Gouverner la France depuis 1946

Contemporaine Terminale

Mis à jour le lundi 17 mars 2025 , par Patrice FESSELIER-SOERIP

Ce dossier documentaire fait suite à un atelier effectué lors du stage lycée de mars 2013.

Introduction

Histoire - Regards historiques sur le monde actuel ; Thème 4 - Les échelles de gouvernement dans le monde de la fin
de la Seconde Guerre mondiale à nos jours (16-17 h) ; GOUVERNER LA FRANCE DEPUIS 1946 (8 h)

Objectifs :

Le programme d’histoire de la classe de Terminale générale applicable à partir de la rentrée 2013
invite à porter des « regards historiques sur le monde actuel », en proposant aux élèves les clés
historiques pour comprendre et appréhender le monde d’aujourd’hui. Cela s’inscrit dans une
démarche synthétique et problématisée de l’enseignement de l’histoire. Ainsi, les élèves devraient
pouvoir donner du sens, exercer leur raisonnement et avoir un esprit critique.

Le programme s’articule autour de quatre thèmes :

  1. Le rapport des sociétés à leur passé (9-10 h)
  2. Idéologies, opinions et croyances en Europe et aux États- Unis de la fin du XIXème siècle à nos jours (15-17 h)
  3. Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre mondiale à nos jours (17-18 h)
  4. Les échelles de gouvernement dans le monde de la fin de la Seconde Guerre mondiale à nos jours (16-17 h)

Place dans le programme d’histoire :

La séquence se trouve dans le thème 4 : « Les échelles de gouvernement dans le monde de la fin
de la Seconde Guerre mondiale à nos jours ». Ce thème s’articule autour de trois questions soit
trois échelles différentes : l’échelle de l’État-nation, l’échelle continentale et l’échelle mondiale.

Découpage horaire proposé d’après Éduscol :

  • L’échelle de l’État-nation : Gouverner la France depuis 1946, État, gouvernement et administration. Héritages et évolutions. 8 heures. On étudiera le gouvernement et l’administration de la Nouvelle-Calédonie depuis les lendemains de la Seconde Guerre mondiale.
  • L’échelle continentale : Le projet d’une Europe politique depuis le congrès de La Haye (1948). 5 heures
  • L’échelle mondiale : La gouvernance économique mondiale depuis 1944. 4 heures

Rappel du programme :

« La mise en oeuvre se fait à partir d’études reliées aux problématiques des thèmes et des
questions. Loin de constituer une juxtaposition d’objets singuliers, ces études, choisies en
fonction de leur pertinence pour faire comprendre une période et/ou un phénomène historique,
doivent être sous-tendues par une problématique et impliquent une mise en perspective par
rapport à la question traitée. ». L’accompagnement de programme précise que la question centrale qui se pose est celle de la
place de l’État-nation.

  • mettre en évidence le caractère central de la question de l’État
  • aborder la remise en question du rôle de l’État : entre résistance et crise d’identité
    • montrer la conception de l’État et de son rôle
    • présenter les procédures par lesquelles l’État exerce son autorité
    • expliquer l’évolution de l’exercice de la puissance publique (évolution du domaine régalien)
    • cibler les acteurs de la décision (gouvernement, élus, hauts fonctionnaires)
    • faire réfléchir sur le rapport entre société et État

S’ajoute à cela, l’étude du « gouvernement et de l’administration de la Nouvelle-Calédonie
depuis les lendemains de la Seconde Guerre mondiale » en lien avec l’évolution de l’État depuis
1946.

Capacités et méthodes :

Nommer et périodiser les continuités et ruptures chronologiques.
Mettre en relation des faits ou événements de natures, de périodes, de localisations différents. Confronter des situations historiques.
Prélever, hiérarchiser et confronter des informations selon des approches spécifiques en fonction
du document ou du corpus documentaire. Cerner le sens général d’un document et le mettre en relation avec la situation historique étudiée.
Notions et vocabulaire :
État, État-nation, nation, État-providence, État régalien, gouvernement, administration,
centralisation, planification, nationalisation, privatisation, politique keynésienne,
déconcentration, décongestion, décentralisation, technocrate, énarque, collectivité territoriale,
transferts de compétences.

Problématique :

Comment est-on passé d’un État centralisé et légitime à un effacement progressif de la tradition
centralisatrice, voire à une remise en cause de la légitimité de l’État ?

Démarche :

Le dossier proposé à l’enseignant est constitué d’un corpus documentaire assez complet sur les
aspects les plus pertinents relevant du thème « Gouverner la France depuis 1946 ». Insérer la
Nouvelle-Calédonie reste une démarche délicate. Le risque étant de traiter la Nouvelle-
Calédonie depuis 1946 sans la replacer dans le contexte national. L’esprit du programme est
bien de rattacher la Nouvelle-Calédonie aux décisions et aux politiques prises au sommet de
l’État. Ce travail n’est qu’une proposition. L’enseignant est invité à sélectionner les documents qui lui
paraissent les plus intéressants et significatifs (élaborer une étude d’un ensemble documentaire
en classe, proposer une étude critique d’un document, prolongement du cours). Malgré les 8
heures dévolues pour traiter le thème, il paraît difficile d’étudier les 41 documents de ce corpus.
Aussi, les titres des parties et des sous-parties ainsi que ceux des documents sont volontairement
explicites pour guider l’enseignant. Enfin, une synthèse scientifique est proposée ci-dessous.

++++

Synthèse

I – Gouverner un État républicain après la Seconde Guerre mondiale (1946-1958)

1) La refondation de l’État républicain

Après la Libération, le Gouvernement provisoire puis la IVe République réorganisent l’État
républicain afin de renouer avec l’héritage de la République. Il s’agit de réaffirmer les valeurs qui
fondent la République (doc 1), d’élargir le corps électoral aux sujets français non citoyens
relevant du statut de l’Indigénat comme en Nouvelle-Calédonie (doc 2) où les Kanak accèdent
progressivement (face aux résistances locales) à la nationalité et donc à la citoyenneté française.
Cela leur permet d’exercer pleinement leurs droits politiques et sociaux. Dans cette perspective
de refondation de l’État républicain, l’École nationale de l’Administration tient une place
particulière (doc 3) : les grands services de l’État sont dirigés par des hauts fonctionnaires
souvent issus de l’ENA, permettant ainsi d’assurer la permanence de l’État. Ce sont eux qui
assurent la continuité du service public et de l’action publique en dépit de l’instabilité
ministérielle caractérisant parfois de façon réductrice la IVe République. Corrélativement à la
refondation de l’État républicain, la France s’engage dans la construction européenne.

