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Des aménagements sous le signe du rééquilibrage

jeudi 15 juillet 2010 par Célestine BELEOUVOUDI

I.2 Les espaces français du Pacifique.

I.2.3 Des aménagements sous le signe du rééquilibrage.

COMMENTAIRE

Il s’agit de mettre en évidence les différentes politiques d’aménagement réalisées et
envisagées qui doivent contribuer au rééquilibrage des trois provinces.

NOTIONS : réseau de transports, urbain, suburbain, interurbain, agglomération, délégation
de service public, Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme, Plan d’Occupation des
Sols, pôle économique, emplois directs et indirects, lotissement.

 ORIENTATIONS

Lors de la provincialisation adoptée en
1989, il a été constaté une forte différence
de développement entre le Sud, le Nord et
les Iles Loyauté. Suite à cela, chaque
province a mis en place une politique
d’aménagement planifiée en fonction de
ses besoins et de ses perspectives d’avenir.

Cette politique s’applique dans différents
domaines mais deux axes d’études ont été
choisis :

  • Les transports urbains et
    suburbains ;
  • Le SDAU Voh-Koné-
    Pouembout

Le premier axe concerne la ville de
Nouméa et l’agglomération du Grand
Nouméa (qui comprend les communes du
Mont-Dore, de Nouméa, de Dumbéa et de
Païta). Selon le contrat d’agglomération
2000-2004, la rénovation et la
modernisation du système de transport en
commun auparavant obsolète, peu fiable et
coûteux a été décidé. L’objectif est
d’aboutir à une politique tarifaire
accessible aux plus défavorisés pour
effectuer des déplacements dans
l’agglomération entre les zones d’habitat et
d’emplois éventuels.

Le deuxième axe répond à la volonté de
l’ensemble des signataires de l’Accord de
Nouméa de prévoir l’aménagement
accompagnant l’implantation de l’usine du
Nord et l’exploitation minière du massif de
Koniambo. Les acteurs institutionnels
locaux (mairies et Province) se chargent de
la mise en oeuvre au niveau des
équipements nécessaires à la bonne
réalisation de ce projet. L’enjeu est de
créer un pôle économique de
développement dans la région Voh-Koné-
Pouembout (VKP).

L’horaire dévolu à cette séance est d’une
heure sur un volume de cinq heures. Il est
judicieux de traiter ce thème après avoir
étudié la ruralité.
Dans ce dossier d’accompagnement,
l’aménagement en province des Iles n’a
pas été traité mais les professeurs
intéressés peuvent envisager de traiter
l’adduction en eau potable à Ouvéa ou
encore un aménagement touristique.
Les documents complémentaires se
trouvent à la fin de ce dossier.

 MISE AU POINT SCIENTIFIQUE

Lors de la mise en place des accords de Matignon-Oudinot en 1988, il a été décidé des
priorités en matière d’aménagement suite à l’attribution des compétences qui incombaient à
l’Etat vers les trois provinces nouvellement créées. Ces priorités ont concerné divers
domaines tels que : l’enseignement primaire et l’équipement du secondaire, les infrastructures
routières sur le territoire provincial, de la santé, de la culture et du développement
économique (aménagement touristique). Une période d’une décennie avait été fixée pour
parvenir à la réalisation de l’objectif qui avait été décidé, à savoir le rééquilibrage économique
entre les provinces. Le bilan a été négatif puisque il y a encore un grand décalage entre la
Province Sud et les Provinces Nord et Iles.

Ainsi lors de l’Accord de Nouméa (1998), les priorités se sont alors réorientées vers
d’autres secteurs tels que l’industrie (projets de l’usine du Nord et Goronickel), l’agroalimentaire
(les pêcheries, l’agriculture, les fermes aquacoles)… Mais il a persisté une
continuité dans les secteurs importants (Santé, Enseignement et Formation, Habitat, Culture)
qui ont découlé des Accords de Matignon.

 A) Les transports urbains et suburbains (dans Nouméa et le Grand Nouméa) :

Le réseau urbain

Avant la rénovation et la modernisation du système de transport en commun. Il existait
une sorte de taxi collectif (babycar) soumis à des agréments donnés à des transporteurs
(chauffeurs de cars patentés) sur des circuits et des horaires déterminés par la municipalité
de Nouméa. Le réseau prenait une forme d’étoile dont le centre correspondait à l’ancienne
gare routière avec des radiales reliant les différents quartiers de la ville. L’usager devait
prendre le bus dans son quartier, descendre au centre ville et prendre une correspondance
afin de se rendre à son lieu de travail. Ce système a été jugé obsolète, peu fiable et
coûteux.

En 1993, le BETURE (cabinet de prospection métropolitain) a été sollicité par la mairie
afin d’établir un plan de déplacement urbain, de juger le pourcentage d’utilisation
actuelle, d’émettre des projections et de retracer les circuits en tenant compte des zones
d’habitat et d’emplois.
La délibération 540 du 25 janvier 1995 du Congrès est la première de ce nom en
Nouvelle-Calédonie. Celle-ci fixe les conditions d’accès à la profession (entrepreneurs et
chauffeurs), les obligations (par exemple la billetterie) ; en clair, elle impose le
conventionnement.

