âme, doivent se soumettre au clergé
Synthèse : omniprésence de l’Église et de la religion chrétienne dans la vie et les représentations des
chrétiens de l’époque médiévale qui se traduit par le poids de l’institution dans les différents domaines
de la vie économique, sociale et culturelle. Place dominante de l’institution ecclésiastique qui s’exerce
par le renforcement de la cohésion et de l’encadrement de la chrétienté, appuyée par un renouveau de
l’institution dès le XIe siècle.
Transition : le renforcement de l’encadrement de la société n’empêche pas la multiplication des contestations à
partir du XI dont le catharisme
++++
Entrée 2. Le phénomène cathare et sa répression
Extrait de l’émission « C’est Pas Sorcier », Carcassonne, une cité au temps des chevaliers (6 minutes) + fiche documentaire
1) Quels sont les sujets de mécontentement des chrétiens contre l’Église catholique ?
Train de vie luxueux des évêques, impôts, nicolaïsme, simonie… (cf. entrée I)
2) Où se développe le catharisme ?
Cathares= albigeois. Dans le Sud de la France surtout, dans le Languedoc.
3) Quelles sont les croyances et les pratiques des cathares ? Où vivent-ils ?
Chrétiens dissidents (groupe qui cesse d’obéir à l’autorité établie et/ou qui se sépare d’une communauté) qui ne
reconnaissent pas l’autorité du pape, idéal de pauvreté, n’adorent pas la croix, pas d’église + religion dualiste
(Dieu étant parfait, il n’a pu créer le mal donc croyance en l’existence d’un second principe créateur, le diable),
négation de la résurrection des corps (métempsychose : réincarnation en homme ou animal si l’âme ne peut entrer
au paradis), ne croit pas en l’intercession des morts (saints), ne prient pas, rejettent les sacrements (baptême,
eucharistie, mariage : existe le consolament, nom donné au sacrement du baptême par l’Esprit et l’imposition des
mains pour consacrer l’entrée en vie chrétienne du catéchumène et de le délier de ses péchés en vue du salut de
l’âme. Il était conféré aux novices comme ordination et aux malades comme extrême-onction).
Ils vivent au coeur des villages, des cités et sont accueillis dans les châteaux des seigneurs de la région (châteaux
cathares). Ce n’est pas une hérésie populaire mais savante (petits aristocrates, élites urbaines : lettrés, médecins,
riches marchands etc.)
4) Pourquoi l’Église catholique lutte-t-elle contre les cathares ?
Ils sont considérés comme de meilleurs chrétiens (on appelle les membres du clergé cathare « bon homme ou
bonne femme, surnommés les « parfaits » par les inquisiteurs), offrent une voie de salut différente et concurrente
de celle de l’Eglise catholique. Le catharisme se répand (contagion, corruption) : « L’erreur des Albigeois prit une
telle ampleur qu’en peu de temps elle infecta jusqu’à mille cités »
5) Question orale + récit du professeur : Comment lutte-t-elle contre les albigeois ?
L’Église n’est pas seule à lutter contre les cathares, elle est appuyée par le roi de France (Louis VIII) qui en
profite pour agrandir son domaine royal.
Par la prédication « Les abbés de notre ordre furent envoyés avec quelques évêques pour arracher cette mauvaise
herbe par la houe de la prédication catholique » mais insuffisant donc « Par le glaive des gens de foi » : croisade
contre les albigeois à partir de 1209 lancée par le pape Innocent III et menée par Simon de Montfort (meurt à
Toulouse en 1218) (siège des villes, massacres, bûchers…) mais celle-ci ne suffit pas à éradiquer le catharisme =
création du tribunal religieux de l’inquisition (1231-1233 par le pape Grégoire IX dont la mission est d’enquêter
sur la Foi, de réprimer les dissidences religieuses et de convertir les hérétiques, l’inquisition est confiée aux
Dominicains et Franciscains, ordres mendiants : ordres religieux fondés au XIIIe siècle qui se caractérisent par
leur vocation à la pauvreté absolue, une prédication par l’exemple et une implantation urbaine) dont les méthodes
sont les interrogatoires, la torture, la prison et les bûchers (mode d’exécution des hérétiques : rituel de
purification, l’Église pense ainsi les priver de sépulture et les vouer à l’enfer = bûcher de Montségur en 1244 mort
de 200 cathares) mais la répression est assez limitée. Le catharisme disparait seulement au XIVe siècle (beaucoup
ont trouvé une satisfaction spirituelle en intégrant les ordres mendiants).
Synthèse. Comment le phénomène cathare et sa répression reflètent-ils l’intolérance croissante à l’égard de
la dissidence religieuse ?
La dissidence cathare et sa répression par l’Église est emblématique de la puissance grandissante de
l’institution, laquelle, avec l’appui du pouvoir politique, organise diverses formes de luttes contre les
hérétiques et les infidèles (cf. distinction dans le manuel p. 101) dans une volonté de diffusion de son dogme
à l’ensemble de l’Europe.
