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Les premiers contacts entre la civilisation kanak et les Européens du XVIIIe siècle à 1853 : dynamiques et ruptures

jeudi 14 mai 2020 par Fabrice COLEUX

Groupe de réflexion pédagogique Histoire-Géographie-EMC Lycée
HISTOIRE-GÉOGRAPHIE
S’approprier les thèmes adaptés du programme
HISTOIRE CLASSE DE SECONDE
THÈME 7. LES PREMIERS CONTACTS ENTRE LA CIVILISATION KANAK ET LES EUROPÉENS DU XVIIIe SIÈCLE À 1853 : DYNAMIQUES ET RUPTURES

 Le programme :

Thème 7
Les premiers contacts entre la civilisation kanak et les Européens du XVIIIe siècle à 1853 : dynamiques et ruptures
(5-6 heures)
(AJOUT)

Chapitre 1. Les premiers navigateurs européens en Nouvelle-Calédonie
Ce chapitre vise à montrer les motivations des premiers navigateurs européens qui explorent la Nouvelle-Calédonie et leurs conséquences immédiates.
On peut mettre en avant :

  • L’importance des motivations scientifiques sans exclure les aspects politiques et économiques
  • La diversité des « premiers contacts »

Points de passage et d’ouverture :

  • Cook à Balade, 1774
  • D’Entrecasteaux, 1792-1793

Chapitre 2. Les relations entre la société kanak et les premiers Européens du début du XIXe siècle jusqu’en 1853
Ce chapitre vise à montrer les relations entre la société kanak et les Européens avant la prise de possession de la Nouvelle-Calédonie par la France.
On peut mettre en avant :

  • L’essor des échanges avec les baleiniers, santaliers et commerçants
  • L’ampleur de l’action missionnaire (London Missionary Society, frères maristes)
  • Les conséquences sur la société kanak : déclin démographique, acculturation et conflits internes

Points de passage et d’ouverture :

  • Ta’unga, teacher de la London Missionary Society
  • Mgr Douarre et la mission mariste
  • Un marchand, James Paddon

Pourquoi enseigner le thème « Les premiers contacts entre la civilisation kanak et les Européens du XVIIIe siècle à 1853 : dynamiques et ruptures » en classe de seconde ?

L’exploration du Pacifique s’inscrit dans un vaste mouvement d’exploration qui débute au XVIe siècle dans le prolongement des Grandes découvertes. Il s’intensifie au XVIIIe, animé par l’esprit de la philosophie des Lumières.
Les premiers contacts entre la population kanak et les Européens sont une rupture historique majeure. Le concept de rupture est difficile à manier car il ne peut être limité à une date. Les premiers contacts s’étalent dans le temps et provoquent de nombreuses dynamiques qui bouleversent profondément la civilisation kanak. On observe en outre toujours des formes de continuité entre l’avant et l’après.

Problématique : Comment les premiers contacts ont-ils bouleversé la civilisation kanak ?

On cherchera de manière prioritaire à faire comprendre à l’élève :

  • Les motivations de l’exploration du Pacifique au XVIIIe siècle ;
  • La complexité des premiers contacts en Nouvelle-Calédonie ;
  • Les conséquences de ces premiers contacts sur les sociétés kanak.

Quelle est la place du thème dans la scolarité ?

  • Les premiers contacts entre la civilisation kanak et les Européens sont traités dès le cycle 3. Les programmes insistent sur le développement des échanges commerciaux et l’évangélisation progressive des populations.
  • En classe de 4e, l’exploration du Pacifique est replacée dans le contexte des Lumières. Les élèves abordent aussi les premiers contacts.

 Mise au point scientifique

On étudiera en premier lieu « Les premiers navigateurs européens en Nouvelle-Calédonie ». On pourra montrer que les premiers explorateurs sont animés par l’esprit des Lumières. Ils font en effet preuve d’une grande curiosité scientifique. Les équipages comptent de nombreux savants dont les travaux sont considérables. Ces voyages bénéficient également de nombreux progrès techniques dans le domaine de la navigation.
Les navigateurs européens livrent les premiers témoignages écrits sur les sociétés insulaires du Pacifique Sud. La prise de contact est donc principalement envisagée sous l’angle des Européens. Pourtant ces textes nous apprennent beaucoup sur les populations locales. Les documents émanant de sociétés de tradition orale sont très rares. En histoire des arts on pourra cependant s’appuyer sur les bambous gravés kanak qui sont un exemple de regard inversé.

