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Un marché mondial : le nickel

samedi 17 juillet 2010 par Jérôme GEOFFROY

 Ensemble documentaire

 I – Que représente ce marché pour un producteur comme la Nouvelle-Calédonie ?

A – La Nouvelle-Calédonie est-elle dépendante du nickel ?

Document 1. Part du secteur nickel dans le PIB

Source : www.isee.nc

Document 2. Les exportations calédoniennes en 2007

Source : www.isee.nc

Document 3. Les réserves mondiales de nickel

Source : A. Comoul & J.M. Eberlé,BRGM, avril 2007

Document 4. L’importance du nickel en Nouvelle-
Calédonie

L’extraction et la transformation métallurgique ont
constitué le ressort essentiel du développement
industriel de la Nouvelle-Calédonie et ce secteur
reste un pôle de développement important du
territoire. Cette industrie stratégique a eu et a
toujours une influence déterminante en matière
de démographie, d’aménagement du territoire et
de comportement psychologique (anticipations
des agents économiques) qu’il soit individuel
(consommation des ménages) ou collectif
(décisions d’investissements).

Source : La N.-C. en 2006, IEOM 2007

Document 5. Le défi de l’usine du Nord

Acteur calédonien
incontournable du
réquilibrage
économique, le groupe
SMSP a pour principal
objectif d’augmenter la
valeur de ses actifs
miniers et ainsi de
créer des emplois en
province Nord, pour les
années à venir. Cet
objectif passe par la
valorisation de la
ressource minière et
par une stratégie
orientée vers la
production de métal.

Source : www.smsp.nc

Document 6. Le nickel en Nouvelle-Calédonie en 2007

B – Le développement de la Nouvelle-Calédonie doit-il reposer sur le nickel ?

Document 7. La division du travail chez Eramet

Eramet est le premier producteur mondial
de ferronickel, le premier producteur de
chlorure de nickel et produit le nickel métal
le plus pur actuellement commercialisé sur
le marché. Ainsi le SLN25® (ferronickel en
grenailles) fabriqué dans l’usine de
Doniambo en Nouvelle-Calédonie est
particulièrement bien adapté aux besoins de
nos clients producteurs d’aciers
inoxydables. D’autre part, le Nickel HP®,
fabriqué dans la raffinerie du Havre-
Sandouville, lui permet d’être l’un des trois
fournisseurs privilégiés des fabricants de
superalliages et autres alliages et
applications à très hautes exigences de
pureté.

Source : www.eramet.fr

Document 8. Comparatif des deux projets d’usine

Source :d’après La N.C. en 2006, IEOM, 2007 et A. Comoul & J.M. Eberlé,BRGM, avril 2007

Document 9. Mine de Goro après la pluie

Document 10. Des inquiétudes face au projet Goro
Nickel

Le Grand Sud du territoire renferme de gigantesques
gisements de nickel et de cobalt.
Le gisement de Goro a été cédé par la France à Inco
en 1991 presque gratuitement. […] La France a
accordé un soutien financier sans précédent en
faisant bénéficier directement la multinationale d’une
aide financière représentant 20% des 220 milliards de
FCFP (montant de l’investissement). Il est aussi prévu
que ce projet ne paye pas d’impôt durant un délai de
15 années. Enfin 3000 travailleurs philippins sont
attendus pour la construction de l’usine et si le projet
va à terme, la population actuelle du pays de 230 000
habitants devrait doubler d’ici 2015.
Le Comité Rhéébù Nùù organise et porte les
revendications des chefferies kanak depuis 2002. Les
populations autochtones du Sud refusent le rejet dans
le lagon des 25 métaux lourds dont le manganèse, le
chrome et le nickel en quantités importantes ainsi que
le stockage des boues chargées des mêmes métaux
lourds dans des fosses terrestres. Les rejets
atmosphériques de la centrale thermique à charbon
ne respectent pas les normes européennes non plus.
[…] l’usine de Goro Nickel ne pourrait pas être
construite dans les mêmes conditions en France ou
en Europe.