2) Un État-providence qui fonde une démocratie sociale

Volonté du Gouvernement provisoire (dès 1944 programme du CNR – Conseil national de la
Résistance – prévoyant la création de la Sécurité sociale et les nationalisations) puis de la IVe
République d’instaurer une démocratie, certes politique (droit de vote accorder aux femmes en
1944 et aux sujets français non citoyens en 1946), mais aussi sociale. L’État se doit de protéger
les citoyens (doc 4) et de développer par conséquent un service public national (la solidarité
nationale envers les retraités et protéger les citoyens de la maladie) : c’est l’État-providence.

3) Un État réformateur

L’interventionnisme de l’État se traduit par la mise en place d’une politique de planification
triennale dans le secteur économique (doc 5) confiée à Jean Monnet, Commissaire général au
Plan (1946) : c’est le début des Trente Glorieuses et d’une forte croissance économique. L’État
investit dans la réalisation d’aménagements structurants et dans la production industrielle
(sidérurgie, industrie chimique). Des entreprises dans des secteurs stratégiques passent sous le
contrôle de l’État : nationalisations dans les secteurs de la banque, de l’industrie automobile, de
l’énergie (doc 6). Ainsi, l’État devient un acteur économique ou de l’aménagement du territoire
(doc 8) avec la création de la DATAR en 1963, avec la réalisation, dans les collectivités
ultramarines comme la Nouvelle-Calédonie, d’équipements collectifs (doc 7).

4) Un État qui décentralise vers les Territoires d’Outre-mer (TOM)

L’intervention de l’État s’accompagne, paradoxalement, d’un début de décentralisation au profit
des TOM. La Nouvelle-Calédonie se voit élargir ses pouvoirs avec l’instauration d’institutions
politiques propres (doc 9) : une assemblée délibérative, un conseil de gouvernement élu (doc 10)
doté d’attributions (doc 10) sous le contrôle du représentant de l’État : le gouverneur puis le
Haut-commissaire. Il s’agit aussi pour les citoyens français d’origine kanak de devenir des
acteurs politiques (doc 10).

II – Gouverner un État interventionniste (1958-1981)

1) Un État entrepreneur qui initie de grands programmes industriels

L’indépendance de l’État est une priorité pour l’État gaullien puis pour les présidents et
gouvernements successifs. De grands programmes industriels sont lancés par la France : l’arme
atomique comme arme de dissuasion dans un contexte de Guerre froide (doc 11) sous la
responsabilité du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), l’industrie aéronautique avec l’avion
supersonique Concorde (doc 12). La politique industrielle de l’État se manifeste aussi par sa
politique de décentralisation entre 1959 et 1962 (doc 13) : favoriser un tissu industriel au plan
national, industrialiser les régions de l’Ouest, créer des emplois et des richesses dans les villes
moyennes.

2) Un État face aux crises sociétale et sociale des Trente Glorieuses

Gouverner la France, c’est faire face au mécontentement de la nation qui s’exprime
particulièrement en 1968 (doc 14) dans un contexte de croissance économique et de quasi pleinemploi
 : les étudiants, les ouvriers et l’opposition parlementaire s’insurgent contre la société et
l’autorité notamment celui de l’État et remettent en question la place de l’État. L’État paraissait
jusque-là inébranlable et infaillible. La nation aspire à des formes nouvelles de démocratie directe
alors qu’en même temps les électeurs rejettent par référendum en 1969 la proposition de créer des
régions. La réponse de l’État à la crise de mai 1968 s’accompagne de la modernisation de
l’université, de la création d’université (Vincennes en 1969 – actuelle Paris VIII), de la
légalisation de l’IVG (loi Veil de 1974), de l’instauration du collège unique et pour tous (loi
Haby de 1975).

3) Un État renforçant le pouvoir central

L’autorité étatique se manifeste en Outre-mer et particulièrement dans le Pacifique où la
Polynésie française se voit jouer un rôle géostratégique primordial en accueillant le Centre
d’expérimentation (CEP) sur l’atoll de Mururoa. S’ajoute à cela, l’augmentation de la
consommation mondiale de nickel corrélativement au développement des industries de pointe
(aéronautique, aérospatiale). Dans ce contexte, l’État récupère ses compétences (doc 15) et tente
de réduire les aspirations d’autonomie de la Nouvelle-Calédonie (lois Jacquinot puis Billotte).
Les « tentacules » de l’État est remis en cause dès la fin des années 1960 par des responsables
politiques de la majorité ou de l’opposition : à Droite comme à Gauche, beaucoup s’accordent à
critiquer l’interventionnisme de l’État et la multiplication de ses responsabilités mettant « sous
tutelle la société française » (doc 16). Cet État omnipotent est symbolisé par l’initiateur de la Ve
République : de Gaulle est ainsi perçu comme un monarque républicain (doc 17) qui a su
présidentialiser le régime républicain en renforçant sa légitimité en 1962 par son élection au
suffrage universel direct.

III – Vers un désengagement progressif de l’État depuis 1981 ?

1) Un État décentralisateur pour rapprocher le processus de décision des citoyens…

Dès 1982, l’État s’engage dans un processus de décentralisation (doc 18) et de démocratie locale
au profit des collectivités territoriales (communes, départements, régions suite à la loi sur la
régionalisation du territoire national). Des compétences sont progressivement transférées à
l’échelon local dans un souci d’efficacité : être au plus proche des administrés et permettre aux
élus locaux et à leurs assemblées de déterminer leur politique dans leurs domaines de
compétences : moins d’État. En 2003-2004, un nouvel acte de la décentralisation (doc 19) permet
aux collectivités territoriales d’intervenir davantage dans les domaines économique, social et de
transport par exemple. Cette décentralisation s’inscrit dans une volonté de diminuer les coûts des
services publics relevant de l’État. En outre, la présence de l’État revient aux préfets et aux souspréfets
dont le rôle est de représenter le gouvernement ou de contrôler la légalité des actes. En
juillet 2013, le gouvernement propose la création de trois grandes métropoles au 1er janvier 2016,
celles de Paris, Lyon et Aix-Marseille-Provence et de neuf métropoles secondaires : Bordeaux,
Rouen, Toulouse, Lille, Strasbourg, Nantes, Grenoble, Rennes et Montpellier. L’objectif affiché
du gouvernement est de « faire des économies en supprimant les doublons mais surtout clarifier
les compétences, aujourd’hui enchevêtrées dans le millefeuille des institutions territoriales et
locales ».

