HG/NC Le site académique d'histoire-géographie de Nouvelle-Calédonie

La géographie des risques et de l’environnement en Nouvelle-Calédonie

jeudi 15 juillet 2010 par Caroline RAMON, Nathalie SIROT

Thème : « La géographie des risques et de l’environnement en Nouvelle-Calédonie »

Commentaires du thème dans le programme adapté : « Ces thèmes seront problématisés
par l’enseignant en fonction de l’actualité et du contexte géographique de l’établissement ».

Notions : environnement, risque, prévision, aléa climatique prévention, phénomène El
Niño, cyclone tropical, protection, pollution, forêt sèche, mangrove, risque industriel,
réhabilitation, revégétalisation, endémisme.

 ORIENTATIONS

Ce document d’accompagnement a pour
finalité de donner aux professeurs des
pistes et des éléments afin d’élaborer, dans
le respect de leur liberté pédagogique, un
cours qui répondra aux attentes ci-dessus.
Le thème « La géographie des risques et de
l’environnement en Nouvelle-Calédonie »
s’inscrit dans la deuxième séquence
intitulée « Les espaces français du
Pacifique ». Il est préférable de placer ce
cours en tant que dernière séance, celle-ci
permettant d’établir un lien avec la
troisième séquence, « Les citoyens
calédoniens et leurs territoires », autour de
notion-clé comme celle d’environnement
par exemple.

Il paraît important d’étudier la notion
d’environnement aux travers des aspects
suivants :

  • l’observation et l’analyse géographique
    des différents espaces et éléments
    constitutifs de l’environnement.
  • les moyens de prévention et de protection
    mis en place en faveur de
    l’environnement.
  • tenter de relier l’approche conceptuelle
    environnementale aux pratiques sensibles
    et culturelles qui existent entre l’homme et
    la terre en Nouvelle-Calédonie.

Ainsi, pour traiter efficacement ce double
aspect, il a été pertinent de considérer ce
thème en privilégiant la notion de
« risque ». De ce fait, on peut concevoir
une problématique telle que :
Comment gère-t-on le risque et l’aléa en
Nouvelle-Calédonie ?
On mettra en avant quelques problèmes
majeurs auquel est soumis l’environnement
en Nouvelle-Calédonie ainsi que les
solutions envisagées par les différents
acteurs.

L’horaire dévolu à ce thème est d’une
heure sur un horaire global de cinq heures
pour cette séquence.
On peut aussi intégrer éventuellement cette
séance dans une démarche de projet de
type PPCP, ECJS...
La mise au point scientifique ne prétend
pas traiter de manière exhaustive le sujet.
De la même manière, la sélection de
documents proposée n’est pas limitative.
Elle permet simplement d’insister sur
certains aspects de la question, que l’on
peut adapter selon les classes et la
problématique retenue.
Pour terminer, il est conseillé d’adapter et
de varier les exemples en fonction de la
situation géographique de l’établissement.
Les espaces français du Pacifique

 MISE AU POINT SCIENTIFIQUE

(Les documents mentionnés dans cette mise au point scientifique sont présentés dans le support documentaire qui suit)

L’aléa est un phénomène hasardeux qui, s’il fait peser un danger sur les sociétés humaines,
devient un risque. Il peut être d’origine naturelle (cyclone, inondation) ou d’origine
anthropique (pollution, incendie).
Le seul moyen de gérer l’aléa est de mettre en place une stratégie de prévision pour en limiter
les aspects hasardeux (télédétection pour les feux de forêt, observation du phénomène El
Nino). La responsabilité de ces stratégies prévisionnelles incombe d’abord aux scientifiques.
En revanche, la prévention des risques sur les populations est assumée par les acteurs
politiques (exemples : décision de mise en alerte des populations ou réglementation para
cyclonique)

 I/ Les aléas climatiques : le cyclone tropical

Un aléa climatique est un phénomène naturel. La prévision de ces aléas est aujourd’hui
possible et progresse du fait des avancées scientifiques et de la présence de 14 000 stations
climatologiques dans le monde.
Comme nous l’avons dit précédemment, l’aléa climatique constitue un danger potentiel s’il
menace un groupe humain. De ce fait, il est important de le prévoir et de mener des
campagnes de prévention dans le but de limiter les dégâts qui lui seraient liés.