 II – En quoi ce marché est- il un marché internationa l de produit de base ?

A – Pourquoi le nickel est-il un produit de base très demandé ?

Document 11. Un métal de plus en plus utilisé pour renforcer les
aciers

A ce jour, plus des quatre cinquièmes de la production
mondiale de nickel sont utilisés dans la fabrication d’alliages.
Sur ces 80%, on estime à 65% environ, la part de la production
mondiale destinée à la fabrication d’aciers inoxydables et
réfractaires pour les secteurs chimique, des appareils
ménagers (résistances électriques chauffantes), automobile
(soupape d’échappement de moteurs à combustion interne) ou
du bâtiment. Ce pourcentage était de 35% en 1960 et de 46%
en 1974. Le nickel (8% en masse de l’alliage) est avec le
chrome (18% en masse de l’alliage), le composant essentiel
des aciers inoxydables et des aciers réfractaires. L’acier
inoxydable est employé dans diverses industries et dans les
produits de grande consommation (tels que les éviers et les
casseroles). On l’utilise également en architecture et en
décoration. Les aciers réfractaires trouvent une large place
dans les industries chimiques et pétrochimiques où les milieux
sont très corrosifs et dans les installations de traitement
thermique où les températures et les pressions sont souvent
élevées.

Source : www.unctad.org

Document 12. Les utilisations du nickel en 2006

Source : Norilsk
B – Comment fonctionne le marché international du nickel ?

Document 13. Le marché mondial du nickel en 2003

Document 14. Les principales sociétés contrôlant la
production de nickel en 2007

Source : Raw Materials Data, Stockholm.

Document 15. Le Ring (1) du London Metal Exchange

Les courtiers reçoivent les ordres d’achat et de vente par
téléphone ou internet. Ici se déterminent quotidiennement
les prix des métaux non-ferreux en fonction de l’équilibre
entre l’offre et la demande.
(1) Ring = salle de marché du LME

C – Quelle est l’évolution des prix du nickel ?

Document 16. Les effets de la hausse des prix du nickel

Source : International Nickel Study Group

Document 17. Une offre difficile à
prévoir

L’offre varie en fonction de divers
facteurs : l’écoulement aléatoire
des stocks (Russie), la mise en
production de nouvelles usines,
la découverte de nouveaux
gisements , l’application de
sanctions commerciales (Cuba)
ou le développement du
recyclage, notamment pour les
aciers inoxydables.

Source : IEOM, Le nickel, Note de l’Institut d’Emission, 2005

Document 18. L’évolution à long terme des prix du nickel (en dollars de 2006)

Source : d’après Philip Crowson

 Notions

Produit de base : c’est tout produit de la Nature, qu’il soit sous sa forme naturelle (les minerais de nickel par exemple) ou qu’il ait
subi la transformation nécessaire à la vente en gros (les ferronickels par exemple). Les produits de base se composent
essentiellement des produits de l’agriculture (maïs, bois, laine…), renouvelables, et des produits minéraux (pétrole, nickel, fer,…)
qui sont, eux, épuisables. Contrairement aux produits manufacturés les produits de base sont substituables et la concurrence se fait
surtout sur les prix.

Nickel : c’est un métal blanc argenté recherché pour sa résistance à l’oxydation. Il est entièrement recyclable (à partir de ferrailles
inox) quand d’autres produits minéraux sont détruits lors de leur utilisation (pétrole). Dès le XVII° siècle, les métallurgistes
allemands éprouvent des difficultés à traiter certains minerais de cuivre en raison d’un minéral associé appelé kapfernickel (petit
diable de métal). Cet élément perturbateur est isolé en 1751 par A.F. Cronstaedt et son n om finit par se simplifier en nickel. En
1864 Jules Garnier découvre l’existence des premiers gisements exploitables et dès 1875 les premiers chargements de garniérite
quittent la Nouvelle-Calédonie pour l’Europe : c’est la naissance du marché international du nickel.