2) … mais un État dépassé

La réforme de l’État concernant la décentralisation a diminué le poids de l’État mais n’a pas
diminué le poids de l’Administration remettant en cause ainsi la qualité des services publics (doc
20). Certains services ou certaines actions publiques ont été peu à peu privatisés dans un souci de
réduction des dépenses publiques. La déconcentration de l’administration devait accroître
l’autonomie des agences publiques dans un souci de rentabilité (Révision générale des politiques
publiques – RGPP – lancée en 2007). De plus, concernant les collectivités territoriales et les
regroupements de communes, la masse salariale n’a pas baissé : chargés de mission, contractuels
et la création de postes de fonctionnaires territoriaux ont fait grimpé les dépenses de
fonctionnement. Par ailleurs, les transferts financiers accompagnant les transferts de compétences
n’ont pas toujours été suffisants si bien que les collectivités locales ont dû augmenter les taxes et
impôts voire en créer de nouveaux renforçant ainsi la pression fiscale sur les ménages (doc 22).
Dans un contexte économique de croissance molle dans les années 2000 à une croissance faible
voire négative dans les années 2010, l’État paraît comme le « problème » (doc 21) : à vouloir trop
intervenir ou à vouloir trop déléguer, il est perçu comme un frein : il est accusé d’encourager
l’assistanat, de démotiver l’esprit d’entreprise, d’affaiblir par le poids des prélèvements pour les
TPE ou PME. C’est l’interventionnisme étatique dans la sphère notamment économique voire
sociale comme le RSA et Pôle Emploi (doc 22) qui est ciblé.
La contestation de l’État se manifeste dans le domaine culturel (doc 23) : gouverner la France
signifie parfois pour le pouvoir exécutif de laisser une trace ou de tracer la voix culturelle, de
consolider l’exception française dans un souci de réduction des inégalités sociales et territoriales,
ou de cohésion nationale : ministère la Culture, théâtres et spectacles subventionnés, politique
présidentielle de grands travaux (doc 35).

3) La défiance face à l’État

Trop d’État voire rejet total de l’État : cette défiance de l’État s’exprime dans le cadre des droits
sociaux et politiques du citoyen (doc 27) ou dans un contexte de revendication nationaliste
comme en Nouvelle-Calédonie à partir des années 1970. L’État est considéré par les
indépendantistes comme celui qui empêche le peuple kanak d’accéder à la pleine souveraineté :
référendum d’autodétermination avec un corps électoral restreint et inscription dans la liste des
pays à décoloniser sont les deux principales revendications (doc 24).
Durant les années 1984-1988 et face à l’incapacité pour l’État de proposer une solution
consensuelle : indépendantistes, loyalistes pro-français (faire appel à l’État de droit) et
représentants de l’autorité de l’État (Haut-commissaire, forces de l’ordre) s’engagent dans une
guerre civile (docs 25 et 26). Le paroxysme de ces « Événements » se déroule à Ouvéa avec la
prise en otage de gendarmes dans un contexte politique national fragile : l’élection présidentielle
durant laquelle le président sortant socialiste et son rival et Premier ministre de droite s’opposent.
La fin de cette première cohabitation est marquée par un « État flottant » où les prérogatives et
les attributions du président de la République et celles du chef du gouvernement restent confuses.
Quoi qu’il en soit, c’est bien l’État qui donne l’ordre de lancer l’assaut dans la grotte de
Gossanah (doc 26).

4) Un État qui redéfinit ses liens avec l’Outre-mer

Gouverner la France, c’est aussi gouverner la France d’Outre-mer qui la place au centre de la
politique de décentralisation de l’État. Il apparaît que la Nouvelle-Calédonie a joué un rôle de
premier plan dans la redéfinition des liens entre l’État, l’État central, et les collectivités
ultramarines. Ainsi, entre 1982 et 1998, la Nouvelle-Calédonie a eu plusieurs statuts plus ou
moins autonomes.
Forcer de constater que c’est l’État régalien, l’État policier, celui qui avait marqué les esprits des
indépendantistes en 1988, qui s’est voulu « l’État pacificateur » avec l’envoi de la mission du
dialogue afin de trouver un consensus entre indépendantistes et loyalistes : un préalable avant la
négociation et la signature des Accords de Matignon-Oudinot (doc 28). La Nouvelle-Calédonie
entre dans une phase d’autonomie qui s’accélère à partir de 1998 avec l’Accord de Nouméa (doc
28) qui permet une très large autonomie et de s’inscrire dans un processus de décolonisation
(Préambule de l’Accord de Nouméa du 5 mai 1998 approuvé par référendum local puis par le
Parlement au congrès de Versailles en 1999).
Voici le temps de la France des Outre-mer (docs 29 et 30) : DROM, COM, sui generis. Les
assemblées locales sont dotées de pouvoirs élargis voire d’une compétence législative (Lois du
Pays en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française). Toutefois, l’État reste garant du respect
des libertés individuelles et collectives, de l’indépendance de la justice (doc 29) et de
l’organisation des élections et des référendums comme ceux organisés à Mayotte
(départementalisation en 2011 avec une volonté affichée de se rapprocher de l’État protecteur),
aux Antilles (rejet en 2010 de passer sous le statut de COM), en Martinique et en Guyane
(référendum de 2010 approuvant la création d’une collectivité unique). Les élus de la Guadeloupe
ont demandé fin 2012 à l’État d’organiser un référendum sur l’avenir institutionnel (maintien du
statut actuel de région monodépartementale avec ses deux assemblées, fusion en une assemblée
unique ou fusion des deux collectivités en une collectivité unique). La Polynésie française fait
savoir à l’État en juin 2013 qu’elle souhaite un référendum d’autodétermination.
Le transfert des compétences de l’État au profit des collectivités territoriales émane d’une volonté
de diminuer le poids de l’État, de diminuer les dépenses publiques, de satisfaire les populations
locales notamment ultramarines. La Nouvelle-Calédonie, collectivité particulière pouvant évoluer
par elle-même, est la seule dans l’ensemble national à détenir d’aussi larges pouvoirs (doc 31).

