Ecole et société en Nouvelle-Calédonie depuis 1850

Coloniale Contemporaine Premiere Terminale

Mis à jour le lundi 17 mars 2025 , par Sylvie BRUY-HEBERT

3. L’EVOLUTION DES PRATIQUES SOCIO-CULTURELLES.

3.3 ECOLE ET SOCIETE EN NOUVELLE-CALEDONIE DEPUIS 1850.
L’ECOLE ET LA SCOLARISATION DEPUIS 1850
LA SOCIETE ET LES ENJEUX DE L’ECOLE

COMMENTAIRES :

Cette séance a pour objectif dans le programme d’histoire de montrer
l’importance de l’école en Nouvelle-Calédonie et comment celle-ci constitue un véritable enjeu
de société.

NOTIONS :

Scolarisation, laïcité, liberté scolaire, égalité, intégration, promotion, formation professionnelle.
Ecole de mission, école indigène, moniteurs, fermes écoles, régime de l’indigénat, internat.

ORIENTATIONS

(mise en oeuvre : 4 heures).
En métropole, avec l’installation de la
IIIème République, l’évolution de l’école est
rapide. Elle devient gratuite, obligatoire et
laïque à partir des lois de 1882. C’est l’école
voulue par Jules Ferry avec une véritable
instruction civique et morale des futurs
citoyens afin qu’ils s’imprègnent de l’esprit
républicain.

La Nouvelle-Calédonie reste une colonie et
les Mélanésiens sous le régime de l’indigénat
jusqu’en 1946. L’enseignement privé est
longtemps majoritaire, surtout pour la
population indigène. L’école n’est pas
obligatoire pour les enfants habitant à plus de
3 ou 5 km. Elle le deviendra seulement en
1957.

De ces faits, l’école calédonienne présentera
pendant plus d’un siècle un décalage
important avec la métropole et on peut
percevoir certaines inégalités. Pourtant les
écoles de mission développent l’amour de la
patrie comme en témoigne le nombre
important d’engagés volontaires indigènes
réunis par les missions protestantes et
catholiques lors de la Première Guerre
mondiale. En fait, l’école ne s’ouvrira de
façon égalitaire aux Mélanésiens qu’à partir
de 1946, date à laquelle les Mélanésiens
obtiennent la citoyenneté (chapitre 6, histoire
B.E.P, p18, 19). L’étude de l’histoire de
l’enseignement en Nouvelle-Calédonie doit
permettre de mesurer ce décalage avec la
métropole, en ce qui concerne la période
1850-1958, que ce soit au niveau des moyens
financiers mis en oeuvre, au niveau des idées
véhiculées ou des objectifs de formation. Il
semble nécessaire d’insister sur l’importance
de l’enseignement privé en Nouvelle-
Calédonie ainsi que sur l’implantation des
écoles de mission.

Ce n’est que vers 1950 que les moyens vont
être donnés et que de nombreuses écoles
publiques ou privées vont fleurir avec l’aide
du F.I.D.E.S entre 1946 et 1956. La
scolarisation de masse s’affirme doucement,
s’ouvrant plus largement aux Mélanésiens en
ce qui concerne le primaire. Ce n’est que vers
les années 1960 que les Mélanésiens entrent
au collège. Le premier bachelier mélanésien
est recensé en 1962. Il faudra attendre 1971
pour que les lycées Blaise Pascal et Do Kamo
permettent une scolarisation plus générale des
Mélanésiens surtout en ce qui concerne les
filles. Il y a un réel décalage dans la
scolarisation et la formation données aux
garçons et aux filles même si la première
bachelière est recensée en 1917.

A partir des années 70, l’école publique va
affirmer son nombre sur l’école privée. Suite
aux accords de Matignon puis de Nouméa,
l’enseignement en Nouvelle-Calédonie
évolue et essaye de s’adapter aux spécificités
locales : programmes adaptés, réflexions sur
le français langue seconde, introduction des
langues vernaculaires, ouverture des A.L.P et
M.F.R....

Dans un premier temps, on montre les
différences entre l’enseignement en métropole
et celui de Nouvelle-Calédonie jusque dans
les années 50. Tout en se gardant de faire un
jugement de valeur et de mettre en perspective
deux systèmes difficilement comparables, on
pourra montrer les spécificités et objectifs de
l’école républicaine comme des écoles de
mission en tenant compte de leur implantation
et du public d’élèves auxquelles elles
s’adressent.

On peut par exemple montrer aux élèves une
photo de salle de classe dans une école
primaire, à la fin du XIXème siècle en France
et en parallèle une photo d’école de mission.
On peut aussi se rapporter au texte fondateur
de l’école de Jules Ferry (loi du 28 mars 1882)
ainsi qu’à un extrait de la lettre de Jules Ferry
aux instituteurs de France du 17 novembre
1882 et faire une étude des programmes des
écoles de missions. On peut aussi citer les
écoles des moniteurs de Lifou et de
Montravel. Le professeur peut également
s’appuyer sur le témoignage des « vieux »
invités à raconter leurs souvenirs d’écoliers. Il
peut aussi charger les élèves d’une enquête sur
les écoles de mission fréquentées par leurs
parents et grands-parents ou faire un sujet
d’étude sur la scolarisation des indigènes. On
insiste sur le rôle important du gouverneur
Guillain qui ouvre les premières écoles
laïques à Païta et Napoléonville (Canala), les
écoles pour indigènes, l’école indigène des
interprètes, l’école indigène des apprentis et
l’école des moniteurs indigènes. On montre
les différences entre les écoles publiques pour
fils de colons, pour enfants de libérés, pour
indigènes ainsi que l’importance des écoles
privées et leur rôle prépondérant dans
l’instruction des indigènes. Les élèves de
Nouméa peuvent être amenés à faire des
travaux de recherches sur les personnalités
qui ont fortement marqué en leur temps le
monde de l’école : Frédéric Surleau qui
organise l’école laïque, Louis Flize et Michel
Noëllat qui mettent en place l’enseignement
secondaire), Fernande Leriche...

On présente ensuite le développement de la
scolarisation en France et en Nouvelle-
Calédonie à partir des années 50 : croissance
des effectifs scolaires, de la proportion de
diplômes par classe d’âge et par ethnie,
allongement de la scolarité, apparition de
nouvelles filières et de nouveaux diplômes,
accroissement du nombre des établissements
et évolution de leur localisation. On montre la
rupture des années 50 pour les Mélanésiens et
la mutation qui s’opère dans les années 70. On
ne peut ignorer le développement des Ecoles
Populaires Kanak (E.P.K) pendant la période
des « événements » traduisant la manifestation
d’un besoin de sentiment identitaire.

