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La participation des Calédoniens aux scrutins nationaux sous la Ve République

samedi 17 juillet 2010 par Luc STEINMETZ

La Nouvelle-Calédonie d’abord colonie française puis partie intégrante de
la République comme TOM n’a pas toujours participé aux scrutins nationaux. Comme elle n’a
eu de représentants au parlement qu’à partir de 1946, c’est seulement depuis la IVe
République qu’elle a participé à des élections à valeur nationale : directement pour les
législatives et indirectement pour l’élection du Président de la République. Mais l’accession
de tous les Calédoniens à la citoyenneté française dont le plein effet date pour les Mélanésiens
de 1957 (bien qu’il ait été proclamé en 1946) ne donne aux scrutins nationaux leur vraie
valeur qu’à partir de 1958, année qui correspond à la naissance de la Ve République. À part le
cas particulier de la première élection présidentielle de 1958 qui s’est déroulée en vertu de
l’ancien article 6 de la Constitution du 4 octobre 1958, tous les autres scrutins nationaux se
sont déroulés au suffrage universel direct qu’il s’agisse des présidentielles, des législatives ou
des référendums.
Le choix des Calédoniens lors de ces scrutins nationaux a longtemps été guidé par le
fait qu’ils étaient français et calédoniens. Ils votaient surtout en fonction de considérations
nationales mais les facteurs locaux avaient aussi une influence sur leur choix. Cette situation a
duré jusqu’au milieu des années 1970. Mais à partir de l’apparition de la revendication
indépendantiste, ce sont des facteurs locaux qui ont été déterminants, d’abord pour la
participation des Calédoniens à ces scrutins, ensuite pour leur choix en faveur de tel ou tel
candidat, chaque élection étant désormais marquée par le clivage indépendantistes/anti-
indépendantistes.
C’est ce que l’on vérifiera au travers de la présentation de tous ces scrutins, de
l’élection présidentielle de 1965 à celle de 2007, des élections législatives de 1959 à celles de
2007 et enfin des référendums nationaux (et même locaux) de septembre 1958 à mai 2005.

 I. Les Calédoniens et les élections présidentielles

Avant de voir les élections présidentielles qui se sont déroulées au suffrage universel
direct, il convient de dire quelques mots sur le cas particulier de la première élection de la Ve
République qui a vu le général de Gaulle accéder à la tête de l’État.
Cette élection a eu lieu le dimanche 21 décembre 1958 en application de l’ancien article 6 de
la Constitution complété par les dispositions de l’article 4 – alinéa 4 de la loi organique du 7
novembre 1958 relative à l’élection du Président de la République au suffrage indirect.
La salle des délibérations de l’Assemblée territoriale a été le bureau de vote et a
accueilli le collège électoral composé de 69 membres : le député, le sénateur, les conseillers
territoriaux et municipaux (seule Nouméa était une commune de plein exercice), les
présidents des commissions municipales et régionales (collectivités municipales de droit
local) et les délégués de ces commissions.
Le président de la commission municipale de Hienghène, empêché, n’avait pas pu
prendre part au vote. Sur 68 votants, le général de Gaulle a ob tenu 64 voix, Albert Chatelet 4
voix et le candidat communiste Georges Marrane 0 voix.

 1° L’élection présidentielle de décembre 1965

Pour cette première élection du Président de la République au suffrage universel en
vertu de la révision constitutionnelle intervenue en 1962, le général de Gaulle n’aurait pas eu
besoin d’un deuxième tour si les résultats de la Nouvelle-Calédonie avaient été les seuls à
compter. Avec une participation de près de 70 %, de Gaulle recueillait 60,3 % des suffrages
dès le 5 décembre 1965 devançant Jean Lecanuet qui obtenait 22,6 % des voix tandis que
François Mitterrand faisait un petit 7,4 %. La Nouvelle-Calédonie gaulliste avait fait parler
son cœur. Au 2e tour le 19 décembre, alors que la participation avait baissé de plus de 5
points, le général de Gaulle faisait 65,8 % des voix contre 34,2 % à François Mitterrand.
L’Union calédonienne, parti local majoritaire et dominant d’alors n’avait pas été suivie en
appelant à voter Lecanuet au 1er tour et Mitterrand au second, manifestant ainsi son opposition
au général de Gaulle à qui il était reproché la loi Jacquinot de 1963 sur la réduction de
l’autonomie interne.

 2° L’élection présidentielle d’avril/mai 1969

Elle faisait suite à la démission du général de Gaulle intervenue le 28 avril après son
échec au référendum sur la régionalisation. En Nouvelle-Calédonie, l’Union calédonienne
toujours dominante soutenait Alain Poher contre Georges Pompidou représentant du pouvoir
gaulliste à qui elle reprochait, en plus de la loi Jacquinot de 1963, les lois Billotte de janvier
1969. Et pourtant, alors que la participation était de 61,3 % au 1er tour, Georges Pompidou
arrivait en tête avec 51,12 % des suffrages contre 42,8 % à Alain Poher. L’influence de l’UC
était donc évidente sur ce 1er tour. Mais au 2e tour, Pompidou consolidait sa première place
avec 53,3 % des suffrages exprimés contre 46,7 % à Poher. Par la prise de position de l’UC, le
score de Georges Pompidou en Nouvelle-Calédonie était plus timide que pour l’ensemble
français qui avait élu l’ancien Premier ministre du général avec 58,2 % des voix.
Il est remarquable de constater qu’au 1er tour de cette présidentielle de 1969 des
hommes comme Gaston Defferre, pourtant le père de la loi-cadre de 1956, ou encore Michel
Rocard ou Alain Krivine n’avaient pas dépassé 1,5 % des voix. La gauche ne faisait pas
recette en Nouvelle-Calédonie au temps où l’UC, autonomiste ici était plutôt centriste dans
ses choix nationaux.