5) Et au sommet de l’État ?

L’une des particularités de la Ve République est d’avoir, à trois reprises, mis en place une
situation inédite : la cohabitation (doc 32). Gouverner la France devient délicat lorsque l’exécutif
est double. La Constitution fixe clairement les pouvoirs du chef du gouvernement qui détermine
la politique de l’État, en dépit du refus du chef de l’État, mais avec le soutien de la majorité
parlementaire. Face à la cohabitation, les institutions ont résisté et se sont modernisées en
proposant la réforme du quinquennat (2000) et la révision constitutionnelle de juillet 2008 (doc
33) qui limite les pouvoirs du « monarque républicain ». En revanche, la présence d’Énarques à
la tête de l’État et des grands services de l’État demeure encore une réalité à l’exemple de la
fameuse promotion Voltaire (doc 34). Les ministères et les grandes entreprises publiques
comptent aussi de nombreux experts dont des ingénieurs sortis des grandes écoles (Centrale,
Mines, Polytechnique) qui relayent l’action de l’État.
Enfin, soucieux de laisser une trace et à l’instar du roi bâtisseur, le chef de l’État de la Ve
République s’engage dans une politique de prestige (doc 35).

6) Un État médiateur

Trop d’État ou de moins en moins d’État, quoi qu’il en soit, il est devenu un partenaire social
entre patronat et syndicats (doc 36) ou un arbitre à qui il est demandé d’agir contre les plans
sociaux proposés par les entreprises qui délocalisent ou qui réduisent leurs activités. Intervention
de l’État pour lancer aussi de grands chantiers environnementaux ou pour jouer les VRP
(Voyageur représentant placier) en Chine (doc 37) ou en accueillant comme en juin 2013 le
« China Entrepreneur Club » (CEC), le plus select des clubs de patrons d’entreprises privées
chinoises.

7) Un État-nation concurrencé par la construction européenne

Depuis les traités de Rome (1957), de Maastricht (1992) puis de Lisbonne (2007), la France a
accepté de partager sa souveraineté dans certaines compétences avec l’Union européenne (doc
38) : 25% des lois françaises sont issues des décisions prises à l’échelon européen. Les
institutions européennes comme la Commission européenne veillent sur le budget des États
membres et principalement ceux de la zone euro. C’est ainsi qu’elle alerte la France en 2012 puis
en 2013 sur ses prévisions de croissance, sur la non maîtrise de ses dépenses publiques et sur
l’accroissement de sa dette publique (doc 39). Gouverner la France, c’est aussi prendre en compte
ses engagements au sein de l’UE.

8) Un État affaibli par les marchés financiers

Dans une économie globalisée, l’indépendance de la France est toute relative. La crise financière
de 2008 a révélé à l’opinion publique française le poids des marchés financiers. Affaibli (doc 40),
l’État n’arrive plus à assumer l’ensemble de ses politiques économiques, sociales, de santé, de
transport. La perte de son triple A en 2012 et la perspective d’un simple A à l’horizon 2014
pourraient remettre en cause l’État protecteur et le modèle social de la France.
Face aux excès du libéralisme et de l’économie de marché, un appel est lancé à l’État régulateur
(encadrement des salaires des patrons des grandes entreprises publiques, taxation des parachutes
dorées, volonté de régulation du système bancaire et financier à l’échelon national, européen et
mondial).

9) Mais un État qui doit consolider le sentiment national

Il s’agit pour l’État d’affermir son autorité sur l’ensemble du territoire national et sur tous les
territoires et particulièrement urbains. L’opinion publique exige qu’il soit le garant de la cohésion
nationale. Cela passe par exemple par la formation citoyenne (doc 41) dans le cadre de la JDC ou
par l’École qui tente parfois avec difficulté de transmettre les valeurs de la République. Dans le
même temps, la nation attend de l’État qu’il la rassure quant à l’avenir des jeunes citoyens ou
quant aux acquis sociaux des retraités.

++++

Compléments

Pistes de réflexion pour l’étude

(cf. Fiche Éduscol avec les ajouts des programmes adaptés)

La nouvelle république réorganise l’État dans une perspective de reconstruction et de
transformation. Politiques keynésiennes adoptées après la Libération : l’État un acteur
économique majeur dans l’économie :

  • Politique de nationalisations (1944-1948).
  • Commissariat au Plan (1946) confié à Jean Monnet : État promoteur de la modernisation du pays (croissance, productivité, investissement).
  • Politique de rationalisation de l’administration (ENA en 1945, statut de la fonction publique en 1946) : renforcement de l’influence des hauts fonctionnaires (technocrates apparaissent sous le IV° République (disposant de compétences administratives et techniques).
  • Gouvernement de Guy Mollet (1956-57)

La Nouvelle-Calédonie fait l’expérience de l’autonomie : conseil de gouvernement en 1957,… Un État, acteur du développement économique et social de l’Outre-mer : grands travaux,…

L’État-providence pendant les Trente Glorieuses (politiques keynésiennes qui mettent l’accent sur
l’économie nationale) : les politiques d’expansion et de rationalisation de l’administration se
poursuivent :

  • La Ve République poursuit la modernisation, un État entrepreneur : concentrer les entreprises, grands programmes industriels (nucléaire, aérospatiale, informatique).
  • Après 1958, les hauts fonctionnaires sont au sommet de l’État (deviennent ministres, membres de cabinets ministériels) : renforcement de l’exécutif.
  • Les missions de l’administration s’étendent dans les domaines de la santé, de la sécurité sociale, du travail, de l’éducation, de la culture (depuis 1959). Il est l’organisateur des relations sociales en garantissant la solidarité nationale. le gouvernement est appelé à apaiser les tensions sociales en associant patronat et syndicats (paix sociale, contrat social) :
  • Gouvernement de Jacques Chaban-Delmas (1969-72)

