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Lʼ évolution politique des territoires de Nouvelle-Calédonie & de Wallis-et-Futuna depuis 1945

lundi 28 novembre 2011 par Benoît HERITIER

Programme :

La leçon proposée sʼinscrit dans le cadre des questions définies par le B.O. hors
série nº11 (octobre 2007). Il sʼagit de lʼétude de la France, de la Nouvelle-
Calédonie et de Wallis-et-Futuna depuis 1945 qui se substitue au point 3
(économie, société, culture) de lʼétude de la France de 1945 à nos jours,
programme défini par le B.O. hors série nº 7 dʼoctobre 2002.

Objectifs :

  • Apporter des éléments de réflexion et des connaissances factuelles sur une
    région où vivent nos élèves tout en restant dans le cadre national puisque la
    séquence sʼinsère dans lʼétude globale de lʼévolution de la France depuis 45. On
    veillera donc à conserver cette perspective globale (nationale) dans lʼélaboration
    de la leçon.
  • Cette leçon qui sʼinscrit logiquement à la fin de lʼétude du programme dʼhistoire de
    terminale doit permettre au professeur dʼévaluer oralement (cours dialogué) le
    niveau des acquis des élèves à quelques semaines des épreuves terminales du
    baccalauréat (notamment sur les thèmes de la décolonisation et sur lʼévolution
    politique de la France depuis 1945).

Savoir :

  • les conséquences de la guerre sur ces territoires (intégrées dans une vision
    dʼensemble par les acquis du cours sur la décolonisation).
  • le changement statutaire à Wallis et Futuna.
  • Les évènements de Nouvelle-Calédonie.
  • Les Accords de Matignon et de Nouméa.
  • dates : 1959, 1961, 1984-88, 1988, 1998.
  • Personnages : J. Lafleur, J.M Tjibaou.

Savoir-faire :

  • analyser et expliquer un document.

Supports pédagogiques :

Cette leçon a été réalisée à partir du travail effectué lors du stage organisé par M.
Lextreyt (IA-IPR) à Nouméa en Avril 2009 sur les adaptations de programmes en
première et terminale, ainsi que sur le manuel édité par le CDP de Nouvelle-
Calédonie (2010), ouvrage collectif intitulé : Histoire & Géographie, la Nouvelle-
Calédonie et lʼOcéanie.

 Introduction

Comme dans lʼensemble de lʼempire colonial, lʼimpact de la Seconde Guerre mondiale
entraine une modification des rapports entre la métropole, la Nouvelle-Calédonie et
Wallis et Futuna.
Quelles sont les évolutions politiques de ces deux territoires français du Pacifique sud ?

 I-1945-1963 : Une “révolution silencieuse”

Cette période est marquée par lʼ ouverture de ces territoires sur le monde alors quʼils
vivaient jusquʼà présent repliés sur eux-même entrainant une évolution des rapports
avec la métropole qui rompt avec la logique coloniale de subordination.

 1º)Lʼimpact de la guerre

Faire appel aux pré-acquis des élèves : programme adapté de première, les
Américains à Wallis et en Nouvelle-Calédonie.

  • Carte doc.2 p.36 : les colonies ont activement participé à la libération du territoire
    métropolitain dans le cadre de la France Libre. La Nouvelle-Calédonie fait allégeance à
    De Gaulle dès 1940 alors quʼil faut attendre 1942 pour que Wallis intègre à son tour la
    France Libre à la veille du débarquement américain.
  • Lʼ intégration des deux îles dans le théâtre des opérations du Pacifique les sort
    brutalement de leur isolement.
  • Doc.7 p.42 & doc. 10b. p.43 : la présence américaine dans les deux îles fait naitre de
    nouveaux rapports avec les occidentaux. Cʼest une période de prospérité économique
    sans lendemain (hausse des salaires, manne matèrielle américaine...) mais qui a fait
    naître le “culte du GI” notamment à Wallis pour reprendre lʼexpression de J.C Roux
    (in Wallis et Futuna, chroniques dʼune micro insularité, collection iles et archipels
    nº21, Bordeaux, 2005).

Ainsi, les changements provoqués par la guerre font naître de nouvelles aspirations.
De Gaulle lʼa compris dès 1944 dʼoù le sens de son discours de Brazzaville (voir leçon
sur décolonisation). Malheureusement, les perspectives ouvertes lors de la Libération
sont restées lettre-morte dans leurs applications dʼoù les blocages qui conduisent aux
premiers conflits de décolonisation.
Néanmoins, ils permettent la création des TOM en 1946 (cas de la Nouvelle-
Calédonie).

 2º)La fin des protectorats : vers plus dʼautonomie

Rappel de la situation antérieure : un gouverneur en NC + résident à Wallis sous
son autorité.