Minerai : il existe deux principaux types de minerai de nickel. Les minerais sulfurés, riches en co-produits (cuivre, or, argent,
platine) sont difficiles à extraire (gisements profonds) mais demandent peu d’énergie pour leur traitement. Les minerais oxydés,
ne contenant que du cobalt, son t surtout présents en Nouvelle-Calédonie. Ce sont les saprolites (garniérites) et les limonites
(latérites nickélifères) qui sont faciles à extraire (en surface) mais coûteuses à concentrer (coûts énergétiques).

Réserves : La réserve base représente les gisements techniquement exploitables ; elle augmente lorsqu’un nouveau procédé
d’extraction ou de traitement est découvert. Les réserves sont exploitables économiquement aux conditions actuelles ; elles
évoluent au gré du prix de vente et des coûts d’exploitation. Les réserves son t comprises dan s la réserve base.

Extraction : cette étape est simple en Nouvelle-Calédonie et très mécanisée. Après enlèvement (décapage) des couches stériles, le
minerai est extrait puis on procède au triage (criblage) dans une trémie ; les blocs stériles sont évacués et le minerai trié est
transporté jusqu’à la mer pour être chargé sur un navire min éralier. Le minerai brut ainsi obtenu con tient entre 1% et 3% de nickel
(teneur en nickel). Son exportation à longue distance est peu rentable compte tenu de la faible valeur des cargaisons.

Affinage : le minerai extrait doit être affin é (ou purifié) pour permettre son utilisation par les industriels ; c’est-à-dire qu’on doit
augmenter la teneur en nickel du produit en le con centrant au cours de différentes étapes. Il s’agit d’un processus métallurgique
complexe, nécessitant de lourds investissements et gourmand en énergie. L’affinage tend de plus en plus à être localisé à
proximité des lieux d’extraction afin de réduire les coûts de transport du minerai brut.

Pyrométallurgie : ce procédé produit, dans des fours électriques (DEMAG à Doniambo), du ferronickel con tenant 25% à 30% de
nickel et du fer très pur. Le ferronickel est utilisable directement dans les fours des fabricants d’inox ; il suffit d’y ajouter du fer et
du chrome. On peut aussi affiner ce ferronickel dans des convertisseurs Bessemer afin d’obtenir un ferronickel plus pur (les
mattes produites à Doniambo con tiennent 77% de nickel). Ce sont aussi des ferronickels que compte produire l’usine du Nord
détenue à 51% par la SMSP et 49% par Xstrata.

Hydrométallurgie : le groupe Eramet emploie ce procédé dans son usine du Havre-Sandouville pour attaquer les mattes avec du
chlore et différents solvants afin d’obtenir un nickel particulièrement pur (99,99%) recherché par les in dustries de haute
technologie, ainsi que du cobalt. Le procédé employé dans l’usine du Sud est au ssi un procédé h ydrométallurgique. Il s’agit du
nouveau procédé PAL, conçu par In co, qui consiste à purifier le nickel à l’aide d’acide sous pression. Ce procédé, qui n’a jamais
été employé, doit permettre de rentabiliser l’exploitation des gisements de latérites du Sud. Un tuyau sous-marin de 25 km de long
rejettera dans le canal de la Havannah les effluents de l’u sine.

Valeur ajoutée : il s’agit de la différence entre le prix auquel on a acheté la matière première (le minerai de nickel par exemple) et
celui auquel on vend le produit transformé (le ferronickel par exemple). Elle augmente au fur et à mesure qu’on progresse vers
l’aval du processus de production, qui exige un e main d’oeuvre plus compétente (la production de nickel pur génère plus de valeur
ajoutée que la production de ferronickel). Une valeur ajoutée plus importante signifie qu’on a dépensé plus d’argent sur place
notamment sous forme de salaires.

Coûts de production : ils comprennent les coûts d’extraction et varient d’un gisement à l’autre. Ils comprennent aussi les coûts
énergétiques, les coûts de transport et de main d’oeuvre. Mais dans cette activité très capitalistique, les coûts sont aussi financiers
(remboursement des emprunts). La différence entre les coûts de production et le prix du nickel sur le marché constitue une rente.