En Nouvelle-Calédonie, il existe plusieurs types d’aléas climatiques : les cyclones, la
sècheresse, les pluies abondantes hors saison…Ces différents aléas sont bien souvent liés à la
présence ou non dans la région Ouest du Pacifique du phénomène El Niño, phénomène
d’oscillation australe. En période d’ENSO (normale), la bordure orientale du Pacifique
connaît des remontées d’eaux froides, les « up-wellings », qui renforcent la présence des
anticyclones, notamment celui de l’île de Pâques et d’Hawaï. A l’Ouest dominent les
dépressions (phénomène de compensation de pressions) et des vents réguliers poussent les
masses d’eaux chaudes vers l’Ouest, ce qui renforce les dépressions. Chaque fin d’année, de
façon plus ou moins marquée, cette situation s’inverse et s’installe un courant chaud d’Ouest
en Est, c’est le phénomène El Niño, qui remplace les « up-wellings » : on parle souvent de
« bouilloire d’eau chaude ». A l’Est dominent alors les inondations tandis qu’à l’Ouest sévit
plutôt la sècheresse.

A. Le cyclone tropical : définition

On définit par le terme de « cyclone tropical » ou dépression tropicale, une perturbation
atmosphérique tourbillonnaire : on y observe des vents qui convergent vers le centre, où règne
un système de basses pressions atmosphériques qui tire son énergie de la température élevée
de l’océan (par évaporation de l’eau de mer) et de la condensation des nuages convectifs
présents près du centre. Il tourne dans le sens des aiguilles d’une montre dans l’hémisphère
Sud. Les perturbations tropicales sont classées en fonction de leur intensité et le critère
« vitesse moyenne du vent » calculée sur dix minutes est considéré comme l’élément le plus
objectif et le plus facile à connaître ou à estimer. On appelle alors « cyclone tropical » une
perturbation dont les vents moyens atteignent ou dépassent 64 nœuds ou 118 Km/h.

B. Cyclogenèse

Les conditions de formation sont multiples et sont liées à la relation océan-atmosphère :

  • il faut une eau de mer chaude (au moins 26°5) sur une profondeur d’au moins 50 m. L’eau
    chaude est nécessaire pour alimenter le moteur thermique de la dépression.
  • un gradient vertical de température suffisant, de sorte que l’atmosphère soit potentiellement
    instable pour favoriser la convection. C’est la formation des cumulonimbus, par condensation
    de la vapeur d’eau, qui libère l’énergie puisée dans l’océan lors de la phase d’évaporation.
  • une couche relativement humide dans la basse et la moyenne troposphère (jusqu’à 5 Km
    d’altitude) pour favoriser la formation des cumulonimbus (nuages convectifs).
  • une distance d’au moins 500 Km de l’Equateur. Pour que la cyclogenèse puisse se produire,
    il faut que la force de Coriolis soit suffisante pour amorcer le tourbillon de basse couche.
  • une perturbation préexistante près de la surface avec suffisamment de vorticité et de
    convergence. Il n’y a pas de génération spontanée de cyclone.
  • de faibles valeurs de cisaillement vertical du vent entre la surface et la haute troposphère
    (c’est l’importance du changement du vent avec l’altitude). De trop fortes valeurs
    désorganisent une dépression tropicale et l’empêchent de se développer.

C. Structure des cyclones tropicaux

La structure générale est caractérisée par une énorme masse nuageuse plus ou moins circulaire
d’un rayon pouvant atteindre 500 à 1 000 Km. Au centre, quand le phénomène est
suffisamment puissant, se forme l’œil vers lequel convergent les bandes nuageuses
convectives appelées aussi bandes spiralées. L’œil a en général une taille de 30 à 60 Km, la
nébulosité est variable mais peut être nulle, le vent y est faible et la pression est minimale.
Les vents maximaux se rencontrent dans le « mur de l’œil », c’est-à-dire la ceinture de nuages
convectifs qui délimitent l’œil. La zone dangereuse peut s’étendre sur un rayon de 200 Km.
L’extension verticale du phénomène est de 12 à 15 Km.