Recentralisation en Nouvelle-Calédonie : lois Jacquinot et Billotte,…

  • 1970-1980 : remise en cause des fondements de l’État-nation par la crise de l’État-nation et par l’érosion du pouvoir de l’État (mondialisation et régionalisation du monde)
    • Rupture : érosion du pouvoir et crise de la conscience nationale.
    • Remise en cause de l’État sous l’action de la mondialisation (marchés financiers, FMN) : l’État n’arrive plus à diriger, orienter et contrôler l’économie.
    • La réglementation européenne réduit la souveraineté de l’État (domaine économique).
    • On délégitime l’action de l’État, on met en cause son organisation : un État inefficace et coûteux : il n’est plus la solution mais le problème. Des réformes qui donnent de la place au management dans le secteur public. L’État abandonne une partie de ses compétences :
    • 1986 : gouvernement Chirac : privatisations d’entreprises publiques
    • 1982, 1983 et 2003 : décentralisation pour déléguer certaines compétences aux collectivités territoriales.
    • Mais réformes de 1981-82 : tentative pour renforcer l’influence de l’État malgré la décentralisation.
  • Depuis la fin de la Guerre froide : globalisation de l’action de défense de l’État (sécurité intérieure et sécurité extérieure liées) = évolutions sociales (société de consommation, individualisation, migrations) :
    • 1992 et 2005 : référendums sur la construction européenne montre l’attachement des Français à la souveraineté de l’État.
    • l’État continue de jouer un rôle majeur (poids des prélèvements obligatoires), actions envers l’environnement, politique de défense (sécurité globale).

Les liens entre l’État et les Outre-mer français : gérer l’éloignement, le passé colonial, les crises,

Histoire des arts éventuellement.

Les réalisations des présidents de la Ve République : François Mitterrand et le centre culturel
Tjibaou ou Jacques Chirac et le musée du Quai Branly

Bibliographie :

  • Philippe AGHION et Alexandra ROULET, Repenser l’État, Pour une nouvelle social-démocratie, coll. La république des idées, Seuil, 2011.
  • Bertrand BADIE, La diplomatie de connivence, Les dérives oligarchiques du système international, coll. Cahiers libres, La Découverte, 2011.
  • Philippe BEZES, Réinventer l’État, les réformes de l’administration française (1962-2008), coll. Le lien social, PUF, 2009.
  • Pierre BOURDIEU, Sur l’État, Cours au Collège de France (1989-1992), coll. Raisons d’agir, Seuil, 2012.
  • Renaud DENOIX de SAINT MARC, L’État, coll. Que sais-je ? , PUF, 2012.
  • Gosta ESPING-ANDERSON et Bruno PALIER, Trois leçons sur l’État-providence, coll. La république des idées, Seuil, 2008.
  • Jacques de MAILLARD et Yves SUREL (dir.), Politiques publiques : Tome 3, Les politiques publiques sous Sarkozy, coll. Sciences Po Gouvernances, Les Presses de Sciences Po, 2012.
  • Pierre MULLER, Les politiques publiques, coll. Que sais-je ? , PUF, 2011.
  • Pierre ROSANVALLON, La crise de l’État-providence, coll. Points Essais, Seuil, 1992.
  • Michelle ZANCARINI, Christian DELACROIX, La France du temps présent, 1945-2005, coll. Histoire de France, Belin Littérature et revues, 2010.

++++

Dossier documentaire

GOUVERNER LA FRANCE DEPUIS 1946 (8 h)

I – Gouverner un État républicain après la Seconde Guerre mondiale (1946-58) 2 heures

1) La refondation de l’État républicain

Document 1 : Un État qui réaffirme les valeurs républicaines

« Le peuple français proclame à nouveau que tout être humain sans distinction de race, de religion ni de
croyance, possède ses droits inaliénables et sacrés. Il réaffirme solennellement les droits et les libertés de
l’homme et du citoyen consacrés par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et les
principes fondamentaux reconnus par les lois de la République. »

Préambule de la Constitution de la IVe République

Document 2 : La République accorde aux Indigènes kanak la nationalité française donc le droit de vote (1946-1957)

Sources : Ismet Kurtovich, La vie politique en Nouvelle-Calédonie (1940-1953) – Alain Christnacht, La Nouvelle-Calédonie, La Documentation française, 2004

Document 3 : Un État qui s’entoure de hauts fonctionnaires assurant la continuité de
l’État (Origine professionnelle des membres des cabinets ministériels)

Source : manuel Belin 2011

2) Un État-providence qui fonde une démocratie sociale

Document 4 : Un État qui protège

La loi garantit à la femme des droits égaux à ceux de l’homme. Chacun a le devoir de travailler et le droit
d’obtenir un emploi. Tout homme peut défendre ses droits et ses intérêts par l’action syndicale et adhérer
au syndicat de son choix. Tout travailleur participe, par l’intermédiaire de ses délégués, à la détermination
collective des conditions de travail ainsi qu’à la gestion des entreprises.
Tout bien, toute entreprises, dont l’exploitation a ou acquiert les caractères d’un service public national ou
d’un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité.
La Nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement. Elle garantit
à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité
matérielle, le repos et les loisirs. La Nation proclame la solidarité et l’égalité de tous les Français devant
les charges qui résultent des calamités nationales. La Nation garantit l’égal accès de l’enfant et de l’adulte
à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture.

Préambule de la Constitution de la IVe République, 27 octobre 1946.

3) Un État réformateur

Document 5 : Un État planificateur (1947-1970)

Source : Manuel Belin 2011

Document 6 : Un État qui nationalise des entreprises privées

Document 7 : Un État, acteur économique et social en Outre-mer

En 1946, le FIDES (Fonds d’investissement pour le développement économique et social) est instauré
pour faire contribuer financièrement l’État au développement de l’Outre-mer. En 1948, un premier plan
décennal d’équipement du Territoire de la Nouvelle-Calédonie est préparé.
Les constructions d’écoles, de dispensaires et de maternités, l’ouverture des routes et les aménagements
portuaires, la confection de puits, le captage de sources, la pose de citernes et de conduites d’eau, sont
entrepris au titre de l’équipement social des tribus. Aux îles Loyauté, les premiers aménagements
portuaires sont entrepris notamment à Tadine (Maré), Mou (Lifou) et Fayaoué (Ouvéa). De même,
certaines petites passes donnant accès à des villages isolés ou géographiquement mal desservis sont
ouvertes à la dynamite. Enfin, en 1952, toutes les îles y compris Belep et Tiga sont dotées d’appareil d
radio émetteur-récepteur. Les réseaux téléphoniques aux îles et sur la Grande Terre se développent chaque
année et les principales chefferies de district sont pourvues d’une cabine téléphonique.