 3° L’élection présidentielle de 1974

À la suite du décès de Georges Pompidou, l’élection présidentielle de 1974 se déroule
en Nouvelle-Calédonie dans un contexte annonciateur des clivages politiques qui marqueront
les deux dernières décennies du XXe siècle. L’UC est en perte de vitesse. Elle a connu deux
scissions majeures avec la création de l’Union multiraciale de Céléne Urégei en octobre 1970
puis celle du MLC de Jean Lèques en juillet/août 1971. Les Foulards rouges créés en
septembre 1969 autour de Nidoish Naisseline ont déjà fait parler d’eux. Derrière les
revendications autonomistes on sent l’indépendantisme poindre. Le clivage gauche/droite
s’installe dans le paysage politique calédonien.
Les candidats de droite Jacques Chaban-Delmas, Valéry Giscard d’Estaing, Jean-
Marie Le Pen ou Jean Royer reçoivent le soutien des partis politiques opposés à l’autonomie
et/ou à l’indépendance. Le candidat de gauche François Mitterrand est soutenu par les partis
autonomistes.
La participation de l’ordre de 70 % retrouve son niveau de la présidentielle de 1965.
La droite est majoritaire en Nouvelle-Calédonie mais c’est cependant François Mitterrand qui
sera vainqueur de 2e tour. En effet, au 1er tour le 5 mai, François Mitterrand est en tête avec 44
% des voix et face à lui tous les candidats de droite font 54,3 %. Mais dans la Nouvelle-
Calédonie gaulliste (Chaban-Delmas était arrivé en tête à Bélep…) le vote au 2e tour pour
Giscard d’Estaing a du mal à passer et le futur Président de la République n’arrive pas à
récupérer sur son nom l’ensemble des voix qui s’étaient portées sur Chaban-Delmas au 1er
tour. Valéry Giscard d’Estaing devra se contenter de 49,75 % des suffrages laissant François
Mitterrand vainqueur en Nouvelle-Calédonie avec 50,25 % des voix.

C’est la seule et unique fois qu’en Nouvelle-Calédonie un candidat de gauche aura été
en tête de l’élection présidentielle.

 4° L’élection présidentielle de 1981

Depuis 1974 la revendication indépendantiste s’est affirmée. Le groupe 1878 a
proclamé en 1975 la lutte pour l’indépendance kanak dont le manifeste est signé quatre mois
après. En septembre 1975 la tenue du festival Mélanésia 2000 a révélé Jean-Marie Tjibaou.
Le premier congrès du Palika s’est tenu en mai 1976. Lors de son congrès de Bourail en mai
1977 l’UC a adopté une motion en faveur de l’indépendance kanak. En juin 1979 le Front
indépendantiste s’est créé. À son XIe congrès d’août 1980, l’UC s’est prononcée pour
l’indépendance en 1982.
C’est dans ce contexte que se déroule l’élection présidentielle de 1981. Pour les
électeurs opposés à l’indépendance qu’ils soient ou non giscardiens, voter à droite c’est
affirmer leur attachement à la France face à François Mitterrand qui lors de son entretien avec
une mission du Front indépendantiste à Paris en novembre 1979 s’était engagé dans une
déclaration commune FI/PS en faveur de l’émancipation de la Nouvelle-Calédonie, ce que les
leaders indépendantistes avaient interprété comme un engagement en faveur de
l’indépendance.
Dès le 1er tour le 26 avril, alors que la participation est de 66 %, Giscard d’Estaing
frôle la majorité absolue avec 48,8 % des voix et Jacques Chirac obtient 17,6 % des suffrages.
En y ajoutant les voix de Marie-France Garaud et de Michel Debré, la droite fait 70 % des
voix. François Mitterrand obtient 23,3 % des voix et Georges Marchais 3,4 %.
Au second tour, Giscard d’Estaing obtient 65,5 % des suffrages contre 34,5 % à
François Mitterrand. Deux tiers/un tiers, ce sera jusqu’aux restrictions du corps électoral
consécutif à l’Accord de Nouméa le rapport entre anti-indépendantistes et indépendantistes.
Désormais toutes les élections en Nouvelle-Calédonie, locales ou nationales, seront marquées
par ce clivage et ce rapport quand toutes les forces politiques appelleront à voter.

 5° L’élection présidentielle de 1988

Elle se déroule dans le contexte de la prise d’otages d’Ouvéa qui débute le 22 avril soit
deux jours avant le 1er tour de scrutin couplé en Nouvelle-Calédonie avec les élections
régionales de mise en place des institutions du « statut Pons ».
Depuis 1981, il y a eu Nainville-les-Roches, le statut Lemoine de 1984 dont
l’application a marqué l’entrée dans la période dite des « événements », l’idée
d’indépendance-association du statut Pisani-Fabius, le scrutin local d’autodétermination du 13
septembre 1987 et enfin la préparation du statut Pons.
La situation est très tendue à l’approche du scrutin. Dans une lettre ouverte à François
Mitterrand, Jean-Marie Tjibaou souhaite le voir réélu et en réponse le Président et candidat
socialiste dans sa « Lettre à tous les Français » écrit que les « Canaques…veulent décider eux-
mêmes…car ils sont à eux seuls le suffrage universel ». Le 16 avril, une semaine avant le 1er
tour de la présidentielle, Jean-Marie Tjibaou annonce dans une déclaration le lancement
imminent d’actions qui « pourraient avoir… une répercussion nationale, desservir le Premier
ministre Jacques Chirac et contribuer à la réélection de François Mitterrand ».
Ainsi le FLNKS qui a appelé à l’abstention massive aussi bien pour l’élection
présidentielle que pour les régionales qui se déroulent en même temps entend peser sur le
scrutin par des actions de nature à faire battre Jacques Chirac. Ces actions planifiées, décidées
lors de la réunion des chefs du FNLKS à la tribu de Néaoua à Houaïlou, ce sont
principalement l’attaque des brigades de gendarmerie du Territoire. Mais le plan ne fut
appliqué que par les militants d’Ouvéa avec les suites que l’on connaît. La prise en otages des
gendarmes de la brigade de Fayaoué par un commando du FLNKS fait 4 morts.
Le 1er tour, le 24 avril 1988, est marqué par une participation de 58 % qui montre que
l’appel à l’abstention lancé par le FLNKS a été assez bien suivi par son électorat. Le contexte
du vote fait que Jacques Chirac obtient 74,67 % des suffrages exprimés, ce qui ajouté aux voix de Raymond Barre et de Jean-Marie Le Pen donne près de 94 % des suffrages exprimés
mais tout de même 56 % des inscrits qui ont ainsi exprimé un choix anti-indépendantiste.
François Mitterrand quant à lui ne fait que 4,98 % des voix et tous les autres candidats de
gauche réunis 1,29 %. Entre les deux tours et trois jours avant le 2e tour fixé au 8 mai se situe
la libération des otages d’Ouvéa au cours de laquelle 19 indépendantistes et deux militaires
sont tués.
Le 8 mai lors du 2e tour, l’électorat confirme en votant à 90 % pour Chirac son choix
du 24 avril.