D. Les dégâts

1. Le vent

Il est la cause directe d’importants dégâts et c’est aussi l’élément qui contribue à la
formation de houle et de la marée de tempête. La force du vent est un élément important car la
pression exercée est proportionnelle au carré de sa vitesse mais l’effet le plus destructeur est
obtenu par le fait qu’il souffle le plus souvent en rafales. Ces dernières exercent un véritable
pilonnage sur tout ce qu’elles rencontrent (habitations, végétation,…).

DOCUMENT 1 : photos de dégâts causés par le vent lors du passage du cyclone tropical
ERICA en mars 2003

2. La pluie

Des précipitations souvent très importantes sont générées. Elles proviennent en grande partie
des nuages convectifs et du mur de l’œil. La configuration du relief et la vitesse de
déplacement du phénomène sont des éléments qui font varier les quantités de précipitation.
Les principaux dégâts sont causés par les inondations, le courant et les glissements de terrain.

3. La houle

Générée par les vents violents, la houle se propage rapidement hors du phénomène. Elle peut
être observée loin du centre de la dépression. Sa longue période est très destructrice et son
action combinée à la marée de tempête peut causer des dégâts jusqu’à l’intérieur des terres.

4. La marée de tempête

La hauteur totale d’une marée de tempête, pour un cyclone de 900 hPa peut être de 6 à 10 m.
La plupart des marées de tempête sont causées par les vents qui poussent la surface de l’océan
à l’avant de la tempête. Il faut noter aussi que la hauteur de ces marées dépend de la
topographie côtière, de l’angle suivant lequel le cyclone touche la terre, de la vitesse de
déplacement du cyclone et de la force du vent.

E. La prévention

Pour prévenir, il faut tout d’abord prévoir. Les services météorologiques possèdent pour cela
divers moyens : le radiosondage, les observations aériennes, les satellites… et plus de 14 000
stations de par le monde. Dès qu’une dépression tropicale pénètre dans la zone
d’avertissement de la Nouvelle-Calédonie, un Bulletin Météorologique d’Avertissement est
envoyé à la Direction de la Protection Civile. De nouveaux messages sont ensuite
régulièrement rédigés en fonction du déplacement du phénomène pour permettre aux autorités
de suivre les dernières évolutions météorologiques. En fonction de ces informations, le Haut-commissariat
a la compétence pour déclencher les alertes cycloniques. Plusieurs types
d’alertes peuvent être déclenchées sur toute ou une partie de la Nouvelle-Calédonie :

  • PRE-ALERTE : une dépression tropicale forte a pénétré dans la zone de pré-alerte mais sa
    trajectoire actuelle ne menace pas directement le territoire.
  • ALERTE 1 : la perturbation présente une menace potentielle pour les prochaines 24/36
    heures.
  • ALERTE 2 : la menace se confirme, c’est-à-dire que le phénomène doit toucher la Nouvelle-
    Calédonie dans les prochaines 6/12 heures.

Dès que le phénomène est sorti de la zone d’avertissement, les alertes sont levées.
La prévention des risques cycloniques en Nouvelle-Calédonie revient à réaliser des
aménagements prenant en compte les risques, prévoir des ouvrages résistants, notamment en
ce qui concerne les constructions individuelles (squat, cases,…) et à mener une campagne
importante pour le respect des règles de sécurité en cas d’alerte cyclonique (consolidation des
fenêtres, des toitures, éviter toute sortie inutile hors d’un abri sûr,…).

 II/ La protection des espaces naturels

A. Problèmes des espaces naturels et politiques de remédiation en Nouvelle-
Calédonie

On dénote trois problèmes majeurs qui nécessitent une prise en charge et une gestion
préventive et protectrice.

1. « Le feu : un fléau »

Les feux en Nouvelle-Calédonie sont nombreux, notamment en période de sécheresse. La
préparation des champs de culture reste une cause importante des feux de brousse mais on
considère que le feu est le plus souvent mis volontairement (cas des feux sur la région de
Pouembout-Koné année 2002). On constate des chiffres en augmentation : 21 700 hectares en
1997 et 28 000 hectares en 2002.
Pour les cultivateurs, la culture sur brûlis constitue un moyen rapide de disposer de surfaces
agricoles utilisables. Or, les sols ayant subi le feu s’appauvrissent au fur et à mesure en sels
minéraux, en matières organiques, en eau, en microfaune et microflore (les forêts humides du
Sud sont devenues des « maquis de terre de fer » [1]). De plus, le feu appelle le feu puisqu’il
existe une sélection de la flore (paille, plantes ligneuses...) favorable au feu. Le feu uniformise
ainsi le paysage, laissant place aux plantes les plus résistantes, tel que les paysages de niaoulis
de la Côte Ouest.
Les moyens de lutte et de protection se résument principalement à la sensibilisation et à
l’information du public.

