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Malabars et Indiens de Nouvelle-Calédonie : une communauté oubliée ?

lundi 28 novembre 2011 par Jean-Michel PERAUT

 ANNEXE DOCUMENTAIRE

 DOCUMENT 1

Document 1A

L’engagement était le statut de ces travailleurs immigrés. Il a été organisé par un arrêté de 1874 qui en a fixé les règles. Les conditions de la venue de ces travailleurs, de leur séjour (5ans, renouvelable une seule fois) et de leur rapatriement étaient fixées par un contrat de travail de type particulier, obligatoirement écrit, le contrat d’engagement. Ils étaient payés mensuellement, mais une partie de leur salaire était déposée sur un compte épargne pour constituer un pécule récupérable au départ. Ils recevaient une ration alimentaire et un trousseau de vêtements deux fois par an. Le Gouverneur pouvait accorder la résidence libre à ces travailleurs, ce qui les faisait sortir de leurs conditions d’engagés (ces résidents libres étaient près de 1000 en 1939). Il est à noter que les conditions faites en Nouvelle-Calédonie à ces immigrants engagés sous contrat (d’où leur surnom de « contrats » ou « d’engagés ») étaient meilleures que celles des travailleurs indochinois et javanais dans leur colonie d’origine : ils étaient nettement mieux payés et leur ration alimentaire était plus consistante et plus équilibrée.

STEINMETZ Luc, « La Nouvelle-Calédonie dans l’entre deux guerres (1919-1939) », Site académique d’histoire-géographie de la Nouvelle Calédonie, 2010

Commentaire : cette définition du contrat d’engagement ne tient pas compte de la réalité sur le terrain. Rien ne permet de dire si les contrats étaient respectés à la lettre par les engagistes, et ce d’autant plus que les contrôles étaient sinon inexistants du moins difficiles à mener.

Document 1B

Le 3 juillet 1829, le Ministère de la marine et des colonies fixe par un arrêté les termes du contrat d’engagement de travailleurs indiens. La nourriture de l’engagé et de sa famille devait être prise en charge par l’engagiste. Au minimum, les engagés devaient recevoir, chaque semaine, 800 g de riz, 120 g de légumes secs, 15 g de sel ou de poisson salé ou d’une nourriture équivalente en racines alimentaires. Le salaire devait être d’au minimum 10 francs par mois, lequel serait versé le premier dimanche de chaque mois, dans chaque commune. Et ce, en présence d’un fonctionnaire municipal veillant à la régularité de l’opération. L’engagiste devait fournir le linge : deux pantalons, deux chemises et deux mouchoirs de tête par an.
Les frais d’embarquement devaient être pris en charge à la fin du contrat. Enfin, un terrain devait être mis à disposition afin de permettre aux engagés de pratiquer librement leur religion. Ces conditions étaient avantageuses pour l’époque. Mais les propriétaires n’ont jamais respecté les termes du contrat.

Wikipédia, article « engagement »

Commentaire : cet article tendrait à montrer qu’il y avait loin de la coupe aux lèvres car il précise que « les propriétaires n’ont jamais respecté les termes du contrat ».

 DOCUMENT 2

SPEEDY Karin, « Colons, Créoles et Coolies, L’immigration réunionnaise en Nouvelle-Calédonie (XIXe siècle) et le tayo de Saint-Louis. »
Éditions L’Harmattan, Paris, 2007

Commentaire : ce tout premier bilan officiel de l’immigration indienne en Nouvelle-Calédonie montre que la moitié des recensés sont sujets britanniques (grâce à la convention franco-britannique de 1861), mais qu’ils ont tous été amenés par des sucriers créoles de la Réunion en tant qu’engagés. Il est à remarquer que seule une toute petite minorité (11 sur 376) a quitté volontairement la colonie.

