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Approches de la mondialisation

vendredi 2 décembre 2011 par Dominique MONTERRAIN

La mondialisation : problème de définitions et de limites.

 A) Une approche diachronique et spatiale

 A-1 ) Nuances entre les géographes pour définir la mondialisation

Les géographes définissent différemment le concept de mondialisation.
Ce concept rend quelque peu obsolètes les notions de développement, de Tiers- monde…

  • Les premiers géographes à avoir parlé de mondialisation sont R Brunet et O Dolfuss à travers le concept de « système –monde ». Mais, cette « nouvelle géographie » repose sur des hypothèses et des lois spatiales.
  • J Lévy et C Grataloup définissent la mondialisation comme « l’émergence du Monde comme espace, processus par lequel le monde devient un espace ». Ils montrent l’apparition d’une société – monde. Ces géographes proposent 6 mondialisations, la 1re étant la migration de l’homo – sapiens.
  • Enfin, L . Carroué définit la mondialisation comme un « processus de diffusion du système d’économie marchande dans l’espace mondial » qui entraîne l’émergence « d’une économie-monde ».

 A- 2) une approche diachronique

Selon L Carroué il y a eu trois grandes phases successives de mondialisation :

  • Celle de l’époque des Grandes Découvertes à l’entrée du XIXe siècle.
  • Celle de l’époque coloniale et de la Révolution Industrielle (70 % du territoire mondial est dominé par les puissances coloniales de 1914).
  • À partir des années 1970, apparition de la 3e mondialisation et accélération avec la chute du bloc communiste en 1990.

Les économies- monde sont des créations d’espace de taille continentale s’organisant autour d’une métropole ou d’une puissance dominante avec des rapports centre-périphéries :

  • 1re phase : centre méditerranéen (Gènes, Venise) à l’époque médiévale
  • 2e phase : basculement du centre vers l’Europe du Nord au XVIe avec les Pays-Bas = phase des grandes découvertes
  • 2e phase bis continuité de la deuxième : aux XVIIIe et XIXe au Royaume-Uni avant le déplacement vers l’Amérique du Nord à la fin du XIXe siècle = ère industrielle et création des empires coloniaux. Création d’économies – monde.
  • 3e phase : depuis 1970, basculement vers l’aire Pacifique puis multiplication des pôles d’impulsion depuis la fin de la guerre froide et l’apparition des pays émergents. C’est le sommet de la 3e mondialisation.

La mondialisation est un processus ancien (un processus historique) qui a été marqué par des continuités et aussi par des ruptures fortes.

Exemples de continuités :

  • Mutations technologiques changent la vision du monde : révolution des transports due à la vapeur, téléphone, Internet
  • Importance des acteurs économiques qui créent des réseaux économiques qui participent à la diffusion d’économies – monde : les Fugger, les Rothschild, Nike
  • La politique de la canonnière pour ouvrir des espaces encore fermés : détournement de la croisade pour conquérir Constantinople, guerre de l’opium des années 1840 entre le Royaume-Uni et la Chine jusqu’à l’invasion de l’Irak en 2003 par les États-Unis

Exemples de ruptures s’opposant à la mondialisation :

  • Les guerres mondiales ont provoqué la fermeture des économies - monde : période 1914 – 1945.
  • Cette fermeture se poursuit avec la guerre froide.

Ruptures récentes qui accélèrent le processus de mondialisation depuis 1970 :

  • création d’acteurs supranationaux, vecteurs de la mondialisation : FMI, OMC
  • politiques de libéralisation (baisse des tarifs douaniers et des obstacles non tarifaires), diffusion et transferts du taylorisme à l’échelle mondiale.
  • apparition d’une économie financière déconnectée de l’économie réelle.

 B) Une approche géographique : la mondialisation a des implications territoriales

Le processus de mondialisation génère des mobilités et des hiérarchies.

 B- 1 ) les mobilités

a) Une multiplication des flux :

Les flux générés par la mise en place d’une économie monde sont énormes et en croissance constante.

  • Flux de marchandises : produits bruts et finis. Difficultés à établir des chiffres. augmentation due à la libéralisation du commerce (accords d’OMC), baisse du tarif du transport maritime (80 % des échanges) favorisée par le gigantisme et la conteneurisation, travail interne des transnationales.
  • Flux d’invisibles : flux informationnels et de services favorisés par les NTIC, libéralisation des services.
  • Flux humains : migrations économiques (à rapprocher de celles de la 2e mondialisation vers les pays neufs). Elles représentent environ 3 % de la population mondiale ; migrations touristiques : en constante progression avec le diffusion du tourisme dans les pays émergents. Touristes internationaux évalués à 850 millions de personnes. Migrations politiques et climatiques : environ 15 à 20 millions de personnes. Les impacts socio-spatiaux de ces migrations sont très forts.

