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Malabars et Indiens de Nouvelle-Calédonie : une communauté oubliée ?

lundi 28 novembre 2011 par Jean-Michel PERAUT

PROBLÉMATIQUE :

DANS QUELLE MESURE LA COMMUNAUTÉ MALABAR ET INDIENNE DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE EST-ELLE DEVENUE UNE MINORITÉ OUBLIÉE ?

 INTRODUCTION

L’immigration des Indiens dits Malabars en Nouvelle-Calédonie est une immigration ancienne puisqu’elle remonte aux débuts de la colonisation, lors de l’aventure sucrière qui débute dans les années 1860. Le nom de « Malabar » provient de la côte du même nom située au sud-ouest de la péninsule indienne, lieu d’embarquement de nombreux engagés indiens au XIXe siècle.

Mais, c’est un peu par ricochet qu’ils arrivent en Nouvelle-Calédonie. En effet, à l’issue de leur engagement de cinq ans dans les plantations sucrières de La Réunion, qui avait besoin de bras après l’abolition de l’esclavage (1848), certains d’entre eux sont « conviés » par des usiniers et planteurs créoles à se réengager pour participer à la mise en place d’une industrie sucrière en Nouvelle-Calédonie. C’est dans ces circonstances que ces Indiens, ouvriers agricoles spécialistes de la canne, s’installent sur cette nouvelle terre.

Malgré de nombreuses vicissitudes, la plupart d’entre eux firent souche et ne retournèrent ni à La Réunion ni en Inde. Certains d’entre eux, par un nouveau ricochet de l’histoire, furent envoyés aux Iles Fidji, après l’échec de l’industrie sucrière en Nouvelle-Calédonie. Le relatif oubli dans lequel ils sont aujourd’hui tient, en grande partie, à la totale acculturation qui les caractérise. Nulle trace de lieux de culte. Nulle trace des langues de leurs ancêtres. Seules des traces culinaires peuvent être évoquées.

C’est à cette minorité (oubliée ?) que sera consacrée cette petite synthèse.

 1 UNE IMMIGRATION LIÉE PRINCIPALEMENT À L’INDUSTRIE SUCRIÈRE

 1.1 DE L’ESCLAVAGISME À L’ENGAGISME [1]

1.1.1 LE CONTEXTE COLONIAL POST-ESCLAVAGISTE

Avec l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises en 1848 commence une nouvelle ère dans le recrutement de la main d’oeuvre nécessaire aux plantations cannières et à l’industrie sucrière. Pour pallier la défection de la plupart des esclaves qui ont refusé de reprendre le travail chez leur ancien maître, les propriétaires et les sucriers ont recours à l’engagisme. C’est ce qui se produit notamment à la Réunion. L’idée, déjà esquissée dans le passé mais sans grands résultats, est de faire venir des travailleurs libres avec un contrat d’engagement qui pourraient remplacer la main d’oeuvre servile. Assez naturellement (des esclaves indiens avaient déjà été introduits à l’île Bourbon) l’idée apparaît que la meilleure solution c’est de les faire venir des Indes.

1.1.2 LE RECRUTEMENT ET LE TRANSPORT

L’engagisme est une forme de recrutement de travailleurs utilisée parallèlement à l’introduction d’esclaves dans les colonies. Peu développé avant l’abolition de l’esclavage, ce mode de recrutement devient une nécessité absolue après l’abolition de ce dernier. Le premier texte qui régit l’engagement date, pour les colonies françaises, de 1829. C’est le Ministère de la Marine et des colonies qui fixe par un arrêté les termes du contrat d’engagement des travailleurs indiens. C’est ce texte qui est appliqué aux Malabars engagés en Nouvelle-Calédonie. Le contrat est fixé à 5 ans avec possibilité de retour payé par l’administration à son issue. L’engagiste se doit de prendre en charge non seulement le salaire mais aussi la nourriture et l’habillement de l’engagé. Or, ces termes n’ont pas souvent été respectés par les propriétaires. De nombreux abus ont pu être relevés.
Ces Indiens font partie des basses castes ou des intouchables. « Abusés sur leurs conditions ultérieures de vie par les « mestrys » (recruteur indiens), entassés à près de 300 à 500 par bateau dans des espaces clos et mal ventilés sur l’entrepont des navires, victimes d’un manque d’hygiène flagrant voire de violences dès leur embarquement … beaucoup mouraient durant la traversée d’un mois environ ou contractaient de graves maladies à bord (scorbut, diarrhées etc..) en raison de ce confinement et du manque d’hygiène à bord. » (J.-C. Roux ; voir bibliographie)
En Nouvelle-Calédonie, selon Luc Steinmetz, le statut d’engagé est réglé par un arrêté de 1874. En outre, les engagés malabars peuvent bénéficier, à l’issue de leur contrat, de la résidence libre. Luc Steinmetz dénombre 1 000 résidents libres en 1939.