Document 1 : Extrait de la délibération susdite : articles 29 et 30.
Les réseaux urbains et suburbains ne sont rentables que sur Nouméa et sur le Grand
Nouméa.

Le réseau urbain est géré par le GIE (Groupe d’intérêt Economique) KARUIA depuis le
24 novembre 1999 par délégation de service public. La délégation de service public est un
contrat de gré à gré entre une collectivité (ici la municipalité) et une entreprise privée.
Les bus (nom donné à un transport en commun dans lequel les passagers peuvent être soit
assis, soit debout) sont modernes et confortables. Les circuits ont été repensés différement
afin d’éviter les attroupements de population au centre-ville, la nouvelle gare routière est
située désormais entre Doniambo et Montravel. Cette gare étant localisée loin de la ville,
l’effet escompté s’est révélé un échec puisque la population se rassemble désormais sur la
place de la Marne, qui correspond à un arrêt de bus. Les trajets sont plus longs
qu’auparavant, mais les bus sont plus réguliers. Certaines zones qui n’étaient pas
desservies le sont maintenant, comme le quartier de Numbo.

Document 2 : carte du réseau KARUIA.

Notons qu’il y a des arrêts de bus devant les établissements scolaires de la ville (collèges
et lycées), ce qui permet aux élèves de rejoindre leur lieu d’étude plus facilement et plus
rapidement. Les trajets correspondent aux lieux d’émission et de réception de flux
(maison/travail/maison). Environ 90 à 95% des circuits actuels sont figés. La municipalité
souhaite que les Nouméens utilisent autant ce moyen de transport pour se rendre sur les
lieux de loisirs que pour se rendre sur le lieu de travail.
Le réseau suburbain
En ce qui concerne le réseau suburbain, il s’agit aussi d’une délégation de service public,
mais cette fois-ci entre la province Sud et l’entreprise CARSUD datant de mai 2001. Le
réseau a été actif à partir de février 2002 et concerne l’agglomération du Grand Nouméa.

Document 3 : Carte du réseau CAR SUD.

L’agglomération a été divisée en 5 zones : Païta, Dumbéa, Nouméa, Boulari et Mont-
Dore. Le réseau est composé de lignes principales qui ont pour point de convergence
Nouméa (Gare de Montravel) ; elles sont appelées aussi lignes primaires et correspondent
aux lieux de travail, contrairement aux lignes secondaires qui sont en relation avec les
zones d’habitat. L’objectif de créer des mini-réseaux locaux à partir de ces lignes
secondaires a été abandonné à Païta, Dumbéa-Rivière et Koutio. L’usager devait prendre
la ligne secondaire de son « quartier » pour rejoindre le terminus et emprunter la
correspondance pour la ligne primaire qui le conduirait à Nouméa. Ce changement de
véhicule a suscité le mécontentement du public qui ne semble pas habitué à ce système.
En revanche, celui-ci fonctionne très bien au Mont-Dore et dans la zone Robinson et
Mairie-Annexe (Plum). Cela peut s’expliquer par le fait que le sud de l’agglomération est
beaucoup moins fréquenté par les cars interurbains que le nord. En effet, lorsqu’une
personne veut faire une course en ville au départ de Païta, elle monte dans un car qui
descend de Brousse et qui s’arrête à la gare routière en ville ; pour le retour, elle prend le
car en ville et descend à Païta. Le « pouce » (autostop) est aussi une habitude des gens
pour se rendre d’un endroit à un autre.
Le bilan après deux ans de service est plutôt positif en ce qui concerne la fréquentation du
réseau : un million de passagers a été transporté en 2002 et un million deux cent mille en
2003. Le réseau est en constante amélioration et les décideurs accordent les circuits pour
desservir les nouveaux lotissements comme celui de Nakutakoin et Julisa.

Document 4 : extrait d’un article paru aux Nouvelles Calédoniennes datant du 7février
2004.

Le réseau interurbain

Le réseau interurbain concerne la liaison entre les différents villages en dehors de
l’agglomération du Grand Nouméa ou d’un village émetteur de passagers vers Nouméa. Il
s’agit d’un réseau très fréquenté et qui permet de relier la province Nord et la province
Sud mais aussi l’intérieur de la province Sud avec l’agglomération. Cette continuité
territoriale concerne la DITTT (Direction des Infrastructures et des Transports
Territoriaux) et les provinces concernées. La desserte est assurée par des entrepreneurs
privés qui sont sous contrat avec la DITTT, les provinces et les municipalités.
Poya est la commune qui pose problème puisqu’il y a franchissement de frontière de
province. Il y a ici un flou juridique.
Actuellement, il existe deux grands transporteurs interurbains : l’entreprise Dubois qui
dessert presque toute la côte ouest (par exemple la ligne Koumac-Nouméa) et l’entreprise
Poanoui pour la quasi-totalité de la côte est (Poindimié-Nouméa).