 6° L’élection présidentielle de 1995

Elle se situe dans la période de la paix retrouvée des Accords de Matignon qui permet
à la plus grande partie du FLNKS et à l’UC d’appeler l’électorat indépendantiste à participer
au scrutin en portant ses voix sur le candidat socialiste Lionel Jospin.
La participation au 1er tour gagne seulement 2 points par rapport au scrutin boycotté de
1988 et atteint 60 %, mais elle est variable selon les provinces. Ainsi dans la province Nord à
majorité indépendantiste elle est seulement de 40 % et tombe à 25 % dans la province des Îles
Loyauté. Grâce à cette participation indépendantiste, Lionel Jospin fait trois fois mieux que
François Mitterrand en 1988 puisqu’ il obtient 15,87 % des suffrages, les autres candidats de
gauche atteignant à peine 3% des voix. À droite, le RPCR s’est divisé entre les candidatures
de Jacques Chirac et d’Édouard Balladur. Mais les loyalistes s’expriment majoritairement
pour Jacques Chirac qui recueille 43 % des voix alors qu’Édouard Balladur, que Jacques
Lafleur avait décidé de soutenir, en fait 26,5 %. Jean-Marie Le Pen n’obtient en Nouvelle-
Calédonie que 8 % des suffrages soit 2 fois moins qu’en métropole : c’est une confirmation
que si l’électorat non-indépendantiste est majoritairement de droite, il n’est pas pour autant
tenté par l’extrémisme.
Au 2 e tour, Lionel Jospin obtient pour l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie 26 % des
suffrages. C’est nettement mieux que le score de Mitterrand en 1988. Et Jacques Chirac, avec
74 % des votes, retrouve la large confiance des Calédoniens. Mais là encore, le score varie
selon les provinces : dans le Sud à majorité non-indépendantiste, Jacques Chirac fait 84 % des
voix tandis que dans le Nord et aux Loyauté, c’est Lionel Jospin qui l’emporte avec 55,7 %
des voix.

 7° L’élection présidentielle de 2002

Après l’Accord de Nouméa signé le 5 mai 1998, l’élection présidentielle de 2002
confirme le clivage gauche/droite, indépendantistes/loyalistes qui s’est installé depuis 1981
dans ce scrutin. Premier ministre signataire de l’Accord de Nouméa, Lionel Jospin reçoit
l’appui des partis indépendantistes qui appellent tous à voter pour lui. Mais l’électorat
indépendantiste se mobilise peu car au 1er tour la participation n’atteint que 50,7 % en recul
de près de 10 points par rapport à 1995.
Au soir du 1er tour le 21 avril Lionel Jospin a au moins la satisfaction de ne pas avoir
été placé par la Nouvelle-Calédonie dans la position honteuse de 3e derrière Jacques Chirac et
Jean-Marie Le Pen. Il fait 22,4 % des voix derrière Jacques Chirac (48,4 %) et devance ainsi
Jean-Marie Le Pen qui dépasse tout juste les 10 %. Le total des voix des candidats de droite
est de 66,7 % des suffrages exprimés laissant les candidats de gauche se partager les 33,3 %
restants provenant surtout des indépendantistes, dans la mesure où les électeurs de gauche au
sens métropolitain du terme sont peu nombreux en Nouvelle-Calédonie. Comme en 1995,
c’est dans les provinces Nord et Loyauté que les candidats de gauche ont fait leurs meilleurs
scores.
Au 2e tour le 5 mai la participation est la même qu’au 1er tour malgré l’appel du
FLNKS à l’abstention pour ne pas avoir à choisir entre Chirac et Le Pen. La Nouvelle-
Calédonie vote sensiblement comme l’ensemble français, Jacques Chirac obtenant 80,42 %
des suffrages contre 19,58 % à Jean-Marie Le Pen.

 8° L’élection présidentielle de 2007

À presque mi-parcours de la période ouverte par l’Accord de Nouméa, l’élection
présidentielle de 2007 est très « française ». Le camp indépendantiste au travers de toutes les
composantes du FLNKS ainsi que le LKS appellent à voter massivement pour Ségolène Royal
suivie en cela par la modeste fédération locale du PS. Par contre le syndicat politique et
indépendantiste USTKE choisit José Bové avec lequel il a noué des relations affichées. La
droite locale (R-UMP, Avenir ensemble en partie, RPC) soutient Nicolas Sarkozy alors que la
tendance Leroux de l’Avenir ensemble fait le choix de François Bayrou.
L’engagement de toutes les forces politiques locales dans un scrutin national fait
monter la participation à près de 63 % au 1er tour (ce qui est tout de même moins que les 75 %
en moyenne pour les élections au congrès et aux assemblées de province).
Les résultats du 1er tour sont assez proches de ceux de la métropole, au moins pour les
premières places. Nicolas Sarkozy arrive en tête avec 49,74 % (meilleur score national) suivi
de Ségolène Royal (23,73 %), François Bayrou (8,85 %). En 4e position José Bové fait une
relative percée avec 5,88 % ce qui le place en Nouvelle-Calédonie devant Jean-Marie Le Pen
qui arrive en 5e position avec 5,67 % des suffrages.
Le 2e tour mobilise encore plus les Calédoniens puisque la participation gagne 5 points
passant à 68,12 %. Nicolas Sarkozy sort en tête avec 62,89 % des voix (meilleur score
national) tandis que Ségolène Royal en recueille 37,11 %.
On n’est pas loin du rapport 2/3 – 1/3 entre loyalistes et indépendantistes qui se
rencontre dans tout scrutin où le corps électoral n’est pas restreint aux seuls citoyens de la
Nouvelle-Calédonie.