DOCUMENT 2 : photographie d’un sol forestier

2. Les déchets

Les déchets représentent une menace pour l’homme et l’environnement. Actuellement, une
gestion des déchets est en train de se mettre en place en Nouvelle-Calédonie pour que la
protection de l’environnement soit assurée sur le long terme.
Il existe deux grandes catégories de déchets :
→ les déchets ménagers et assimilés : ordures ménagères, déchets verts, déchets de la
collectivité (boue, nettoyage des voiries...)
→ les déchets nécessitant un traitement spécial : les huiles usées, les déchets industriels
spéciaux (IDS : produits toxiques, chimiques), ferrailles et métaux divers....

En Nouvelle-Calédonie, la production de déchets par an et par habitant est passée de 220kg en
1960 à 358 kg en 1990. On constate que la quantité de déchets produite est en augmentation
moyenne de 3% par an.
Par ailleurs, la gestion des déchets est soumise à des contraintes économiques et techniques
importantes : la diversité et la dispersion des déchets, l’éloignement voire l’absence de centres
de traitement, etc. Aujourd’hui, la Province Sud est en train de mettre en place, avec l’Agence
de l’Environnement et la Maîtrise de l’Energie (ADEME), un schéma directeur visant la
collecte et le traitement des déchets ménagers à l’échelon intercommunal. Elle a également
organisé des filières de traitement pour certains déchets industriels : celle des huiles usagées
est en cours d’élaboration et celle des carcasses de voiture est déjà en place. Enfin, une filière
déchets se met en place avec le tri des déchets et la création sur Bouloupari du site
d’Oumbagou (remplaçant le site de Ducos) répondant aux normes de traitement.

3. La pollution de l’eau

Les réserves d’eau en Nouvelle-Calédonie se concentrent sur la Grande Terre dans les nappes
souterraines (notamment dans les nappes alluviales des rivières), et sur les îles, au niveau des
lentilles d’eau douce, à l’exception d’Ouvéa où la ressource en eau la plus exploitable est le
recueil des eaux de pluie, secondée par l’usine de dessalement. Ces sources exploitées sont
très sensibles aux pollutions humaines et aux « abus » de consommation.
La pollution la plus visible est liée à l’exploitation minière malgré l’obligation de dépôt de
minerais dans des décharges contrôlées. On constate que l’érosion et la sédimentation sont
augmentées par l’exploitation minière et restent la plus grande source de dégradation pour le
littoral, les récifs frangeants et le lagon. Les dépotoirs sauvages accentuent la pollution des
eaux. L’agriculture et l’élevage influent aussi sur la qualité de l’eau (emploi massif des
engrais par exemple). Enfin, la déforestation est une des causes responsables du tarissement
des sources en accentuant les phénomènes de sécheresse.
En Nouvelle-Calédonie, la délibération n°105 du journal officiel du 26 août 1968 tient lieu de
référence en matière de normes territoriales sur l’eau (droits de passage des eaux, zones
spéciales d’aménagement des eaux et pénalités ...). Aujourd’hui, la protection de l’eau passe
aussi par la prévention soit la sensibilisation, l’information et l’éducation.

B. Les espaces naturels les plus touchés

On constate que trois espaces sont touchés par des pollutions d’origine anthropique.

1. La forêt sèche ou sclérophylle

Elle est un patrimoine à protéger puisque cet écosystème ne représente plus qu’1% de sa
surface originelle (en Nouvelle-Calédonie, la forêt sèche est passée de 4500km2 à 50km2). Fin
2001, un programme de conservation a été mis en place par différents acteurs : associations
(WWF, CIE), instances politiques (gouvernement de Nouvelle-Calédonie, Etat), instances
scientifiques (IRD)... Le programme « Forêt sèche » s’inscrit sur le long terme et vise à
restaurer des sites dégradés, à protéger des espèces rares, à créer des pare-feu. Des moyens de
sensibilisation sont aussi mis en place : campagnes, affiches, livret...
La destruction de la forêt sèche est causée par les défrichements dus à la création des
nouveaux pâturages, à l’extension urbaine et aux feux de brousse. L’appauvrissement des
forêts est dû à l’introduction d’animaux (cerfs) et à l’envahissement par les végétaux
(lantanas). On constate, en conséquence, l’extinction définitive d’espèces, l’appauvrissement
des sols, une érosion accentuée et un changement du régime hydrique et du paysage de la côte
Ouest.