Evolution :

  • fin des rapports de soumission entre ces iles et la métropole ;
  • détachement de la tutelle administrative néo-calédonienne pour W&F.
    Avec la Constitution de 1946 (IVe République), la Nouvelle-Calédonie devient un
    TOM avec un conseil général élu mais le gouverneur garde beaucoup de pouvoir
    jusquʼen 1956. A cette date, le conseil général est supprimé et remplacé par une
    Assemblée territoriale élue aux pouvoirs plus étendus. Lʼexécutif est confié à un conseil
    de gouvernement élu par lʼAssemblée territoriale.
    Cette loi-cadre de 1956 vise à préparer lʼoutre-mer à devenir indépendant dans la
    mesure où elle crée un nouveau centre de pouvoir.

 3º)Le retour de De Gaulle (1958)

Rappeler :

  • quʼil revient au pouvoir dans le contexte de la guerre dʼAlgérie (donc des
    problèmes liés à la décolonisation) ;
  • quʼil crée la Ve République dans la but de mettre en place un pouvoir
    permettant une remise à plat de la politique dʼoutre-mer de la France.
    La nouvelle constitution prévoit que les territoires dʼoutre-mer peuvent choisir de
    conserver ce statut ou devenir un DOM ou un Etat membre de la Communauté (sorte
    de Commonwealth à la Française).
a. A Wallis et Futuna

Travail sur le doc.6 p.93 :

  • méthode du changement statutaire ?
  • quels pouvoirs sont à la base de cette évolution ?
  • quels compromis sont passés au préalable ? Pourquoi ?

Cʼest lʼoccasion de sortir du statut archaïque du protectorat alors que la Nouvelle-
Calédonie est un TOM depuis 1946.

En 1959, le ministre de lʼoutre-mer de De Gaulle, J. Soustelle, arrive à Wallis pour
préparer le passage au nouveau statut en offrant des garanties :

  • statut quo foncier sous sa forme coutumière ;
  • maintien des monarchies et de leurs prérogatives coutumières mais en coexistence
    avec une Assemblée territoriale élue ;
  • enseignement religieux unique dirigé par la Mission mais controlé par le vice-rectorat de
    Nouvelle-Calédonie et financé par lʼÉtat.

Référendum du dimanche 27 décembre 1959 : “désirez-vous que les îles Wallis et
Futuna fassent partie intégrante de la République française sous la forme dʼun TOM ?”
Résultats : 94% de “oui” (100% à Wallis mais plus de réserve à Futuna).

Le parlement français ratifie le résultat par un vote en Juillet 1961, entérinant ainsi le
changement statutaire.

Travail sur les conséquences institutionnelles à partir du doc. 7 p.93 :

  • quels nouveaux pouvoirs ?
  • leur fonction ?
  • évolution des liens avec la NC par rapport à la situation antèrieure de protectorat ?
b. En Nouvelle-Calédonie

Lʼarchipel est déjà un TOM mais le gouvernement prend plusieurs mesures réduisant
lʼautonomie à partir de 1963 :

  • suppression des ministres calédoniens ;
  • réforme statutaire pour empêcher toute évolution vers lʼautonomie au moment où le
    Pacifique sert de terrain dʼexpérimentation pour la bombe atomique française et que le
    “boom du nickel” rend tout son intérêt économique à la Nouvelle-Calédonie ;
  • transfert de la responsabilité de lʼenseignement du second degré à lʼEtat ;
  • le gouvernement encourage une immigration massive (20 000 personnes) pour
    “métropoliser” la Nouvelle-Calédonie.

 II-Vers les accords de Matignon et de Nouméa et les conséquences sur Wallis-et- Futuna

 1º)Lʼexplosion de la violence : vers la guerre civile en Nouvelle-Calédonie

Le début des années 70 voit la naissance des mouvements indépendantistes en
Nouvelle-Calédonie posant la question de la place des Kanaks dans la société
calédonienne en dénonçant les inégalités entre Kanaks et Européens.
En 1979, tous ces mouvements indépendantistes se structurent autour du Front
indépendantiste du FLNKS de Jean Marie Tjibaou (photo doc.6 p.84) bientôt opposé
au RPCR de Jacques Lafleur (photo doc.1a p.87).

Travail sur la chronologie des “évènements” doc.7 p.85 : résumer le type dʼactions
violentes sur cette pèriode.

A partir de 1984, le territoire connait une flambée de violence (connue sous le nom
“dʼévènements”) :

  • boycott dʼélections et des rentrées scolaires de 1984-1985 ;
  • occupation des terres ;
  • expulsions, exils (commenter la photo 8a p.85) ;
  • sabotage de matériels miniers ;
  • barrages (commenter la photo 8b p.85) ;
  • séquestrations et prises dʼotages ;
  • assassinats : 20 morts sur les six premiers mois de 1985.

Travail sur le doc.10 p.86 :

  • décrire les 2 photos ;
  • quel évènement particulier illustrent-elles ?
  • travail sur le point de vue : en quoi ces deux clichés sʼopposent-ils ?