 II. Les Calédoniens et les élections législatives

Dix ans : c’est ce qu’a dû attendre la Nouvelle-Calédonie pour être représentée par un
député au Parlement. C’est en effet au milieu des années 1930 que le Conseil général de la
colonie avait demandé un député pour la Nouvelle-Calédonie. La Chambre des députés avait
accordé ce député en 1939 mais la guerre avait empêché sa mise en place. Au lendemain de la
guerre le général de Gaulle président du GPRF crée, par l’ordonnance du 22 août 1945, ce
siège de député et donne par la même occasion le droit de vote à certains autochtones (anciens
combattants, chefs, pasteurs et moniteurs de l’enseignement). Le 21 octobre 1945, Roger
Gervolino est élu député de la colonie. Acteur du Ralliement de la Nouvelle-Calédonie à la
France Libre, volontaire du Bataillon du Pacifique, Roger Gervolino siège à l’Assemblée
nationale dans le groupe de l’UDSR. Il est réélu par deux fois en 1946. Mais il est battu en
1951 par un nouveau venu sur la scène politique, Maurice-Henri Lenormand, fondateur de
l’Union calédonienne. L’élection de 1951 marque le début d’une ère de domination UC,
autonomiste puis indépendantiste, sur la vie politique locale et sur sa représentation au sein de
l’Assemblée nationale, d’abord avec Maurice Lenormand jusqu’en 1964 puis avec Roch
Pidjot jusqu’en 1978. Car 1978 marque le début d’une nouvelle ère de représentation au
Palais Bourbon, celle du RPCR et du Rassemblement-UMP avec Jacques Lafleur, Maurice
Nénou, Pierre Frogier et Gaël Yanno.
Sous la Ve république, période qui nous intéresse, ce sont 15 élections législatives qui
se sont déroulées en Nouvelle-Calédonie : 13 dans le cadre d’un renouvellement complet de
l’Assemblée nationale (dont 5 à la suite d’une dissolution) et deux dans le cadre d’une
partielle en 1964 et 1982. Hormis les élections de 1959 et de 1962 qui ont été faites au scrutin
uninominal majoritaire à un tour et celles de 1986 qui se sont déroulées à la représentation
proportionnelle, toutes ont eu lieu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.

 1° L’ère Union calédonienne (1959 – 1978)

Jusqu’à l’indépendance des Nouvelles-Hébrides devenues Vanuatu en 1980, les
ressortissants français du condominium votaient avec la Nouvelle-Calédonie pour élire le député. Jusqu’en 1973 dans le cadre d’une circonscription unique lorsque la Nouvelle-
Calédonie n’avait qu’un seul député, et en 1978 dans le cadre de la 1re circonscription
lorsque la Nouvelle-Calédonie a eu droit à deux députés. Mais ces Français des Nouvelles-
Hébrides ne représentaient qu’environ 4 % de l’ensemble des inscrits et leurs votes, toujours
hostiles au candidat de l’UC, ne l’a jamais empêché d’être élu.

a) L’élection législative de 1959

Alors que les élections législatives pour la première mandature de la Ve République se
sont déroulées en novembre 1958, elles n’ont eu lieu qu’en mai 1959 en Nouvelle-Calédonie
en raison du délai de l’exercice de l’option en faveur du statut de TOM qui n’est intervenue
qu’en décembre 1958.
L’élection du 24 mai oppose le député sortant Maurice Lenormand (UC) à deux candidats
de l’opposition locale qui s’est divisée face à l’UC : René Hénin pour l’UNR et Claude
Parazols du Rassemblement calédonien (parti du sénateur Henri Lafleur). La participation est
de 68,7 % et Maurice Lenormand est réélu député pour la 3e fois avec 67, 84 % des suffrages
exprimés avec un corps électoral où les Mélanésiens comptent pour la moitié. Jamais l’UC ne
retrouvera un tel score.

b) L’élection législative de 1962

Elle a lieu le 18 novembre à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale par le
général de Gaulle. L’opposition à l’UC a refait son unité et c’est son candidat Édouard
Pentecost qui affronte Maurice Lenormand. La participation est de 67,29 % et Maurice
Lenormand est réélu mais en perdant 10 % de son électorat par rapport à 1959 puisqu’il ne
réunit sur son nom que 55,9 % des suffrages exprimés.
De 1959 à 1964, Maurice Lenormand a siégé à l’Assemblée nationale au sein du groupe
MRP.

c) L’élection législative partielle de 1964

Elle est organisée le 7 juin 1964 pour pourvoir au remplacement de Maurice Lenormand
qui a perdu ses droits civiques à la suite d’une condamnation pénale et après qu’une décision
du Conseil constitutionnel en date du 17 mars 1964 ait constaté la déchéance de sa qualité de
député.
Trois candidats sont en lice : Roch Pidjot pour l’UC (il avait été jusqu’à présent le
suppléant de Maurice Lenormand), Édouard Pentecost pour l’opposition, et un 3e candidat que
l’on pourrait qualifier de la « gauche syndicale », Pierre-Hubert Jeanson.
Roch Pidjot est élu dès le 1er tour avec 54,4 % des voix contre 43,5 % à Édouard
Pentecost, Pierre-Hubert Jeanson ne recueillant pour sa part que 2 % des voix.
Durant ce premier mandat, Roch Pidjot a fait partie du groupe du Centre démocratique de
l’Assemblée nationale.

d) L’élection législative de 1967

Le premier tour a lieu le 5 mars et oppose le député sortant Roch Pidjot à deux candidats
de l’opposition gaulliste qui se divise encore une fois : Georges Chatenay et Edmond Caillard.
La participation est de 65,37 % et c’est une petite remontée pour l’UC dont le candidat est
réélu dès le 1er tour avec 55,27 % des suffrages exprimés contre 33,6 % à Georges Chatenay
et 9,12 % à Edmond Caillard. Mais cette remontée de l’UC n’est qu’accidentelle sur la pente
descendante que connaît ce parti depuis 1959.

e) L’élection législative de 1968

C’est celle de la dissolution décidée par le général de Gaulle pour sortir de la crise de mai
1968. Roch Pidjot pour l’UC est candidat à sa succession. Le maire de Nouméa Roger
Laroque représente l’opposition gaulliste tandis qu’un 3e candidat, Alain Bernut, que l’on peut
qualifier de populiste, est aussi dans la compétition. La participation est de 68,69 % et il s’en est fallu de peu que Roch Pidjot ait à affronter un 2e tour puisque c’est avec seulement
50,86 % des suffrages exprimés qu’il est réélu au soir du 23 juin. Roger Laroque a réuni sur
son nom 42,43 % des voix laissant à Alain Bernut les 6,71 % restants.
De 1967 à 1973, Roch Pidjot s’est inscrit au groupe PDM (Progrès et démocratie
moderne) de l’Assemblée nationale.