Le cadre général étant posé, on s’attache
ensuite à démontrer l’importante évolution
suivie par l’école en Nouvelle-Calédonie
depuis 1970. Se situant dans la perspective
ouverte par les accords de Matignon et
l’Accord de Nouméa, l’école doit aujourd’hui
répondre aux besoins d’intégration et
d’adaptation au monde moderne. Elle doit
favoriser la promotion et l’intégration de tous.
On insiste sur l’importance des établissements
de proximité, sur le développement de
l’informatique et d’Internet, sur la réflexion et
les adaptations des programmes et sur
l’adaptation aux exigences locales : création
des antennes puis annexes de lycée
professionnel (A.L.P) et les maisons
familiales et rurales (M.F.R).
On montre également l’importance de
l’enseignement professionnel en Nouvelle–
Calédonie ainsi que la nécessité constante de
suivre une croissance démographique élevée
(ouverture de nouvelles écoles et collèges sur
Nouméa et le grand Nouméa).

++++

MISE AU POINT SCIENTIFIQUE

1° La scolarisation des indigènes.

Ce sont les missionnaires catholiques sur la Grande-Terre (Frères maristes, 1843, nord de la
Grande-Terre), protestants aux Iles Loyauté (London Missionary Society, 1840) qui s’attachèrent
les premiers à donner l’instruction aux populations indigènes dans des conditions matérielles
souvent précaires. Ils ont alphabétisé un grand nombre d’indigènes, appris aux femmes à coudre
la robe mission et à cuire le pain marmite. La conquête des âmes dans laquelle se sont lancés les
Maristes à partir de 1846, aidés quelques années plus tard par les soeurs de Saint-Joseph de
Cluny, puis les soeurs du Tiers-Ordre, implique une rupture totale avec la manière de vivre
d’avant l’arrivée des Blancs : ces premières années de colonisation sont celles de la création la
mission de Saint-Louis considérée comme une « Jeune République Chrétienne ». L’éradication
du « paganisme » passe dans le projet missionnaire par l’isolement et l’éducation d’éléments qui,
une fois formés, iront porter la bonne parole. Les enfants tiennent une place centrale dans ce
projet. Partout où elle est définitivement implantée, la mission catholique entretient une école : à
la fin des années 1850, ce sont 500 à 600 indigènes qui sont scolarisés entre les missions de
Pouébo, Balade, Saint-Louis, La Conception, l’île des Pins. Le phénomène est similaire chez les
protestants des îles où les missionnaires s’appuient sur les langues autochtones.

L’enseignement laïque ne débute qu’avec l’arrivée du premier gouverneur en titre de la
Nouvelle-Calédonie, Charles Guillain en 1862. Le gouverneur profondément anticlérical veut
soustraire les indigènes à l’influence « néfaste » des missions. Il est également temps d’adopter
une politique indigène qui puisse servir les intérêts de la colonisation. Le 10 octobre 1863, un
arrêté fixe les obligations réglementaires pour l’ouverture des écoles indigènes et crée à Port de
France (future Nouméa) une école d’apprentis interprètes destinée à former les auxiliaires dont
la colonie à besoin. Les écoles indigènes laïques sont assez réduites, à noter en 1875 l’ouverture
d’une école pour 50 élèves à Canala. C’est l’arrêté du 27 mai 1884 qui détermine les conditions
dans lesquelles seront créées les écoles indigènes et confie cet enseignement à des moniteurs
indigènes. Les écoles indigènes sont placées par décision du 9 août 1898 sous la direction du chef
de service des Affaires Indigènes. L’école des moniteurs de Chépénéé à Lifou (1899-1909)
est réorganisée et installée à Montravel en 1913. Pendant la colonisation Feuillet (1894-1903)
peu de crédits sont octroyés aux écoles indigènes qui ont tendance à régresser. En 1903, il
n’existe que 6 écoles laïques autochtones, dotées d’un unique instituteur et de 5 moniteurs
contre 25 écoles laïques réservées aux Européens et dirigées par 40 instituteurs.
Ce n’est qu’à partir du 27 septembre 1923, que les programmes des écoles indigènes sont
soumis au contrôle de l’Etat et que surtout l’enseignement du français devient obligatoire.
Jusqu’aux années 1950 et même jusqu’aux années 1980, les écoles confessionnelles restent
largement les écoles des kanak comme en témoignent ces quelques chiffres donnés par Mariotti
dans le livre du centenaire.

Tableau des effectifs des écoles indigènes de 1945 à 1949

Néanmoins, il faut insister sur la modestie des contenus offerts aux indigènes dans ces
écoles. C’est vrai, les missionnaires ont alphabétisé les kanak : dans sa thèse, Sylvette Boyer a
démontré que parmi les hommes de Nouvelle-Calédonie ayant participé à la Première Guerre
mondiale, les engagés volontaires du Bataillon Mixte du Pacifique en majorité kanak savent tous
lire et écrire. Pourtant l’enseignement ne dépasse guère l’alphabétisation car les élèves sont
obligés de travailler pour subvenir aux besoins des missions. A l’internat, ce sont généralement
les deux tiers de la journée qui sont passés aux champs, aux travaux de couture pour les filles, ou
de réfection des bâtiments pour les garçons. A cela s’ajoute le temps passé à la prière et aux
messes. A noter que les enfants étaient enlevés à leurs parents et mis en internat afin de mieux les
« civiliser ». Les souvenirs de ces périodes sont rudes et dans les témoignages, on parle souvent
de « l’école du travail ».

Avec la fin du régime de l’indigénat et avec l’obtention de la citoyenneté le 27 octobre
1946, les Mélanésiens peuvent enfin prétendre aux diplômes. A partir de 1947-48, les réalisations
en faveur de la promotion économique et sociale des Mélanésiens sont mises en oeuvre sous
l’impulsion de l’Etat et grâce à des transferts provenant de métropole (F.I.D.E.S). En 1946, on
compte 34 écoles publiques en tribu, elles sont 55 en 1952 et 61 sur uniquement la Grande-Terre
en 1953. Dans la même période, le nombre d’écoles missionnaires augmente de 50%. Le conseil
général supprime le régime de subventions ponctuelles aux écoles libres pour le remplacer par
une prise en charge directe des salaires des personnels enseignant par le budget du territoire. En
1952, le Territoire alloue un forfait d’externat annuel par enfant fréquentant les écoles publiques
des tribus aux fins de les pourvoir en matériel scolaire (cahiers, crayons et livres).

