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La Nouvelle-Calédonie dans la France Libre

mardi 3 août 2010 par Isabelle AMIOT

La Seconde Guerre mondiale

Thème : « La Nouvelle-Calédonie dans la France Libre. »

Commentaire du thème dans le programme adapté : « On expose les raisons qui poussent
la Nouvelle-Calédonie à se rallier à la France Libre et sans entrer dans une chronologie
détaillée, on montre les effets du Ralliement du 19 septembre 1940 en prenant comme
exemple l’engagement des volontaires calédoniens du Bataillon du Pacifique et leur
participation aux combats de la Seconde Guerre mondiale. »

Notions-clés : Ralliement, France Libre, contingent, engagés volontaires, Bataillon (mixte)
du Pacifique, FFL, FNFL, comité de Gaulle.

 ORIENTATIONS

Ce document d’accompagnement a pour
objectif de donner aux professeurs
quelques pistes et éléments qui leur
permettront de traiter ce sujet sans altérer
toutefois la liberté pédagogique qui leur
appartient pour aborder ce thème.

La question « La Nouvelle-Calédonie dans
la France Libre » s’insère dans la
quatrième séquence « La Seconde Guerre
mondiale » du bloc 1 « 1914-1945 :
Guerres, démocratie, totalitarisme, fait
colonial ». On peut placer son étude après
la séance portant sur le rôle de la France
Libre et de la Résistance.

On peut concevoir une double
problématique autour de la Nouvelle-
Calédonie dans la France Libre :

  • Pourquoi et comment la Nouvelle-
    Calédonie s’est-elle ralliée à la
    France Libre ?
  • Comment les Calédoniens se sont-
    ils engagés dans la guerre ?
    On ne perdra pas de vue que cette question
    se situe dans une problématique générale : l’évolution de la Nouvelle-Calédonie de
    1914 à nos jours.

Selon l’horaire dévolu à ce thème (1 heure
sur un horaire global de 6 à 7 heures pour
la séquence), on peut envisager une séance
organisée autour de la problématique élève
suivante « Comment la Nouvelle-
Calédonie s’est-elle engagée dans la
France Libre ? ». Dans la séance, on peut
développer les deux concepts suivants : le
Ralliement et l’engagement du Bataillon
du Pacifique.

La mise au point scientifique
accompagnant la sélection de documents
ne prétend pas traiter de manière
exhaustive ce sujet, elle se limite à
présenter quelques aspects de la question
sur lesquels on peut plus particulièrement
insister selon les classes. De même, le
choix des documents n’est pas limitatif.

 MISE AU POINT SCIENTIFIQUE

Les documents mentionnés dans cet approfondissement scientifique sont présentés dans le support
documentaire qui suit.

 I./ Le Ralliement de la Nouvelle-Calédonie à la France Libre en 1940.

La Nouvelle-Calédonie comme les autres colonies françaises du Pacifique a souvent
été oubliée dans l’histoire du Ralliement. Et pourtant elle a joué un rôle important, étant tout
d’abord « une digue protégeant l’Australie et la Nouvelle-Zélande de l’offensive japonaise et
ensuite une base de reconquête du Pacifique par les Américains » (d’après les historiens Jean-
Marc Régnault et Ismet Kurtovitch). La Nouvelle-Calédonie tient également un rôle dans la
France Libre grâce au Bataillon du Pacifique qui s’est illustré sur plusieurs champs de
bataille et aux engagés volontaires dans les Forces Françaises Libres (FFL) et dans les
Forces Navales de la France Libre (FNFL).

Le 18 juin 1940, lorsque le général de Gaulle lance de Londres son appel à la
Résistance, la Nouvelle-Calédonie est une colonie française d’environ 53 250 habitants (dont
environ 30 000 Indigènes). La population avait été consternée en apprenant la capitulation
française en juin 1940. Pendant plus de deux mois, des oppositions violentes se manifestent
entre les Vichystes et les Gaullistes dans la colonie.

Ce sont deux mouvements d’abord distincts qui permettent le succès du
Ralliement lorsqu’ils se réunissent : le « Manifeste à la population » et les comités de Gaulle
créés le 17 août 1940 qui rassemblent des centaines de signatures de gaullistes calédoniens.
A cela s’ajoute l’environnement géographique de la Nouvelle-Calédonie avec la proximité de
l’Australie et de la Nouvelle-Zélande qui peuvent assurer le ravitaillement de la colonie.