f) L’élection législative de 1973

L’Union calédonienne qui a connu de récentes scissions (celle qui a abouti à la création de
l’Union multiraciale autour de Céléné Urégei et celle de Jean Lèques et de ses amis qui ont
créé le Mouvement libéral calédonien) affronte ces élections affaiblie. Roch Pidjot est de
nouveau candidat mais il doit faire face à un rival autonomiste/indépendantiste en la personne
de Céléné Urégei. Du côté de l’opposition, Jean Lèques est le candidat unique des trois partis
que l’on n’appelle pas encore loyalistes mais anti-autonomistes : le MLC, l’UD et l’EDS. Un
quatrième candidat, Henri Martinet, est aussi présent au 1er tour.
Pour la première fois deux tours seront nécessaires à Roch Pidjot pour être réélu.
En effet après le 1er tour qui s’est déroulé le 4 mars et alors que la participation est montée
jusqu’à 70,46 %, Jean Lèques est en tête avec 44,1 % des voix mettant en ballotage Roch
Pidjot qui a réuni sur son nom 42,1 % des suffrages. Il est suivi par Céléné Urégei (11,2 %) ;
Henri Martinet ferme la marche avec 2,6 %.
Mais au deuxième tour, où il ne reste plus que Jean Lèques et Roch Pidjot en présence,
c’est finalement Roch Pidjot qui l’emporte avec 51,9 % des suffrages alors que la
participation a atteint 73 %.
Cette élection au 2d tour est la dernière de la domination UC dans des scrutins législatifs.
Jusqu’en 1978, Roch Pidjot a siégé avec les députés du groupe parlementaire des
Républicains démocrates sociaux.

 2° L’ère RPCR-Rassemblement-UMP depuis 1978

a) Les élections législatives de 1978

Elles portent la marque d’une nouveauté, d’une rupture et d’une continuité.

  • La nouveauté c’est la création d’une deuxième circonscription législative pour
    permettre à la Nouvelle-Calédonie d’avoir un député supplémentaire car sa population
    a augmenté.
  • La rupture c’est, avec l’élection de Jacques Lafleur, la fin du monopole UC de la
    représentation de la Nouvelle-Calédonie à l’Assemblée nationale que ce parti détenait
    depuis 1951.
  • La continuité c’est que tous les députés calédoniens RPCR ou Rassemblement-UMP
    siègeront à l’Assemblée nationale dans le même groupe même si celui-ci a changé de
    nom entre 1978 et aujourd’hui pour s’appeler successivement le groupe RPR puis le
    groupe UMP.
    La création d’un deuxième siège de député entraîne le découpage de la Nouvelle-
    Calédonie en deux circonscriptions. La première englobe l’Île des Pins, la côte est, les
    Loyauté et les ressortissants français des Nouvelles-Hébrides, soit environ 25 000 inscrits. La
    seconde correspond à la côte ouest de la Grande-Terre avec environ 53 000 inscrits. Deux
    circonscriptions inégales, mais le Conseil constitutionnel n’a alors pas encore imposé le
    découpage des circonscriptions législatives sur des bases démographiques équilibrées.
    L’indépendantisme s’affirme en Nouvelle-Calédonie. Le Palika est né en 1975. À son 8e
    congrès l’UC à Bourail a pris position en mai 1977 pour l’indépendance kanak. Au plan
    national, il s’agit de faire barrage à la gauche et à son programme commun. Le clivage entre
    adversaires et partisans de l’indépendance kanak se projette dans le scrutin législatif.
  • Dans la 1re circonscription cinq candidats sont en compétition : 4 indépendantistes ou
    autonomistes (le député sortant Roch Pidjot qui trouve ainsi une circonscription conforme à ses liens claniques puisqu’il est en réalité originaire de Pouébo, Céléné
    Urégei du FULK, Nidoish Naisseline alors Palika et André Gopéa de l’UPM). Face à
    eux, Dick Ukeiwë est candidat RPCR.
    Au 1er tour le 12 mars, avec une participation de 61,3 % sans compter les voix des
    Nouvelles-Hébrides, Roch Pidjot est en tête avec 34,67 % suivi par Dick Ukeiwë qui
    obtient 28,14 des suffrages. Il y a donc ballotage, mais au 2e tour alors que la
    participation tombe à 57,4 %, Roch Pidjot est élu député de la 1re circonscription par
    59,4 % des voix contre 40,6 % à Dick Ukeiwë.
  • Dans la 2e circonscription, Jacques Lafleur, qui a fondé le RPC en avril 1977 pour
    regrouper les adversaires de l’indépendance, est candidat. Les indépendantistes sont
    présents avec les candidatures de François Burck pour l’UC et de Gaston Bélouma
    pour le Palika. Trois autres candidats de notoriété moindre sont aussi présents pour ce
    1er tour. Le taux de participation est de 68,5 % et Jacques Lafleur est élu dès ce 1er tour
    avec 55,2 % des suffrages devant François Burck qui fait 18,1 % des voix.
    Sur l’ensemble des deux circonscriptions les voix non-indépendantistes représentent 60 %
    des suffrages exprimés. Ce qui prouve que la création d’un 2e siège de député a permis à Roch
    Pidjot de garder son mandat et que c’est cette 1re circonscription qui a été taillée sur mesure
    pour les indépendantistes plutôt que la 2e pour Jacques Lafleur et les non-indépendantistes. Si
    la Nouvelle-Calédonie n’avait conservé qu’un seul député, Roch Pidjot aurait été battu.
    Durant cette législature, Roch Pidjot a été député non-inscrit.
b) Les élections législatives de 1981

Les Nouvelles-Hébrides sont devenues indépendantes. La 1re circonscription de
Nouvelle-Calédonie est désormais purement calédonienne. François Mitterrand vient d’être
élu Président de la République. Il dissout l’Assemblée nationale. Le clivage droite/gauche, et
en Nouvelle-Calédonie non-indépendantistes/indépendantistes, est plus fort que jamais.