 DOCUMENT 3

ROUX Jean-Claude, « Les Indiens de Nouvelle Calédonie. » Société d’Etudes Historiques de la Nouvelle -Calédonie N° 58.1984

Commentaire : cette analyse des inscriptions foncières montre très clairement l’implantation des Indiens dans la région de la Foa où un certain nombre d’entre eux a fait souche. Mais elle montre aussi la nette diminution des lots attribués, notamment à Naïna après 1882, ce qui semblerait confirmer un rejet certain de la terre de la part de nombreux Malabars au moment où l’échec de l’industrie sucrière se dessine.

 DOCUMENT 4

SPEEDY Karin, « Colons, Créoles et Coolies, L’immigration réunionnaise en Nouvelle-Calédonie (XIXe siècle) et le tayo de Saint-Louis. » Éditions L’Harmattan, Paris, 2007

Commentaire : ce document de rétrocession au Domaine de lots attribués à des Malabars de la Foa, montre, outre le fait que ces lots n’étaient pas acquis définitivement mais soumis à une installation réelle, que ces derniers se détournent de la terre après une expérience malheureuse dans le sucre.

 DOCUMENT 5

SPEEDY Karin, « Colons, Créoles et Coolies, L'immigration réunionnaise en Nouvelle-Calédonie (XIX<sup class="typo_exposants">e</sup> siècle) et le tayo de Saint-Louis. » Éditions L'Harmattan, Paris, 2007

SPEEDY Karin, « Colons, Créoles et Coolies, L’immigration réunionnaise en Nouvelle-Calédonie (XIXe siècle) et le tayo de Saint-Louis. » Éditions L’Harmattan, Paris, 2007

Commentaire : en 1869 les Asiatiques sont essentiellement des Indiens. Le tableau montre certes un déséquilibre des sexes important chez ces engagés du sucre, mais moindre que dans les autre types. Nous pouvons remarquer la présence plus importante également d’enfants filles et garçons.

 DOCUMENT 6

SPEEDY Karin, « Colons, Créoles et Coolies, L'immigration réunionnaise en Nouvelle-Calédonie (XIX<sup class="typo_exposants">e</sup> siècle) et le tayo de Saint-Louis. » Éditions L'Harmattan, Paris, 2007

SPEEDY Karin, « Colons, Créoles et Coolies, L’immigration réunionnaise en Nouvelle-Calédonie (XIXe siècle) et le tayo de Saint-Louis. » Éditions L’Harmattan, Paris, 2007

Commentaire : nous voyons ici que l’appellation « malabar » reste très minoritaire dans les registres d’Etat Civil, ce qui peut s’expliquer par le caractère officiel du document. Pour le reste si l’Inde anglaise n’est représentée que par un seul élément, il n’est pas possible d’en tirer une conclusion statistique eu égard au faible échantillon représenté.

 DOCUMENT 7

SPEEDY Karin, « Colons, Créoles et Coolies, L'immigration réunionnaise en Nouvelle-Calédonie (XIX<sup class="typo_exposants">e</sup> siècle) et le tayo de Saint-Louis. » Éditions L'Harmattan, Paris, 2007

SPEEDY Karin, « Colons, Créoles et Coolies, L’immigration réunionnaise en Nouvelle-Calédonie (XIXe siècle) et le tayo de Saint-Louis. » Éditions L’Harmattan, Paris, 2007

Commentaire : nous voyons à travers ce tableau qu’un certain nombre de patronymes indiens existants au XIXe siècle sont encore visibles de nos jours, ce qui corrobore le fait que ces derniers aient fait souche et que leur localisation dominante dans le grand Nouméa se retrouve aussi dans toute la Nouvelle-Calédonie que ce soit dans la Province Nord (Koumac, Pouébo) ou aux Iles (Lifou).

 DOCUMENT 8

 SPEEDY Karin, « Colons, Créoles et Coolies, L'immigration réunionnaise en Nouvelle-Calédonie (XIX<sup class="typo_exposants">e</sup> siècle) et le tayo de Saint-Louis. » Éditions L'Harmattan, Paris, 2007

SPEEDY Karin, « Colons, Créoles et Coolies, L’immigration réunionnaise en Nouvelle-Calédonie (XIXe siècle) et le tayo de Saint-Louis. » Éditions L’Harmattan, Paris, 2007

Commentaire : ce document montre la diversité des métiers occupés par des Malabars, mais aussi l’importance de ceux liés à la domesticité.