L’enseignement des indigènes reste malgré tout rudimentaire : trois Mélanésiens obtiennent le
certificat d’étude primaire en 1950, cinq en 1951. Dans l’ensemble, le niveau de fin d’étude dans
les écoles indigènes est équivalent à celui du cours moyen première année. De là, l’absence de
Mélanésiens, à quelques exceptions près, au collège jusqu’au milieu des années 50. Le premier
bachelier kanak (Boniface Ounou) a été recensé en 1962.
On remarquera qu’une mutation s’est opérée dans le courant des années 70, avec une
scolarisation de masse provoquée d’une part, par la modification de l’équilibre des grands
secteurs économiques avec l’émergence du tertiaire et, d’autre part, par l’élévation du niveau de
vie consécutive à l’insertion des Mélanésiens dans l’économie de marché. Les années 70 sont
aussi un tournant pour l’enseignement public qui va affirmer son nombre sur le privé, bien que
des lycées privés s’ouvrent : Blaise Pascal en 1971, Do Kamo en 1979. En 1970 54% des
enfants sont scolarisés dans le public et 46% dans le privé, en 1980 65% des élèves sont dans le
public pour 35% dans le privé. Le 1er janvier 1978, la loi Debré est appliquée en Nouvelle-
Calédonie mettant les enseignements privés sous contrat.

Lors des « événements » des années 80, s’ouvrent de nombreuses E.P.K (écoles populaires
Kanak). Celles-ci vont disparaître petit à petit, suite aux accords de Matignon. Une seule subsiste
à Canala, tenue par Adèle Jorédié.
Le système scolaire se démocratise suite aux accords de Matignon puis à l’Accord de
Nouméa. Les programmes d’histoire et de géographie sont adaptés pour le primaire, le collège,
les lycées professionnels et généraux. Par l’arrêté du 20 octobre 1992 quatre langues kanak sont
introduites dans les épreuves du baccalauréat : le Drehu, le Nengone, le Païci, l’Ajïe. L’Accord
de Nouméa stipule que « les langues kanak sont, avec le français, des langues d’enseignement et
de culture en Nouvelle-Calédonie ». Leur place dans l’enseignement et les médias doit donc être
accrue et faire l’objet d’une réflexion approfondie. En 1991, on dénombre 821 bacheliers kanak.
En fait, même si le nombre de bacheliers mélanésiens progresse, il reste très inférieur au taux de
réussite des autres ethnies. Ceux qui réussissent ne présentent que 4% de l’effectif total entré en
maternelle, selon Charles Washetine.

2° La scolarisation des européens.

Le gouverneur Guillain ouvre la première école en 1860. En 1909, l’enseignement devient un
service distinct. Ces écoles sont souvent tenues par des femmes de fonctionnaires métropolitains
militaires ou autres (c.f. Jean Mariotti, à bord de l’incertaine), mais le faible taux de formateurs
oblige les autorités à faire appel aux religieux. Les Européens sont scolarisés en général dans
l’enseignement laïque, mais également présents dans l’enseignement confessionnel : en 1920,
800 européens scolarisés dans le privé pour 1 800 dans le public (45%) ; en 1950, 1 200
Européens sont recensés dans le privé pour 3 200 dans le public (37,5%).

En 1880, le conseil municipal de Nouméa décide de mettre en place l’école communale
gratuite et laïque. La direction de cette école est confiée à Frédéric Surleau par le maire Jean-
Baptiste Dézarnauld. La première rentrée des classes a lieu en février 1883 et intéresse 198
élèves répartis sur quatre classes. Quelques temps après, Suzanne Russier ouvre la première école
publique laïque destinée aux filles dans un bâtiment situé à l’emplacement de l’actuelle mairie.

Les enfants des colons libres fréquentent majoritairement les écoles publiques de Païta, le
collège La Pérouse ou l’école des soeurs de Cluny ; tandis que les enfants des libérés sont
envoyés dans des fermes écoles souvent tenues par des frères ou des soeurs afin de leur assurer
une « bonne éducation ». Les enfants doivent y suivre un enseignement complet : ils y entrent à
l’âge de 6 ans et doivent y rester jusqu’à 16 ans. Le programme d’une journée comprend : 4
heures de classe, 1 heure d’étude, 3 heures de travaux agricoles ou artisanaux, le reste du temps
est consacré à la prière. On peut citer pour exemple l’internat de la Néméara à Bourail tenu par
des Frères maristes qui est ouvert en 1878 ou bien celui de Fonwahri à La Foa tenue par les
soeurs de Saint Joseph de Cluny qui est ouvert en 1894 et prépare les fils et filles de
concessionnaires à leur futur métier d’agriculteurs. Ces institutions dépendent entièrement de
l’Administration pénitentiaire.

A souligner, là encore, l’importance des internats dans la scolarité des Calédoniens. Ceci est
le fait de l’éloignement géographique des colons ou des concessionnaires, mais aussi le fait de
vouloir donner une bonne éducation et de soustraire les enfants à leur milieu. A souligner,
l’importance de Bourail comme centre de formation (frères canadiens du Sacré Coeur, frères
maristes, internat privé pour les filles, écoles publiques…).
En 1959, est ouverte la première école normale à Nouméa, aujourd’hui Institut de Formation
des maîtres.
On notera une inégalité d’instruction selon l’origine géographique ou sociale des habitants.

L’école ne devient réellement obligatoire pour tous qu’en 1957, auparavant elle n’était pas
obligatoire si on habitait à plus de 2,5 km d’une école. Ceci explique que parmi les mobilisés
de la Première Guerre mondiale, on ait pu observé un grand nombre d’analphabètes chez les
broussards.

3° L’enseignement secondaire.

C’est encore le gouverneur Guillain qui pose les bases de l’enseignement secondaire. Louis
Flize et Michel Noëllat furent les organisateurs de l’enseignement du cycle secondaire. Louis
Flize devait pendant près de 30 ans susciter les réformes indispensables pour doter la colonie
d’un enseignement secondaire adapté à ses besoins particuliers.
En 1886, le collège de Nouméa prend le nom de collège colonial. Il compte 54 élèves et 9
professeurs. En 1888, il change encore de nom pour devenir le collège La Pérouse, avec Louis
Flize pour principal de 1889 à 1920. Le 31 juillet 1910, un décret instaure le Brevet de Capacité
Coloniale donnant l’équivalence du baccalauréat. En 1912, le baccalauréat est organisé pour la
première fois en Nouvelle-Calédonie.
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En 1919, sont accordées des bourses aux élèves du secondaire (Européens). Les bourses sont
accordées aux Mélanésiens en avril 1951 grâce au gouverneur Cournarie.
Il faut attendre l’autonomie, acquise en 1957 et l’application de la loi cadre dite Defferre, pour
que le secondaire prenne son envol sous la responsabilité d’un ministre local : Jean Leborgne.
Entre 1953 et 1958, les effectifs du secondaire augmentent de 50% et ceux du technique de 75%.
En 1961, le collège La Pérouse et le collège Technique deviennent des lycées et un foyer des
étudiants est ouvert à Paris. En 1963, une réforme du statut territorial supprime les ministères
locaux. C’est à un Vice-Recteur nommé l’année suivante que fut confiée la responsabilité de
l’enseignement. Le 25 novembre 1965, l’Etat prend en charge les enseignements secondaires,
techniques et professionnels. De 1970 à 2002, les effectifs du secondaire public sont passés de
2 977 élèves à 19 678 élèves et ceux du privé de 2 114 à 10 101. Nombre de collèges
commencent à fleurir dans les années 70 (par exemple, en 1973 le collège de l’Anse Vata
devenu ensuite Collège Mariotti). Suite aux accords de Matignon, on a vu s’ouvrir un grand
nombre de lycées en brousse par mesure de rééquilibrage : Poindimié, Pouembout, Wé, Touho.

