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Un an de conférences en histoire-géographie

samedi 17 mai 2014 par Patrice FESSELIER-SOERIP

 La forme d’une ville : structure et dynamique urbaine de Nouméa

Intervenant : Jean-Loup LECLERCQ (Géomètre et président de l’Ordre des Géomètres de NC, Rapporteur, Expert, Urbaniste, ex enseignant à l’UNC et à l’IFAP)
Lieu : salle 09 du Lycée Lapérouse
Date : jeudi 24 avril 2014
Horaire : 17h40-19h30

I – Approche historique de la structuration urbaine de Nouméa

Après l’annexion de la Nouvelle-Calédonie par la France le 24 septembre 1853 sous l’autorité de l’amiral Febvrier Despointes, Tardy de Montravel choisit l’implantation de la ville de Nouméa. La capitale est choisie de par sa rade, presqu’île idéale. Le premier plan date de 1858. L’officier Coffin décide du dessin de la ville. Nouméa s’organise autour d’une baie : le tracé de la ville se fait donc autour d’une baie et de palétuviers. La ville est en effet construite sur des marécages. De rares quartiers limitrophes : le Quartier Latin : séparé par le centre-ville par un bras de mer tout comme à Paris avec la Seine entre Rive droite et Rive gauche. Le plan dessiné établit un état des lieux et présente les projets d’urbanisation dans une approche militaire. Coffin prend le Sémaphore et le Mont- Coffin pour déterminer un trait qu’il décline en parallèles pour dessiner des carrés. Ville est protégée par le Fort Constantine (actuel CHT Gaston Bourret) : une ville quasiment fortifiée. Le relief en presqu’île permet de sécuriser la ville. Le désavantage de ce site est l’absence d’eau potable (puiser l’eau à partir du Pont-des-Français). L’essor de quartiers liés à la Pénitentiaire : île Nou, presqu’île de Ducos. La ville se constitue comme un patchwork. Juin 1866 : Port-de-France devient Nouméa. L’usine de Doniambo était à l’extérieur de la ville fin XIXe siècle. L’usine représente aujourd’hui 350 hectares sur les 5000 hectares de la commune. Les colons s’installent à l’extérieur de la ville : la Vallée des Colons. La partie Sud de Nouméa correspondant à la brousse : vélodrome, baie des Citrons (Anse du Styx), un hippodrome, des niaoulis. Les terre-pleins : 10% de la superficie de la ville comme les remblais de la Rivière Salée : origine du nom qui s’explique par le bras de mer endigué, une partie de la presqu’île de Ducos, le Port autonome et l’endiguement de l’île Nou (années 1970), la baie de Sainte-Marie (années 1980). L’arrivée des Américains en 1942 : création de l’aérodrome de Magenta, des quartiers Sud (Motor Pool, Receiving). Aujourd’hui, Nouméa est composée de 34 quartiers : densités, cultures et origines sociales différentes. Des quartiers dont la principale problématique concerne les bassins versants (une trentaine entre le Montravel et le Ouen Toro) qui rend difficile l’assainissement. Les lotissements sont issus de propriétaires privés qui se sont développés les uns à côté des autres sans plan d’urbanisme : les cahiers des charges prévoyaient le transfert des routes à la ville. Mais parce qu’une commune ne peut pas classer un bien qu’elle ne lui appartient pas : 70% des routes n’appartiennent pas juridiquement à la ville. Fondation de la commune de Nouméa en 1854 tandis que la commune de Dumbéa est créée officiellement en 1969. Il existe des différences structurelles et politiques entre les conseils municipaux de Nouméa et ceux des autres communes de l’agglomération. Jusqu’aux années 1950, ce sont les grandes familles qui siégeaient au Conseil municipal de Nouméa : les notables de Nouméa. Les élus ont toujours eu ce rôle de notabilité que les techniciens de la ville ne contestaient pas. Situation qui a perduré jusqu’aux années 1980. Par la suite, les techniciens, de plus en plus compétents, se sont coupés des élus qui ne maîtrisaient pas les questions techniques : ceci expliquant les distorsions quant au plan d’urbanisme entre le pouvoir politique et les services de la ville. L’aspect océanien de la ville : avant l’implantation de la ville, des clans propriétaires de l’espace expliquant ainsi les revendications actuelles. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les Kanak sont soumis à un couvre-feu. Malgré Ko We Kara et le CCT, la présence océanienne est limitée. En 2012, le projet d’une « tribu dans la ville » est devenu « la ville dans la tribu ». L’imprégnation de la population kanak vers le Sud s’est amorcée depuis ces dernières années.

