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Une transition progressive vers la civilisation kanak (-800 à +1000)

lundi 24 janvier 2022 par Patrice FESSELIER-SOERIP

Thème 1 – Du complexe culturel Lapita à l’émergence de la civilisation kanak (-1000 à +1000)
Problématique – Comment le peuplement austronésien est-il à l’origine de la civilisation kanak ?

Chapitre 2 – Une transition progressive vers la civilisation kanak (-800 à +1000)
Problématique – Comment la différenciation culturelle qui s’opère en Calédonie conduit-elle à la naissance de la civilisation kanak ?

Mise au point scientifique

 I – La période de Koné (de 800 avant J.-C. à 100-200 après J.-C.)

1100 avant J.-C. marque le début du peuplement de l’archipel de la Nouvelle-Calédonie par les Austronésiens, qui, au fil des générations et des vagues migratoires successives, ont traversé l’arc mélanésien pour débarquer à bord de leurs pirogues, aux îles Loyauté et dans le nord de la Grande Terre. Ces groupes
humains perpétuent les traditions de la civilisation Lapita, durant environ deux siècles.
Puis, probablement à partir de 800 avant J.-C., les traditions évoluent. Alors que la fabrication de la poterie Lapita, à vocation rituelle, s’estompe, les hommes innovent dans une nouvelle céramique. La poterie dite de tradition Podtanéan est un nouveau marqueur culturel. Elle répond aux besoins du quotidien et se diffuse sur la Grande Terre et aux îles de Dau Ar (Belep) à Nengone (Maré). Cette évolution dans la céramique annonce une nouvelle période, celle de Koné (de 800 avant J.-C. à 100-200 après J.-C.). Cette période historique est imprégnée par deux nouvelles traditions céramiques : la tradition Puen dans le sud de la Grande Terre et la poterie de tradition Pindaï dans le nord. Les riches motifs caractéristiques de Lapita sont remplacés par un graphisme plus simple.
Sur la Grande Terre, à proximité des sites d’habitat, les hommes et les femmes aménagent des structures horticoles pour des cultures sèches comme des billons d’ignames, en forme allongée ou en croissant suivant le relief du terrain. D’autres cultures se développent, celle du taro, du bananier, de la canne à sucre ou d’arbres fruitiers ou à graines. Les structures horticoles s’intensifient corrélativement aux techniques de cultures sur brûlis. Les hommes innovent dans les techniques agricoles pour répondre aux besoins. Les herminettes, qui servent par exemple à l’abattage des arbres et à creuser le tronc pour construire la coque d’une pirogue, sont de plus en plus longues car les hommes adaptent cet outil aux matériaux locaux. D’autres traditions disparaissent en même temps que le Lapita : c’est la diversité des parures en coquillage, alors que les populations se déplacent progressivement et durablement vers l’intérieur des terres.
En effet, après une période de dix générations, les groupes humains s’enracinent. Certains s’enfoncent dans les vallées sur la Grande Terre. Aux Loyauté, sur les parois des grottes, de nouvelles formes d’art graphique offrent aux hommes des moyens de s’exprimer. La peinture pariétale des premiers hommes comme à Drehu-Lifou (les grottes de Fetra He à Nathalo et de Wanaham) ou comme à Iaai-Ouvéa (les grottes de Mouli) est représentée par des animaux (oiseau, tortue) ou plus fréquemment par des empreintes de main réalisées à l’aide de teintures minérales de couleur ocre ou de charbon de bois.

 II – La période de Naïa (de 200 à 1000 après J.-C.)

À partir de 200 après J.-C., la période dite de Naïa met en évidence l’étroit lien entre intensification horticole et augmentation des populations. Les groupes d’individus commencent à s’isoler volontairement aux Loyauté au fur et à mesure que les fronts pionniers progressent à l’intérieur des îles notamment dans les plateaux comme à Lifou et à Maré ou certaines hautes vallées de la côte est de la Grande Terre. Des groupes continuent d’occuper durablement les bords de mer comme à Qanono (Lifou), à Deva (Bu Rhai-Bourail), Truauru à Yatré (Touaourou à Yaté). D’autres se réfugient dans des abris-sous-roche comme la grotte de Hnajoisisi à Hunëtë (Lifou).
Deux nouvelles céramiques permettent un meilleur usage de la poterie, la poterie de tradition Balabio au nord de la Grande Terre et la poterie de tradition Plum au sud. La poterie de Plum plus grande jusqu’à 65 cm de diamètre et ses anses permet un usage domestique (comme marmite pour faire bouillir les tubercules), un usage rituel (y déposer la sépulture d’un homme) ou un usage d’échanges durant les cérémonies (alliances). La présence de cette poterie en dehors de ses régions de fabrication explique son utilité pendant les échanges.
Aux environs de 1000 après J.-C, la poterie de tradition Néra (au sud) et celle de tradition Oundjo (au nord) demeurent les deux dernières traditions céramiques en Nouvelle-Calédonie ; traditions qui se transmettent jusqu’au XIXe siècle pour la poterie de Néra et jusqu’au début du XXe siècle pour la poterie d’Oundjo,
surnommée « marmite canaque ». Véritable marmite, elle permet de faire cuire à l’étouffée viandes et tubercules en obstruant l’ouverture par de larges feuilles. Elle est aussi le fruit d’une tradition de femmes potiers dont les dernières représentantes ont disparu dans les années 1950.
Le régime alimentaire des hommes et des femmes de la période de Naïa se compose invariablement d’ignames et de taros (le tubercule et les feuilles sont une bonne source de fibres et de vitamines), d’oiseaux endémiques (notou et pigeon vert) ou indigènes (pigeon à gorge blanche dit collier blanc et tourterelle verte), de poissons lagonaires, de coquillages et de roussettes comme source de protéines.
Les groupes humains de la période Koné s’ancrent dans leurs nouveaux territoires, s’enracinent, les transforment en terroirs. Le foncier fait l’objet de convoitise dans des espaces contraignants liés à l’insularité.
Face aux menaces, les hommes édifient des enceintes fortifiées monumentales comme à Wa gore retiti et à Hna kudo titi dans la région de La Roche.

 PLAN DU CHAPITRE 2

  • Activité 1 – La période de Koné (de 800 avant J.-C. à 100-200 après J.-C.) : le début d’un enracinement
    Problématique – En quoi la période de Koné marque-t-elle le début d’un enracinement des populations dans l’archipel de la Nouvelle-Calédonie ?
  • Activité 2 – La période de Naïa (de 200 à 1000 après J.-C.) : une différenciation culturelle amorcée
    Problématique – En quoi la période de Naïa confirme-t-elle des évolutions culturelles dans le peuplement de la Nouvelle-Calédonie ?

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Fiches d’activité (1 et 2)


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Proposition de corrigé


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Mise au point scientifique


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