1.1.3 LES ORIGINES GÉOGRAPHIQUES DES ENGAGÉS INDIENS

La plupart des engagés indiens viennent naturellement des comptoirs français de l’Inde, à savoir Chandernagor, Karikal, Mahé, Pondichéry et Yanaon. Mais, grâce à la Convention
franco-britannique de 1861, ces derniers sont aussi recrutés dans l’Empire des Indes britanniques.

 1.2 L’ARRIVÉE DES MALABARS EN NOUVELLE-CALÉDONIE

1.2.1 LE CONTEXTE SUCRIER EN NOUVELLE-CALÉDONIE

La venue de ces Indiens Malabars s’explique par la décision des autorités coloniales en Nouvelle-Calédonie de développer l’industrie sucrière, au moment où la Réunion traverse une grave crise dans ce domaine au début des années 1860. Les propriétaires et les sucriers créoles venus de La Réunion pour tenter cette aventure amènent avec eux un contingent d’ouvriers indiens appelés Malabars. La Nouvelle-Calédonie manque de main-d’oeuvre en général mais aussi de main-d’oeuvre qualifiée pour l’industrie sucrière en particulier. Ces ouvriers sont donc a priori les bienvenus. Le gouverneur Feillet fait appel aussi à cette main-d’oeuvre dans le cadre de son programme de colonisation.

1.2.2 LES DIFFÉRENTS CONVOIS

Entre 1864 et 1875 différents convois sous la houlette de colons venus de la Réunion comme de Greslan ou de Tourris arrivent en Nouvelle-Calédonie avec à leur bord un certain nombre d’engagés malabars. D’après J.-C. Roux, 77 Malabars ont été introduits entre 1864 et 1868, 136 en 1869, 163 en 1870 et 64 en 1875. Par la suite, selon Jerry Delathière, 500 Indiens sous contrat sont amenés dans le cadre de la « colonisation Feillet » pour les travaux agricoles « mais employés pour beaucoup d’entre-deux entre 1901 et 1902 sur les mines de nickel ».

 1.3 UNE MAIN D’OEUVRE JUGÉE EFFICACE, MAIS SOUVENT MALTRAITÉE

1.3.1 LEUR INSTALLATION

Les Malabars se retrouvent donc, selon J.-C. Roux, sur des plantations littorales entre Bourail et la baie de Saint-Vincent, la plus importante étant celle de la Ouaménie qui regroupe 136 travailleurs. Les travailleurs Malabars sont également employés dans les usines sucrières et les distilleries de Rhum, notamment à Bouraké et à Bakouya près de Bourail.

1.3.2 UNE MAIN D’OEUVRE JUGÉE EFFICACE MAIS COÛTEUSE

Néanmoins, cette main d’oeuvre, malgré une efficacité reconnue, est jugée par les différents patrons comme coûteuse, eu égard à la faible rentabilité des exploitations. Malgré tout, un travailleur Malabar a la réputation d’abattre un travail qui équivaut à celui de trois travailleurs locaux, quelle que soit son origine. (Saussol, voir bibliographie)

1.3.3. UNE MAIN D’OEUVRE SOUVENT MALTRAITÉE

J.C.Roux nous fait part d’un assassinat par les ouvriers malabars dont est victime un chef d’équipe de la plantation Kervegen dans la région de Nouméa. Selon lui, cet assassinat s’explique par la brutalité du chef d’équipe qui n’hésite pas à employer les châtiments corporels pour se faire obéir. Cette révolte serait aussi liée aux conditions de travail et aux
conditions de vie des engagés malabars. En effet, ces derniers travaillent plus que ce que stipule leur contrat et sont souvent mal nourris par les propriétaires. Cet exemple est-il représentatif de l’ensemble des plantations, il est difficile de le dire sans une étude plus approfondie qui reste à faire.