Source : Histoire et Géographie, La Nouvelle-Calédonie et l’Océanie, Première et Terminale (L-ES-S), Sceren, CDP-NC, 2010.

Document 8 : Un État qui aménage le territoire

Construction du barrage hydroélectrique de Yaté (1954).

4) Un État qui décentralise vers les Territoires d’Outre-mer (TOM)

Document 9 : Un État qui élargit les compétences des collectivités ultramarines, l’exemple
de la Nouvelle-Calédonie (1957)

Sources : Manuel Histoire CM, SCEREN-CDPNC,
2007 – Histoire et Géographie, La Nouvelle-Calédonie et l’Océanie, Première et Terminale (L-ES-S), Sceren, CDP-NC, 2010.

Document 10 : Le Conseil de gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et ses réformes

De gauche à droite : Doui Matayo Wetta (Coopératives et Information), Jean-Louis Hénin (Mines), Marc Tivollier
(Santé), Maurice Lenormand (Vice-Président, Intérieur et Fonction publique), Michel Lambert (Travaux publics), le
Gouverneur Aimé Grimald (représentant de l’État), Jean Le Borgne (Jeunesse et Sports), Daniel Laborde (Finances),
Roch Pidjot (Agriculture).

Sources : Manuel Histoire CM, SCEREN-CDPNC,
2007 – Histoire et Géographie, La Nouvelle-Calédonie et l’Océanie, Première et Terminale (L-ES-S), Sceren, CDP-NC, 2010.

++++

II – Gouverner un État interventionniste (1958-1981) 2 heures

1) Un État entrepreneur qui initie de grands programmes industriels

Document 11 : La politique d’indépendance nationale de l’État gaullien (1960)

Source : Le Journal du Dimanche, dimanche 14 février 1960

Document 12 : L’État et son programme aéronautique (1971)

Source : Paris Match, n°1148, 8 mai 1971

Document 13 : Un État qui décentralise les industries (1959-1962)


Source : Manuel Belin 2011

2) Un État face aux crises sociétale et sociale des Trente Glorieuses

Document 14 : L’État gaullien face à la crise de mai 1968

Source : Affiche créée par les étudiants de l’École nationale des Beaux-Arts (mai 1968)

3) Un État renforçant le pouvoir central

Document 15 : Un État gaullien qui récupère ses attributions en Nouvelle-Calédonie pendant les années 1960

Document 16 : Un État « tentaculaire »

Tentaculaire et en même temps inefficace : voilà, nous le savons tous, ce qu’est en passe de devenir l’État,
et cela en dépit de l’existence d’un corps de fonctionnaires, très généralement compétents et parfois
remarquables. Tentaculaires car, pas l’extension indéfinie de ses responsabilités, il a peu à peu mis sous
tutelle la société française tout entière.
Cette évolution ne se serait point produite si, dans ses profondeurs, notre société ne l’avait réclamée. Or
c’est bien ce qui s’est passé. Le renouveau de la France après la Libération, s’il a mobilisé les énergies, a
aussi consolidé une vieille tradition colbertiste et jacobine, faisant de l’État une nouvelle providence. Il
n’est presque aucune profession, il n’est aucune catégorie sociale qui n’ait, depuis vingt-cinq ans, réclamé
ou exigé de lui protection, subventions, détaxation ou réglementation.
Mais, si l’État ainsi sollicité a constamment étendu son emprise, son efficacité ne s’est pas accrue car
souvent les modalités de ses interventions ne lui permettent pas d’atteindre ses buts. Est-il besoin de citer
des exemples ?
Nos collectivités locales étouffent sous le poids de la tutelle. Nos entreprises publiques, passées sous la
coupe des bureaux des ministères, ont perdu la maîtrise de leurs décisions essentielles : investissements,
prix, salaires. Les entreprises privées elles-mêmes sont accablées par une réglementation proliférante.

Jacques CHABAN-DELMAS, « La nouvelle société », discours à l’Assemblée nationale, 16 septembre 1969

Document 17 : Un « monarque républicain » à la tête de l’État

Source : Roland MOISAN, Le canard enchaîné, 1965

++++

III – Vers un désengagement progressif de l’État depuis 1981 ? (4 heures)

1) Un État décentralisateur pour rapprocher le processus de décision des citoyens…

Document 18 : La décentralisation de l’État (1982)

Des lois détermineront la répartition des compétences entre les communes, les départements, les régions et
l’État, ainsi que la répartition des nouvelles règles de la fiscalité locale et des transferts de crédits de l’État
aux collectivités territoriales, l’organisation des régions, les garanties statutaires accordées aux personnels
des collectivités territoriales, le mode d’élection et le statut des élus, ainsi que les modalités de
coopération entre communes, départements et régions, et le développement de la participation des citoyens
à la vie locale.

Loi sur la décentralisation, 2 mars 1982

Document 19 : L’État accélère la décentralisation (2003-2004)

L’acte II de la décentralisation s’est achevé avec le vote de la loi du 13 août 2004 relative aux libertés et
responsabilités locales, qui ouvre véritablement le nouvel acte de la décentralisation, détaille les nouveaux
transferts de compétences décidées au profit des collectivités territoriales et de leurs groupements. Ces
transferts interviennent en matière de développement économique, de transport, d’action sociale, de
logement, de santé, d’éducation. Ils seront mis en oeuvre à titre définitif, expérimental ou par voie de
délégation, via le recours à de nombreuses conventions entre l’État et les collectivités. Cette démarche
souple et pragmatique fait toutefois craindre à certains élus l’avènement d’une décentralisation « à la
carte », peu compatible avec le principe d’égalité.

