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Les espaces français du Pacifique : unité et diversité

mercredi 14 juillet 2010 par Bertrand SOYARD

3 - Les espaces français du Pacifique : unité et diversité

COMMENTAIRES

La France exerce sa souveraineté sur trois archipels du Pacifique : la Nouvelle-Calédonie, la
Polynésie Française et Wallis-et-Futuna. Les espaces concernés occupent des superficies
inégales et réduites : 19103 km2 pour la Nouvelle-Calédonie, 3521 km2 pour la Polynésie
Française et 255 km2 pour Wallis-et-Futuna. Par contre, ces trois possessions françaises
totalisent un espace maritime de plus de 7 millions de kilomètres carrés, ce qui permet à la
France d’avoir la deuxième zone économique mondiale après les Etats-Unis.

Les trois territoires français du Pacifique possèdent des caractères communs : espace
insulaire et périphérique, éloignement avec la métropole, degré plus ou moins fort de
dépendance financière et économique. Mais ils affichent aussi des différences marquées dans
les domaines économiques, sociaux, politiques et culturels.

NOTIONS :

  • Territoire
  • Autonomie
    – Disparité
    – Centre/périphérie
    – Migrations
    – Dépendance
    – Aire d’influence
    – Interdépendance
    – Environnement
    – Reconversion
    – Urbanisation.

ORIENTATIONS

Dans cette étude, on s’attache à comparer
les trois territoires français du Pacifique.
On montre comment sont organisés ces
archipels en étudiant leur espace, les
données démographiques et socioéconomiques,
les activités dominantes, leur
identité, et leur soumission à
l’environnement international. Mais il ne
faut pas limiter cette étude en dressant un
inventaire sur les contraintes et les
potentiels de ces trois territoires, ni
insister, outre mesure, sur leur dépendance
vis à vis de la métropole. On peut
s’interroger sur l’existence de relations
privilégiées entre ces trois espaces
(mouvements migratoires de Wallis et
Futuna vers la Nouvelle-Calédonie),
sachant toutefois que des milliers de
kilomètres les séparent les uns des autres.
On peut aussi étudier les dynamiques des
centres et leur aire d’influence sur des
espaces terrestres éparpillés.

Mise en oeuvre : 2 heures

Les trois territoires français du Pacifique
ont déjà été situés, il s’agit maintenant
d’analyser les données sur les enjeux de
leur développement.
En s’appuyant essentiellement sur
l’analyse et la confrontation des données
de différents documents (obstacles et défis,
pyramides des âges, photographies, cartes
des îles à la même échelle, texte sur les
« vraies » richesses), on établit une grille
de lecture sur les points communs et les
diversités qui existent entre ces trois
possessions françaises du Pacifique.
On replace également l’étude à l’échelle
des territoires de l’Océanie. Ces trois
espaces français ont un état de
développement et un niveau de vie qui se
différencient singulièrement des 18 autres
territoires et Etats insulaires de la région.
On se garde d’une présentation figée de ces
territoires et on met en avant les
dynamiques actuelles.

 MISE AU POINT SCIENTIFIQUE

Les documents mentionnés dans cet approfondissement scientifique sont présentés dans le support documentaire
qui suit.

La notion d’interdépendance n’est pas adaptée pour expliquer les relations qui existent entre
les trois collectivités françaises. En revanche, cette relation d’échanges qui lie deux ensembles
dont l’un ne peut fonctionner sans l’autre se caractérise en Polynésie française et en Nouvelle-
Calédonie par la polarisation très forte autour de leur agglomération principale. En ce qui
concerne les liens entre ces territoires et la France métropolitaine, on a tendance à évoquer
plus facilement une relation de dépendance plutôt que d’interdépendance. Même si, sur le
plan politique ces espaces sont de plus en plus autonomes, ils restent très dépendants
financièrement de la Métropole. Cela est criant à Wallis-et Futuna, où l’économie de
l’archipel est pratiquement entièrement inféodée aux transferts de l’Etat. Ainsi, le bon niveau
de l’économie de l’Outre-mer français du Pacifique réside, à des degrés plus ou moins forts,
dans les transferts financiers de l’Etat et non pas dans ses exportations. En effet, les balances
commerciales de ces collectivités sont fortement négatives. Le taux de couverture des
importations par les exportations ne dépasse pas 50% en Nouvelle-Calédonie et il est moitié
moindre en Polynésie française.

On appelle migration le déplacement d’une personne ayant pour effet de transférer la
résidence d’un lieu d’origine à un lieu d’arrivée. Les déplacements de courte durée qui
n’entraînent pas de changement de résidence ne sont pas à proprement parlé des migrations :
ainsi les mouvements pendulaires, entre le lieu de résidence et le lieu de travail, ne sont pas
étudiés dans cette séance. Concernant la mobilité intra-régionale on insiste sur l’étude des
migrations intérieures, c’est à dire des périphéries vers leur centre :
• Flux de main-d’oeuvre plus ou moins important entre Tahiti et les îles périphériques (Iles
Marquises, Iles Australes, Iles sous le vent).
• Migrations des Loyaltiens et des habitants de l’intérieur vers le Grand Nouméa.