 2 UNE IMPLANTATION DÉFINITIVE POUR UNE GRANDE PART

 2.1 LES CONSÉQUENCES DE L’ÉCHEC DE L’INDUSTRIE SUCRIÈRE

L’échec de l’industrie sucrière en Nouvelle-Calédonie provoque petit à petit une dispersion des travailleurs Malabars. Certains deviennent alors ouvriers agricoles, jardiniers, blanchisseurs ou cuisiniers. Mais de nombreux autres sombrent dans le vagabondage qui mène à la délinquance (vols). Face à cela l’Administration les encourage à quitter la Nouvelle-Calédonie pour rejoindre l’Australie (Queensland) et surtout Fidji qui ont un besoin de main-d’oeuvre. Selon J.-C. Roux il ne reste plus en Nouvelle-Calédonie, au 1er Janvier 1882 que 176 Indiens pour la plupart installés à la Foa. Il faudra alors attendre la politique du gouverneur Feillet pour voir de nouveaux Indiens venir sur la Grande Terre.

 2.2 L’EXEMPLE DES MALABARS DE LA FOA

2.2.1 LEUR IMPLANTATION

D’après J.-C. Roux, les Indiens s’installent à quelques kilomètres de la Foa, sur la route de Bouloupari à Nouméa, à Naïna et à Forêt noire. Ils sont une soixantaine à se partager quelques 400 hectares. Il faut préciser que ces terres sont prises aux Kanak après l’insurrection de 1878 et sont donc « disponibles » (Karin Speedy, voir bibliographie). Mais cette implantation se solde assez rapidement par un échec. Seuls les Indiens installés à Forêt Noire garderont une partie de leurs terres jusqu’à aujourd’hui. Les autres terres sont rachetées par des Européens et notamment par le chef du domaine à Nouméa.

2.2.2 LA MISE EN VALEUR DE LEURS PARCELLES

Malgré tout nombre d’entre eux se battent pour se maintenir sur les lots qui leur ont été attribués. En effet, ils commencent par mettre en état les parcelles en procédant au débroussaillage. Puis ils se consacrent essentiellement à des cultures vivrières comme le maïs. Ils produisent aussi des fruits et des légumes et pratiquent l’élevage de chèvres, très prisé dans la culture indienne, ce qui les différencie d’ailleurs des autres colons qui pratiquent l’élevage bovin. Ils sont enfin très actifs à diversifier leurs revenus à travers la culture du café, du cacao, du ricin, l’extraction du lait de latex des banians, la production de miel, la vente de bois etc. Bref, on le voit, ceux qui restent sur le lot qui leur a été attribué se démènent pour s’y maintenir et ce malgré les difficultés de l’époque.

2.2.3 LEUR ÉCHEC RELATIF

Le premier facteur explicatif de cet échec réside dans le fait que les terres sur lesquelles ils s’installent sont plus aptes à l’élevage bovin qu’à l’agriculture de subsistance. Le second facteur est lié à la taille des parcelles, entre 3.5 et 5 hectares en moyenne, ce qui peut
paraître notoirement insuffisant. Les lots situés à Forêt Noire sont plus grands ce qui explique peut-être le fait que les Malabars de ce site aient gardé une partie de ces terres jusqu’à nos jours.
Néanmoins, une partie des terres leur est retirée par l’administration coloniale pour être attribuée à des colons européens.