DOCUMENT 3 : photo de la forêt sèche à Poya

2. Les nappes phréatiques

La gestion de l’eau douce sur les Iles Loyauté est un problème majeur, et il est nécessaire
d’envisager une gestion appropriée. Les Iles possèdent un sous-sol calcaire et ne disposent pas
de réseau hydrographique affleurant. L’eau de pluie s’infiltre facilement et forme une lentille
d’eau douce vulnérable du fait même de la nature du sol. De plus, il a été constaté que l’eau
douce souterraine se déplace depuis le centre de l’île vers le rivage jusqu’à se déverser dans la
mer au niveau des sources littorales.
L’île d’Ouvéa est un cas à part puisqu’elle ne dispose pas d’une lentille d’eau douce
exploitable. La seule ressource en eau douce provient du recueil des pluies et pour faire face
aux besoins des habitants, une usine de dessalement a été construite (elle fonctionne une fois
par semaine).

Par contre, Maré et Lifou disposent toutes deux d’une lentille d’eau douce exploitable mais
fragile. Effectivement, les risques sont nombreux :

  • le surpompage provoque une remontée d’eau salée dans la lentille. S’en suit une sursalure
    de l’eau : l’eau est donc rendue impropre à la consommation. De plus, une surexploitation
    réduit l’épaisseur de la lentille d’eau douce.
  • les décharges sauvages risquent de polluer l’eau de la nappe par infiltration.
  • le risque lié à l’élevage est faible toutefois les épandages représentent un risque de
    contamination.
  • au niveau de l’agriculture, le problème majeur reste le surpompage.

Une politique de contrôle des lentilles d’eau douce a été mise en place. L’Etat et la Province
des Iles Loyauté ont développé un contrat sur 2002-2004 : le Programme Sage.

3. La mangrove

La mangrove représente 200km2 soit 1% du territoire et elle est principalement localisée sur la
côte Ouest et à l’extrémité Nord de la Grande Terre. Les rôles de la mangrove sont multiples.
La mangrove est un rempart contre l’érosion, participe à la clarification des cours d’eau qui
s’y déversent, représente un écosystème pionnier, est un filtre biologique et un refuge pour les
poissons.... Mais de vastes surfaces de mangroves sont détruites pour y construire des
habitations (cf. la baie de Sainte Marie), des zones industrielles, des routes (tronçon de la
Belle vie vers la Rivière Salée)... De plus, certaines deviennent souvent des décharges
sauvages et connaissent ainsi des problèmes d’insalubrité liés aussi au déversement des eaux
usées et parfois de produits toxiques et polluants.

C. Les autres moyens de protection

1. Les aires protégées

La convention d’Apia en 1976 sur la protection de la nature dans le Pacifique a fait l’objet
d’une loi ratifiée en 1990 qui a pour but d’encourager la création de zones protégées (parcs
nationaux, réserves). D’autre part, la convention de Nouméa de 1986 a permis d’engager une
protection de l’environnement marin. En 1991 le Programme régional océanien pour
l’environnement (PROE) devient l’organe administratif qui prépare, coordonne les projets de
protection et de prévention entre les différents acteurs.
En Nouvelle-Calédonie, on dénombre plusieurs parcs et réserves :

  • terrestres : le parc de la Rivière Bleue, Chutes de la Madeleine...
  • marines : réserves de l’îlot Amédée, de l’îlot Larégnère...

D’autre part, un inventaire des sentiers de randonnées aboutit progressivement à leur
aménagement et à la parution de dépliants pour informer le public.

2. Des campagnes de prévention et des pratiques de surveillance

La Province Sud possède une unité de surveillance des réserves marines, qui sert aussi au
nettoyage et à l’aménagement des îlots proches de Nouméa. La prévention passe surtout par
les actions associatives. Elles agissent seules ou en coordination avec des organisations non
gouvernementales (CPS), des organes scientifiques (IRD) ou encore des entreprises privées
(Total, etc.). On peut dénombrer alors le Centre d’initiation à l’environnement (CIE), Corail
Vivant, etc. Ces associations mettent en place des campagnes de prévention, de sensibilisation
auprès des jeunes et aident à créer des livrets et des plaquettes destinés au public.

