Voyage de découvertes

Le voyage de Dumont d'Urville est une expédition d'exploration organisée par le Ministère de la Marine (des militaires) mais avec des objectifs scientifiques ( améliorer les connaissances géographiques, zoologiques et anthropologiques) et un objectif mémoriel ( retrouver les vestiges de l'expédition du navigateur français La Pérouse disparu en 1788).

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Chaloupes de l'Astrolabe recueillant des débris du naufrage de La Pérouse (gravure extraite du Voyage pittoresque autour du monde paru en 1834).

 

Approfondissement

Le 8 avril 1826, Dumont d'Urville reçut ses instructions du Ministre de la Marine. Elles avaient été rédigées, au nom du roi Louis XVIII, après consultation des principales sociétés savantes de Paris : le Muséum d'Histoire naturelle, la Société d'Anthropologie, la Société de Géographie. Dumont d'Urville devait conduire l'Astrolabe vers l'Australie en passant par l'Océan indien, se rendre en Nouvelle-Zélande, reconnaitre les îles Loyauté, visiter les Fidji puis aller explorer la Nouvelle-Guinée et les archipels voisins avant de rentrer en France par l'Océan indien. Avant d'atteindre la Nouvelle-Guinée, il devait confirmer la présence de restes de l'expédition La Pérouse présents, selon les hypothèses émises par le capitaine marchand Dillon en 1827, sur l'île de Vanikoro.

Au début du XIXe siècle, les expéditions françaises de découvertes n'embarquent pas de scientifiques civils. Sous prétexte de maintenir la discipline à bord, les tâches scientifiques sont alors confiées à des officiers. Parmi les 79 membres de l'expédition, on trouve des officiers-savants qui doivent aussi se rendre utiles à bord : deux médecins-naturalistes, Gaimard et Quoy, un pharmacien-botaniste, Lesson ainsi qu'un dessinateur, de Sainson. Ce sont les dessins de ce dernier, gravés puis publiés dans les récits du voyage, qui vont assurer la popularité de Dumont d'Urville.

Dans le Pacifique, qui représente toujours une zone de parcours distincte lors de ces campagnes, les voyageurs français précisent ainsi l'hydrographie des archipels, collectent des spécimens de flore et de faune, s'interrogent sur l'avancée du corail et sur les formes volcaniques, et observent avec attention le comportement de la puissance maritime anglaise dans la région. En Océanie, on considère alors qu'il n'y a plus de terres à découvrir, mais que la connaissance du détail des îles est devenue une priorité. Le terrain s'offre ainsi comme laboratoire scientifique, mais aussi comme terre vierge de colonisation : Laplace et Dumont d'Urville achèvent tous deux leur voyage en 1840, sans savoir qu'ils mettent un terme aux grands tours du monde à la voile de la Marine française. En 1842, en effet, Dupetit-Thouars, ancien circumnavigateur devenu commandant de la toute nouvelle station navale de l'océan Pacifique, prend possession des Marquises et de Tahiti. La colonisation du premier archipel a été planifiée par le gouvernement de Guizot. La seconde relève de la seule initiative de l'officier. Et ainsi, en moins d'un quart de siècle, le mode de la présence française dans le Pacifique a singulièrement changé [...].

Blais, Hélène, Les voyages français dans le Pacifique - pratiques de l'espace, savoirs géographiques et expansion coloniale (1815-1845), Thèse de doctorat ; Revue d'histoire du XIXe siècle n° 22 ; 2001

Au début du XIXe siècle, la mesure précise de la longitude est devenue plus simple grâce aux progrès de l'horlogerie. En France, Abraham-Louis Bréguet, horloger de la Marine et membre du Bureau des longitudes et de l'Académie des sciences, a développé un chronomètre de marine à double barillet en 1815.

Chronomètre de marine à double barillet, de Bréguet, 1815. Source : Wikipedia

Au cours de ses deux voyages de 1829 et 1840, Dumont d'Urville procède, par exemple, à l'hydrographie des îles Loyauté, aperçues par le navire marchand anglais Britannia en 1793.

Dumont d'Urville Jules, Mémoire sur les îles Loyalty, Partie hydrographique du voyage de l'Astrolabe, 1829

Ces travaux hydrographiques permettent à tous les navigateurs de disposer désormais de cartes plus précises.

Garnier, détail d'une carte de l'Océanie, Atlas sphéroïdal et universel, 1862. Source : LUNA Commons