Pour suivre la montée démographique, un nombre important de collèges publics sont construits
sur le Grand Nouméa : les collèges de Kaméré, Normandie, Plum, Portes de fer, Païta, le GOD
de Katiramona …
A noter, l’ouverture de l’Université française du Pacifique en 1987, qui devient L’Université de
la Nouvelle-Calédonie en 1999. Le centre universitaire se répartit entre Magenta et Nouville et il
est passé de 129 étudiants en 1988 à 1700 étudiants en l’an 2001.

4° L’enseignement professionnel.

Par l’arrêté du 24 août 1863, Le gouverneur Guillain organise la première école
professionnelle de Nouvelle-Calédonie. Celle-ci , créée en juillet 1862, est située à Nouméa, elle
est ouverte à tous les jeunes indigènes de la colonie. Mais elle sera fermée dès 1866 faute de
crédits. Les enfants seront alors placés chez des colons (artisans ou petits agriculteurs) afin de
continuer à apprendre un métier mais ils sont astreints à des leçons de lecture et d’écriture par la
décision du 15 juillet 1866. Le gouverneur Guillain met aussi en place les fermes écoles pour les
enfants de concessionnaire.

Puis l’enseignement professionnel est délaissé, bien que les récits montrent une grande
pratique agricole et artisanale dans toutes les écoles de brousse, notamment dans les écoles
privées où les élèves doivent subvenir aux besoins quotidiens. Des heures sont consacrées au
travail des champs, à la cuisine et à la couture. En 1912, une section bois et une section fer sont
ouvertes dans une dépendance du collège Lapérouse.

En 1951, sont ouvertes les premières écoles professionnelles à Port Laguerre, Do Neva,
Havila, Païta, Azareu et Nouville. La voie professionnelle ne fera ensuite que s’étoffer :
ouverture du lycée professionnel Pétro Attiti en 1974, création en 1980 des A.L.P. Les
formations professionnelles sont maintenant un enjeu majeur dans le domaine économique et
social. Actuellement les nombreux établissements professionnels publics ou privés témoignent de
l’importance de l’enseignement professionnel. On peut dénombrer cinq lycées professionnels
dans le public : L.P Escofier, L.P Industriel Jules Garnier , L.P Pétro Attiti, L.P Touho, le Lycée
Polyvalent des îles et neuf dans le privé sous contrat : lycée Do Kamo, L.P Jean XXIII, L.P
Champagnat (Païta), L.P St Joseph de Cluny, L.P St Pierre Chanel (Mont Dore), L.P Père
Guéneau (Bourail), L.P Johana Vakié (Houaïlou), L.P Gabriel Rivat (Pouébo), lycée agricole
privé de Do Neva ; ainsi que neuf A.L.P : Nouméa (Vallée du Tir), Bourail, La Foa, Koné,
Koumac, Ouvéa, Maré, Poindimié, Houailou. Des formations professionnelles sont assurées par
les M.F.R et les centres d’apprentissage.

Voici, quelques chiffres des effectifs 2002 :

ALP : annexes de lycée professionnel qui regroupent des 4ème et 3ème de détermination
professionnelle et préparent ensuite les élèves au diplôme de C.A.P au développement.
CIPPA : classe d’insertion professionnelle par alternance
CEPA : classe d’enseignement professionnel adapté.
MC : mention complémentaire (souvent un an).
FCIL : formation complémentaire d’initiative locale.
DPECF, DECF : diplômes d’études comptable et financière (lycée du Grand Nouméa).

++++

SUPPORT DOCUMENTAIRE

N.B. Le choix des documents proposé ici n’est nullement exclusif ni impératif. Tous les
documents ne sont pas à intégrer dans la même séance, le professeur utilise ceux qui servent le
mieux son projet de leçon.
Un commentaire accompagne le document : il s’agit parfois d’un approfondissement de
certains points abordés dans la partie scientifique ou de conseils quant à l’utilisation du
document. Le questionnement est laissé au libre arbitre de l’enseignant.

I LES ECOLES CATHOLIQUES.

Document N°1.

Photo des filles de St Louis en 1890.
Sources : collection service des Archives de la Nouvelle-
Calédonie 1 Num 2 148, fonds de l’Archevêché de Nouvelle-Calédonie.

A noter le port de la robe mission obligatoire, en coton blanc orné de dentelles, cousue par les
pensionnaires, elle devait cacher le cou, les chevilles et les bras.
Les cheveux courts des filles, elles étaient rasées par mesure d’hygiène. Elles ne portent pas de
chaussures.
L’air sévère des soeurs de Saint-Joseph de Cluny, revêtues de noir et complètement couvertes
pour les Européennes et les robes noires pour les monitrices indigènes.

Document N°2.

Photo des garçons de St Louis en 1908.
Sources : collection service des Archives de la
Nouvelle-Calédonie, 1 Num 2 136, fonds de l’Archevêché de Nouvelle-Calédonie.

A noter, pas de chapeau pour les garçons qui sont tête nue, le port de l’uniforme : la tunique blanche
de coton, le pantalon de toile.

Document N°3.

Photo des élèves de l’école des frères maristes, à Nouméa, en 1890.
Sources : collection
service des Archives de la Nouvelle-Calédonie, 1 Num 2 63, fonds de l’Archevêché de
Nouvelle-Calédonie.

Nous avons ici, une population européenne, confirmant le témoignage de M Etienne Zongo
(DOC N°10) ou les dires de Anne Pentecost dans « L’appel du Pacifique » : les Mélanésiens
étaient scolarisés à Païta (pensionnat St Léon), tandis que les Européens allaient à Nouméa.
Ici, contrairement aux élèves du DOC.2, il n’y a pas d’uniforme, mais on peut noter le port de
chapeau de paille. Une majorité d’Européens.