Le processus génère des mobilités, des flux. Ces mobilités sont le résultat de l’action des acteurs, des réseaux d’acteurs.

b) Des acteurs :

  • Les FTN : les acteurs primordiaux de la mondialisation sont les firmes transnationales. environ 60 000 et représentent l’équivalent de ¼ des activités économiques mondiales et le 1/3 du commerce mondial. Elles conservent une forte assise nationale (implantation des emplois du tertiaire supérieur, culture de direction, volonté de contrôle du marché national…). Leur pouvoir de décision est immense, elles emploient plus de 75 millions de salariés et représentent en investissement 20 % du PIB mondial.
  • Les acteurs politiques supranationaux : il s’agit de regroupements continentaux d’États pour renforcer leurs liens économiques. Ils génèrent des échanges importants puisque plus de la moitié des flux de marchandises s’effectuent à l’intérieur des continents . De la même manière, les FTN travaillent à l’échelle des continents. Cette « continentalisation »peut être différente : économique et en faveur du pays leader (ALENA, ZLEA) ; économique (ASEAN) ; économique et politique (Union Européenne).
  • Les ONG internationales : ce sont des acteurs incontournables. Leur pouvoir d’influence augmente. Elles contribuent à la création d’une opinion publique « mondialisée ». Fonctionnant elles aussi à l ‘échelle internationale, leur rôle de régulation est parfois appuyé par les pouvoirs publics.

c) Des réseaux :

  • La révolution des NTIC a aboli la distance métrique mais elle a créé une distance systémique. Ainsi, les espaces peu ou pas reliés aux réseaux mondiaux se retrouvent exclus des flux informationnels et décisionnels. 85 % des flux financiers se concentrent entre les 20 premières places financières mondiales, les 25 hubs aéroportuaires les plus importants contrôlent 70 % du trafic mondial de passagers.
  • Ainsi, un réseau métropolitain apparaît à l’échelle mondiale. Les villes mondiales constituent un réseau polarisant les fonctions de décisions. Ce qui reprend le concept d’ « archipel métropolitain » d’O. Dolfuss. Ce sont des nœuds de l’interaction entre les échelles mondiale et nationale.
  • Ce système complexe de réseaux, d’acteurs, créant des mobilités, entraîne des impacts territoriaux très forts. Impacts qui se soldent par des polarisations, des hiérarchies, des asymétries et des interdépendances.

 B-2) des hiérarchies entre les territoires :

a) Des polarisations :

  • Les mondialisations se sont polarisées autour de centres. Ces centres dominent les espaces périphériques par leur avance et leur maîtrise technologique, économique, culturelles, politique et idéologique (déplacement des centres de gravité au cours des différentes mondialisations).
  • Aujourd’hui, ces centres sont les mégalopoles et les métropoles associées. L’élargissement de ces polarisations peut être pensé en terme d’aires d’impulsions (programme actuel de terminale avec les façades maritimes).

b) Des hiérarchies :

La mondialisation crée des hiérarchies entre les différents territoires.

  • La triade et les périphéries intégrées
  • Les puissances régionales émergentes avec la nouvelle mondialisation, contestant l’ hégémonie de la triade.
  • Les espaces évités politiquement (États voyous) ou économiquement (PMA), ce sont les marges.
Typologie des États dans la mondialisation
d’après L. Carroué (Doc photo n°8037)

c) Des asymétries :

  • Asymétrie décisionnelle et politique : la volonté d’établir des règles, des réglementations pour le bon fonctionnement de l’ économie – monde conduit à la mise en place de fortes asymétries. Ainsi, les pays de l’OCDE ne regroupant qu’à peine 20 % de la population mondiale essaient d’imposer leurs décisions à l’ensemble de la planète. Cette asymétrie se retrouve avec les décisions du G8 et du G 20.
  • L’asymétrie est aussi économique. Le monde est riche mais la moitié des hommes vit avec moins de 2 dollars par jour. Asymétrie qui explique les flux migratoires économiques, flux quasi comparables aux flux vers les pays neufs lors de la seconde mondialisation.

d) Des interdépendances :

  • La mondialisation actuelle induit la mise en place de l’économie marchande à l’échelle mondiale. C’est un système global qui impose ses règles libérales. Ainsi, pour les firmes transnationales, fonctionnant à l’échelle planétaire, tout peut être considéré comme une marchandise. Le travail humain, le vivant sont des ressources marchandes.
  • La mondialisation doit être analysée à toutes les échelles géographiques, du local au monde. Il y a un emboîtement d’échelles. La mondialisation doit être pensée en système.

Face à ces hiérarchies, ces asymétries, ces interdépendances, comment gérer, faut-il réguler ? Mais qui peut réguler ?


titre documents joints

Approches de la mondialisation

2 décembre 2011
info document : Powerpoint slideshow
1.5 Mo

Diaporama de présentation d’un thème de géographie du nouveau programme de quatrième.


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