HG/NC Le site académique d'histoire-géographie de Nouvelle-Calédonie

La Nouvelle Calédonie, une RUP

samedi 17 juillet 2010 par Bernard PICOT

 1- Quelle place dans le programme adapté de première STG ? et des premières ES et L ?

 a- Programme de première STG :

I - Les territoires européens (8-10h)
A - Caractères d’unité et de différenciation des territoires européens.
B - Des territoires gérés et aménagés, l’exemple d’une région européenne. Au choix :

  • Une région française
  • Une région d’un autre État de l’Union européenne
  • Une région transfrontalière

L’article peut trouver une place dans la contextualisation en Nouvelle-
Calédonie

Contextualisation en Nouvelle-Calédonie

On présente la spécificité des régions ultrapériphériques (RUP) et des pays et territoires d’outre-mer
(PTOM).

Ajouts ou substitutions

Notions : pays et territoires d’outre-mer (PTOM)
> Une région française de métropole [en remplacement de : Une région française]
> La Nouvelle-Calédonie, un PTOM associé à l’Union européenne [en remplacement de : Une
région transfrontalière]

 b- Programme de Première ES et L

III - La France et son territoire - Métropole et outre-mer français (17h)
On utilise l’expression outre-mer français au lieu de DOM-TOM afin de respecter les changements
récents de statuts dans les anciens TOM du Pacifique

L’article peut trouver une place dans le IV - L’outre-mer français, la
Nouvelle-Calédonie et son insertion ...

IV - Les régions en France, en Europe ; l’outre-mer français, la Nouvelle-Calédonie et son
insertion dans l’espace régional Pacifique (15h)
[en remplacement de : IV - Les régions en France et en Europe (8h)]
_1- Les disparités régionales en France et en Europe
_2. Les collectivités de l’outre-mer français
_3. La Nouvelle-Calédonie et son insertion dans l’espace régional Pacifique
_L’étude géographique de la Nouvelle Calédonie aborde les aspects institutionnels, humains,
économiques, ainsi que les enjeux de la provincialisation.

 2- Pourquoi ce titre ?

> La Nouvelle-Calédonie n’est pas une R.U.P (cf article de Luc Steinmetz qui
explique la situation des COM par rapport à l’UE).
> En revanche, lorsque l’on étudie les caractères des RUP, elle leur ressemble
beaucoup.
> D’où la question, une RUP en puissance ? qui induit deux réflexions :

  • la Nouvelle-Calédonie pourrait-elle être une RUP ? (ou mériterait-elle de l’être ?)
  • la Nouvelle-Calédonie est-elle plus “puissante” (réellement ou potentiellement), que les autres RUP, ce qui justifie qu’elle n’en soit pas une ...

 3- Quelles problématiques ?

On peut en dégager plusieurs :

a> Les Régions ultra-périphériques sont des exceptions dans l’UE (cf Dessous
des cartes intitulé “une Europe hors d’Europe” > à projeter avec le commentaire

Figure 1
La répartition des collectivités d’outre mer dans le monde
  • contrairement au reste de l’Union qui unifie les législations et ouvre les
    marchés, elles bénéficient de protections (légales) et d’avantages
    importants (notamment commerciaux).
  • cela conduit à une situation paradoxale : elles sont assez bien intégrées à
    l’UE (dont elle ne sont plus les régions les plus pauvres, depuis les
    élargissements de 2004 et de 2007), mais leur intégration régionale (dans
    les Antilles, en Amérique du Sud ou dans l’Océan indien) est déficiente.
    Elles y apparaissent comme des îlots de prospérité un peu artificiels.

b> Le cas de la Nouvelle-Calédonie est très intéressant, en comparaison :

  • en tant que COM (sui generis), ce n’est pas une RUP : Luc Steinmetz
    analyse plusieurs aspects :
  • la distinction entre habitants et territoire géographique (les citoyens de
    Nouvelle-Calédonie votent pour les européennes par exemple)
  • le régime d’association des COM et de la Nouvelle-Calédonie en tant que
    PTOM avec l’UE
  • Les effets du régime d’association avec le cadre et les bénéfices des
    relations UE-NC
    Parmi les aides du FED dont a bénéficié la Nouvelle-Calédonie depuis sa création, il cite,
    sans que la liste soit exhaustive :
  • - le quai dit « quai FED » du port de Nouméa ;
  • - les ponts de la côte est (Tchamba, Amoa, Tiwaka, Tipindjé, Hienghène,Tanghène) ;
  • - la construction du nouvel aquarium de Nouméa ;
  • - une partie de la route transversale Koné-Tiwaka ;
  • - la route Hienghène-Pouébo ;
  • - la base de pêche des îles Loyauté ;
  • - des constructions scolaires aux îles Loyauté ;
  • - l’amélioration de l’aérodrome de Magenta ;
  • - la construction du centre de formation des apprentis (CFA) de Nouméa ;
  • - l’extension de la maison des artisans.
  • ainsi, la Nouvelle-Calédonie n’est pas une RUP mais elle reçoit des
    aides de l’UE (notamment par l’intermédiaire de fonds structurels).
    Pour information :
  • Les pays et territoires d’outre-mer (PTOM) sont des pays et territoires
    qui sont liés à un État membre (soit France, Royaume-Uni, Pays-bas ou
    Danemark). Contrairement aux régions ultrapériphériques, ces pays et
    territoires ne font pas partie de l’Union Européenne, bien qu’ils fassent
    partie de leur État membre de rattachement. N’appartenant pas à l’Union,
    le droit communautaire ne leur est pas applicable, à l’exception du régime
    d’association basé sur la Partie IV du Traité CE (“L’association des pays
    et territoires d’outre-mer”, articles 182 à 188).
  • les PTOM ne sont pas des pays ACP car à la différence des pays ACP,
    les PTOM ne sont pas indépendants.