III. La prévention des risques industriels

Qu’est-ce qu’un risque industriel ?
C’est une menace potentielle (pollution, incendie, explosion) qui pèse sur une société
humaine et liée aux activités anthropiques. Certains secteurs industriels sont plus dangereux
(hydrocarbures) ou polluants que d’autres (activité minière), et de ce fait, il est important que
soient mises en place des politiques de prévention et de gestion de ces risques. Le secteur
industriel le plus développé et le plus polluant en Nouvelle-Calédonie est celui de la mine.

A. Les types de pollution

1. Les déchets industriels

Les déchets industriels spéciaux (IDS) sont soumis à l’article L.541-2 du Code permanent de
l’environnement qui stipule : « l’élimination des déchets comporte les opérations de collecte,
transport, stockage, tri et traitement nécessaires à la récupération des éléments et matériaux
réutilisables ou de l’énergie, ainsi qu’au dépôt ou rejet dans le milieu naturel de tout autre
produit dans des conditions propres à éviter les nuisances ». De fait, les huiles usées issues
de la SLN, des pétroliers (...) sont recueillies et stockées dans le centre d’enfouissement
technique (CET) de Ducos. Cette fosse, à ciel ouvert, n’est pas conforme aux normes
internationales. Une filière est en cours de réalisation pour brûler les huiles usagées dans la
centrale de Doniambo.

2. Pollution de l’eau liée à l’exploitation minière

Même s’il existe aujourd’hui une législation minière, avec par exemple la construction de
barrage antipollution, il subsiste des problèmes. Il y a une pollution de l’eau par le nickel : des
pellicules de latérite se déposent dans les rivières. En 1991, une analyse a montré que sur 109
rivières, 4 avaient une teneur en nickel supérieure aux normes (Nindia, Dumbéa, Plum et la
Rivière Bleue) et qu’une concentration en nickel dissous était décelable également dans la
Grande Rade de Nouméa.
De plus, on constate un engorgement des rivières, un exhaussement du fond des lits mineurs
qui provoquent des inondations, une modification des morphologies fluviales et littorales
(formation d’un delta à la Ouenghi). D’autre part, il y a des risques liés au transport minier tel
que l’échouage du minéralier Manyland en 1992 dans le canal de la Havannah.

3. Pollution liée au site de Doniambo

L’exploitation du nickel engendre une importante production de scories, environ 1,5 million
de tonnes par an, soit 130 millions de tonnes depuis l’ouverture de l’usine de Doniambo.
Aujourd’hui, la scorie est utilisée principalement pour la création des remblais, ce qui répond
à une solution partielle mais insuffisante du problème. D’autre part, des fumées rougeâtres se
dégagent chargées en fer, nickel et dioxyde de soufre. Le niveau de propreté des eaux de
refroidissement rejetées ainsi que la question de leur température (supérieure à 45°, les
coraux meurent) est de prime importance mais n’est toujours pas tranchée.

Il y a donc un impact local sur l’environnement :

  • pollution marine : sédimentation, eutrophisation de la baie, turbidité des eaux, asphyxie des coraux et des poissons
  • pollution atmosphérique : pic de pollution entraînant des effets néfastes sur la santé. On dénombre de nombreuses allergies : des infections pulmonaires provoquées par la dissolution
    des polluants dans le sang ou encore des organes sont touchés (vessie en particulier).
  • dégradation paysagère : les tas de scories et les fumées à l’entrée de la ville.

B. Les moyens de prévention

1. Les scénarii

Pour le projet Goro Nickel, une étude d’impact sur l’environnement a été menée. Une partie
est consacrée aux menaces pouvant peser sur le milieu atmosphérique et l’impact potentiel sur
la santé humaine, sur l’écosystème, la quantité et la qualité de l’eau douce, les baleines à
bosse entre autre. L’objectif de cette projection est de proposer, en cas de catastrophe
industrielle, des mesures d’atténuation qui seront prévues et inclues dans la conception du
projet minier.
Les risques ont été évalués, modélisés et des mesures de maîtrise du risque en prévention
(réduction de la probabilité d’occurrence) et de protection (réduction des effets) ont été mises
en place.