II – Les enjeux et les défis urbains du siècle

Le phénomène de squats n’est pas assimilable à un bidonville. Il s’agit pour les habitants de retrouver un mode de vie à l’océanienne avec des problèmes urbanistiques et politiques qui se posent. Des réponses sont avancées : réhabilitation des squats (eau, électricité, sanitaires) par le RUMP (Rassemblement-Union pour un mouvement populaire), résorption des squats (favoriser la construction de logements) par CE (Calédonie ensemble) et absence de solution de la part des Indépendantistes. La problématique de mixité sociale dans les années 1980-90 par les urbanistes consistait à éviter les ghettos sociaux et culturels. Les résultats restent mitigés voire décevants. L’intercommunalité est importante aujourd’hui : habitat, transports, eau, sécurité publique. Elle s’est mise en place tardivement alors que durant ces dernières décennies, les principaux acteurs (les 4 communes de l’agglomération et la province Sud) étaient contrôlés par le même parti politique. L’enjeu des transports : 12 000 immatriculations par an en Nouvelle-Calédonie soit 8000 voitures supplémentaire chaque année. L’enjeu de l’habitat : un étalement urbain fort dans l’agglomération. L’enjeu de l’eau : problème résolu avec le Grand tuyau mais qui pourrait être insuffisant dans les décennies à venir. L’enjeu de l’assainissement : défaillant de par les coûts.

III – La méthode et ses évolutions vis-à-vis de la mutation de la gouvernance

L’essor de la « pensée faible » (concept né dans les années 2000 d’un urbaniste italien et le Français Yves Chalas, chercheur en aménagement). C’est cette « pensée faible » qui paralyse parfois certains projets d’aménagement tant les lobbys prennent un poids grandissant : pétitions, recours administratifs, blocages. Les outils de l’urbanisme : le PUD donne des règles et des prospectives. Le PUD de 2013 a été voté par le Conseil municipal mais face aux oppositions de partis politiques, de citoyens, d’associations (dérives de la « pensée faible »), l’arrêté municipal, devant rendre applicable ce PUD, n’a pas été signé par le Maire sortant. L’actuelle majorité municipale devra élaborer un nouveau PUD. Le PUD de 2013 attribuait une spécialisation des espaces : des espaces résidentiels, une centralité (centre-ville), des espaces résidentiels, des espaces de loisirs, des espaces naturels, des espaces à développer, des espaces militaires. Chaque zone du PUD définit la hauteur des bâtiments, le taux d’espaces naturels… En Nouvelle-Calédonie, il n’existe pas de SCOT (Schéma de cohérence territoriale) qui détermine pour plusieurs communes un projet d’aménagement du territoire dans le domaine de l’urbanisme, de l’habitat, de transports dans un environnement préservé et dans un souci de mixité sociale. Nouméa applique le SCAN (Schéma de cohérence de l’agglomération nouméenne) qui vise à maîtriser l’urbanisation du Grand Nouméa dans une approche environnementale et rééquilibrer les territoires et améliorer les déplacements. En province Nord, il s’agit du SDAU (Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme).


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Un an de conférences en histoire-géographie

17 mai 2014
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Compte-rendus de 7 conférences tenues à Nouméa entre mars 2013 et avril 2014


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