Transition. Le christianisme étant une religion universelle, l’Église a pour fonction première d’évangéliser les
populations, christianiser la société. L’institution conquérante tente alors de s’imposer comme une puissance
politique à part entière (pouvoirs royaux et princiers affaiblis) et doit lutter sur plusieurs fronts.
Séance 4. Christianisation de la société féodale
Problématique : comment l’Église renforce-t-elle son contrôle sur la société féodale ? Quels sont ses moyens de
lutte ?
Mise en activité orale et collective :
– Doc 2 p. 84 : en canalisant la violence féodale : la paix de Dieu + trêve de Dieu : décidées par des
« conciles », assemblées réunissant évêques, abbés, clercs, chevaliers et parfois le peuple. Elles
interdisent à ceux qui ont des armes (chevaliers) d’en faire usage contre les membres du clergé et contre
les paysans hors de leur domaine ; elles fixent des périodes où tous les combats doivent cesser,
notamment au moment des récoltes et du jeudi soir au lundi matin, à Pâques, avant noël etc.
– En renforçant l’enseignement, l’éducation des fidèles, la prédication (ordres dominicains et franciscains)
– En développant l’inquisition
Mise en activité écrite et individuelle :
– Texte sur l’appel à la croisade : en détournant la violence féodale des bellatores contre ses ennemis par la
croisade, la guerre sainte. Contre les hérésies : la + importante = catharisme mais il y en a d’autres (celle
des Vaudois apparue vers 1170 à Lyon fondée par Vaudès, les Bogomiles à Byzance et dans les Balkans,
dissidents orthodoxes…). Ces hérésies qui se développent sont la preuve non pas d’une diffusion
superficielle du message religieux mais au contraire d’un accroissement des exigences spirituelles des
fidèles qui cherchent à approfondir leur foi. Contre les païens : du Xe au XIIe siècle, élargissement de la
chrétienté au Nord et à l’Est encore païenne (Norvège et Slaves par ex) par l’évangélisation et la création
d’ordres militaires comme les chevaliers teutoniques (ordres religieux destinés à la protection du clergé et
des fidèles chrétiens contre les infidèles ou les païens à partir du XIe siècle) = s’apparente à de véritables
guerres saintes et contre les musulmans.
Cf. fiche : après avoir situé le document dans son contexte, montrer en quoi l’argumentation du pape Urbain II
participe à la lutte pour la diffusion de la chrétienté
Contexte : réformes du clergé (cf. frise p 79) + croisade conçue comme un pèlerinage pénitentiel pour racheter les
chrétiens désunis mais aussi comme un moyen de détourner la violence des chevaliers vers une lutte utile contre
les païens + diffusion de la chrétienté
Argumentation (religieuse) :
– sauver les chrétiens qui vivent sur la Terre Sainte (depuis l’invasion de la Terre Sainte en 1078 par les
turcs, ceux-ci empêchent les chrétiens de faire des pèlerinages en Terre Sainte et qui détruisent les églises
et « saccagent le royaume de Dieu »
– lutter contre les musulmans « le Christ l’ordonne »
– rémission des pêchés (Indulgence)
– détourner la violence féodale « qui jusqu’ici s’adonnaient à des guerres privée et abusives, au grand dam
des fidèles ! »
D’autres motifs expliquent aussi l’engouement des chevaliers pour se croiser : acquérir un fief (à définir) et de
faire fortune (pillage)
Diffusion de la chrétienté :
Apport du professeur : en terre sainte, les 2 premières croisades (1095-1102 puis 1146-1148) entrainent la prise
de Jérusalem en 1099 et la création des 4 États latins d’Orient qui disparaitront en 1291. Mais dès 1148, les
Francs subissent des revers réguliers surtout lors de la conquête de Jérusalem par Saladin (1187). La 3ème croisade
(1187-1192) change peu la situation en Orient mais permet au roi d’Angleterre, Richard Coeur de Lion, de prendre
Chypre aux Byzantins. La 4ème croisade, qui devait reprendre Jérusalem, se termine en fait par le sac de
Constantinople en 1204.
+ En Espagne, la Reconquista reprend par étapes : il faut attendre l’alliance de tous les rois espagnols et la
victoire de Las Navas de Tolosa, en 1212, pour libérer la presque totalité de la péninsule. Le royaume musulman
de Grenade se maintient jusqu’en 1492.
Synthèse : Carte bilan vidéoprojetée + les élèves complètent la carte vierge distribuée en s’aidant de la dite
carte et du document 3 p 85 (à terminer à la maison : mise en activité individuelle et écrite)
Entrée 2. Le phénomène cathare et sa répression Fiche élève 1/1
Extrait de C’est Pas Sorcier « Carcassonne, une cité au temps des chevaliers » (6 minutes)

Doc 1. L’hérésie cathare vue par un abbé cistercien
« C’est à l’époque du pape Innocent […] que sur l’instigation du
diable les hérétiques albigeois se mirent à pulluler, ou plutôt, plus
exactement, à atteindre leur maturité. […] Les abbés de notre ordre
furent envoyés avec quelques évêques pour arracher cette mauvaise
herbe par la houe de la prédication catholique. Mais devant la
résistance de l’ennemi qui l’avait semée, les résultats furent
médiocres. […] Ils croient […] en deux principes, un dieu bon et un
dieu mauvais, c’est-à-dire le diable, dont ils disent qu’il a créé tous
les corps, comme le dieu bon a créé toutes les âmes. […] Ils nient la
résurrection des corps. Que les vivants puissent apporter un
quelconque bénéfice aux morts les fait rire. Aller à l’église ou y
prier, rien de cela n’est utile, disent-ils. […] Ils ont rejeté le
baptême ; ils blasphèment le sacrement du corps et du sang du
Christ. […] L’erreur des Albigeois prit une telle ampleur qu’en peu
de temps elle infecta jusqu’à mille cités, et si elle n’avait pas été
réprimée par le glaive des gens de foi, je pense qu’elle aurait
corrompu toute l’Europe.
