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Quelles spécificités pour la Nouvelle-Calédonie dans l’espace mélanésien ?

samedi 17 juillet 2010

Réponses

Question 1 : À partir du document 1 faites une présentation géopolitique de la Mélanésie

La Nouvelle-Calédonie, la Papouasie Nouvelle-Guinée, les îles Salomon, Vanuatu et Fidji constituent les cinq entités politiques mélanésiennes. Situées au sud-est du Pacifique et en périphérie du géant australien, les distances et l’océan les séparent et les isolent les unes des autres. Leur ciment est identitaire et culturel.
Ces îles se différencient de part leur situation politique. Seule la Nouvelle-Calédonie n’est pas indépendante, c’est une collectivité d’Outre-mer française. En matière de coopération régionale, les pays mélanésiens sont tous membres de la Commission du Pacifique Sud mais seuls les quatre pays indépendants sont membres des Pays de Fer de lance.
Parmi ses homologues mélanésiens la Nouvelle-Calédonie semble être l’unique îlot de stabilité politique. Les quatre autre pays ayant dû faire face ou rencontrent encore de sérieux problèmes allant du coup d’Etat à l’insécurité généralisée.

Question 2 : En quoi les documents 2a et 2b témoignent-ils du rôle culturel que veut jouer la Nouvelle-Calédonie en Mélanésie

Ces deux documents témoignent du rôle actif que veut jouer la Nouvelle-Calédonie en matière de culture mélanésienne.
La recherche scientifique et les échanges humains que suppose la tenue d’un colloque sur la Mélanésie, mais aussi la valorisation d’oeuvres océaniennes au Centre culturel Tjibaou, institution qui n’a pas d’égal dans la région mélanésienne, montrent l’intérêt que porte le Territoire pour la culture mélanésienne. Avec l’aide de la France (qui a financé la construction du centre Tjibaou et finance des colloques) , La Nouvelle-Calédonie s’est donné les moyens de promouvoir l’expression de la culture mélanésienne dans ses formes traditionnelles comme contemporaines.

Question 3 : À l’aide du document 3, comparez le poids démographique et économique de la Nouvelle-Calédonie à ses voisins d’une part, et avec l’Australie d’autre part. Quelle conclusion en tirez vous ?

Le poids démographique de la Nouvelle-Calédonie est faible. Avec environ 250 000 habitants et une densité de population de 13 habitants/km2 la situation calédonienne est comparable à celle du Vanuatu.
Les deux pays qui se distinguent sont les îles Fidi, avec une densité de population forte pour la région ( 46 hab/km2 : elle est plus de trois fois supérieure à ses voisins ) et surtout la Papouasie Nouvelle-Guinée avec presque 6 500 000 hab. Huit mélanésiens sur 10 sont Papous !
Mais avec un PIB brut supérieur à la Papouasie-Nouvelle-Guinée et un PIB/hab de plus de trois millions de francs CFP ( c’est 10 fois supérieur au PIB/hab fidjien, et 30 fois celui de la PNG ! ). La Nouvelle-Calédonie se singularise par sa richesse.
Et ce ne sont à l’évidence ni ses superficies terrestre ou maritime, qui lui procurent un tel avantage.

Question 4 : À l’aide des documents 3 et 4, comparez les échanges entre la Nouvelle-Calédonie et les États mélanésiens d’une part , et avec l’Australie d’autre part. Quelles conclusion en tirez vous ?

Le principal partenaire commercial mélanésien de la Nouvelle-Calédonie est le Vanuatu. Entre ses deux pays, la valeur des importations et des exportations s’équilibrent annuellement à hauteur de 300 millions de F.cfp. Les échanges commerciaux avec les autres pays mélanésiens sont fort déséquilibrés voire quasi inexistants avec les Salomon.
La Nouvelle-Calédonie importe de la zone mélanésienne une valeur totale de 700 millions de fcfp. C’est peu par rapport aux 22 milliards de F.cfp que la Nouvelle-Calédonie importe d’Australie.
On peut en conclure que la Nouvelle-Calédonie entretient avec ses deux voisins directs, l’Australie et le Vanuatu, des relations commerciales privilégiées mais qui illustrent les écarts de développement entre ces trois pays. La Nouvelle-Calédonie est riche par rapport aux autres pays mélanésiens, ce qui explique le niveau de ses importations avec l’Australie. La balance commerciale calédonienne avec le partenaire australien est en outre largement déficitaire.

Question 5 : D’après les documents 1 et 5, quelles sont les difficultés politiques rencontrées par les États mélanésiens. Comment s’expliquent-elles ?

Les Etats mélanésiens ont tous dû faire face à des troubles et une instabilité politique : coup d’État (Fidji), guerre de sécession et insécurité généralisée (PNG) … Les causes sont multiples : rivalités claniques, revendications foncières, xénophobie ( immigration indienne à Fidji ).
En Nouvelle-Calédonie, 13 années (de 1975 à 1988) de tensions politiques aboutissent aux accords Matignon en 1988 puis en 1998 à l’Accord de Nouméa, qui prend « enfin » compte de la dimension identitaire de la revendication nationaliste.
Un constat, sous forme d’interrogation, est fait : le principe démocratique occidental tout comme le « modernisme » provoquent en terres mélanésiennes des réactions.

Synthèse

Quelles spécificités pour la Nouvelle-Calédonie dans l’espace mélanésien ?