Si en juin 1940, la France préfère signer l’armistice avec l’Allemagne, le Royaume-
Uni décide de poursuivre la lutte contre les puissances de l’Axe. Le Gouverneur Pélicier,
Gouverneur de la Nouvelle-Calédonie, décide « de continuer la lutte aux côtés des Anglais »,
le 20 juin 1940, avec l’appui des conseillers généraux. Quelques jours plus tard alors que le
Gouverneur devient hésitant, le Conseil Privé, organe consultatif composé de quatre civils et
deux fonctionnaires, et le Conseil Général, assemblée délibérative de quinze membres élus,
maintiennent leur position de combattre aux côtés des Anglais. Cette résolution du 24 juin est
la preuve de la volonté des Calédoniens de ne pas accepter l’Armistice et d’entrer en
résistance. Cet épisode montre aussi une émancipation politique de la Colonie.

Au cours du mois de juillet 1940, alors que Pétain met en place l’Etat français, Michel
Vergès, notaire à Nouméa, rédige le Manifeste de la population dans lequel il réclame une
nouvelle organisation politique dans la colonie.

Le Gouverneur Pélicier fait alors appliquer les lois de l’Etat français en Nouvelle-
Calédonie et les publie au Journal Officiel de la Nouvelle-Calédonie. Cette action conduit le
Conseil Général à « désapprouver le Gouverneur et à décider de se mettre en rapport direct
avec le général de Gaulle », le 2 août 1940. A la fin du mois, le Gouverneur Pélicier est
remplacé par le lieutenant-colonel Denis.
Pendant ce temps, des colonies d’Afrique se sont ralliées à de Gaulle (Tchad, Cameroun,
Congo, Oubangui). Puis c’est le tour du Pacifique avec les Etablissements français de
l’Océanie le 2 septembre.

Document 1. Appel à tous les Calédoniens qui veulent une France Libre (La France
Australe, mercredi 11 septembre 1940)

Document 2. Manifeste du 16 septembre 1940

Dans la nuit du 18 au 19 septembre 1940, des centaines de broussards descendent à
Nouméa pour que la colonie se rallie à la France Libre. La journée du 19 symbolise ce
Ralliement avec l’arrivée du Gouverneur Henri Sautot, le représentant de De Gaulle, venant
des Nouvelles-Hébrides où il était commissaire résident de France. En fin de journée, Sautot
qui s’est installé au bureau du Gouverneur à la place du colonel Denis annonce à la population
le Ralliement de la Nouvelle-Calédonie à la France Libre.

Document 3. Télégramme du général de Gaulle à Henri Sautot, le 20 septembre 1940

 II./ L’engagement des volontaires du Bataillon du Pacifique

C’est le samedi 3 mai 1941, à 10 h 30, que naît le Bataillon du Pacifique lors de la
remise officielle du fanion au contingent, au cours d’une cérémonie aux Monument aux morts
de Nouméa. Le Gouverneur Sautot remet au chef du Bataillon, le capitaine Félix Broche, le
drapeau du corps expéditionnaire du Pacifique.

Document 4. Discours du Gouverneur Sautot le 3 mai 1941.

Sur ordre du général de Gaulle le Bataillon a été recréé (le Bataillon du Pacifique
s’était déjà illustré sur les champs de bataille en Europe pendant la Première Guerre
mondiale).
Au mois d’avril 1941, 605 volontaires, dont 287 Calédoniens, se sont inscrits pour
constituer le bataillon qui comprend également des Tahitiens et des Néo-Hébridais.

Document 5. Chant Ralliez tous De Gaulle.

Document 6. Acte d’engagement dans les FFL de Adolphus Unger.

Au départ, Calédoniens et Tahitiens constituaient deux compagnies séparées. Sous
l’impulsion de Félix Broche, commandant le Bataillon du Pacifique, les deux compagnies
sont mixées pour ne former qu’un seul contingent.
Le mois d’avril 1941 est consacré aux préparatifs du départ à la guerre. Après avoir signé leur
acte d’engagement les volontaires doivent rejoindre la caserne de Nouméa. Ils abandonnent
alors leur vie civile, laissant leurs activités et leur famille.

Document 7 a. Chant des volontaires maréens.

Document 7 b. Cérémonie coutumière de déclaration de guerre à l’Allemagne.