L’an du Seigneur [1209], on prêcha la croix dans toute l’Allemagne
et en France… »
Césaire de Heisterbach, Dialogues des
Miracles, 1219-1223, J. Strange éd. Cologne, 1851
À partir de l’extrait vidéo et des documents, répondez aux questions suivantes
1) Quels sont les sujets de mécontentement des chrétiens contre l’Église catholique ?
2) Où se développe le catharisme ?
3) Quelles sont les croyances et les pratiques des cathares ? Où vivent-ils ?
4) Pourquoi l’Église catholique lutte-t-elle contre les cathares ?
Doc 2. Appel aux religieux lancé par le pape Urbain II à Clermont en 1095
[…] Il importe que, sans tarder, vous vous portiez au secours de vos frères qui habitent les pays
d’Orient et qui déjà bien souvent ont réclamé votre aide.
En effet, comme la plupart d’entre vous le savent déjà, un peuple venu de Perse, les Turcs, a envahi
leur pays. Ils se sont avancés jusqu’à la mer Méditerranée et plus précisément jusqu’à ce qu’on
appelle le Bras Saint-Georges (1). Dans le pays de Romanie (2), ils s’étendent continuellement au
détriment des terres des chrétiens, après avoir vaincu ceux-ci à sept reprises en leur faisant la guerre.
Beaucoup sont tombés sous leurs coups ; beaucoup ont été réduits en esclavage. Ces Turcs détruisent
les églises ; ils saccagent le royaume de Dieu.
Si vous demeuriez encore quelque temps sans rien faire, les fidèles de Dieu seraient encore plus
largement victimes de cette invasion. Aussi je vous exhorte et je vous supplie – et ce n’est pas moi
qui vous y exhorte, c’est le Seigneur lui-même – vous, les hérauts du Christ (3), à persuader à tous, à
quelque classe de la société qu’ils appartiennent, chevaliers ou piétons, riches ou pauvres, par vos
fréquentes prédications, de se rendre à temps au secours des chrétiens et de repousser ce peuple
néfaste loin de nos territoires. Je le dis à ceux qui sont ici, je le mande à ceux qui sont absents : le
Christ l’ordonne.
À tous ceux qui y partiront et qui mourront en route, que ce soit sur terre ou sur mer, ou qui perdront
la vie en combattant les païens, la rémission de leurs péchés sera accordée. Et je l’accorde à ceux qui
participeront à ce voyage, en vertu de l’autorité que je tiens de Dieu.
Quelle honte, si un peuple aussi méprisé, aussi dégradé, esclave des démons, l’emportait sur la nation
qui s’adonne au culte de Dieu et qui s’honore du nom de chrétienne ! Quels reproches le Seigneur
Lui-même vous adresserait si vous ne trouviez pas d’hommes qui soient dignes, comme vous, du
nom de chrétiens !
Qu’ils aillent donc au combat contre les Infidèles – un combat qui vaut d’être engagé et qui mérite de
s’achever en victoire –, ceux-là qui jusqu’ici s’adonnaient à des guerres privées et abusives, au grand
dam des fidèles ! Qu’ils soient désormais des chevaliers du Christ, ceux-là qui n’étaient que des
brigands ! Qu’ils luttent maintenant, à bon droit, contre les barbares, ceux-là qui se battaient contre
leurs frères et leurs parents ! Ce sont les récompenses éternelles qu’ils vont gagner, ceux qui se
faisaient mercenaires pour quelques misérables sous. Ils travailleront pour un double honneur, ceuxlà
qui se fatiguaient au détriment de leur corps et de leur âme. Ils étaient ici tristes et pauvres ; ils
seront là-bas joyeux et riches. Ici, ils étaient les ennemis du Seigneur ; là-bas, ils seront ses amis ! "
FOUCHER DE CHARTRES*, Historia Hierosolymitana, 1100-1127.
1. Le Bosphore ; 2. Empire byzantin, héritier de l’Empire romain ; 3. Urbain II s’adresse
à des évêques et abbés.
Consigne : après avoir situé le document 2 dans son contexte, montrer en quoi l’argumentation du pape Urbain II
participe à la lutte pour la diffusion de la chrétienté.
Documents joints
Sociétés et cultures de l’Europe médiévale du XIe au XIIIe siècle
Proposition de séquence d'histoire en seconde.
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