Dans un second temps on abordera « Les relations entre la société kanak et les premiers Européens du début du XIXe siècle jusqu’en 1853 ». Les contacts s’intensifient progressivement entre les populations kanak et les Occidentaux. Ce sont principalement des Anglo-Saxons, commerçants britanniques venant d’Australie ou
baleiniers américains qui fréquentent les côtes de la Nouvelle-Calédonie voire s’y installent. La découverte du santal en 1842 renforce leur intérêt pour la Nouvelle-Calédonie. Ces échanges introduisent dans la société kanak quantité de nouveaux biens dont des objets en métal ou des armes à feu et redistribuent les pouvoirs au profit des groupes qui sont en relation avec les Européens. Ces contacts introduisent des maladies nouvelles qui provoquent un choc épidémiologique. L’implantation des missionnaires est la dernière grande étape de cette période. L’évangélisation de l’Océanie s’inscrit alors dans une compétition entre catholiques et protestants avec en arrière-plan la rivalité franco-britannique.

Comment mettre en oeuvre le thème dans la classe ?

Pour le premier chapitre, l’arrivée de James Cook en Nouvelle-Calédonie en 1774 est un point de passage essentiel. On rappellera que la découverte de la Nouvelle-Calédonie intervient au cours de son deuxième voyage dans le Pacifique sud. Cook a déjà réalisé d’importantes observations astronomiques et poursuit sa recherche du grand continent austral. Il livre un riche témoignage sur la population kanak de Balade.
Ce lieu fait le lien avec d’Entrecasteaux qui y accoste une vingtaine d’années après. Leurs deux témoignages ont donné lieu à d’intenses débats historiographiques car ils livrent deux visions totalement différentes de la population kanak. Cook décrit en effet une population prospère qui lui fait en outre bon accueil. À l’opposée, d’Entrecasteaux est confronté à une forte hostilité d’une population qu’il pense en crise. La recherche actuelle en Océanie s’efforce de comprendre la complexité de ces premiers contacts. On peut inviter les élèves à émettre des hypothèses sur les dynamiques qui ont pu affecter la population de Balade : conflits ou disettes suite à une catastrophe naturelle. De nombreux exemples en Océanie montrent les conséquences brutales des premiers contacts. On peut ainsi s’interroger sur un premier choc épidémiologique avec l’arrivée de Cook. La succession d’événements qui provoquent la mort de James Cook à Hawaii en 1779 est révélatrice de la complexité des premiers contacts. Elle replace les populations locales au centre de la réflexion.

Dans le deuxième chapitre, le cas de James Paddon illustre bien l’essor des échanges commerciaux. Il achète l’île Nou au grand chef Kuindo pour y construire plusieurs entrepôts. Les marchandises acquises sur les côtes de la Nouvelle-Calédonie et des autres îles de la Mélanésie proche sont ensuite exportées vers l’Australie. Paddon fait aussi la transition entre l’époque des premiers contacts et les débuts de la colonisation. En 1853, il obtient de l’administration, en échange de l’île Nou, un vaste domaine agricole à Païta où il installe des colons venus d’Australie.
L’implantation des missionnaires débute en 1840. L’évangélisation de l’Océanie s’inscrit alors dans une compétition entre catholiques et protestants avec en arrière-plan la rivalité franco-britannique. Les points de passage et d’ouverture sont consacrés aux deux grandes organisations missionnaires qui ont évangélisé la Nouvelle-Calédonie, la LMS (London Missionary Society) et la Société de Marie (« les pères maristes »).
La LMS est la première à s’implanter dans ce qu’on appelle à l’époque les Loyalty Islands. Elle compte des pasteurs européens et des pasteurs polynésiens appelés teachers. Un de ses teachers, Ta’unga a laissé un récit de sa mission à Touaourou
(Yaté). Les pères maristes font le choix de s’installer à Balade. On traitera de la complexité du processus d’évangélisation.
Des conflits ont explosé à plusieurs reprises entre missionnaires et populations locales. L’évangélisation a généralement suivi les réseaux traditionnels « les chemins coutumiers ». Les missionnaires ont su s’adapter aux réalités locales en s’insérant dans les réseaux traditionnels, « les chemins coutumiers ». La conversion des chefs kanak s’inscrit également dans des stratégies de pouvoir recherchant l’alliance des missionnaires et jouant de leurs rivalités. La christianisation bouleverse la société kanak mais donne aussi lieu à des phénomènes d’acculturation qui prolongent un fonds culturel plus ancien.

 Pistes bibliographiques :

  • D. Barbe, Histoire du Pacifique des origines à nos jours, Perrin, 2008
  • J. Cook, Relations de voyage autour du monde, La Découverte, 2005
  • J. Guiart, Découverte de l’Océanie, t.1, Connaissance des îles, Nouméa-Papeete, éd. Le Rocher-à-la-voile, 2003
  • G. Pisier, D’Entrecasteaux en Nouvelle-Calédonie - 1792-1793, Société d’études historiques de Nouvelle-Calédonie (SEH-NC), 1976

titre documents joints

Les premiers contacts entre la civilisation kanak et les Européens

14 mai 2020
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