DOCUMENT 4 : extrait du résumé non technique du projet de Goro Nickel (Tome 1)

Il en va de même à propos des risques liés au transport minier et déjà plusieurs minéraliers se
sont échoués en Nouvelle-Calédonie (un exemple : le Manyland en 1992 dans le canal de la
Havannah avec 400t de minerais déversés).
Dans la Réglementation de l’environnement en Province Sud, des décrets sont consacrés à la
lutte contre la pollution marine accidentelle et des dispositions sont prises en cas d’accident.

DOCUMENT 5 : extrait de la Réglementation provinciale (Province Sud)

2. La préservation de la qualité de l’air

Le développement industriel de l’agglomération de Nouméa a pour corollaire l’augmentation
des rejets polluants dans l’atmosphère. Bien que le climat océanique soit a priori peu
favorable à la stagnation des rejets polluants sur leur lieu d’émission, la Province Sud, en partenariat avec l’ADEME, a néanmoins initié la mise en place d’un réseau de surveillance de
la qualité de l’air qui constituera un indicateur de l’état de l’environnement et devrait susciter
la mise en œuvre d’une politique participative de la part des industriels en les associant aux
collectivités dans un même organisme de contrôle de l’environnement.

L’usine SLN de Doniambo a mis en place un programme destiné à limiter son impact sur l’air
ambiant :

  • par la mise en place de stations de surveillance de la qualité de l’air à Logicoop, Montravel
    et Vallée du Tir.
  • par une politique de limitation des rejets des poussières. Selon des chiffres fournis par la
    SLN, l’usine est passée de 1 253 t de poussières rejetées en 1996 à 718 t en 1999.
  • par un rallongement des quatre cheminées de la centrale électrique afin de limiter les pics de
    pollution au soufre et la mise en place d’un système automatique, déclenchant l’utilisation de
    la centrale électrique « bas soufre » lorsque les seuils d’alerte sont atteints.
  • les électrofiltres des fours rotatifs ont fait l’objet d’une rénovation complète.
  • les poussières collectées devraient être dirigées vers une installation de traitement
    spécifique.

L’efficacité de ces mesures de protection donne aujourd’hui lieu à débat.

3. Les politiques de réhabilitation des sites miniers

La politique de réhabilitation des sites miniers en Nouvelle-Calédonie consiste tout d’abord
en une étude détaillée des désordres afin de déterminer leur(s) origine(s) et définir
correctement les actions de stabilisation. Le projet en lui-même comprend quatre volets :

  • remise en état des pistes d’accès : gestion des eaux d’écoulement, stockage des déblais.
  • confortement des instabilités : méthodes de renforcement, recherche des matériaux
    nécessaires.
  • plan de gestion des eaux : localisation, dimensionnement et conception des ouvrages et leur
    entretien.
  • revégétalisation : sélection des espèces, densité et méthode de plantation.

Exemple : la politique de revégétalisation de Goro Nickel. Elle prend tout son sens au cœur
de sa pépinière tout d’abord. En effet, les espèces endémiques au site ont été collectées afin
de restaurer les milieux existants et ainsi prévenir l’introduction d’espèce végétale étrangère
telle que les graminées, plantes sensitives et lantanas susceptibles de proliférer rapidement.
Ces espèces se révèlent être des vecteurs de propagation de feux de brousse, menaçant les
plantes endémiques. L’équipe de la pépinière s’est employée à faire un inventaire complet des
espèces présentes dans la zone géographique du site et à sélectionner les espèces les mieux
adaptées aux impératifs de préservation et de réhabilitation végétale du site. La pépinière est
apte à produire 130 espèces différentes. Les zones appelées à être ensemencées sont
géographiquement circonscrites et caractérisées au regard de la qualité des sols.
Notons que la durée nécessaire à la revégétalisation d’une zone minière peut être de l’ordre de
cent cinquante ans minimum.

[1Voir Ecologie en Nouvelle-Calédonie, CNDP.


titre documents joints

La géographie des risques et de l’environnement en Nouvelle-Calédonie

15 octobre 2010
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296.5 ko

Accompagnement du programme adapté de géographie en première bac pro.


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