« Décentralisation, acte II : les dernières réformes », La Documentation française, 2005.

2) … mais un État dépassé

Document 20 : La qualité des services publics en question

La RGPP (Révision générale des politiques publiques) a servi de cache-misère à un autre objectif :
diminuer rapidement le nombre de fonctionnaires. Sous couvert de modernisation de l’État, la RGPP s’est
révélée un instrument de destruction des services publics. D’abord, une démoralisation profonde des
serviteurs de l’État, un affaiblissement des services publics qui se traduit par une privatisation rampante et
une chance gâchée de réformer véritablement les politiques publiques. La RGPP a été un contre-exemple
en termes de méthode de réforme : là où il fallait privilégier la concertation, le gouvernement a imposé des
changements rapides sans vision cohérente, sans lien avec la représentation nationale, sans réelle
préparation au niveau local.

D’après le député socialiste Pierre MOSCOVICI, dans la revue Acteurs publics, juin-juillet 2010

Document 21 : « L’État est le problème »

La France pourrait être un paradis pour tout le monde, jeunes et vieux, salariés et entrepreneurs, riches et
pauvres, si l’État était moins écrasant, si l’on mettait fin à ses gaspillages insensés et si l’on tarissait ainsi
la source même de la corruption. La France bat des records d’interventionnisme étatique, mais elle bas
aussi des records de croissance faible, de chômage, d’insécurité.
Il est en un sens miraculeux que, confrontés à tant de spoliation étatique, à tant d’arbitraire, à tant de
contrôles, de sanctions, de gaspillages, d’encouragements à la paresse, certains Français aient encore
autant de capacités à produire, à faire des efforts, à inventer. Et c’est bien pourquoi ce pays pourrait
redevenir tellement doux à vivre, si l’on faisait éclater toutes les contraintes qui pèsent sur ses habitants.
La solution semble évidente : c’est la solution libérale. Puisque le libéralisme n’a jamais été mis en oeuvre
au cours des décennies passées et puisque l’autre solution – l’interventionnisme étatique – a échoué, ne
pourrait-on pas au minimum, l’expérimenter, ne serait-ce que pour savoir ?

D’après Pascal SALIN, « France : pourquoi ne pas essayer une autre politique ? », Le Figaro, 25 mars 2002

Document 22 : Le poids des prélèvements obligatoires (L’évolution des prélèvements obligatoires :
impôts et cotisations sociales de l’État, des administrations locales et la Sécurité sociale 1959-2010)

Source : INSEE, Comptes nationaux, base 2005

Document 23 : Un rôle culturel contesté

L’État n’a rien à voir avec les enjeux de l’art, ses tendances, ses valeurs. Il a à voir avec l’accès à l’art, sa
diffusion, sa conservation. Il faut supprimer le ministère de la culture (institué par de Gaulle en 1959 avec
André Malraux) qui, en tant que tel, n’a pas sa lace dans une démocratie, et ne garder que les fonctions
compatibles avec elle en les rattachant à celui de l’Éducation. Mais ceci n’aurait de sens que si la rue de
Grenelle (où se trouve le ministère de l’Éducation nationale), profondément réformée et rénovée, se
donnait les moyens, ou les décentralisait, d’une politique des enseignements artistiques. Doit-il exister une
politique de la Culture, au second sens de ce mot ? Non plus. L’État agit indirectement sur les moeurs à
travers l’ensemble des politiques publiques : santé, logement, éducation, transports, communication,
environnement, mais si le mot politique a bien un sens, l’État ne saurait avoir de politique culturelle
directe, soumise à des objectifs sociaux et historiques précis.

Michel SCHNEIDER, La Comédie de la culture, Seuil, 1993.

3) La défiance face à l’État

Document 24 : La revendication indépendantiste kanak (25 juin 1975 à La Conception)

Considérant que le Gouvernement français n’a pas voulu dialoguer avec les élus kanak lors de la dernière
mission de l’Assemblée territoriale à Paris. Considérant que par cet acte le peuple kanak a été bafoué une
fois de plus par le colonialisme français. Considérant que d’autre part la déclaration de Chirac posant
l’alternative : statut actuel (rétrograde) ou indépendance. Considérant enfin que le statut actuel aboutira
inévitablement à une départementalisation, les Kanak ici présents, les conseillers territoriaux, les Kanak de
l’Union Multiraciale et de l’Union Calédonienne, les groupes Ataï, Ciciquadry Wayagi et JOC (Jeunesse
ouvrière chrétienne), Groupe 1878 apportent leur soutien inconditionnel aux élus kanak qui ont
interrompu leur participation à la mission à Paris.
Se déclarent à l’unanimité pour l’indépendance kanak et de ce fait, appuient le communiqué de l’Union
Multiraciale du 21 juin 1975. Chargent les élus territoriaux kanak pour une motion demandant un
référendum sur l’indépendance. Et enfin envisagent l’envoi d’une délégation à l’ONU et la création d’un
parti unique kanak.

Association pour la fondation d’un institut d’histoire moderne, Contribution à l’histoire du pays kanak, numéro spécial de
l’Avenir calédonien, n°894, LKS.

Documents 25 : Indépendantistes et Loyalistes pro-Français pendant la période dite des
« Évènements » (1984-1988)

Barrages routiers sur le pont de Thio (1984) et à Bourail (1985)

Document 26 : Un État régalien et une Nouvelle-Calédonie insurrectionnelle au centre
d’enjeux de politique nationale (tragédie d’Ouvéa en avril-mai 1988)

Armes saisies par l’armée après l’assaut de la grotte d’Ouvéa le 6 mai 1988 pour libérer les gendarmes pris en otages
le 22 avril (19 militants indépendantistes et 6 gendarmes tués). Cela dans un contexte de tension et de cohabitation
entre le président François Mitterrand (PS) et son 1er ministre Jacques Chirac (RPR), candidats à l’élection
présidentielle en mai 1988.