 2.3 UNE COMMUNAUTÉ VICTIME D’UN CERTAIN OSTRACISME

Si l’on en croit Jerry Delathière les Malabars de la Foa ont été victimes d’un certain ostracisme. En effet, de nombreux Malabars sont employés par l’Administration coloniale pour « chasser » les évadés des camps et des pénitenciers. Ce rôle suscite donc un rejet de la part des transportés européens. Jerry Delathière cite l’exemple d’un transporté libéré dénommé Marius Fabre qui « apprenant la liaison de sa fille Marguerite avec Joseph Arsapin entre dans une vive colère, obligeant le jeune prétendant à commettre un véritable enlèvement de sa dulcinée pour pouvoir vivre avec elle ». Car, paradoxalement, les Malabars, eu égard au déséquilibre des sexes qui caractérise leur communauté, sont amenés à choisir des femmes en dehors de cette dernière. Il semblerait aussi que des femmes indiennes aient épousé des Européens. Dans ses cahiers de souvenirs, le géomètre Nicolas Ratzel cite, pour les années 1908-1909, le cas d’une certaine Julia « femme d’un certain Thomas, un malabar qu’elle a lâché pour se marier avec Bouteiller », un Européen de la côte Est. La démographie a donc parfois des raisons que le racisme ignore ! Or, le métissage qui découle de ces mariages mixtes amène à se poser la question de l’acculturation de la communauté des Malabars.

 3 UNE COMMUNAUTÉ TOTALEMENT ACCULTURÉE ?

 3.1 QUE SONT-ILS DEVENUS ?

Un procès verbal concernant l’immigration du Conseil général de Nouvelle-Calédonie nous indique qu’au premier janvier 1884 « les immigrants indiens étaient au nombre de 173, dont 26 femmes et 25 enfants ». Il précise également que l’Administration encourage « les bons travailleurs » à rester et cherche à se débarrasser des « mauvais sujets ». Ces derniers partent effectivement pour les Fidji (voir supra). Ce nombre de 173 paraît faible. Néanmoins, étant donné un métissage rapide chez les Indiens, « il est donc plus difficile de catégoriser les Indiens une fois entrés dans la population libre et surtout s’ils se marient avec des colons français, réunionnais ou autres » (Karin Speedy, voir bibliographie).

Comme nous l’avons vu plus haut, plusieurs lots attribués aux Malabars leur sont retirés par l’Administration pour être remis au Domaine. C’est le cas du village de la Foa en 1882. Ceux qui quittent le village se dispersent dans toute la colonie à la recherche de divers emplois (voir supra). Karin Speedy a étudié les registres d’Etat civil pour les circonscriptions du Sud de l’île (Nouméa, Dumbéa, Mont –d’Or, Paita) entre 1869 et 1899. Elle dénombre 142 Indiens dans les registres. 89 sont désignés comme « Indiens » et 20 seulement comme « Malabars », ce qui montre que le terme « Malabars » est assez minoritaire, même si l’origine ethnique est identique. Toujours selon Karin Speedy, avant 1880 le plus grand nombre des Indiens sont des travailleurs engagés. Après cette date il ne reste qu’un seul
engagé qui travaille pour le Père Thomassin à la Conception. D’autre part, un certain nombre de patronymes indiens existants dans les registres d’Etat civil précités se retrouvent dans les annuaires de 2005 aux mêmes lieux de résidence.

Enfin, citant J.-C.Roux, Karin Speedy soutient que « si les Indiens de la première génération vivaient repliés sur eux-mêmes, la deuxième génération s’ouvrit sur les milieux calédoniens, ce qui explique le large métissage actuel. » De nombreux concubinages sont à dénombrer parfois avec des Mélanésiens. Elle cite également Jerry Delathière qui indique « un bon nombre de mariages ou d’unions avec la population blanche ce qui fait que beaucoup des descendants pionniers indiens sont aujourd’hui des « authentiques caldoches » n’ayant plus qu’un patronyme indien ». Il y a donc eu un véritable phénomène d’assimilation de la communauté indienne à la société calédonienne d’origine européenne. Cette assimilation s’est-elle traduite par une acculturation totale ?

 3.2 QUEL EST L’IMPACT DE LA CULTURE INDIENNE SUR LE TERRITOIRE ?

3.2.1 DE PETITES TRACES DANS LA TOPONYMIE

Le terme « Malabar » apparaît dans la toponymie. C’est le cas de la « plaine des Malabars » dans la région de Foa ou des villages malabars qui apparaissent sur la carte de Saint-Louis de 1880.