La Mélanésie est avant tout une aire culturelle. La spécificité calédonienne dans l’espace mélanésien est politique et économique.
Des 5 pays mélanésiens la Nouvelle-Calédonie est le seul à n’être pas pleinement souverain. Mais il pourrait le devenir.
Les pays mélanésiens ont tous connu des soubresauts politiques sérieux. A Fidji par exemple, des coups d’Etat successifs ont en leur temps remis en cause l’appartenance de cette ex-colonie britannique au Commonwealth. Partout en Mélanésie les valeurs démocratiques doivent s’adapter aux réalités locales (tribalisme, conflits interethnique, xénophobie…). C’est aussi vrai en Nouvelle-Calédonie.
Collectivité d’Outre-mer française, la Nouvelle-Calédonie a un statut qui lui confère une large autonomie. C’est l’Etat Français qui dispose des prérogatives régaliennes. L’Accord de Nouméa, signé le 5 mai 1998 est en soit une spécificité, le pays étant appelé, entre 2014 et 2018, à une autodétermination sur son indépendance ou son maintien dans la République. Cet Accord fut l’aboutissement d’une période trouble et sanglante qu’a connu le Territoire dans les années 1980. Les revendications foncières, la revendication identitaire et nationaliste kanak s’expriment sur fond des conflits interethniques. L’instabilité politique locale provoque dans la région mélanésienne mais aussi avec Canberra un ressentiment anti Français. L’ organisation mélanésienne des Pays de Fer de Lance est crée en 1988 pour soutenir le FLNKS. Avec les accords de Matignon, signés en 1989, la paix revient et l’Accord de Nouméa la consolide. Aujourd’hui, au sein d’un gouvernement collégial, une solution politique originale est expérimentée pour pérenniser la paix et le développement économique.
La coopération régionale avec les capitales mélanésiennes et Canberra est au beau fixe. Aussi, la participation de la Nouvelle-Calédonie au Forum des îles du Pacifique Sud (qui rassemble 16 pays océaniens indépendants ), en tant que membre à part entière, ainsi que sa participation comme observateur aux travaux des Pays du Fer de Lance sont désormais évoquées. Rappelons enfin que le siège de la Commission du Pacifique Sud est à Nouméa. La France et l’Australie comptent parmi les principaux bailleurs de fonds de cette organisation régionale qui a pour principal objectif le développement des îles océaniennes.
La spécificité économique calédonienne en Mélanésie découle-t-elle de son statut politique ?
Oui, mais le nickel y contribue aussi.
Collectivité d’Outre mer , la Nouvelle-Calédonie fait partie intégrante de la République Française. Chaque année, la Loi de finance du Gouvernement français, via le budget des DOM TOM, la concerne. Le salaire de tout le personnel administratif ou assimilé en dépend, de même le fonctionnement des administrations territoriale, provinciale et communale. En 2008, les dépenses de l’Etat en faveur de la Nouvelle-Calédonie s’élevaient à plus de 126 milliards de F.cfp. On parle d’économie de transfert.
Les gisements de nickel calédonien renferment 30 % des réserves mondiales. En 2007, les exportations calédoniennes de nickel représentaient une valeur totale de plus 172 milliards de Fcfp ( sur une valeur totale exportée de178 milliards F.cfp ! ). Bientôt, deux nouvelles usines (Vavouto et Prony) vont ajouter leur production à celle de Doniambo. Plusieurs milliers d’emploie directs (1400 à Doniambo) et indirects sont concernés. En terme d’investissements, de salaires et de retombées fiscales ( 22 milliards de F.cfp en 2008 ), l’activité minière est depuis plus d’un siècle la valeur sûre de l’économie du Territoire. Mais le caractère mono-industriel du pays s’en trouve renforcé ( au détriment du monde rural ) et le Territoire se retrouve intégré, au travers des grands groupes industriels tels que Eramet et Vale-Inco, dans la globalisation économique mondiale sur laquelle elle a guère les moyens de peser.

Aucun autre pays mélanésien ne peut bénéficier de telles garanties financières. En Mélanésie, la ligne Nord/Sud sépare la Nouvelle-Calédonie de ses voisins mélanésiens. Cependant, les disparités économiques et sociales sont en Nouvelle-Calédonie bien réelles. Les efforts de rééquilibrage en faveur des deux Provinces, Nord et Iles, n’empêchent pas l’exode rural. Dans la capitale les squats font partie du paysage.
Peut-on parler de spécificité culturelle ?
Du peuplement austronésien à la période contemporaine, une culture originale s’est ici enracinée. La colonisation, le métissage, ou encore l’uniformisation culturelle que connaît aujourd’hui la planète n’ont pas entamé l’essentiel de l’authenticité culturelle mélanésienne. L’attachement à la terre, le respect des traditions et de la parole, la primauté du groupe et de la chefferie sont en Mélanésie des éléments culturels perceptibles majeurs.
La culture kanak, avec ses particularismes, apporte sa diversité et son dynamisme à l’ère culturelle mélanésienne. Elle s’exprime au quotidien mais également à travers diverses institutions et manifestations ( (ADCK, Académie des langues canaques, Festival des arts …) dont le Centre culturel Tjibaou est le phare.
Mais en Nouvelle-Calédonie, il est difficile de faire la part du biculturalisme et de l’acculturation.
La Mélanésie trouve sa cohésion dans son identité et sa culture. La Nouvelle-Calédonie, par son niveau de vie et son statut politique évolutif, se distingue de ses voisins mélanésiens. Avec l’Accord de Nouméa et le nickel, les calédoniens tiennent entre leurs mains leur destin.


titre documents joints

Fiche 3 PP. 54-55 géographie première

7 août 2010
info document : PDF
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