Prix du nickel : Sur le marché du nickel il existe différents prix mais tous (jusqu’aux prix des alliages car le nickel y représente
une forte proportion en valeur) sont liés au même prix de référence et ils le suivent dans ses évolutions. Le prix international de
référence pour le nickel est celui du London Metal Exchange : les prix de la plupart d es contrats sur le marché du nickel sont
indexés sur ce prix.

London Metal Exchange : la plupart des métaux n on-ferreux (aluminium, cuivre, nickel, étain, plomb) sont cotés sur ce marché
qui existe depuis 1877. On y échange surtout des contrats à terme qui servent d’instruments financiers à des spéculateurs. Ceux-ci
achètent ou vendent en fonction des information s (sur la demande, l’offre, les stocks,…) qui circulent 24 heures sur 24 grâce aux
réseaux de communication. Chaque jour, le résultat de leurs arbitrages détermine le prix des métaux.

 Proposition de questionnement

 Questions sur les documents 1 à 6 :

1/ En 2006, l’économie calédonienne est-elle plus ou moins dépendante du nickel qu’en 1970 ? Justifiez
votre réponse.

2/ Quelle est la part du nickel dans les exportations calédoniennes (doc.2) ?

3/ Calculez la part de la réserve base (voir Notions) calédonienne dans la réserve base mondiale (doc.3). A
quel rang se situe la Nouvelle-Calédonie ?

4/ Expliquez la phrase soulignée dans le doc.4 à l’aide des documents 5 et 6.

5/ En quoi la No uvelle- Calédonie est-elle dépendante du nickel (synthèse).

 Questions sur les documents 7 à 10 :

6/ Où le groupe Eramet fabrique-t-il le ferronickel (doc.7) ? Où fabrique-t-il le « nickel métal presque
pur » ?

7/ Quelles sont les principales différences entre les deux projets (doc.8) ? Auront-ils le même impact sur
l’environnement ?

8/ Pourquoi l’entreprise Goro Nickel fait-elle construire ces bassins (doc.9) ?

9/ Quelles sont les préoccupations politiques, économiques, sociales et environnementales du comité
Rhéébù Nùù (doc.10) ? Que redoute ce comité lorsqu’il dit que « la population actuelle du pays de 230 000
habitants devrait doubler d’ici 2015 » ?

10/ La Nouvelle-Calédonie doit-elle choisir entre son développement économique et la préservation de son
environnement (synthèse) ?

 Questions sur les documents 11 à 18 :

11/ Qui a besoin de nickel et pourquoi (doc.11 & 12) ?

12/ A quel rang se situe la Nouvelle-Calédonie (doc.13) ? Les principaux producteurs appartiennent-t-ils au
« Nord » ou au « Sud » ? Quel est le point commun entre les principaux consommateurs ?

13/ Quelle part de marché représentent les quatre principales sociétés (doc.14) ?

14/ Qui fixe le prix du nickel (do c.15) ?

15/ Quelle est l’évolution du prix du nickel depuis le début du XXIe siècle (doc.16) ? Quelle est la
conséquence de cette évolution sur la production d’inox ? Quelle est la conséquence de cette évolution sur
l’utilisation du nickel dans l’inox ?

16/ Comment les facteurs évoqués ici influent-ils sur l’offre de nickel (doc.17) ? Cela a-t-il un impact sur le
prix du nickel ?

17/ Pourquoi dit-on que le prix du nickel a atteint en 2006 un niveau « historique » (doc.18) ? Pourquoi
n’est- il pas prudent cependant de parier sur une hausse durable du prix du nickel ?

18/ Quelles sont les principales caractéristiques du marché du nickel (synthèse) ?


titre documents joints

Un marché mondial : le nickel

23 août 2010
info document : PDF
733.2 ko

Une fiche d’activité sur le marché mondial du nickel en 2007. Niveau TSTG.


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