Documents N°4.
a et b. La mission de l’île des pins en 1910.
Sources : collection service des Archives de la Nouvelle-Calédonie, 2 Num 10, album de
la collection 108Fi, année 1910. Premières photos couleurs sur la Nouvelle-Calédonie.

Doc a)

Les filles de la mission de l’île des Pins, école Notre-Dame-des-Anges, aux champs.
Sources : collection service des Archives de la Nouvelle-Calédonie, 2 Num 10, album de
la collection 108Fi, année 1910. Premières photos couleurs sur la Nouvelle-Calédonie.

Doc b)

Les garçons de la mission de l’île des Pins, école Saint-Joseph au travail.
Sources : collection service des Archives de la Nouvelle-Calédonie, 2 Num 10, album de
la collection 108Fi, année 1910. Premières photos couleurs sur la Nouvelle-Calédonie.

L’intérêt de ces photos est de montrer l’activité des filles aux champs ainsi que les activités
manuelles des garçons. L’encadrement chez les soeurs était très strict, les filles n’avaient le droit
de retourner à la tribu qu’une fois par mois afin de les soustraire à l’influence néfaste du milieu.
Elles étaient rasées par mesure d’hygiène et devaient porter la robe mission cousue par leur soin.
A noter, les cheveux courts des filles et l’absence de chaussures. La lessive avait lieu tous les
quinze jours, le lundi. Leur témoignage révèle des conditions dures : le rire existait peu, la faim
les tenaillait.

Les garçons ont des vêtements moins strict, mais leur témoignage affirme que l’école était le lieu
de tous les interdits, de toutes les privations : l’interdiction de parler sa langue, l’interdiction de
parler à certaines personnes, l’interdiction de retourner à la tribu, l’interdiction de manger des
fruits… Les heures d’apprentissage scolaire semblent effacées par les heures passées aux
champs, à l’entretien des locaux ou à prier. L’un des vieux rencontrés a dit : « L’école pour nous
c’était l’école du travail ».
Encore de nos jours, les enfants de l’île des Pins ne sont scolarisés que par la D.E.C.

Longtemps dirigé par des soeurs et des frères jusqu’aux années 1990, le groupe scolaire est divisé
en deux partie : la maternelle (ancienne école des soeurs « Notre-Dame-des-Anges ») et
l’ancienne école des frères « Saint Joseph » qui regroupe le primaire et un collège, soit 380
élèves sous la direction du directeur Joseph Vakié.

Document N°5.

Photo des enfants de concessionnaires, à l’internat des filles de Fonwhari, à La Foa.
Sources : collection service des Archives de la Nouvelle-Calédonie, 2 Num 6 111, Album Jean
Guiart.

Les enfants des concessionnaires étaient retirés de leur famille afin d’asseoir une bonne
éducation et confiés à des soeurs ou des frères. Il entraient dans ces fermes écoles vers six ans et
en sortaient à seize ans.
Comme les écoles de mission pour indigènes une grande partie du temps scolaire est consacré
aux travaux des champs ou à des tâches d’intérêt public.
A noter sur cette photo : la jeunesse des enfants (filles), le port de robes sombres identiques, les
cheveux courts, les pieds nus, le bâton pour travailler aux champs ; la majorité des enfants est
d’origine européenne, bien qu’une jeune métisse apparaisse au premier plan vers la droite et
peut-être une autre en arrière plan.

Document N°6 : Emploi du temps de l’école de mission de Nakéti, à Canala, dans les années 1930.

Lever à six heures. Ménage jusqu’à 6h1/2. Etude de 6h1/2 à 7heures. A 7 heures Sainte
Messe. Déjeuner à 8 heures moins le quart. A 8 heures classe jusqu’à 9 heures. De 9 heures à 11
heures travaux des champs. De 11 heures à 14 heures, repas et récréation. De 14 heures à 16
heures classe. De 16 heures à 17 heures ½, travaux des champs. De 17 heures ½ jusqu’à la prière,
les enfants vont au village pour y chercher leurs provisions. Après la prière du soir, souper et
coucher immédiat. Après les jours ordinaires ; les jours de Dimanche et fête, récréation avant le
coucher. Jour de congé le jeudi, départ après la messe, rentrée à la prière du soir. Lavage tous les
quinze jours le lundi. Couture le mercredi soir.

Sources, Archives de l’archevêché de Nouméa, consultables sur microfilms aux archives de la
Nouvelle-Calédonie, reprises par Marie Pineau-Salaün dans sa thèse : La scolarisation des
Kanak.

Ce texte montre que seul un rudiment d’instruction est donné, dans les écoles de mission, à cause
du manque de moyens et par l’absence de bourses accordées aux kanak. Il faut préciser que dans
les faits, comme le révèlent plusieurs témoignages, le temps passé aux champs excédait bien
souvent la durée prescrite par un tel règlement : on avait classe soit le matin, soit l’après-midi
rarement les deux. Ceci est vrai jusqu’aux années 50, ce qui explique le décalage entre les écoles
publiques et privées et que le premier Mélanésien a eu le certificat d’études seulement en 1950.

Document N°7 : Témoignage d’Etienne Zongo, Directeur de la D.E.C

En 1947, j’entre en C.P à l’école mélanésienne de Sainte-Marie de Païta. L’école
européenne, tenue par des frères maristes, est celle du Sacré-Coeur à Nouméa. En 1949, après un
long voyage en camion, j’intègre l’école Saint-Tarcisius à Canala et y reste jusqu’à fin 1950. En
1951, je suis scolarisé à Saint-Léon à Païta. Une pneumonie interrompt alors ma scolarité et, en
1952, j’ai un an de convalescence à Nathalo*.
A Païta, Canala, Azareu, la entrée scolaire avait lieu le 1er mars. Comme nos aînés avant
nous, nous étions internes et ne rentrions dans nos famille que le 15 décembre, fin de l’année
scolaire. Nous avions cinq jours de classe (excepté le jeudi), à raison de trois à quatre heures de
cours par jour, et trois heures à trois heures et demie de travaux des champs. Vu l’absence de
bourses, nous étions obligés de planter ce que nous mangions.