En Nouvelle-Calédonie, pour remédier à cet « exode », on a construit des hôpitaux et des
établissements scolaires en Province Nord et aux îles Loyauté. On mise beaucoup sur le
développement économique pour retenir les populations dans leur province d’origine. De
nouveaux projets touristiques et industriels ont été élaborés dans cet esprit.
En Polynésie française, on a mis en place un programme de décentralisation des services
publics pour diminuer ces migrations vers Papeete. On a même constaté depuis 1996 un
inversement des flux migratoires vers l’archipel des Tuamotu-Gambier. Ce phénomène est lié
au développement de la perliculture et du tourisme.

Tout comme les migrations internes, les migrations inter-régionales, entre les trois espaces
français du Pacifique, peuvent avoir des effets positifs ou négatifs. Ces migrations peuvent
servir de filet de sécurité pour éviter le surpeuplement des petites îles. Ainsi, la population de
Wallis-et-Futuna est 1.4 fois inférieure à leur communauté résidant en Nouvelle-Calédonie.
Beaucoup de jeunes quittent ce petit archipel de 255 kilomètres carrés pour rechercher un
emploi. « Cet état de chose, associé à une absence d’immigration vers Wallis-et-Futuna, fait
qu’il devient difficile de trouver un partenaire pour se marier qui ne soit pas un membre de la
même famille. » (source : La Communauté du Pacifique, Démographie et planification du développement
dans le Pacifique, Nouméa, 2002.)

La notion d’autonomie est essentiellement étudiée dans le sens politique du terme. Les
espaces français du Pacifique ont, pour chacun d’entre eux, des institutions qui leur sont
spécifiques. Depuis quelques années, à l’exception de Wallis-et-Futuna, l’ensemble des
relations entre la métropole et ses territoires a connu d’importantes transformations. L’Accord
de Nouméa a permis à la Nouvelle-Calédonie d’acquérir plus de pouvoirs. Cette collectivité
territoriale est dotée d’un gouvernement issu de la représentation proportionnelle de groupes
élus au Congrès. La Polynésie française, déjà dotée d’un gouvernement et d’une assemblée,
souhaite s’inspirer de l’évolution statutaire de la Nouvelle-Calédonie pour changer son dernier
statut. Aujourd’hui, les collectivités françaises du Pacifique poursuivent chacune leur voie au
sein de la République avec des compétences qui leur donnent une grande autonomie politique.

On peut constater dans les trois espaces français du Pacifique une certaine homogénéité de
leur situation démographique (population jeune), économique (forte dépendance de transferts
financiers venus de métropole) et sanitaire (de gros progrès depuis une dizaine d’années) ;
mais il ne faut pas passer sous silence leurs grandes disparités, aussi bien au niveau de leur
statut, de leurs ressources, de leur développement économique, de leur superficie terrestre,
etc. Il faut aussi évoquer les disparités qui existent à l’intérieur même de ces territoires, en
soulignant les fortes différences de développement entre le centre et les périphéries ainsi que
les grandes inégalités entre les populations (de revenus, d’activité, etc.).

 SUPPORT DOCUMENTAIRE

Document 1.

Les espaces français du Pacifique (îles habitées) à la même échelle
Source : montage de l’auteur d’après un document du magazine Géo n° 274 décembre 2001.

Les territoires du Pacifique sous responsabilité de la France ont des superficies terrestres très
différentes. Ainsi, la Nouvelle-Calédonie avec une superficie de 19103 km2 est de très loin le
plus vaste territoire. A titre de comparaison, Lifou (1207 km2) dépasse en superficie l’île de
Tahiti (1042 km2).
Les archipels « orientaux » français du Pacifique sont de bien plus petite taille.
La Polynésie française (3521 km2) regroupe environ 130 îles, îlots et atolls composant cinq
archipels répartis sur à peu près 5 millions de kilomètres carrés d’océan : les Marquises, les
Tuamotou, les Gambier, les îles de la Société et les îles Australes.

La plupart de ces îles sont
très exiguës, parfois moins de dix kilomètres carrés (Rimatara : 9km2 et plus de 900
insulaires). Les trois quarts des îles habitées sont fort éloignés de Tahiti qui est le centre de la
Polynésie française. Ces archipels font partie d’une périphérie dont l’éloignement, l’étroitesse
des espaces terrestres et l’isolement semblent être des contraintes insurmontables pour leur
développement. Certaines îles ayant accueilli des communautés humaines sont aujourd’hui
inhabitées. Les conditions de vie difficiles dues à leur situation périphérique et à leur exiguïté
ont conduit à leur abandon. Aujourd’hui, les migrations internes vers les îles du Vent (74% de
la population) semblent maîtrisées. Toutefois les Marquises et les Australes connaissent
toujours une forte émigration.
L’archipel de Wallis-et-Futuna, composé de trois îles principales (Uvéa, Futuna et Alofi)
d’une superficie terrestre totale de 255 km2, est confronté lui aussi au problème d’exiguïté et
d’isolement. Faute de terres, d’emplois salariés et de perspectives économiques, un grand
nombre de jeunes quittent leur île natale pour aller chercher de meilleures conditions de vie.
90% de ces « expatriés » s’installent en Nouvelle-Calédonie.

Document 2.

Pyramides des âges représentant la population estimative en l’an 2000 et en l’an 2025.

titre documents joints

Les espaces français du Pacifique : unité et diversité

14 octobre 2010
info document : PDF
103.5 ko

Accompagnement du programme adapté de géographie en première bac pro.


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