  • Dans la 1re circonscription, Roch Pidjot se représente pour l’UC mais il a deux
    concurrents issus de la mouvance indépendantiste : Nidoish Naisseline qui est LKS
    depuis qu’il a quitté le Palika et Charles Haudra du Rassemblement démocratique
    calédonien. Henri Wetta est candidat du RPCR tandis que Lionel Cherrier représente
    la FNSC.
    Au 1er tour, la participation est de 55,8 % et c’est Roch Pidjot qui arrive en tête avec
    39,19 % des suffrages exprimés suivi par Henri Wetta (25,9 %) et Nidoish Naisseline
    (24,4 %), les deux autres candidats étant éliminés. Le 2e tour est une triangulaire dont
    Roch Pidjot sort vainqueur avec 41,9 % des suffrages tandis qu’Henri Wetta fait
    35,2 % et Nidoish Naisseline 22,9 %.
    Pour son dernier mandat et jusqu’en 1986, Roch Pidjot sera député apparenté
    socialiste.
  • Dans la 2e circonscription Jacques Lafleur est candidat face à 8 compétiteurs dont
    deux des plus importants sont Stanley Camerlynck pour la FNSC et François Burck
    pour l’UC. La participation est de 61,7 % et Jacques Lafleur est réélu dès le 1er tour
    avec 54,3 % des suffrages exprimés.
    Sur l’ensemble des deux circonscriptions, les voix non-indépendantistes représentent
    57,5 % des suffrages exprimés.
c) L’élection législative de 1982

C’est une élection législative partielle qui ne se déroule que dans la 2e circonscription et
fait suite à la décision de Jacques Lafleur de démissionner de son mandat de député pour
protester contre l’installation des indépendantistes à la tête du gouvernement local. Cette
installation a été possible grâce à un changement d’alliance décidé par la FNSC qui jusque-là
était alliée au RPCR pour constituer la majorité à l’Assemblée territoriale et au conseil de
gouvernement. Le parlementaire en mission Christian Nucci, député socialiste, nommé haut-
commissaire au lendemain de l’arrivée au pouvoir de la gauche avait été le chef d’orchestre de cette opération. En démissionnant, Jacques Lafleur entendait rendre la parole au peuple pour
qu’il condamne ce qu’il considérait comme une forfaiture.
L’élection se déroule le 5 septembre. Face à lui Jacques Lafleur ne retrouve aucun
candidat de la majorité de circonstance au pouvoir puisque le Front indépendantiste et la
FNSC (de peur d’être désavouée) ne présentent pas de candidat et prônent l’abstention. Seul
Michel Jacquet affronte le député sortant tout en se proclamant adversaire de l’autonomie et
de l’indépendance. Jacques Chirac vient en Nouvelle-Calédonie soutenir le candidat RPCR.
La participation est de 53,5 % et l’élection tourne au plébiscite pour Jacques Lafleur qui
obtient 91,42 % des suffrages.

d) Les élections législatives de 1986

Elles se déroulent pendant les années sombres des « événements ». François Mitterrand
est au pouvoir depuis 5 ans. Sur la lancée du boycott des élections territoriales de novembre
1984, le FLNKS décide de ne pas présenter de candidat et appelle ses électeurs à ne pas
participer au scrutin. Scrutin qui se déroule à la représentation proportionnelle, la Nouvelle-
Calédonie ayant toujours droit à deux députés. Malgré le boycott du FLNKS, la participation
dépasse la moitié des inscrits puisqu’elle est de 50,4 %. Trois listes sont en compétition. Celle
du RPCR est une liste d’union loyaliste : Jacques Lafleur la mène avec Maurice Nénou en 2e
position. Une liste indépendantiste soutenue par le LKS est conduite par Gabriel Païta.
François Néoéré est à la tête d’une liste proche du FN baptisée Vérité-Fraternité-Vivre
français. Avec 88,5 % des suffrages exprimés, la liste du RPCR a les deux élus. Jacques
Lafleur retrouve le chemin de l’Assemblée nationale. Maurice Nénou y entre pour la première
fois.
Désormais, et sans partage jusqu’en 2007, le RPCR/Rassemblement-UMP aura par ses
députés le monopole de la représentation de la Nouvelle-Calédonie à l’Assemblée nationale.

e) Les élections législatives de 1988

Elles font suite à la dissolution décidée par François Mitterrand après sa réélection à la
Présidence de la République. Elles se déroulent de nouveau au scrutin uninominal majoritaire
à deux tours mais avec un nouveau découpage des circonscriptions consécutif à la décision du
Conseil constitutionnel d’exiger une représentation plus équilibrée sur une base
démographique. Ce qui est réalisé puisque les deux circonscriptions de Nouvelle-Calédonie
ont chacune le même nombre d’électeurs inscrits à quelques unités près.
La première circonscription comprend Nouméa, l’Île des Pins et les Loyauté ; la deuxième
la Grande-Terre (sans Nouméa) et Bélep.
La Nouvelle-Calédonie sort du drame d’Ouvéa. Le FLNKS poursuit son boycott des
élections nationales. Aucune candidature indépendantiste n’est présente. Le duel RPCR/Front
national tourne à l’avantage du parti de Jacques Lafleur. Lui-même est réélu avec 83,2 % des
suffrages exprimés dans la 1re circonscription tandis que Maurice Nénou fait encore mieux en
obtenant 86,2 % des voix dans la 2e circonscription. Le FN frôle les 14 % des voix dans les
deux circonscriptions.

f) Les élections législatives de 1993

Après les Accords de Matignon et la paix retrouvée le FLNKS fait son retour dans le jeu
électoral national avec la candidature de Roch Wamytan dans la 1re circonscription. Les
candidatures non-indépendantistes sont nombreuses : Jacques Lafleur est candidat à sa
succession ; il doit affronter Dick Ukeiwë (qui n’a pas apprécié que Simon Loueckhote lui ait
été préféré pour siéger au Sénat) ainsi que cinq autres candidats de la mouvance loyaliste.
Dans la 2e circonscription, Léopold Jorédié porte les couleurs du FLNKS face au député
sortant Maurice Nénou. Quatre autres candidats briguent ce poste.