En matière de fournitures scolaires, à cette époque, à Nathalo, il n’y avait presque rien. Les
premiers bureaux d’élèves étaient faits de bric et de broc, et tout était de guingois. Dans la classe,
seul le maître disposait de livres. Les élèves, rien. Pour écrire et faire leurs exercices, ils avaient
un carré d’isorel de 40 cm x 40 cm en guise d’ardoise, sur lequel ils écrivaient à la craie blanche.
A Nathalo, pour cause de centralisation des trois écoles catholiques de la mission de Lifou,
tous les élèves de Dueulu et de Muj (c’est à dire originaires de Eacho, Mucaweng, Hunete)
étaient internes. Ceux de Dueulu revoyaient leurs parents un week-end tous les trois mois,
lorsque le père Plasman s’y rendait avec le camion de la mission. Quant aux élèves internes de
Mij, ils revoyaient leurs parents un dimanche sur deux, à Eacho, lorsque le curé se déplaçait en
camion avec les enfants, à la fois pour la messe dominicale et pour, le soir, ramener les produits
vivriers destinés à nourrir les internes, pour toute la semaine. Etaient également internes toutes
les filles et tous les garçons de Nathalo, à partir du C.M.1. Les plus âgés avaient 18, 19, voire 20
ans. Le père Plasman voulait les soustraire à l’influence sociale néfaste des tribus de Lifou.

En 1953, années du centenaire de la prise de possession de la Nouvelle-Calédonie, j’intègre
l’école des moniteurs d’Azareu à Bourail et obtient mon certificat d’études primaires, en 1954, à
Houaïllou, centre d’examen. Fin 1955, je décroche le CAPEA, le certificat d’aptitude
pédagogique à l’enseignement autochtone. Ce diplôme m’autorise désormais à enseigner seul.
Durant les années 1956, 1957, j’ai travaillé le programme d’algèbre et de géométrie de 6ème et de
5ème. J’ai fait de même pour l’anglais avec, ici, l’aide d’un répétiteur bénévole et volontaire,
Monsieur Cadet . Pourquoi cela ? Il me semble qu’à l’époque, l’accès au collège pour des
Mélanésiens était interdit. Si ce n’était pas le cas, les modestes moyens de nos parents nous
l’interdisaient concrètement. Donc, c’était du pareil au même.

tiré de 150 ans de mémoire collective
calédonienne, édité par la ville de Nouméa.

*Etienne Zongo est originaire de Lifou.

Ce texte témoigne du peu de moyens accordés aux écoles de mission.
Les Mélanésiens obtiennent la citoyenneté en 1946, mais l’école ne s’ouvre pas tout de suite de
façon égalitaire pour eux. Le droit aux mêmes bourses que les Européens n’est obtenu qu’en
1951 par le gouverneur Cournarie. Et comme le souligne le témoignage de M. Zongo, il faudra
encore attendre longtemps pour que s’opère la décolonisation des mentalités et des
comportements humains.

II LES MISSIONS PROTESTANTES : l’exemple de Do Néva.

Document N°1

Les fondateurs de Do Neva, en 1907.
Sources : collection service des Archives de la Nouvelle-Calédonie, 1 Num 19, Album Do
Neva.
Cliché de M. Leenhardt

les notes qui suivent sont celles qui se trouvent derrière la photo :
« Les premiers étudiants à leur sortie en 1907. Les fondateurs de Do Neva, nos initiateurs.
En haut de gauche à droite : Boesoou, Jules, Elia, Toooura, Peoroi, Poindi.
Devant Boesoou : la femme de Jules, Cécilia de Maré, femme de Poindi, Loise, femme d’Elia,
Méré, 1ère femme de Peroi.
Par terre : Touelop de Ouassé, Vatou femme de Taooua et au bout Jakoué fils de Touelop,
actuellement chef de Ouassé.
Tous les enfants sauf Jakoué et Nekoiba Amos, dans les bras de sa mère Loise, sont à Vatou,
femme de Tooua : image fidèle de l’ancienne Calédonie où il n’y avait plus d’enfants. Tous ces
hommes ont porté le « bagayou » et connu les secrets de la police du bagne. »

Le 14 décembre 1902, lors de la première conférence missionnaire protestante à Maré est pris la
décision d’acheter la ferme Girard à Houaillou. En mars 1903, naîtra ainsi sous l’impulsion du
Pasteur ethnologue Maurice Leenhardt (1878-1954), la mission de Do Neva, « le vrai pays ».
Maurice Leenhardt a voulu faire de cette mission une communauté religieuse et culturelle d’où
rayonnerait le message évangélique ainsi que l’oeuvre scolaire de la société des missions. Il a pu
ainsi s’immerger complètement dans la culture kanak et en comprendre le fonctionnement. Il fut
directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études et professeur à l’Ecole nationale des langues
orientales et à l’institut d’ethnologie à Paris. Il fut le fondateur et le premier directeur de l’institut
français d’Océanie ( O.R.T.O.M., Nouméa, 1947). Il est l’auteur de plusieurs livres sur la mentalité
des Mélanésiens. Etudes sur la pensée, la notion d’espace, de temps, de société, de paroles chez les
kanaks. De ces études sortira son livre le plus connu sur la personne et le mythe dans le monde
mélanésien : Do Kamo (L’homme en son authenticité).

Arrivé dans l’île au moment où les kanak, ravagés par l’alcoolisme (l’alcool est distribué dans les
tribus par les bagnards libérés), rongés par le découragement, semblaient condamnés à disparaître à
brève échéance, il lutta vigoureusement contre le courant qui condamnait à mort tout un peuple.
C’est en ce sens qu’il faut comprendre les notes : « image de l’ancienne Calédonie où il n’y avait
plus d’enfants. » Maurice Leenhardt a réussi à leur rendre courage et à leur redonner le goût de la
vie. Cette lutte, cette expérience, appuyées par vingt-cinq ans d’études et de notes quotidiennes, sont
un parfait exemple d’ethnologie active. Le but de Maurice Leenhardt fut de donner aux indigènes
une promotion à la vie.

Les fondateurs de Do Neva sont essentiellement de Loyaltiens formés par les pasteurs missionnaires
qui viennent ensuite prêcher sur la Grande Terre.
La mission de Do Neva avait donc plusieurs objectifs :
 former d’autres pasteurs
 instruire les kanak
 les aider à s’adapter dans la société coloniale
 fonder une communauté autonome.
On notera l’étude et le respect des langues autochtones jusqu’en 1920, date où l’enseignement doit
se faire en français.

Document N°2 .

Le pasteur Maurice Leenhardt et sa femme et leurs premiers élèves en 1905.
Sources : collection du service des Archives de la Nouvelle-Calédonie, 1 Num 19-23, album Do
Neva.

Document N°3

Do Neva en 1953, la classe du certificat d’étude.
Sources : collection service des Archives de la Nouvelle-Calédonie1 Num 19, album Do Neva.