Document 8. L’arrivée à Nouméa des volontaires mélanésiens.

Document 9. Chant Adieu Nouméa

Le départ est prévu pour le lundi 5 mai 1941. Les 605 volontaires embarquent à bord
du Zelandia, direction l’Australie où le contingent est regroupé dans un camp à quelques
dizaines de kilomètres de Sydney. Après plus d’un mois d’entraînement le Bataillon du
Pacifique, surnommé le « bataillon des guitaristes », reprend la mer pour gagner le Proche-
Orient puis le Nord de l’Afrique.
Les volontaires du Pacifique sont alors incorporés à la Première Division française libre sous
les ordres du Général Koenig et commencent à combattre le 2 janvier 1942 près du Caire.

Le 3 mars 1943, un second contingent du Bataillon du Pacifique de près de 170
Calédoniens quitte Nouméa pour se rendre en Tunisie. D’autres Calédoniens rejoignent les
commandos parachutistes britanniques (SAS).

 III./ La participation du Bataillon du Pacifique aux combats de la Seconde Guerre mondiale

Les engagés volontaires du Bataillon du Pacifique se sont illustrés dans de nombreuses
batailles lors des campagnes d’Afrique, d’Italie puis de France.

1. La bataille de Bir Hakeim

Entre mai et juin 1942, les Calédoniens du Bataillon du Pacifique participent à la
défense de Bir Hakeim, dans le désert de Cyrénaïque (Libye), avec la Première Division
française libre, face à l’Afrika Korps de Rommel.

Document 10. François Broche raconte le 27 mai 1942.

Après plusieurs jours de combats intenses, Bir Hakeim est une victoire française que
salue le général de Gaulle en ces termes : « Général Koenig, sachez et dites à vos troupes que
toute la France vous regarde et que vous êtes son orgueil ! … Pour le monde entier, le canon
de Bir Hakeim annonce le début du redressement de la Patrie ».
Malgré la victoire, les volontaires du Pacifique portent le deuil de leurs camarades tués au
combat et de leur chef de bataillon, Félix Broche, tué le 9 juin 1942.
Le 1er juillet 1942, le Bataillon du Pacifique rejoint le premier Bataillon d’infanterie de
marine. Les deux unités fusionnent pour devenir le Bataillon d’infanterie de marine du
Pacifique (BIMP). Celui-ci participe à la bataille d’El Alamein gagnée le 4 novembre 1942
puis à la campagne de Libye.

2. La campagne d’Italie du 20 mars au 30 juillet 1944

Débarqué à Naples, le 20 mars 1944, le Bataillon combat désormais en Italie,
participant notamment à la bataille de Garigliano. Après le désert, les volontaires combattent
dans les montagnes et font preuve d’une grande bravoure.

3. La campagne de France

Les volontaires du Pacifique participent ensuite à la libération de la France après avoir
débarqué en Provence en août 1944. Des combats durs et meurtriers attendent les
Calédoniens : Hyères, Toulon, … puis la remontée du Rhône. Mais supportant difficilement le
froid lors des combats dans les Vosges, les volontaires du Pacifique sont relevés et envoyés à
l’arrière.

L’Allemagne ayant capitulé, la guerre cesse en Europe. Le Bataillon du Pacifique défile sur
les Champs Elysées à Paris, avant de gagner le sud de la France dans l’attente d’un navire.

4. Les honneurs et le retour au pays

Malgré la fin des combats et la signature de la capitulation allemande, les Calédoniens
attendent le 14 mars 1946 pour embarquer à bord du Sagittaire, depuis Marseille, afin de
regagner la Nouvelle-Calédonie.
L’arrivée triomphale a lieu à Nouméa le 21 mai 1946 après une escale à Papeete.
72 Calédoniens ont perdu la vie au cours de la Seconde Guerre mondiale et 137 ont été blessés.

Le Bataillon du Pacifique a été cité cinq fois à l’ordre de l’armée (Croix de guerre
avec palme), et il a reçu la Croix de la Libération le 28 mai 1945. Ces décorations militaires
récompensent le courage, la ténacité de tous les engagés volontaires du Pacifique qui ont
combattu pour la France Libre.

Document 11. Photographie du fanion du Bataillon d’infanterie de marine du Pacifique.


titre documents joints

La Nouvelle-Calédonie dans la France Libre

2 septembre 2010
info document : PDF
132.7 ko

Accompagnement des programmes de troisième.


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