c> La N-C n’est pas une RUP mais elle en présente certains traits (pour ne pas
dire tous les traits) :

  • Les vrais confins de l’Union sont les RUP (situation spécifique justifiant
    un statut spécifique) : régions éloignées, isolées, de faible superficie, peu
    peuplées et au climat (ou au milieu) difficile. Ces sept régions
    européennes forment 1% de sa population, 3% de son territoire mais 12%
    de sa ZEE.
  • Les handicaps structurels permanents
  • Éloignement
  • effets : coûts de transport augmentés, accès difficile aux marchés de l’Union
    européenne et aux services publics.
  • 6 des 7 régions sont des îles : insularité (archipels, éclatement
    territorial, desserte > coûts... La Guadeloupe compte huit îles... (seule la
    Guyane n’en est pas une).
  • La faible superficie
  • Les conditions naturelles : climat difficile (ou à risques), relief escarpé
    et ressources naturelles limitées et toutes dépendantes d’un petit nombre
    de produits, canne à sucre, pêche et tourisme.
  • Ces régions ont des difficultés économiques et sociales : PIB = 60% du
    PIB moyen ; elles font partie des dix régions les plus pauvres avec un
    chômage parfois fort.

d> La Nouvelle-Calédonie aurait sa place dans les RUP : Voir II-B dans
l’article.
La Nouvelle-Calédonie est pleinement concernée par ces caractères. L’enclavement est
triple puisque, à celui vis à vis de l’extérieur, elle ajoute un enclavement relatif des régions septentrionales
et orientales de la Grande-Terre par rapport à la métropole nouméenne et ses portes maritime (le port
international) et aérienne (l’aéroport de la Tontouta), avec un enclavement réel des archipels et îles isolées
avec un gradient de l’île des Pins aux Belep et aux Loyauté ; (à l’intérieur de ce dernier ensemble, la
situation de Tiga avec son petit aérodrome et son wharf difficilement praticable dans certaines conditions
météorologiques et marines, pourrait encore être distinguée...).
Le tableau 3 permet, par ailleurs, de faire un certain nombre de constatations qui caractérisent ce territoire
par rapport aux autres RUP :