Cette photo montre la première classe de Do Neva à présenter le certificat d’étude en 1953.
Elle illustre bien la volonté du centre de Do Neva d’être un centre complet, formant et éduquant
complètement les kanak en autarcie. Melle Pittet avait aussi la charge de former les futurs
moniteurs qui enseignaient ensuite aux enfants.
Actuellement le centre de Do Neva comporte l’école primaire, 21 élèves sous la direction de
Mme Gratienne Touyada, le collège, 147 élèves sous la direction de M. Dominique Lafage et le
lycée agricole, 111 élèves sous la direction de M. Cumé.

Document N°4.

Do Neva en 1950, les menuisiers à l’atelier.
Cliché pris par le pasteur Charlemagne.

En 1950, à Do Neva, est ouverte l’école artisanale qui deviendra ensuite l’école pratique. C’est la
première véritable section professionnelle de l’Alliance Evangélique.
Le pasteur Charlemagne est le catalyseur de la scission, en 1958 de l’enseignement protestant en
deux organismes : l’Alliance scolaire et la Fédération de l’enseignement libre protestant (F.E.L.P.).
L’ASEE est établie à Lifou (Naizianu et Havila), à Maré (Tarémen), Ouvéa (Eben Eza), Poum
(Baouva Kaleba), Gomen (Baganda) et Nouméa (Do Kamo)
La F.EL.P est représentée à Voh (Tiéta), ainsi qu’à Houailou ( Nédivin) et Ponérihouen (Mou).

Document N°5.

Do Neva en 1982, les élèves de l’option agriculture en travaux pratiques.
Sources : collection service des Archives de la Nouvelle-Calédonie 1 Num 19-312, album Do
Neva.

En 1982, est ouverte une section agricole, prémices du futur lycée agricole ouvert en 1987 sous
contrat avec le ministère de l’agriculture. Actuellement le lycée agricole privé de Do Neva scolarise
111 élèves répartis en neuf classes :
 deux quatrièmes et deux troisièmes préparatoires spécialisées en production animale.
 Une terminale C.A.P.A
 Un B.E.P production agricole régions chaudes
 Un B.E.P services aux personnes.
 Deux B.A .C Pro, production fruitière.

III L’ECOLE PUBLIQUE ET DIVERS DOCUMENTS DE COMPARAISON PUBLIC / PRIVE.

Document N°1

Les filles du collège Lapérouse en 1938.
Sources fonds personnels M. Vautrin.

Document N°2

Les garçons du collège Lapérouse en 1938.
Sources fonds personnels M. Vautrin.

En 1938, le collège Lapérouse est l’unique établissement du secondaire.
Ces documents attestent donc du faible effectif du secondaire pour cette période, on compte environ
200 garçons et 80 filles. On peut mettre en rapport ces photos avec les graphiques du document
N°4. Les élèves sont en majorité de souche européenne.

Documents N°3.

Des élèves d’une école indigène et de leur instituteur. Photo, Almasy.
Sources : Jean Mariotti, Nouvelle-Calédonie, le livre du centenaire 1853-1953, association
pour l’édition des oeuvres de Jean Mariotti, éditions Grain de Sable.

Jean Mariotti souligne dans ses notes que l’instituteur est aussi un chef de tribu d’authentique
lignée, c’est-à-dire, pas un de ces petits chefs créés par l’administration coloniale. Il s’agit de
Théodore Braïno, de la chefferie Kawa que Mariotti connaissait bien, grand chef à Couli, sur le
territoire de Sarraméa, près de Farino.
L’intérêt de ces photos est de montrer que les écoles indigènes perdurent bien après l’obtention de la
citoyenneté en 1946. Le terme de moniteur, nom donné aux enseignants titulaires du certificat
d’étude primaire, continue d’être employé par habitude jusque dans les années 1980 pour désigner
les instituteurs kanak.

Document N°4.

Statistiques des effectifs publiques et privés, primaires et secondaires, professionnels, de 1920 à 1951.
D’après l’étude faite par M. Grangier, chef de service de l’instruction publique en 1950, en
Nouvelle –Calédonie

Graphique N°1.

Il montre que les Européens sont scolarisés majoritairement dans le public, ainsi qu’une nette
progression de la scolarisation des Européens après la Seconde Guerre mondiale. En 1951, plus
de 3000 élèves sont scolarisés dans l’enseignement public alors 1500 dans le privé.

Graphique N°2.

Par comparaison avec le graphique N°1, on peut montrer la progression constante de la
scolarisation des Mélanésiens. Ceux-ci ont dépassé les 4000 en 1951. Ce qui montre la croissance
démographique pour cette ethnie dès les années trente et la volonté de s’instruire. Cette
progression due à la fois à la création d’écoles nouvelles et à l’accroissement de la population
indigène est donc constante. Au contraire des Européens, les Kanak sont scolarisés dans leur
grande majorité par l’enseignement privé, bien qu’on note un renforcement de la scolarisation
des indigènes dans le public dès les années quarante. En 1930, 1/3 des enfants kanaks sont dans
le public, en 1951, ils sont scolarisés à 50% dans le public.

Graphique N°3.

A noter le changement d’échelle pour les effectifs, on ne parle plus en milliers mais en centaines.
En 1950, on ne compte que 300 élèves dans le secondaire et une centaine d’élèves dans
l’enseignement professionnel. Ceci démontre bien, le faible accès au secondaire (pratiquement
inexistant pour les kanak avant 1950) et le peu de place accordé à l’enseignement professionnel
qui n’émerge qu’ en 1951.

Document N°5
L’importance de l’enseignement professionnel En Nouvelle Calédonie. Analyse statistique
du Vice Rectorat de Nouvelle-Calédonie.

Sources : Passerelle, journal semestriel gratuit de l’éducation nationale en Nouvelle-
Calédonie octobre 2003. N°28.

En 2002, 10 934 élèves étaient scolarisés dans un établissement public ou privé du second cycle du second
degré, c’est à dire en lycée d’enseignement général (3 767) et technologique (1 777) ou lycée professionnel ou
antenne de lycée professionnel (5 390).

En 2002, sur 7 167 élèves inscrits dans des cycles relevant de l’enseignement technologique et professionnel
(niveaux IV et V), 4 380 étaient scolarisés dans des établissements publics et 2 787 dans des établissements
du secteur privé sous contrat.

Sur les 5 390 élèves de l’enseignement professionnel, 3070ont choisi les spécialités du tertiaire (comprenant
l’hôtellerie et les services aux collectivités ou aux personnes), contre 2320 inscrits dans le secteur industriel
(y compris le bâtiment).

Si on compare avec le graphique N°3 du DOC. N°4, on peut remarquer, à l’aide de ce dernier
document, que l’enseignement professionnel a pris progressivement la première place en
Nouvelle-Calédonie alors qu’il était très limité au milieu du XXème siècle.