Avec une participation de 57,7 % dans la 1re circonscription Jacques Lafleur est réélu
dès le 1er tour avec 53,3 % des suffrages exprimés, suivi par Dick Ukeiwë (16 %) et Roch
Wamytan (14,3 %).
Dans la 2e circonscription où la participation est de 57 %, Maurice Nénou est aussi
réélu dès le 1er tour avec 54,1 % des voix devant le candidat du FLNKS Léopold Jorédié qui
termine à 29,9 % des suffrages. Maurice Nénou devait décéder le 27 novembre 1996. Son
suppléant Pierre Frogier accédait à la députation.
Le total des voix des candidats non-indépendantistes atteint 75,6 % des suffrages
exprimés.

g) Les élections législatives de 1997

Jacques Chirac est Président de la République depuis 2 ans. L’Accord de Nouméa se
prépare mais le FLNKS qui est en plein rapport de force avec l’État au sujet du préalable
minier (échange du massif minier de Koniambo) décide de boycotter ces législatives. Seuls
des candidats de la droite loyaliste (mis à part Jean-Raymond Postic qui ne peut être classé
dans cette mouvance) sont présents dans les deux circonscriptions.
Dans la 1re circonscription où la participation tombe à 55,2 %, Jacques Lafleur est réélu
dès le 1er tour avec 63,07 % des suffrages devançant Didier Leroux qui obtient 19,6 % des
voix.
Dans la 2e circonscription où le boycott du FLNKS se fait davantage sentir puisque la
participation tombe à 48,6 %, Pierre Frogier obtient au 1er tour 56,57 % des suffrages mais
24,63 % des inscrits. Il manque de peu l’élection au 1er tour et il doit affronter un 2e tour avec
face à lui Philippe Pentecost, candidat repêché pour la circonstance, non-indépendantiste qui
a reçu le soutien du Palika et de l’USTKE. Pierre Frogier l’emporte finalement avec 61 % des
suffrages.

h) Les élections législatives de 2002

Ces législatives ont été marquées par l’amorce du déclin électoral de Jacques Lafleur qui
pour la première fois a été mis en ballotage dans la 1re circonscription. Les indépendantistes
ont participé au scrutin en ordre dispersé dans les deux circonscriptions par les candidatures
de Wassissi Konyi dans la 1re, de Paul Néaoutyine , de Raphaël Mapou et de Gabriel Païta
dans la 2e.
Dans la 1re circonscription où la participation a été faible (42,16 % car l’UC et le LKS ont
boycotté cette élection) deux candidats seulement ont obtenu le nombre de voix nécessaire
pour accéder au 2e tour : Jacques Lafleur, qui avec 49,81 % des suffrages exprimés a manqué
de 42 voix seulement l’élection au 1er tour, et Didier Leroux, très loin derrière avec près de
quatre fois moins de voix que le député sortant, les six autres candidats étant éliminés.
Jacques Lafleur devait finalement l’emporter au 2e tour avec 55,74 % des suffrages soit 2611
voix de plus que Didier Leroux, avec une participation de 40,52 %
Dans la 2e circonscription, où 41,13 % des électeurs se rendent aux urnes, seuls Pierre
Frogier et Paul Néaoutyine du Palika ont pu accéder au 2e tour où le député R-UMP sortant
est réélu avec 55,71 % des suffrages exprimés devançant son concurrent indépendantiste de
3224 voix.

i) Les élections législatives de 2007

Elles sont marquées par l’unité retrouvée du FLNKS, qui pour le temps de ce scrutin a su
présenter un candidat dans chaque circonscription (Charles Pidjot dans la 2e et Charles
Washetine dans la 1re), et par l’élimination de Jacques Lafleur dès le 1er tour dans la 1re
circonscription.
Le contexte est particulier. Aux élections locales de 2004, le R-UMP a perdu la majorité
au congrès et à l’assemblée de la province Sud désormais contrôlée par l’Avenir ensemble,
parti qui exerce aussi la présidence du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Le Rassemblement-UMP sous l’autorité de Pierre Frogier a entrepris sa rénovation. Jacques
Lafleur l’a quitté pour refonder le RPC.
L’Avenir ensemble se divise dans la 1re circonscription avec deux candidats, Didier
Leroux et Philippe Gomès, tandis que dans cette même circonscription Gaël Yanno, du R-
UMP, qui a obtenu l’investiture officielle de l’UMP doit affronter la dissidence de Pierre
Maresca mécontent que les primaires internes ne l’aient pas retenu comme candidat alors que
Jacques Lafleur se représente avec la volonté d’empêcher Gaël Yanno d’être élu.
Au 1er tour la participation est de 54,9 %, Gaël Yanno est en tête avec 30,9 % des
suffrages. Jacques Lafleur est éliminé dès ce 1er tour et seul Gaël Yanno affronte au 2e tour le
candidat indépendantiste dont il triomphe au 2d tour avec 69,2 % des suffrages contre 30,8 %
à Charles Washetine.
Dans la 2e circonscription, le 1er tour voit le député sortant Pierre Frogier arriver en tête
avec 34,53 % des voix devant Charles Pidjot et Harold Martin de l’Avenir ensemble (eux
seuls qualifiés pour le second tour). Mais Harold Martin se retire et au 2e tour Pierre Frogier
l’emporte avec 54,13 % des voix contre 45,87 % à Charles Pidjot. La participation qui avait
été de 62 % a perdu 10 points entre les deux tours dans cette 2e circonscription alors qu’elle
avait gagné 3 points dans la 1re.

 III. Les Calédoniens et les référendums

C’est volontairement que seront traités ici aussi bien les référendums nationaux,
organisés au titre des articles 11 ou 89 de la Constitution, que les référendums locaux.
La participation des électeurs calédoniens aux référendums se divise en deux périodes.
La Nouvelle-Calédonie gaulliste a toujours acquiescé à la pratique référendaire de la
démocratie par le général de Gaulle et tant que l’homme du 18 juin a été impliqué dans la
consultation, la Nouvelle-Calédonie a participé avec des taux variant de 56 à 78 %. Après le
départ du général, le référendum intéresse moins les Calédoniens (mais c’est vrai aussi en
Métropole) d’autant qu’ici les consultations se déroulent dans la période postérieure à 1970
qui va avec l’apparition de la revendication indépendantiste kanak. Alors la participation
tombe en dessous de 50 % pour osciller entre 22 % et 48 %, sauf lorsque la Nouvelle-
Calédonie est directement concernée par la question soumise à référendum que celui-ci soit
national ou local (62,4 % pour le référendum sur la loi statutaire issue des Accords de
Matignon, 74,2 % pour la consultation d’approbation de l’Accord de Nouméa, le référendum
de 1987 constituant une exception du fait de son boycott par les indépendantistes).