  • sa population (largement sous-estimée par le dernier recensement pour cause de boycott partiel)
    le placerait en milieu de tableau ; en revanche, sa densité le met en fin de classement juste avant la
    Guyane. La population calédonienne est très inégalement répartie (le Grand Nouméa et le “désert
    calédonien” ?) et les densités sont extrêmement contrastées (de Yaté, plus vaste commune de Nouvelle-
    Calédonie avec 1,4 hbt/km2, à Nouméa, à la fois plus petite commune calédonienne par la superficie (45
    km2) mais comptant plus de 2000 hbts/km2.
  • la jeunesse de la population calédonienne découle en partie de la natalité relativement forte
    du territoire puisque le taux de natalité se maintenait encore, en 2004, à 17,3%o avec une mortalité à
    4,9 %o (contre 12,7 et 8,7 pour la France). Certes, l’indice conjoncturel de fécondité a baissé, passant de
    3,3 à 2,3 entre 1983 et 2003 (contre 1,92 en France), mais ce ralentissement ne se traduit pas encore de
    manière significative dans la structure par âges. La Nouvelle-Calédonie se place entre les Açores et la
    Réunion pour la population âgée de moins de 25 ans (environ 42% selon les estimations) mais assez loin
    derrière la Guyane (département en plein essor démographique qui doit aussi faire face à une immigration
    jeune, extrêmement forte issue de ses proches voisins). Enfin, si l’immigration semble se poursuivre en
    Nouvelle-Calédonie, les chiffres récents et précis font défaut et de grandes différences provinciales existent.
    La Province sud continue d’attirer beaucoup plus que les deux autres. 24% de ses résidents, en 1996,
    venaient de métropole ou d’autres territoires français du Pacifique et 8% de l’étranger ; la tendance s’est
    sans doute poursuivie depuis, d’autant que le chantier de l’usine du Sud est très attractif.
  • sa superficie en fait une grande, voire une très grande île (et c’est à ce titre que l’insularité
    ressentie ou vécue peut se révéler très différente de l’insularité conceptuelle) ; elle est aussi étendue que six
    des sept régions qui forment les R.U.P. et elle représente un quart de la superficie totale de la Guyane. Or,
    on considère que plus le territoire étudié est de taille réduite et est considéré comme à la périphérie des
    grands flux économiques, plus l’activité humaine qui se développe reste tributaire de cet environnement.
    Ainsi, un grand territoire ne se trouvant pas à la croisée des flux économiques mondiaux pourra néanmoins
    asseoir son développement sur la base de son marché domestique et sur l’existence de matières premières
    généralement disponibles (ce qui est, ou pourrait être, le cas de la Nouvelle-Calédonie, si sa population
    était plus importante et si les revenus étaient plus équitablement répartis de manière à soutenir la
    consommation et générer une demande que les producteurs locaux s’efforceraient, dans l’idéal, de
    satisfaire...). De même, un pays plus petit ne disposant pas de ressources naturelles et d’un grand marché
    domestique, mais géographiquement positionné à la croisée des flux économiques, peut asseoir son
    développement en tirant avantage de cette position. A l’opposé, un petit territoire, géographiquement
    excentré et sans ressource naturelle, rencontre d’innombrables difficultés dans son processus de
    développement et doit souvent sa survie au soutien de voisins plus puissants. A ces considérations,
    s’ajoutent des contraintes liées à l’environnement naturel qui impose des limites supplémentaires en termes
    de développement. La présence de montagnes, ou encore, l’importance des risques naturels illustrent
    parfaitement cette situation (et la Nouvelle- Calédonie est évidemment confrontée à cette double difficulté).

e> Pourtant, elle propose d’autres perspectives qui la distinguent clairement des
RUP (VOIR II-C ET II-D DANS L’ARTICLE).
> La situation géographique : “interface océanienne”, voisins anglosaxons
puissants (Australie), proximité relative de l’aire Asie pacifique...
> Les aspects géopolitiques : quelle intégration régionale ? (voulue par
France, par gouvernement calédonien ou par certaines provinces ?) ; son
rôle dans le dispositif militaire français ?
7
> Les questions politiques et institutionnelles en évolution : atout ou
handicap ? Problème des investissements car l’économie n’aime guère le
doute et l’incertitude, quid des transferts de compétences ? quid de 2014 ?
> Les ressources économiques (possibilités agricoles et touristiques
sous-exploitées, richesses minérales en nickel et latérites...)
> Les aspects démographiques et sociaux (les inégalités scolaires,
sociales et économiques, la jeunesse de la population et la question de la
formation initiale, l’écrasante présence aux postes de responsabilité de
personnes d’origine européenne ou métropolitaine ; l’immigration en forte
reprise depuis 10 ans, la question du logement, les tensions interethniques...)
> Les oppositions régionales (disparités Sud / reste du territoire ; Grande-
Terre et îles > équilibrage-rééquilibrage ?).

 4- PROPOSITION DE DÉMARCHE :

a- Distribuer les données chiffrées sur les RUP (tableaux) et
donner un planisphère de localisation (on peut aussi utiliser un
extrait de l’émission “le dessous des cartes”, l’UE, quelles
frontières ?) :
> identifier les principaux caractères des RUP et mener une étude
comparée appuyée sur une typologie

b- Analyser la Nouvelle-Calédonie et relever les traits de RUP et
les différences qu’elle présente : proposer un texte de synthèse et
faire réfléchir les élèves aux caractères originaux (évolutifs) de la
situation de la Nouvelle-Calédonie.
> travailler sur la population de la N-C (ou les aspects
économiques et sociaux, site de l’ISEE)

c- Réaliser un croquis de synthèse à l’échelle de la Nouvelle-
Calédonie, du Sud ou des îles.

d- On peut ensuite étudier un secteur d’activité (si cela n’a pas été
fait avant) et/ou analyser l’intégration de la Nouvelle-Calédonie
dans son espace régional.

> croquis de la Nouvelle-Calédonie dans sa région.


titre documents joints

La Nouvelle Calédonie, une RUP

15 août 2010
info document : PDF
166.7 ko

PRÉSENTATION DE L’ARTICLE : “La Nouvelle-Calédonie, une R.U.P en
puissance ?” ET PROPOSITION DE DÉMARCHE PÉDAGOGIQUE
LA NOUVELLE-CALÉDONIE, UNE R.U.P EN PUISSANCE ?


Contact | Statistiques du site | Espace privé | | Visiteurs : 1807 / 1252953 Suivre la vie du site fr  Suivre la vie du site Enseigner  Suivre la vie du site Lycée  Suivre la vie du site Première   ?