Document N°6 : L’ implantation et la répartition des enseignements publics et libres en Nouvelle–Calédonie.

L’IMPORTANCE RELATIVE DE L’ENSEIGNEMENT PUBLIC ET DES ENSEIGNEMENTS PRIVES.

En 1979, l’enseignement public de la Nouvelle-Calédonie regroupe 64% des effectifs
scolaires, l’enseignement catholique 29%, l’alliance scolaire de l’Eglise Evangélique 4%,
la Fédération de l’Enseignement Protestant 3%. Près des deux tiers des effectifs de
l’enseignement public étudient à Nouméa et dans sa banlieue tandis que près des trois
quarts des élèves des écoles protestantes fréquentent les établissements du reste de la
Grande Terre. La répartition des effectifs de l’enseignement catholique est mieux équilibrée.
Plus de la moitié sont dans le Grand Nouméa. Faiblement représenté à Maré, Lifou,
Houaïlou, l’enseignement catholique est absent de Koumac, Gomen, Voh, Pouembout,
Moindou, Sarraméa et Bouloupari. La fédération protestante est bien représentée à Voh,
Houaïlou et Ponérihouen ; Pour part l’alliance protestante n’est réellement influente que
dans l’île de Lifou et à Houaïlou.
A l’inverse de ce qui se passe dans les zones contrôlées par l’église catholique, il n’y a
pas en Grande Terre d’action éducative puissante de la part des églises évangéliques, dans
les zones de foi protestante traditionnelle, exception fait de la vallée de Houaïlou, leur
principal centre de rayonnement.
Au total, 18 communes sur 32 comptent plus de la moitié de leurs enfants inscrits dans un
établissement public. Son recrutement est en progression constante depuis quelques années,
tant pour l’ensemble du Territoire que dans les différentes régions. Il reste minoritaire sur
la côte Est.

TABLEAU DE L’EVOLUTION DES EFFECTIFS SCOLAIRES ET DE LA POPULATION TOTALE DE NOUVELLECALEDONIE 1970-1980.

La création de nombreux internats visait à résoudre les problèmes matériels nés de l’isolement
géographique dans un pays montagneux et à caractère d’archipel. Les internats n’hébergent en
fait que 10% des effectifs scolaires.
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Les élèves mélanésiens sont largement majoritaires dans la plupart des internats de l’intérieur
et des îles. Mais à Nouméa également, par suite du rôle de cette ville dans la diffusion de
l’enseignement secondaire, Mélanésiens (43%) et non-autochtones de l’intérieur sont nombreux
dans les internats scolaires.
L’organisation scolaire en Nouvelle-Calédonie doit aujourd’hui faire face à de nombreuses
contraintes d’ordre qualitatif qu’une simple planche de répartition ne peut révéler et qu’il faut
encore évoquer.


Sources : Atlas de Nouvelle-Calédonie et dépendances, planche 48. O.R.S.T.O.M, 1981.

L’intérêt de ce document est de montrer qu’à partir des années 80, l’enseignement public prend le
pas sur les enseignements privés ainsi que la répartition des effectifs des enseignements.
J’ajouterai à propos de la répartition des enseignements protestants (F.E.L.P et Alliance scolaire)
et de la D.E.C que cette dernière est la seule à assurer la scolarité dans l’île des Pins et aux îles
Bélep où l’enseignement public est encore absent.

++++

RESSOURCES DOCUMENTAIRES

LIEUX RESSOURCES

 Les Archives de Nouvelle-Calédonie.
 La bibliothèque Bernheim
 La médiathèque du Centre Culturel Tjibaou.
 Le C.D.P.
 Le centre de documentation de la D.E.C, E.N.E.P (Place des cocotiers).

PERSONNES RESSOURCES :

 Les anciens : prêtres, frères, soeurs de écoles chrétiennes, pasteurs.
 Collègues retraités issus des divers enseignements.
 Témoignages de toute personne ayant été scolarisée en Nouvelle-Calédonie.

BIBLIOGRAPHIE

 Alban Bensa, Isabelle Leblic : En pays Kanak, édition de la maison des sciences de l’homme,
cahier 14, Paris.
 Charles Washetine : la démocratisation de l’enseignement en Nouvelle-Calédonie, cahier N°7 des
conférences de l’ADCK.
 Jacqueline Sénes : « La vie quotidienne en Nouvelle- Calédonie de 1850 à nos jours »
Hachette,1997.
 Jacques Isoulet : « Les premières années de la mission catholique à Lifou », 1858-1870 »
CTRDPNC.
 Ismet Kurtovitch : « Aux origines du F.L.N.K.S, l"U.I.C.A.L.O et l"A.I.C.L.F (1946-1953) » ,
Repères calédoniens.
 Jean Marie Kohler : « L’école inégale » 1985
 Jean Mariotti, « Le livre du centenaire 1853-1953 », p 277, 278, 279. Photos P 227, 228, 229,230, 231
 Jacques Boucher : « Une Ecole de mission en Nouvelle-Calédonie » thèse/mémoire.
 Marie Pineau-Salaün, « les kanak et l’école », thèse/mémoire.
 Dominique Bussereau et René Dosière, députés : « Nouvelle-Calédonie : les prémices dune
communauté de destin. » N°3222, 2001. Les documents d’information de l’Assemblée nationale.

ROMANS :

 Marc le Goupil : « Les filles du pionnier », 1910 , éditions du Cagou
 Jean Mariotti : « A bord de l’incertaine », grain de sable.
 Paul Bloc : « Les filles de la Néama », société d’Etudes Historiques, N° 58.
 Denyse-Anne Pentecost : L’appel du Pacifique, Robert Laffont.

DIVERS :

 Article de Bogliolo, livre du colloque PAC 1993.
 Atlas de la Nouvelle-Calédonie planche 48.
 Vice rectorat de Nouvelle-Calédonie : rapport annuel, statistiques générales, statistiques des
examens.
 La revue Mwà vée N°3, N°4, N°13, N°16, N°22, N°31.
 La revue des professeurs d’histoire et de géographie de Nouvelle-Calédonie : APHGNC.
 Le mémorial calédonien.
 Histoire et géographie B.E.P, Hommes et espaces d’Océanie, CDP 1997.
 La Nouvelle-Calédonie Histoire CM, C.D.P.N.C.
 Colloque sur l’enseignement en Nouvelle-Calédonie, 2002, livre relié, centre Tjibaou.
 Des images disponibles à la médiathèque du centre Tjibaou et aux Archives de la Nouvelle-
Calédonie.
 La France Australe de l’année 1900 , archives de la Province Sud.

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