 DOCUMENT 9

SPEEDY Karin, « Colons, Créoles et Coolies, L'immigration réunionnaise en Nouvelle-Calédonie (XIX<sup class="typo_exposants">e</sup> siècle) et le tayo de Saint-Louis. » Éditions L'Harmattan, Paris, 2007

SPEEDY Karin, « Colons, Créoles et Coolies, L’immigration réunionnaise en Nouvelle-Calédonie (XIXe siècle) et le tayo de Saint-Louis. » Éditions L’Harmattan, Paris, 2007

Commentaire : ce tableau souligne l’inadaptation de certains Indiens aux conditions de vie et de travail imposées dans la colonie, ce qui entraîne un vagabondage illustré par la catégorie « sans profession » observée au document 8. Un certain nombre d’entre eux aurait déserté dès leur arrivée sur l’île.

 DOCUMENT 10

Arrêté du Secrétaire Colonial prescrivant des mesures d’ordre pour les Indiens engagés chez les colons et propriétaires :
Aucun engagé indien ne pourra se rendre au chef-lieu que porteur d’une permission écrite de son propriétaire, alors même qu’il y sera envoyé par le propriétaire lui-même.
Cette permission sera visée au bureau du Commissaire de police, à l’arrivée et au départ du porteur.
Les indiens engagés sur les habitations qui seront rencontrés en ville non munis de cette autorisation, seront emprisonnés au fort Constance jusqu’à ce que l’autorité supérieure ait fixé le temps qu’ils auront à passer sur l’établissement domanial de la Ferme-Modèle.
Le Commandant de la Gendarmerie et le Commissaire de police sont chargés de l’exécution du présent arrêté.

SPEEDY Karin, « Colons, Créoles et Coolies, L’immigration réunionnaise en Nouvelle-Calédonie (XIXe siècle) et le tayo de Saint-Louis. »
Éditions L’Harmattan, Paris, 2007

Commentaire : ces mesures d’ordre pour les Indiens engagés chez les colons et propriétaires suite à des plaintes montrent à l’évidence une certaine mauvaise réputation de nombreux Malabars. Cette dernière pourrait s’expliquer par un manque de passivité des Indiens face à la dure exploitation coloniale et à une tendance à la rébellion, mais aussi à une débrouillardise pour s’en sortir. A noter que l’Administration coloniale réagit en limitant strictement leur circulation comme elle le fait pour les Mélanésiens.

 DOCUMENT 11

DELATHIERE Jerry, « L’aventure sucrière en Nouvelle-Calédonie. 1865-1900. » Société d’Etudes Historiques de la Nouvelle-Calédonie N° 64. 2009

Commentaire : la famille Condoya est emblématique de la communauté malabar. Cette photographie, non datée, nous montre une famille nombreuse, unie et bien assimilée, ne serait-ce qu’à travers son habillement.

 DOCUMENT 12

DELATHIERE Jerry, « L'aventure sucrière en Nouvelle-Calédonie. 1865-1900. » Société d'Etudes Historiques de la Nouvelle-Calédonie N° 64. 2009

DELATHIERE Jerry, « L’aventure sucrière en Nouvelle-Calédonie. 1865-1900. » Société d’Etudes Historiques de la Nouvelle-Calédonie N° 64. 2009

Commentaire : Kamatchi est une femme indienne dans toute sa splendeur. C’est cette image que cette photographie non datée donne d’elle. Des Indiennes comme elle (il est difficile de savoir combien) ont d’ailleurs épousé des colons européens. Elles avaient d’ailleurs la réputation (au même titre que les hommes indiens) d’être d’excellentes cuisinières

 DOCUMENT 13

DELATHIERE Jerry, « L'aventure sucrière en Nouvelle-Calédonie. 1865-1900. » Société d'Etudes Historiques de la Nouvelle-Calédonie N° 64. 2009

DELATHIERE Jerry, « L’aventure sucrière en Nouvelle-Calédonie. 1865-1900. » Société d’Etudes Historiques de la Nouvelle-Calédonie N° 64. 2009

Commentaire : l’exemple de Joseph Rapadzi est révélateur du fait que dès la deuxième génération de nombreux Malabars exercent des métiers non agricoles et finissent par s’élever socialement jusqu’à même occuper des fonctions politiques. La carrière de son fils Albert Maurice est de ce point de vue-là tout à fait exemplaire également. Ces exemples montrent la capacité d’adaptation et d’assimilation des Indiens venus en Nouvelle-Calédonie.