Cette violence atteint un point de non-retour avec lʼaffaire de la prise dʼotages de la
gendarmerie dʼOuvéa entrainant lʼintervention de lʼarmée en avril 1988. Bilan : 21 morts,
2 militaires et 19 Kanaks.

 2º)Les accords de Matignon (mai 1988)

Travail sur le doc.2 p.88 :

  • à quoi ces accords font-ils suite ?
  • qui réunissent-ils ?
  • pourquoi ont-ils été signés à Paris ?
  • quel en est le contenu ?

Les discussions sont menées au plus haut niveau de lʼEtat par le Premier ministre en
personne arbitrant le débat entre le FLNKS et le RPCR.

Le contenu :

  • un nouveau découpage administratif du territoire prévoyant trois provinces pourvues
    de nombreuses compétences ;
  • un programme de formation de “400 cadres locaux” en priorité choisis parmi les jeunes
    Kanaks ;
  • une politique de grands travaux pour désenclaver certaines parties de lʼîle ;
  • une indemnisation des exactions et une amnistie des infractions commises à lʼoccasion
    des “évènements” récents en dehors des crimes de sang,
  • un renvoi à 10 ans dʼun scrutin dʼautodétermination (prévu donc en 1998) sur la base
    dʼune restriction du corps électoral : seuls pourront voter les électeurs inscrits sur les listes
    électorales en 1988 et leurs descendants accédant à la majorité dʼici là.

Lʼimpact de lʼaccord :

Si dans un premier temps J.M Tjibaou semble avoir plus de mal à convaincre son
camp, dans un second temps, au référendum de novembre 1989, cʼest lʼélectorat
Kanak qui répond en majorité oui alors que lʼélectorat de J. Lafleur à Nouméa et dans le
Grand Sud choisit de dire “non” à 63% (avec 37% dʼabstention).
Lʼassassinat de J.M Tjibaou, le 4 mai 1989, ne remet pas en question lʼapplication des
accords. Au total, le bilan des accords reste solide et encourageant même si ce constat
ne doit pas cacher des déconvenues et des fragilités.

Exemples :

  • dans le domaine économique, le rééquilibrage en faveur de la brousse est
    jugé imparfait. Le chômage touche plus de 20% de la population active surtout parmi
    les ethnies océaniennes.
  • dans le domaine politique, les instances coutumières sont délaissées par
    lʼaccord.

 3º)Les accords de Nouméa et leurs conséquences pour Wallis-et-Futuna

Travail sur le doc.6 p.89 :

  • que prouve le choix du lieu de la signature de ces accords sur lʼévolution de la
    Nouvelle-Calédonie en 10 ans ?
  • quels sont les signataires de ce document ?
  • quelles nouveautés apporte ce nouvel accord ?
  • Sur quels fondements repose la citoyenneté calédonienne ?

Signés le 5 mai 1998 à Nouméa, ils sont le prolongement dans lʼesprit et les principes
des Accords Matignon de 1988. Le rééquilibrage est toujours au centre du dispositif.
Des moyens financiers conséquents sont consacrés aux infrastructures, formations,
équipements scolaires, logements sociaux...

Néanmoins, ce nouvel accord introduit quelques nouveautés juridiques :

  • les compétences de lʼÉtat seront, à lʼexception des seules compétences régaliennes,
    transférées progressivement aux institutions locales ;
  • durée de lʼaccord 20 ans (voir 15 ans minimum) soit le double de la durée prévue par
    les accords Matignon avant une consultation sur lʼautodétermination ;
  • introduction dʼune citoyenneté calédonienne définie au sein de la nationalité française, les
    citoyens calédoniens formant un corps électoral restreint et figé. Ils sont les seuls à
    pouvoir voter aux élections provinciales et au scrutin dʼautodétermination.

Deux conséquences :

  • nécessité de révision de la Constitution ;
  • impacts sur Wallis-et-Futuna dont la plupart des ressortissants vivent en Nouvelle-
    Calédonie sans parler des liens économiques et administratifs liant les deux territoires.
    Cette nouvelle situation conduit aux accords de 2003 entre lʼÉtat, la Nouvelle-Calédonie
    et Wallis-et-Futuna.

 Conclusion

Lʼévolution statutaire de la NC pourrait rendre étrangère une communauté wallisienne et
futunienne en terre française. LʼÉtat doit fournir une aide à Wallis-et-Futuna pour se
détacher de la tutelle néo-calédonienne.

Travail sur les accords particuliers de 2003 (en fonction du temps).


titre documents joints

Lʼ évolution politique des territoires de Nouvelle-Calédonie & de Wallis-et-Futuna depuis 1945

28 novembre 2011
info document : PDF
78.3 ko

Leçon portant sur le point 3 du programme adapté d’histoire de terminale.


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