 B) Le SDAU VKP (le Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme Voh-Koné-Pouembout) :

Définitions :

Le SDAU est un plan d’urbanisme (1/50 000e) qui fixe les orientations de l’urbanisation
future. Conçu pour les grandes agglomérations, il est révisé périodiquement et sert de
référence pour le POS (Plan d’Occupation des Sols).
Le POS distingue plusieurs zones : zone urbaine, zone industrielle, zone inconstructible
car zone agricole à protéger.
« La réalisation de l’Usine du Nord pour l’exploitation minière du massif de Koniambo
constitue un des objectifs essentiels en matière de rééquilibrage, voulu par l’ensemble
des signataires de l’Accord de Nouméa ».
Afin de répondre à cette volonté politique, la Province Nord ainsi que les acteurs
institutionnels locaux se doivent d’accompagner ce projet d’usine afin qu’il se réalise au
mieux.
Il a donc été décidé l’élaboration d’un schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme
sur le périmètre des trois communes Voh-Koné-Pouembout.
A l’heure actuelle, ce territoire est essentiellement rural. Il est donc nécessaire de prévoir
et de planifier les bouleversements importants que la construction de cette usine
provoquera dans de nombreux domaines. L’enjeu de ce SDAU est de répondre au mieux
aux besoins des populations qui viendront s’installer dans la région lors de la réalisation
de l’usine tout en tenant compte de l’existence de la population déjà en place.
Il convient alors d’anticiper les besoins en emplois directs et en emplois indirects, de
prévoir les zones d’habitat, d’évaluer les besoins en infrastrucutures scolaires et post-bac
et de créer un véritable pôle économique dans la région.
Le SDAU est prévu sur une durée de quinze années avec des études réactualisables en matière
démographique et économique.

Document 5 : Extrait du cahier des clauses techniques particulières du SDAU VKP :

Objectifs de l’étude et présentation des acteurs.

Le développement économique :

Le SDAU s’appuie sur les activités préexistantes à la construction de l’usine et prévoit de
développer plusieurs pôles (BTP, enseignement, agro-alimentaire…). Ainsi, la commune de
Voh accueillera le pôle industriel à Vavuto du fait de sa proximité. S’y installeront les soustraitants
directs, la zone industrielle et artisanale et la restauration sur place. Il est aussi prévu
un pôle de diffusion touristique avec un centre d’information qui devrait associer les tribus
alentour.
Le pôle des commerces et des services sera à Koné afin de renforcer son caractère de cheflieu.
Une grande et une moyenne surfaces, une galerie commerciale et divers commerces
donneront au centre de Koné un aspect moins rural. Les services médicaux qui existent déjà
seront renforcés par un centre médical et un laboratoire d’analyses. Loisirs et équipements
sportifs accompagneront ces implantations. Le pôle BTP sera à la sortie de Baco près de la
transversale Koné-Tiwaka (lien avec la côte est).
Le pôle enseignement se trouve actuellement à Pouembout où il existe déjà le lycée
agricole qui possède une filière professionnelle, générale et technologique et une filière postbac
(BTS). Il a été décidé la construction d’un lycée d’enseignement public à vocation
générale et technologique. Pouembout conservera son caractère agricole avec la mise en place
d’un pôle agro-alimentaire.

Document 6 : Fiche présentant le développement économique.

L’habitat :

Les projections démographiques estiment la population à environ 3 545 ménages à l’horizon
2015. Il est à noter que Koné sera la commune la plus peuplée, du fait de son importance mais
aussi de sa situation. Sur l’ensemble du territoire, les besoins en logements ont été envisagés :

  • environ 700 logements en tribus seront nécessaires soit une cinquantaine de logements par an
  • près de 1 850 logements hors tribus (dus à l’accroissement de la population résidente et
    l’apport des populations extérieures).
    Au total, il y a 16 projets de lotissements (hors tribu) à construire d’ici 2015 à savoir :
  • 6 à Voh dont 3 qui seront livrés en 2005-2006
  • 8 à Koné dont 1 qui a débuté en 2003
  • 2 à Pouembout qui seront livrés en 2005-2006.

L’enseignement primaire :

En ce qui concerne l’enseignement primaire, la province poursuivra ses efforts pour
développer les écoles de proximité, agrandir les groupes scolaires existants et en créer de
nouveaux. Les écoles de proximité se situent en tribu et accueillent les enfants de la préélémentaire
jusqu’au CE1 pour certaines et jusqu’au CM2 pour d’autres. A la fin du cursus
primaire, les élèves rejoignent les collèges du secteur : le collège public à Koné et le collège
protestant de Tieta (à Voh).
Le SDAU VKP est en cours de réalisation. La deuxième tranche doit être finalisée en mars
2004 et la troisième tranche dans le courant de la même année.
La revue mensuelle Tour de côte, traitant de la province nord est un outil essentiel pour
s’informer.


titre documents joints

Des aménagements sous le signe du rééquilibrage

15 octobre 2010
info document : PDF
261.5 ko

Accompagnement du programme adapté de géographie en première bac pro.


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