 1° Le référendum du 28 septembre 1958

Ce référendum est une consultation importante dans l’histoire de la Nouvelle-
Calédonie. Elle n’est plus une colonie depuis1946, elle est un TOM. Et comme tous les TOM
elle a un double choix à faire lors du référendum du 28 septembre 1958. Elle ne doit pas
seulement dire oui ou non à la nouvelle Constitution. De la réponse qu’elle donne à la
question référendaire dépend aussi son maintien au sein de la République ou son
indépendance immédiate (pour mémoire, la Guinée qui a répondu non à ce référendum est
devenue indépendante immédiatement).
Les résultats calédoniens de ce référendum sont clairs. La participation est de 76,86 %
(elle ne montera jamais aussi haut lors d’un référendum). Le oui l’emporte par 26 085 voix
(soit 98,11 % des suffrages exprimés) contre 500 voix pour le non.

 2° Les trois référendums gaulliens de 1962 et 1969

  • Au référendum de ratification des Accords d’Évian sur l’Algérie le 8 avril 1962,
    56,19 % des Calédoniens votent et se prononcent à 91,26 % en faveur du oui.
  • La participation remonte à 60 % le 28 octobre 1962 lors du référendum sur l’élection
    du Président de la République au suffrage universel. Et c’est par 75,56 % de oui que
    les Calédoniens prennent leur part de cette révision constitutionnelle.
    - En 1969 pour le référendum du 27 avril 1969 sur la régionalisation, celui de l’adieu à
    de Gaulle, la participation atteint 65,72 % mais le oui se tasse nettement puisqu’il
    descend à 54,20 %.

 3° Les référendums de l’après-de Gaulle

- Au référendum du 23 avril 1972 sur le 1er élargissement de la CEE, la participation
passe en-dessous de la barre des 50 % pour n’atteindre que 48,94 %, mais le oui des
Calédoniens est massif : 91 %.

  • Le 2e référendum sur l’Europe, celui du 20 septembre 1992 portant approbation du
    traité de Maastricht, mobilise peu les Calédoniens : la participation n’est que de
    33,74 % et le oui est mince : 50,31 %.
  • Le référendum du 24 septembre 2000 sur le quinquennat est celui qui a le moins
    mobilisé les Calédoniens avec seulement 22 % de participation (mais elle n’a été que
    de 30 % sur l’ensemble français). Le oui l’emporte par 73,21 %.
  • Le référendum sur le traité établissant une Constitution pour l’Union européenne est
    un peu plus mobilisateur : 34,7 % des Calédoniens y participent et disent oui à 78,8 %
    alors que le non l’a emporté sur l’ensemble français.

 4° Les trois référendums concernant la Nouvelle-Calédonie

L’un est national (1988) les deux autres sont locaux (1987 et 1998). L’importance
pour la Nouvelle-Calédonie du référendum national du 28 septembre 1958 a été soulignée
précédemment.

  • Le référendum d’autodétermination du 13 septembre 1987
    Le plan Pisani de janvier 1985 sur l’indépendance-association prévoyait une loi sur
    l’autodétermination en juillet de cette même année et un référendum sur l’indépendance en
    janvier 1986. Après les péripéties que l’on sait, ce plan fut finalement abandonné et, après le
    retour de la droite au pouvoir en 1986, le gouvernement de Jacques Chirac avait décidé d’un
    nouveau statut pour la Nouvelle-Calédonie fondé sur l’autonomie et la régionalisation, tout en
    maintenant le scrutin d’autodétermination prévu par le plan Pisani.
    Ce scrutin eut lieu le 13 septembre 1987. Boycotté par le FLNKS au motif qu’il ne
    portait pas sur l’indépendance kanak et qu’il n’excluait pas les non kanak du droit de vote, il a
    été marqué par une participation de 59,10 %. Le oui en faveur du maintien de la Nouvelle-
    Calédonie dans la République l’a emporté avec 98,3 % des suffrages exprimés, soit 57,17 %
    des inscrits.
  • Le référendum national du 6 novembre 1988
    Il porte adoption du nouveau statut de la Nouvelle-Calédonie issu des Accords de
    Matignon.
    Il a été organisé de manière à éviter tout recours contre les risques
    d’inconstitutionnalité de certaines dispositions de la loi statutaire.
    En Nouvelle-Calédonie, directement concernée, la participation atteint le double de ce
    qu’elle a été pour l’ensemble français (62,4 % contre 36,9 %). Mais le rapport est inversé pour
    la réponse : le oui l’emporte ici par 57 % alors qu’il l’a emporté par 80 % dans toute la
    France.

Au sortir des « événements » et du drame d’Ouvéa, Jacques Lafleur a eu du mal à convaincre l’électorat non-indépendantiste que sa poignée de main avec Jean-Marie Tjibaou
était porteuse d’avenir. Du coup ce sont 67 % des électeurs de la région Sud qui se sont
prononcés pour le non.

  • La ratification de l’Accord de Nouméa : 8 novembre 1998
    Baptisé référendum local, le scrutin du 8 novembre 1998 est en fait une consultation
    des populations de Nouvelle-Calédonie sur les dispositions de l’Accord de Nouméa du 5 mai
    1998. Cet Accord a d’abord été constitutionnalisé par la révision constitutionnelle du 20
    juillet 1998 qui a rétabli le titre XIII de la loi suprême sous l’intitulé « Dispositions
    transitoires relatives à la Nouvelle-Calédonie ». Il a été soumis ensuite au vote des
    Calédoniens en remplacement du référendum d’autodétermination prévu initialement par les
    Accords de Matignon. Seuls ont été admis à y participer les électeurs qui avaient déjà
    participé au référendum de 1988.
    La paix est revenue depuis 10 ans. La provincialisation est à l’œuvre. La participation
    est de 12 points supérieure à celle de 1988 puisqu’elle atteint 74,2 %. Et le oui l’emporte avec
    71,8 % des votes. La province Sud à majorité non-indépendantiste a cette fois dit oui à 63 %
    et Nouméa a fait de même à 57,7 %.

titre documents joints

La participation des Calédoniens aux scrutins nationaux sous la Ve République

21 août 2010
info document : PDF
83.9 ko

Présidentielles, législatives et référendums
en Nouvelle-Calédonie sous la Ve République


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