3.2.2 DES CULTES QUI SEMBLENT AVOIR TOTALEMENT DISPARU ET DES LANGUES QUI NE SONT PLUS PARLÉES

Si la langue tamoule était peut-être parlée par certains des premiers Malabars venus en Nouvelle-Calédonie, il n’en n’est plus de même aujourd’hui et a priori aucune tentative de la réintroduire sous quelle que forme que ce soit ne semble être en cours, si l’on en croit le président de l’AMBICA (Association des Néo-Calédoniens Malabars, Bourbons et Indiens et leur amis) Monsieur Condoya. Néanmoins, il est assez probable que ces Malabars parlaient le créole et auraient donc contribué, à ce titre, à l’émergence d’un « créole » mélanésien comme le Tayo de Saint-Louis. C’est en tous les cas ce que laisse entendre Karin Speedy dans son étude (voir bibliographie). Le Président de l’AMBICA parle aussi de l’existence d’un temple indien dans la vallée du Tir jusque dans les années trente, à la fois lieu de culte et de culture.

3.2.3 UNE INFLUENCE CULINAIRE CERTAINE

L’influence culinaire paraît être la plus évidente. La préparation dénommée « cari » ou « carry » est de toute évidence originaire de la Réunion, sachant l’importance de l’influence indienne sur la cuisine de cette île. La tradition du « massalé » (poudre et préparation culinaire typiquement malabar) a évolué en « curry » (poudre utilisée dans la cuisine de l’Inde) par manque d’ingrédients nécessaires à sa préparation, malgré la présence de « kaloupilé », feuille indispensable à l’accommodation de ce type de plat. Restent le riz, l’utilisation du safran, la préparation de rougails, que ce soit de tomates ou de saucisses, la tradition du boucané, la préparation de saucissons, la préparation des achards ainsi que l’utilisation du piment qui montrent une influence certaine de la cuisine indienne et au-delà
de la cuisine réunionnaise dont les Malabars ont peut-être été les meilleurs ambassadeurs, confirmant ainsi leurs qualités de cuisinier admises tout au long de l’histoire coloniale et ce jusqu’à nos jours.

 CONCLUSION

Les Malabars et les Indiens venus en Nouvelle-Calédonie après un engagement effectué à la Réunion, ont donc participé à l’aventure sucrière de la Nouvelle-Calédonie au XIXe siècle. Après l’échec de cette industrie, ils sont devenus colons libres sur des lots qui leurs ont été attribués dans la région de la Foa. Beaucoup d’entre eux n’ont pu mener à bien cette expérience et se sont dispersés dans toute la colonie (mais principalement dans la région de Nouméa), occupant des emplois divers. Certains ont sombré dans le vagabondage acquérant ainsi une certaine mauvaise réputation en tombant dans la délinquance. Mais néanmoins, si l’on excepte ceux qui sont partis pour Fidji, la plupart de ces hommes et de ces femmes ont fini par faire souche à travers une volonté farouche d’intégration. Les mariages mixtes ont été nombreux, tant et si bien qu’ils ne sont plus tellement reconnaissables en tant que Malabars ou Indiens. Ils sont devenus des citoyens calédoniens « dilués » dans la société calédonienne. C’est cette acculturation qui a fait qu’ils ont été quelque peu oubliés de nos jours.

Mais nous laisserons à Jerry Delathière le soin de conclure sur cette aventure humaine : « L’obligation d’intégration à laquelle a été soumise la communauté pour survivre l’a conduite à se soumettre, coûte que coûte, aux impératifs de la société coloniale calédonienne. La pérennisation d’une culture, d’une langue, d’une religion dans un tel système de société sans concession a, bien vite, cédé la place à un impérieux besoin de survie, donc d’intégration à tout prix. Confrontés à des restrictions sévères, à des interdictions en tous genres, à un racisme latent, les pionniers indiens n’eurent qu’un souci : l’intégration de leurs enfants dans la société calédonienne. Seul un mariage, de préférence dans une autre ethnie, pouvait lever ces interdits, au moins pour leurs descendants. Le métissage est ainsi apparu comme une parade efficace à la marginalisation dont souffrait la communauté ».

[1l’historien Sudel Fuma récuse le terme d’engagisme et lui préfère le néologisme de « Servilisme ».


titre documents joints

Malabars et Indiens de Nouvelle-Calédonie : une communauté oubliée ?

28 novembre 2011
info document : PDF
2.2 Mo

Mise au point scientifique concernant le programme adapté d’histoire de première.


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