Document 27 : Les Français manifestent contre le gouvernement

Source : Pascal PAVANI, AFP Archives

4) Un État qui redéfinit ses liens avec l’Outre-mer

Document 28 : Les différents statuts de la Nouvelle-Calédonie (1982-1998)

Document 29 : L’État et l’Outre-mer

Dans les départements et les régions d’outre-mer, les lois et règlements sont applicables de plein droit. Ils
peuvent faire l’objet d’adaptations tenant aux caractéristiques et contraintes particulières de ces
collectivités.
Ces adaptations peuvent être décidées par ces collectivités dans les matières où s’exercent leurs
compétences et si elles y ont été habilitées selon le cas, par la loi ou par le règlement.
Par dérogation au premier alinéa et pour tenir compte de leurs spécificités, les collectivités régies par le
présent article peuvent être habilitées, selon le cas, par la loi ou par le règlement, à fixer elles-mêmes les
règles applicables sur leur territoire, dans un nombre limité de matières pouvant relever du domaine de la
loi ou du règlement.
Ces règles ne peuvent porter sur la nationalité, les droits civiques, les garanties des libertés publiques,
l’état et la capacité des personnes, l’organisation de la justice, le droit pénal, la procédure pénale, la
politique étrangère, la défense, la sécurité et l’ordre publics, la monnaie, le crédit et les changes, ainsi que
le droit électoral. Cette énumération pourra être précisée et complétée par une loi organique.

Article 73 de la Constitution de la Ve République modifié par la loi constitutionnelle
du 23 juillet 2008 de modernisation des institutions

Document 30 : La France DES Outre-mer

Source : Sénat

Document 31 : Un État central qui transfère ses pouvoirs aux collectivités territoriales

5) Et au sommet de l’État ?

Documents 32 : Un État à deux têtes, la cohabitation

Source : Plantu, Le Monde, 10 novembre 1986 Source : Plantu, Le Monde, 1997

Document 33 : Le président, un monarque républicain ?

L’expression de Maurice Duverger, juriste et professeur de droit, qui voulait ainsi caractériser les
nouveaux pouvoirs dont dispose le chef de l’État par rapport à ceux des Républiques précédentes a connu
un vif succès. La stature du général de Gaulle, ses méthodes de gouvernement, que ses adversaires
illustraient par l’expression de « pouvoir personnel », cadraient parfaitement avec l’image du « monarque
républicain ». Ses successeurs n’ont pas échappé à cette critique, d’autant plus qu’ils ont parfois amplifié
des pratiques inaugurées par le fondateur de la Ve République. Néanmoins, le président de la République,
n’a pas tous les pouvoirs et son pouvoir de décision nécessite le plus souvent l’appui (sous forme de
contreseings) du Gouvernement et de son chef, eux-mêmes tributaires d’une majorité parlementaire.
Par ailleurs, la révision constitutionnelle de juillet 2008 limite sensiblement ce qui a parfois été appelé
« l’arbitraire présidentiel ». À titre d’exemples, on peut citer l’encadrement du pouvoir de nomination,
celui de l’engagement des forces armées sur des terrains d’opération extérieurs ou encore de la durée
d’application de l’article 16.
Ainsi concernant les nominations importantes pour la garantie des droits et des libertés ou la vie
économique et sociale de la Nation, le pouvoir de nomination présidentiel ne peut s’exercer qu’après avis
public des commissions permanentes compétentes de chaque assemblée. Le président ne peut d’ailleurs
pas procéder à une nomination quand l’addition des votes négatifs dans chaque commission parlementaire
représente au moins 3/5e des suffrages exprimés au sein des deux commissions concernées à l’Assemblée
nationale et au Sénat. Il en est ainsi, par exemple, pour les nominations présidentielles au Conseil
constitutionnel et celles des personnalités qualifiées au Conseil supérieur de la magistrature.
Pour l’intervention des forces armées à l’extérieur, le Parlement doit être informé au plus tard trois jours
après son déclenchement et sa prolongation au-delà de quatre mois d’engagement est soumise à son
autorisation.
L’article 16, très critiqué, notamment quant à la durée de son application en 1961 (cinq mois) alors que le
putsch d’Alger avait été circonscrit en quelques jours, voit son application encadrée. Désormais, le
Conseil constitutionnel a la faculté, sur saisine du Parlement après trente jours d’application des pouvoirs
exceptionnels et de plein droit après soixante jours, et à tout moment au-delà de cette durée, de se
prononcer sur le maintien en vigueur de l’article 16. Le président reste néanmoins libre de suivre son avis
ou pas.

Document 34 : Un État d’Énarques (Les débouchés des Énarques de la promotion Voltaire)

Promotion Voltaire (1978-1980) : Ségolène Royal (ancienne ministre et présidente de Région), François Hollande
(président de la République), Renaud Donnedieu de Vabres (ancien ministre de la Culture), Dominique de Villepin
(ancien 1er ministre), Jean-Pierre Jouyet (président de l’Autorité des marchés financiers), Henri de Castries (PDG
d’Axa).

Source : manuel Belin 2011

Document 35 : Un État bâtisseur

Sources : site de l’ADCK – site du musée du Quai Branly

6) Un État médiateur

Document 36 : La 1ère Conférence sociale (9-10 juillet 2012)

François Hollande a invité syndicats et patronat à rechercher un "compromis positif" lors d’une conférence sociale au
palais d’Iéna, siège du Conseil économique, social et environnemental à Paris.

Source : Placide, 10 juillet 2012

Document 37 : Un État VRP

D’après 20minutes.fr

7) Un État-nation concurrencé par la construction européenne

Document 38 : Les compétences exclusives de l’Union européenne

  • L’union douanière
  • L’établissement des règles de concurrence au fonctionnement du marché intérieur
  • La politique monétaire pour les États membres de la zone Euro comme la France
  • La conservation des ressources biologiques de la mer (politique commune de la pêche)
  • La politique commerciale commune
Sources : Accords de Schengen et Traité de Maastricht

Document 39 : L’État français face au contrôle de la Commission européenne

La Commission européenne de Bruxelles épingle la France sur sa dette et s’inquiète du manque de compétitivité des
exportations françaises.

Plantu, Le Monde, jeudi 9 mai 2013

8) Un État affaibli par les marchés financiers

Document 40 : La France perd son triple A par Standard & Poor’s (janvier 2012)

Source : Les Échos

9) Mais un État qui doit consolider le sentiment national

Document 41 : La Journée Défense et Citoyenneté (JDC)

Documents joints

Dans la même rubrique