 DOCUMENT 14

Archives de la Nouvelle-Calédonie

Commentaire : sur cette carte de Saint-Louis de 1880 on remarque l’indication de deux villages malabars, signe non seulement d’une présence des Malabars dans la région de Saint-Louis liée à l’industrie sucrière (indications de cannes à sucre et d’une usine) mais aussi d’une utilisation du terme « Malabar » dans la toponymie. On retrouve également cette indication dans ce que l’on appelait la « plaine des Malabars » dans la région de la Foa.

 DOCUMENT 15

Document 15A

Achards : n.m. essentiellement au pluriel. Terme usité à l’île de la Réunion et probablement d’origine indienne, apporté en Nouvelle Calédonie à partir de 1864 par les colons bourbonnais et leurs travailleurs malabars. Il désigne des légumes, fruits et bourgeons conservés dans une sauce à base d’huile et plus ou moins épicée. Les « achards » sont utilisés comme condiments pour accompagner viandes, poissons, riz, etc.« Achards de légumes, mangues, citron, bambous ».

[/Brousse en folie : www.brousse-en-folie.com/]

Commentaire : les achards sont symboliques d’une culture indienne importée en Nouvelle-Calédonie via la Réunion. Ils sont encore présents aujourd’hui dans la cuisine contemporaine locale.

Document 15B

Malabar : n.m. (De Malabar : région littorale de l’Inde, situé au Sud Ouest du Deccan de part et d’autre de Calicut.) Contrairement à la Métropole où le mot est utilisé essentiellement au sens figuré (homme grand et fort) quand on parle ici des Malabars, on parle des ouvriers indiens qui sont arrivés en 1864 surtout avec les colons bourbonnais. Synonyme péjoratif : « chauffeur d’éléphant ».

[/Brousse en folie : www.brousse-en-folie.com/]

Commentaire : cette définition est la confirmation si besoin est de l’origine du terme « malabar ».

 BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

  • ROUX Jean-Claude, « Les Indiens de Nouvelle Calédonie. » Société d’Etudes Historiques de la Nouvelle -Calédonie N° 58.1984.
  • DELATHIERE Jerry, « Ils ont crée La Foa. ». Mairie de La Foa. 2000.
  • DELATHIERE Jerry, « L’aventure sucrière en Nouvelle-Calédonie. 1865-1900. » Société d’Etudes Historiques de la Nouvelle-Calédonie N° 64. 2009.
  • SPEEDY Karin, « Colons, Créoles et Coolies, L’immigration réunionnaise en Nouvelle-Calédonie (XIXe siècle) et le tayo de Saint-Louis. » Éditions L’Harmattan, Paris, 2007.
  • SAUSSOL Alain, « Des créoles sucriers en Nouvelle-Calédonie ou l’échec d’une économie de plantation (1859-1880). », Journal de la Société des Océanistes, Année 1986.
  • STEINMETZ Luc, « La Nouvelle-Calédonie dans l’entre deux guerres (1919-1939) », Site académique d’histoire-géographie de la Nouvelle Calédonie, 2010.
  • CONDOYA Jean-Claude, témoignage recueilli par l’auteur. 2011
  • Brousse en folie : www.brousse-en-folie.com

titre documents joints

Malabars et Indiens de Nouvelle-Calédonie : une communauté oubliée ?

28 novembre 2011
info document : PDF
2.2 Mo

Mise au point scientifique concernant le programme adapté d’histoire de première.


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